On a souvent répété que le
disque idéal pour faire découvrir ou faire aimer le jazz, c’était KIND OF BLUE
de Miles Davis. Certes… Mais pas seulement… D’ailleurs, il serait bon de
changer de proposition de temps à autres : cette galette de Bobby Watson, par
exemple, enregistrée en janvier 2004 chez Palmetto records, est l’un des plus
beaux disques sortis ces dernières années et l’un des plus accessibles en
termes de jazz contemporain. D’une évidence à nulle autre pareille. Dans la
discographie de Bobby Watson, HORIZON REASSEMBLED renoue avec la configuration
du quintet tout acoustique (sax alto, trompette, piano, contrebasse, batterie)
dans un style marqué essentiellement par le hard bop. L’album, bien que très
séducteur, voire très accrocheur, figure parmi les grandes réussites de ce
saxophoniste né en 1957 à Miami. S’il n’est en rien révolutionnaire, l’on
admirera les sonorités chaleureuses d’un collectif composé de musiciens
aguerris à l’art du jazz contemporain. Le minutage témoigne de tout ce qui a de
plus généreux, à l'image de la musique proposée ici (une heure et cinq
minutes).
Bobby Watson est au saxophone
alto donc, Terell Stafford à la trompette et au bugle, Edward Simon au piano,
Essiet Essiet à la contrebasse et Victor Lewis à la batterie. C’est en somme un
jazz doté d’un swing irrésistible, très efficace dans la forme (celle-ci est
très structurée : exposition du thème de type A-B-B-A). L’amateur que je suis y
ressent une joie de vivre assez rare par ailleurs, mais la dramaturgie sur
certains thèmes ne passera pas inaperçue. Le réécouter aujourd’hui me laisse à
penser que l’on tient là, malgré l’apparente simplicité thématique, une petite
perle du néo-bop, un peu à la manière d’Earfood de Roy Hargrove (sorti chez
Emarcy en 2008). Le disque s'écoute facilement, n'écorche pas les oreilles, et
les écoutes successives ne gâchent pas le plaisir, bien au contraire. A noter
que la qualité sonore de l’ensemble est d’une netteté stupéfiante, mettant en
valeur chaque musicien. L’auditeur y découvrira un jazz certes classique mais
avec les ingrédients propre au jazz et au blues, grâce à la trompette lumineuse
de Stafford (il emploie également la sourdine pour les balades).
Quant au répertoire, il est
tout ce qui a de plus enthousiasmant. Par-dessus tout, c’est la qualité des
compositions qui impressionne dans ce disque de Bobby Watson. Peut-être à cause
des sonorités de son alto, quelque part entre Cannonball Adderley et Sonny
Stitt. Composé de trois standards (« Ginger Bread Boy » de Jimmy
Heath, « Footprints » de Wayne Shorter et enfin « The Look of
Love » de Bacharach/David) mais aussi de compositions signées Watson,
Essiet Essiet et Edward Simon, ce disque propose une musique chaleureuse dotée
d'un groove assez hallucinant ainsi que d'un swing plutôt ravageur. Les musiciens
s’en donnent à cœur joie, que ce soit Edward Simon dont les soli sont d’une
précision diabolique (écouter le titre éponyme et le solo du pianiste à partir
du minutage 4’45). Il évoquera aussi bien Herbie Hancock qu’Oscar Peterson. Au
bugle, Terell Stafford fait preuve d’imagination et rappellera sans problème
Art Farmer et Miles Davis bien entendu (période acoustique, MILESTONE, KIND OF
BLUE). Si les musiciens sont appliqués, jamais ils ne sont raides dans leur
jeu. Tout au contraire, l’on ressent un vrai plaisir de jouer. A noter enfin
que des balades comme « The Love We Had Yesterday », « Dark Days » et “The Look
of Love” sont des morceaux d’une tendresse incroyable.
1. Lemoncello - 7:13
2. Pere - 7:51
3. The Love We
Had Yesterday - 5:52
4. Ginger Bread
Boy - 5:51
5. Horizon
Reassembled - 6:56
6. The Look Of
Love - 5:28
7. Eeeyyess - 6:54
8. Permanoon - 6:15
9. Dark Days - 4:24
10. Dark Days
(Interlude) - 2:07
Pas de vidéo de ce disque, mais on retrouve Bobby Watson avec le batteur Victor Lewis, en 1988.
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