De Monique Serf à
Barbara
Je n’aime pas sombrer dans le
culte de la personnalité des personnes que j’admire, comme le font les fans de Claude François
ou de Johnny Hallyday, mais le 24
novembre 1997, une femme m’a fait
pleurer, une femme pour qui j’avais une profonde admiration, Barbara venait de décéder à Bagneux. Déjà
15 ans que la chanson Française a perdu sa plus belle interprète féminine.
Parisienne
pure souche, Monique Serf est née dans le
XVII ème
arrondissement. Une enfance ponctuée par de nombreux déménagement pour cause
d’occupation nazie et pour fuir la chasse faite au juif sous le gouvernement de
Vichy. Elle aura aussi à supporter le comportement incestueux de son père,
chose qu’elle évoquera dans ses mémoires et dans une chanson "L’Aigle Noir".
Chanson
que l’on croirait élégante au début, mais si l'on écoute bien et si l’on
dissèque les paroles, "l’aigle noir" n’est autre que le père de
l’interprète et fait référence au viol et à l’inceste. Écrite en 1970, elle est dédiée à Laurence
qui est la nièce de Barbara. La chanson "Nantes" ne serait-elle pas alors celle où elle donne
son pardon à son père ? Chanson qui pourtant a été écrite en 1964. Alors le pardon pour avoir
abandonné sa famille ou pour des rapports incestueux ?
De L’Écluse à Bobino
Après
le conservatoire, elle quitte Paris et se rend en Belgique ou elle commencera
sous le nom de Barbara Brodsky (Le nom de sa grand-mère) à chanter dans les
cabarets le répertoire de Juliette Gréco,
Germaine Montero et Jacques
Brel qu’elle croisera souvent sur sa route. Retour sur Paris en 1955 ou elle commence à écumer les
petits cabarets jusqu’à l’écluse en 1958
ou elle arrive à se forger un public de fidèle surtout composé d’étudiant du
Quartier Latin et c’est dans ce même endroit qu’elle enregistrera sont premier
33 tours.
En
1959, elle apprend le décès de son
père à Nantes, le lendemain elle commencera l’écriture de la chanson "Nantes"
qu’elle ne finira qu’en 1963.
Après
un premier Bobino loupé en première partie de Félix
Marten, elle retourne à l’Écluse. Il faudra attendre deux ans et
de nouvelles chansons pour attirer le succès et séduire Georges
Brassens qui lui proposera sa
première partie de Bobino. La réussite sera au rendez-vous. 1965 L’album "Barbara chante Barbara" est primé par l’académie Charles-Cros.
Cependant,
elle "découpe" son diplôme pour en remettre les morceaux aux
techniciens en signe de gratitude pour leur travail. En septembre de la même
année retour à Bobino en vedette ou elle chante "Göttingen" et "Ma plus
belle histoire d’amour, c’est vous" dédiée à son public. A cette époque,
la chanteuse n’hésite plus à se présenté, seule au micro, sa silhouette de
femme fatale vêtue de noir.
X
De L’Olympia Au Sommet
En
1967, après une tournée qui la
mènera du Canada à l’Italie en passant par l’Allemagne (Ou elle enregistrera un
album "Barbara
singt Barbara zum ersten"), elle se retrouve en 1968 sur la scène de l’Olympia ou elle
donne un récital unique retransmis en direct sur Europe 1. Puis elle retourne à
Bobino pour une quinzaine de récitals avec Georges Moustaki qui, chaque soir, vient interpréter avec elle "La Dame Brune".
Au fil des années, ses activités ne cessent de se multiplier et de se
diversifier.
Après
une série de concert qui l’emmènerons jusqu’au Japon, retour à Paris ou elle
annonce ses adieux à la scène. En 1970, elle s’essaye au théâtre dans la pièce "Madame"
de Remo Forlani ou elle joue et
signe la musique, ce sera un échec. Trois mois après sort "L’Aigle Noir"
avec son titre qui devient un standard, avec sa pochette couleur bois ou l’on
pourra aussi trouver le titre "Drouot".
Barbara
quitte définitivement l’étiquette Rive Gauche qui lui collait à la peau, elle
est désormais inclassable avec sa voix et sa présence unique.
En
1971 elle passe devant l’objectif de
Jacques Brel pour le film "Franz". Les albums s’enchainent avec le
très subversif "Les amours incestueuses" et le titre "Perlimpinpin".
Trois ans plus tard sort "La Louve" orchestré par William Sheller, une parution qui est
suivie d’une tournée mondiale.
De Lily Passion à Précy
Elle
commencera à se faire rare dans les bacs des disquaires à partir de 1974. Ce sera à cette époque qu’elle
quittera Paris pour s’installer à Précy-sur-Marne dont le maire n’était
pas encore Yves Duteil.
En
février 1978 retour sur les planches
de l’Olympia sous les caméras de François
Reichenbach. En 1981, c’est la
préparation du nouvel album "seule", pour la photo de la pochette, Barbara pose au
balcon de sa maison de Précy.
De Pantin Au Châtelet
Bientôt
arrive à l’horizon l’aventure de l’hippodrome de Pantin (Futur Zénith de
Paris), des spectacles qui débuteront fin octobre 1981 et finiront le samedi
21 novembre, jour où à ma plus grande joie, j’étais présent dans la salle.
