mercredi 21 novembre 2012

John NORUM "Play Yard Blues" (2010) By Bruno

Norum immergé dans un Heavy-Rock 70's version LOUD !


     John Norum est surtout connu pour son rôle de guitariste au sein du groupe de Hard-FM Suédois, Europe. Un groupe de minets chevelus peroxydés propulsé par le succès phénoménal du single « The Final Countdown » en 1986 (pourvu d'un formidable solo blackmorien en diable, mais le grand public retiendra surtout le thème pompeux aux claviers), présent sur les derniers juke-box encore en état de marche cette année-là. Norum eu le courage de quitter le groupe en pleine gloire, pour divergence musicale (bien trop de claviers à son goût, et certainement aussi parce que l'on avait retenu aucune de ses compositions sur leur dernier opus - elles sont toutes, à l'exception d'une seule co-signée, du chanteur Joey Tempest -). Il ne réintégrera Europe que pour leur reformation en 2004. Il fut également le guitariste de Dokken en 1990 et 2002. Parallèlement, il géra une carrière solo débutée en 1987 (avec un premier album salué par la critique spécialisée), dont « Play Yard Blues » est la huitième réalisation, album live compris.
 

    Depuis quelques temps, John semble avoir délaissé ses Fender Stratocaster, et autres cousines aux formes stratoïdes équipées de Floyd-rose, au profit de Gibson LesPaul. Résultat, un son bien plus lourd, favorisant les graves, et faisant abstraction de tout maltraitance de cordes à l'aide de vibrato mécanique. 

Déjà, le précédent, "Optimus" (de 2005 sur Mascott Records), présentait un son et une forme évoquant de sombres bourrins tels que Black-Sabbath, Black Label Society, Alice in Chains, OzzyStone Temple Pilot. On n'est pas là pour rigoler. 
Un disque sympathique, assez lourd donc, avec grosses guitares (de viking), riffs massues (marteau de Thor), batterie acrobatique (chevauchée des Walkyries), et basse ronflante (souffle corrosif des trolls). Du brutal qui ne dénie pas l'aspect mélodique, s'offrant le luxe  d'accalmies de haut-vol (les très bons "Change Will Come" et "One More Time"). On remarque que John a commencé à réduire considérablement les soli à rallonges et les démonstrations techniques. Il y en a bien encore quelques retours de tics nerveux de frénétique du manche, mais pas suffisamment pour gâcher ce scud de métal lourd en fusion. De bons moments.

     Cinq plus tard, après avoir retrouvé son vieux copain Joey Tempest, réintégré Europe et réalisé avec trois disques, John réitère l'expérience solo.
     Plutôt qu'un album de Blues, et/ou de Blues-rock, comme pouvait laisser présager la pochette et le titre, c'est dans le Hard-blues et surtout le Heavy-rock des 70's que s'est immergé Norum. Et c'est plutôt dans l'artillerie lourde du genre qu'il opère. C'est même parfois bien chargé, comme avec « Got my Eyes on You » qui navigue entre un Dokken 80's et le Black Sabbath de Dio. Ou encore « Over & Done » qui évoquerait un Whitesnake plombé, ou l'oublié Manic Eden. Tandis que « Born Again » accélère le tempo pour flirter avec le Heavy-Metal de la NWOBHM.


     "Play Yard Blues
attaque fort d'entrée, avec « Let it Shine » . Un Heavy-blues-rock porté par un riff genre Gov't Mule Mark III, ponctué de couplets dont le chant est à l'unisson avec la guitare, donnant ainsi la sensation d'un fort parfum typé Frank Marino. Refrains dotés d'un certain lyrisme 70's, wah-wah volontaire, break aérien et évanescent, suivit d'un solo épique. Une belle entrée en matière. Assurément, le titre phare. Cela sonne comme un classique, au point où, croyant à une reprise enfouie dans de lointains souvenirs, on court vérifier le nom du compositeur.
« Red light » suit à peu près la même ligne, avec un chant tendance « Creammienne ». Norum ne lâchera plus la pression avant le titre de clôture ; seul titre vraiment blues. Du moins dans le style d'un Gary Moore. Bien plus un long, et bon, solo, que réellement un instrumental. Une improvisation, ou plutôt un développement démarrant sur un chorus blues.

     Dans l'ensemble, on gravite dans un Heavy-rock puissant, le blues, lorsqu'il y a, n'étant vraiment qu'en filigrane, avec tantôt l'omniprésence d'un lyrisme à la Thin-Lizzy. Sans omettre quelques plans qui n'auraient pas dépareillés dans Dokken ou Europe  (forcément). On gravite autour des Frank Marino, Mountain, Ben Granflet, Pat Travers, Whitesnake, Gary Moore post 80's, Graig Erickson, Electric Sun, Three Man Army. Cela déborde de grosses guitares biens grasses, avec des soli lumineux, inspirés, travaillés avec une bonne maîtrise de la wah-wah, tout en évitant soigneusement l'album de guitar-hero démonstratif. Les tics du shredder (qui pouvaient parfois ternir des pièces de ses disques précédents) sont rares. 
Le chant est un peu feutré, jamais poussé ou forcé : il se situe entre David Coverdale, Phil Lynott, Jorn Lande et Rob Lamothe (cependant sans atteindre le niveau de ses derniers).
John avec son fils, Jake Thomas

   Un peu décevant au début (lorsque l'on s'attendait à un autre registre ?), mais très vite, au fil des écoutes, l'album s'instaure finalement comme une belle petite réussite. Simplement un bon album de Hard-Rock, à l'ancienne.

     Trois reprises, qui font honneur aux originaux : « It's only money » de Thin-Lizzy (original sur le disque « Nitghlife » - [liens / Thin Lizzy : Johnny the Fox et Live and Dangerous]), le char d'assaut « Ditch Queen » de Frank Marino (sur « Juggernaut », peut-être son meilleur opus (lien / "Juggernaut")) , et « Travel in the Dark » de Mountain (sur « Nantucket sleigrith »).
 


   L'album est dédicacé à Michelle Meldrum Norum (guitariste des groupes Phantom Blue et de Meldrum), son épouse décédée le 21 mai 2008, à l'âge de 39 ans.
John et Michelle (originaire de Detroit) se sont mariés en 1995, et ont emménagé en Suède. Ils ont un fils, Jake Thomas (l'adorable bambin ci-dessus).
Suite à la croissance d'un kyste au cerveau, Michelle tombe dans le coma le 18 mai 2008 ; elle succombe trois jours plus tard.



P.S. : Notons la présence, bien discrète (noyée), de Mic Michaeli, le claviériste d'Europe ; ainsi que celle de Leif Sundin (Great King Rat, Michael Schencker Group, Treat, Brian Robertson, House of Leaf) au chant sur "Born Again" et "Got my Eyes on You". 

  1. Let it Shine - 4:56
  2. Red Light Green High - 4:12
  3. It's Only Money  2:54  (Phil Lynott)
  4. Got My Eyes on You - 3:14
  5. When Darkness Fall - 3:51
  6. Over and Done - 3:51
  7. Ditch Queen - 5:41  (Marino)
  8. Travel in the Dark - 4:11  (Pappalardi - Collins)
  9. Born Again - 4:13
  10. Play Yard Blues - 4:08


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