dimanche 25 novembre 2012

BOBBY WATSON "HORIZON REASSEMBLED" (2004) par FreddiieJazz


On a souvent répété que le disque idéal pour faire découvrir ou faire aimer le jazz, c’était KIND OF BLUE de Miles Davis. Certes… Mais pas seulement… D’ailleurs, il serait bon de changer de proposition de temps à autres : cette galette de Bobby Watson, par exemple, enregistrée en janvier 2004 chez Palmetto records, est l’un des plus beaux disques sortis ces dernières années et l’un des plus accessibles en termes de jazz contemporain. D’une évidence à nulle autre pareille. Dans la discographie de Bobby Watson, HORIZON REASSEMBLED renoue avec la configuration du quintet tout acoustique (sax alto, trompette, piano, contrebasse, batterie) dans un style marqué essentiellement par le hard bop. L’album, bien que très séducteur, voire très accrocheur, figure parmi les grandes réussites de ce saxophoniste né en 1957 à Miami. S’il n’est en rien révolutionnaire, l’on admirera les sonorités chaleureuses d’un collectif composé de musiciens aguerris à l’art du jazz contemporain. Le minutage témoigne de tout ce qui a de plus généreux, à l'image de la musique proposée ici (une heure et cinq minutes).

Bobby Watson est au saxophone alto donc, Terell Stafford à la trompette et au bugle, Edward Simon au piano, Essiet Essiet à la contrebasse et Victor Lewis à la batterie. C’est en somme un jazz doté d’un swing irrésistible, très efficace dans la forme (celle-ci est très structurée : exposition du thème de type A-B-B-A). L’amateur que je suis y ressent une joie de vivre assez rare par ailleurs, mais la dramaturgie sur certains thèmes ne passera pas inaperçue. Le réécouter aujourd’hui me laisse à penser que l’on tient là, malgré l’apparente simplicité thématique, une petite perle du néo-bop, un peu à la manière d’Earfood de Roy Hargrove (sorti chez Emarcy en 2008). Le disque s'écoute facilement, n'écorche pas les oreilles, et les écoutes successives ne gâchent pas le plaisir, bien au contraire. A noter que la qualité sonore de l’ensemble est d’une netteté stupéfiante, mettant en valeur chaque musicien. L’auditeur y découvrira un jazz certes classique mais avec les ingrédients propre au jazz et au blues, grâce à la trompette lumineuse de Stafford (il emploie également la sourdine pour les balades).

Quant au répertoire, il est tout ce qui a de plus enthousiasmant. Par-dessus tout, c’est la qualité des compositions qui impressionne dans ce disque de Bobby Watson. Peut-être à cause des sonorités de son alto, quelque part entre Cannonball Adderley et Sonny Stitt. Composé de trois standards (« Ginger Bread Boy » de Jimmy Heath, « Footprints » de Wayne Shorter et enfin « The Look of Love » de Bacharach/David) mais aussi de compositions signées Watson, Essiet Essiet et Edward Simon, ce disque propose une musique chaleureuse dotée d'un groove assez hallucinant ainsi que d'un swing plutôt ravageur. Les musiciens s’en donnent à cœur joie, que ce soit Edward Simon dont les soli sont d’une précision diabolique (écouter le titre éponyme et le solo du pianiste à partir du minutage 4’45). Il évoquera aussi bien Herbie Hancock qu’Oscar Peterson. Au bugle, Terell Stafford fait preuve d’imagination et rappellera sans problème Art Farmer et Miles Davis bien entendu (période acoustique, MILESTONE, KIND OF BLUE). Si les musiciens sont appliqués, jamais ils ne sont raides dans leur jeu. Tout au contraire, l’on ressent un vrai plaisir de jouer. A noter enfin que des balades comme « The Love We Had Yesterday », « Dark Days » et “The Look of Love” sont des morceaux d’une tendresse incroyable. 

1. Lemoncello - 7:13  
2. Pere - 7:51          
3. The Love We Had Yesterday - 5:52     
4. Ginger Bread Boy - 5:51         
5. Horizon Reassembled - 6:56      
6. The Look Of Love - 5:28           
7. Eeeyyess - 6:54     
8. Permanoon  - 6:15          
9. Dark Days - 4:24          
10. Dark Days (Interlude) - 2:07     
11. Xangongo - 5:08





Pas de vidéo de ce disque, mais on retrouve Bobby Watson avec le batteur Victor Lewis, en 1988.

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