Larry Garner
est un bluesman de Bâton Rouge, Louisiane. Il ne jouit pas d’une aussi grande
notoriété que certains de ses confrères, et pourtant, sa musique le mériterait.
Une musique authentique, un style reconnaissable, une voix, un son de guitare,
une manière de jouer, loin de toute démonstration, toute en douceur, en chaleur,
en rondeur. Il commence à jouer au début des années 70, son oncle lui apprend
les rudiments de la guitare, il en joue à l’église, mais se dirige rapidement
vers le blues, à force d’en écouter à la radio. La musique du Diable est peu
compatible avec l’Eglise, et Larry doit choisir… Comme il devra choisir la
musique ou son boulot d’ouvrier dans une usine chimique.
Son premier
album date de 1994, TOO BLUES, avec une pochette à faire fuir une meute de
loups affamée, les suivantes ne seront pas plus réussies, mais le contenu vaut
le déplacement. Il faut tout de même attendre l’album BATON ROUGE en 1999 (c’est
par ce disque que j’ai découvert le monsieur) pour avoir du très grand Larry
Garner, un album très bien produit. En 2002, il sort un live, très
recommandable, EMBARRASSMENT TO THE BLUES ou on découvre vraiment l’autre
facette de Larry Garner, celle du conteur, comme les griots africains, qui
parle et philosophie sur le monde, sur les hommes, sur sa vie. Dans ses
chansons, il rencontre des jeunes, des étrangers, qui lui posent des questions,
et lui, il répond, il raconte, il chante…
Il participe en cela à la tradition orale du blues, la transmission du
savoir, des émotions. En 2008 sort l’inespéré HERE TODAY GONE TOMOROW. Tout est
dans le titre. Inespéré, car la santé de Larry Garner est vacillante, et il
subit un triple pontage. L’album du retour reste pour moi son meilleur, de très
bonnes compositions. A vrai dire, j’aime beaucoup cet artiste, qui à priori ne
paie pas de mine, point d’effervescence, mais possède une réelle présence, une
proximité, et emballe des blues profonds, humains, enjoués, où tous les
musiciens sont mis à contributions, sur de longs titres.
Après un
nouveau live sorti en 2010, et enregistré avec le bluesman anglais Norman
Beaker (photo), voici donc FOR SALE (la photo de pochette est encore un peu limite,
décidément…). Sur la quatrième de couverture, on le voit de dos, et sur son dos
(justement) sont écrits les mots
« Leave your ego, play the music, love people » avec la
signature de Luther Allison. Pour cet album, produit par lui, avec que des
compositions originales, Larry Garner assure voix et guitares, secondé parfois
par Jared Daigle, Shedrick Nellon tient la basse, Nelson Blanchard les
claviers, Michael Ceaser la batterie, et la chanteuse Debbie Landry (elle-même
guitariste, compositrice et chanteuse, de Bâton Rouge itou) intervient au chant
sur plusieurs titres.
Les festivités
commencent avec « A whole lotta nothin’ » un shuffle bien balancé,
avec la voix Debbie Landry qui vient
doubler les refrains. La manière dont est mixée la chanson (et l’album) donne
vraiment une proximité très agréable, comme s’ils étaient tous là, dans votre
salon à jouer ! Debbie Laudry, on va en profiter sur presque tous les
titres, plus qu’une choriste, c’est la seconde voix du disque. Sur
« Talkin’ naughty » elle s’en donnera à cœur joie, feulant puis
hurlant comme une tigresse à rut à la manière d’une Tina Turner ! Ce titre
est typique du style de Larry Garner, qui commence par une partie parlée,
(« un jour je croise un type qui me
dit, hey, monsieur Garner… ») un tempo binaire et une basse funky. Et
un chorus de saxophone en prime, soufflé par Mr. Mystery Man.
On se calme avec une ballade (« Broken soldier ») assez passe-partout, avant de repartir en shuffle, avec un « Miss Boss » rondement mené, avec chorus de piano-bar ultra classique, mais ça fait du bien. Arrive ensuite le premier blues lent, sur plus de 7 minutes, où le second guitariste Jared Daigle s’exprime longuement. « Alone and happy » s’apparente quasi à un rock’n’roll, avec encore Debbie Landry sur les refrains. « Last request when I die » est un blues lent, dans la grande tradition, et Larry Garner y met beaucoup d’émotion, d’intensité, il force un peu la voix, ce qui est rare. Sans doute le climax de ce disque. Le titre suivant est impeccable aussi, « If you come to Louisiana » qui ressemble tout de même (en un chouia moins bien hélas…) à « Go to Bâton Rouge » sur l’album BATON ROUGE. Force est de reconnaître que les deux titres suivants restent agréables, mais ne rajoutent rien à l’ensemble, le dernier « Car seat baby » est encore du Garner pur jus, parlé puis chanté, cette voix un peu trainante, les accents prononcés sur certains mots, le gars sait faire swinguer la langue aussi.
On se calme avec une ballade (« Broken soldier ») assez passe-partout, avant de repartir en shuffle, avec un « Miss Boss » rondement mené, avec chorus de piano-bar ultra classique, mais ça fait du bien. Arrive ensuite le premier blues lent, sur plus de 7 minutes, où le second guitariste Jared Daigle s’exprime longuement. « Alone and happy » s’apparente quasi à un rock’n’roll, avec encore Debbie Landry sur les refrains. « Last request when I die » est un blues lent, dans la grande tradition, et Larry Garner y met beaucoup d’émotion, d’intensité, il force un peu la voix, ce qui est rare. Sans doute le climax de ce disque. Le titre suivant est impeccable aussi, « If you come to Louisiana » qui ressemble tout de même (en un chouia moins bien hélas…) à « Go to Bâton Rouge » sur l’album BATON ROUGE. Force est de reconnaître que les deux titres suivants restent agréables, mais ne rajoutent rien à l’ensemble, le dernier « Car seat baby » est encore du Garner pur jus, parlé puis chanté, cette voix un peu trainante, les accents prononcés sur certains mots, le gars sait faire swinguer la langue aussi.