Sous ce chapiteau bleu à bande jaune qui peut accueillir jusqu’à deux milles
personnes, elle exige que le prix des places reste modéré, les plus chers
seront à 85 francs (à peu près 13 euros). Pour unique décor, un rideau rouge et
une moquette rouge. Des sièges numérotés, en plastique, recevront les
spectateurs. Près du chapiteau, elle fait mettre deux roulottes prêtées par
Jean Richard, Barbara vivra là le temps des représentations, elle ne rentrera
pas à Précy.
Le
spectacle débutera tous les soirs à 21h00 sous les spots de Jacques Rouveyrollis qui a déjà habillé
de lumière tous les grands artistes Français. Vêtue d’un pantalon de velours
noir et d’une tunique du même tissu et de la même couleur, accompagné par Roland Romanelli à l’accordéon et de Gérard Daguerre aux synthétiseurs, elle
interprète 25 titres plus cinq durant
les rappels. Au programme, deux morceaux inédit "Regarde", célébrant la
victoire de la gauche au présidentiel et "Pantin" qui sera interprété
le soir de la dernière représentation pour remercier le public d’être venu.
Les
critiques unanimes saluent le triomphe de la grande dame brune. Le spectacle
sera gravé dans la cire et une cassette vidéo sera réalisée par Guy Job et
Barbara.
1979 avait marqué sa rencontre avec
Gérard Depardieu. Ensemble, ce sera
l’histoire "Lily
Passion" en 1985,
une histoire d’amour et de meurtre sous fond de music-hall. Le personnage de
Lily partage des points communs avec Barbara. Le spectacle sera monté et joué
au Zénith en 1986.
C’est
à cette même époque qu’elle devient active dans la collecte de fonds pour la
recherche d'un traitement du sida, elle écrira même un titre à ce sujet "Sid’ Amour à
Mort".
Le
théâtre du Chatelet lui ouvre ses portes en 1987, Roland Romanelli est
remplacé à l’accordéon par Marcel Azzola
qui accompagnait Jacques Brel.
Le
piano ne sera pas le seul élément du décor. Un Rocking-chairs posé au milieu de
la scène servira de reposoir à l’artiste. Elle offre les droits d’auteur de "Sid’ Amour a
Mort" à l’association Sol en si. Lors de ses concerts, elle met
des corbeilles de préservatifs à disposition de ceux qui viennent l’écouter.
Chaque soir des vingt-trois représentations, le public l’acclame et certains
soirs les rappels durent plus d’une heure.
De Mogador à Tours
De
février à Avril 1990, elle commence
une série de concerts à Mogador (59 représentations).
Elle
reprend la recette de Pantin et du Chatelet, avec pratiquement les mêmes
musiciens, plus Dominique Mahut, célèbre
percussionniste Français qui a entre autre joué avec Jacques
Higelin et Serge Tomassi
à l’accordéon. Depuis son récital du Chatelet en 1987, elle présente cinq nouveautés dont "Gauguin" en hommage à Brel, et "Coline", texte écrit par Jacques Attali sur une musique de Franz Schubert le Klavierstücke D 946.
X
De
temps en temps, Barbara se pose sur son rocking-chair. Elle parle avec son
public du Sida : "Mis à part l’abstinence, chacun fait ce qu’il veut ; mis
à part la fidélité, chacun fait comme il dit, on n’a pas trouvé mieux pour
lutter contre cette maladie". Est-ce utile de dire que c’est un
nouveau triomphe ? Pour vous donner une idée de l’atmosphère et de la communion
avec le public lors d’un concert de Barbara,
écoutez !
Fin
1993 elle retrouve le Chatelet pour
26 représentations, mais des problèmes de santés la contraignent à ne pas
chanter. Les organisateurs annulent six représentations. Barbara loge à l’hôtel
près du théâtre, le soir après le spectacle, des admirateurs disposent sur le
sol un tapis de rose jusqu’à son hôtel. Mais après la dernière date du
Chatelet, elle renonce à poursuivre le spectacle. Toutes les dates suivantes de
la tournée sont annulées pour mon malheur, elle devait passer pas loin de chez
moi, j’ai du me faire rembourser mes places. Après une période de repos, fin
janvier, elle repart en tournée jusqu’au 26 mars. Le 26 mars, ce fut à Tours
son dernier spectacle en public.
De Précy à Précy
1996, retour en studio pour 12
nouvelles chansons avec un texte de Jean-Louis Aubert "Vivant Poème" et de Guillaume Depardieu "A Force".
Ce
sera son chant du cygne. Malade, elle écrit ses mémoires mais est interrompue
par une infection respiratoire
foudroyante, elle est hospitalisée le dimanche 24 novembre 1997 et décède le lendemain.
Vidéos
Ma plus belle histoire d'amour... Puis L'aigle noir à Pantin en 1981...
merci Pat de rendre hommage à cette Grande Dame.
RépondreSupprimerLa chanteuse préférée de mon frère né en 1951
RépondreSupprimerIncontournable ! La plus belle interprète de la chanson française partie trop tôt à mon goût! Pantin 1981 restera un des concerts dont je me souviendrais longtemps. Dèja quinze ans.... ! Le temps passe trop vite !
RépondreSupprimerQuelle immense Artiste ! je suis toujours ému lorsqu'on évoque Barbara.
RépondreSupprimerQuelle immense Artiste ! je suis toujours ému lorsqu'on évoque Barbara.
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