FOR SALE est
un bon album de blues, rien que du classique, les chorus sont nombreux, piano,
hammond, guitares, saxophone… A la douzième écoute, je l’aime davantage, alors
qu’au départ il m’avait légèrement laissé sur ma faim. Les compositions sont plus
simples, les titres passent et se ressemblent un peu, un peu trop sans doute,
il n’y a pas vraiment de surprise. Ce qui ressort vraiment, c’est cette
production toujours sans esbroufe, mais un bon son, bien rond, léché juste ce
qu’il faut (Larry Garner, ça reste du pur blues, non teinté de rock, le blues
du sud, le swamp blues, swinguant et toujours élégant) et la présence de Debbie
Landry qui vient illuminer certains titres, dommage d’ailleurs qu’elle ne
prenne pas davantage le micro. Désolé de modérer mon enthousiasme, j’adore
vraiment ce bluesman, mais il me semble honnêtement que FOR SALE n’arrive pas
au niveau du précédent opus.
Un clip promo avec quelques extraits...
Chronique écrite conjointement pour le magazine BCR.
ah merci M'sieur Luc de parler de Larry Garner! du très très bon blues.
RépondreSupprimerTout à fait raison! Du bon Blues bien rond, sans esbroufe (et ça c'est devenu rare!)pas révolutionnaire mais très agréable. J'ai découvert ce blues-man avec ce cd et dans la foulée j'ai fait l'acquisition de "Standing room only" et "Here today, gone tomorrow" et là aussi je te rejoint, ce dernier est bien le meilleur! Amicalement.
RépondreSupprimerPS: au fait que penses tu d'un autre Larry; je veux parler de Larry Mc Cray?
Merci pour lui, m'sieur dame, je transmets à Larry !
RépondreSupprimerLarry Mc Cray ??? Ouh la, j'ai un cd quelque part, je le sais, mais où... Vais voir ce que je peux faire !!
Oui, Larry Garner, un bon bluesman (sans esbroufe - denrée rare -). Personnellement j'ai trouvé son dernier en légère perte de vitesse, malgré l'apport non négligeable de Debbie Landry.
RépondreSupprimerPour répondre à JPG au sujet de Larry McCray, avant Luc (qui donnera son avis).
Larry McCray est encore un musicien qui est resté injustement méconnu (malgré un Gibson Music Award remporté en 2002). Excellent chanteur et guitariste, dans la lignée des Lucky Peterson, Carl Wheathersby et Freddie King, il avait parfois tendance à être inutilement bavard à la guitare (comme sur "Blues in my Business" par exemple) ; ce qui pouvait gréver sa musique. Son Blues se rapproche parfois du Southern-rock et peut sonner assez heavy.
Néanmoins, sur son album éponyme (son dernier, de 2007), il semble avoir dépassé cela, et nous offre ainsi par la même occasion une de ses meilleures réalisations.
D'après ce que je connais, "Delta Hurricane" et "Larry McCray" me paraissent être les plus intéressants.
Jean Pascal, j'ai retrouvé mon cd de Mc Cray, c'est le live "Interstate 75", avec en guest Lucky Peterson sur un long blues. Franchement, cela ne m'avait pas transcendé, c'est un blues qui tire vers le funk, pratiquement que du binaire, pas de shuffle. J'ai du mal à voir ce qui peut le distinguer de la masse des guitaristes de blues plus ou moins actuels. Par exemple, la sonorité et l'univers d'un Larry Garner me semblent beaucoup plus intéressant, y'a le p'tit truc en plus. Mais Mc Cray est un fichu musicien, ça envoie bien, en live les solos sont développés, le mec ne chôme pas !
RépondreSupprimerHé bien oh divin hasard! c'est aussi ce "Live on interstate 75" que je possède, ainsi que "Blues is my business". Je vois que les avis sont pour le moins réservés! A noter quand même un très beau "Black Magic Woman" par le sieur Mc Cray sur un tribute à Peter Green qui date de 1993 si ma mémoire est bonne. Grand double cd, avec plein d'excellentes choses et que des titres de Peter Green of course!
RépondreSupprimerRéservé, certes, notamment à l'écoute de "Blues is my business" (trop de soli). Toutefois, bien que je ne connaisse pas toute sa disco, je le considère comme un bon bluesman, qui ne craint pas de se frotter à des choses plus dures qu'un Blues plus ou moins traditionnel (ce que lui reproche les puristes). Il a apparemment une assez bonne culture musical. A ce propos, la 1ère version du "Soushine" de Warren Haynes qu'il m'ait été donné d'écouter est celle figurant sur "Delta Hurricane" (en 93). Son souci, c'est qu'il a parfois tendance
SupprimerLa musique de Larry Mc Cray, pour moi, sent davantage le macadam que les champs de coton, l'urbain, que le bayou. Je n'ai rien contre ! (je ne suis pas un de ces "puristes" !). Mais disons qu'ils sont nombreux sur ce créneau, Des musiciens presque élevés à la culture hip/hop, funk, rock. Ils auraient pu être rappeur, mais ils ont choisi le blues. Ouais, une musique assez "urbaine" mais sans reprendre les codes du Chicago Blues.
RépondreSupprimer"C'est pas faux" dixit....
SupprimerC'est de l'urbain.
Toutefois, je ne pense que Larry aurait pu être rappeur, ni un truc approchant. Par contre il a très certainement goûté au funk des Meters, de Rare Earth, de James Brown, voire du Bo Diddley des 70's.