Un sticker
racoleur indique clairement le genre de musique pratiquée par
ces jeunots sortis de nulle part : Pour les fans de Led Zeppelin,
Black-Crowes et Humble-Pie.
Plus "IRRESISTIBLE CLASSIC ROCK SOUND"
Plus "IRRESISTIBLE CLASSIC ROCK SOUND"
Ha ouais, on
annonce d'entrée la couleur. Au moins ainsi, on cible la
clientèle et on a aussi peu de chance de se tromper sur la
marchandise.
Toutefois, les
étiquetages des maisons de disques sont plutôt à
prendre avec des pincettes (n'importe quoi pour vendre)
Bon et alors ?
Qu'en est—il réellement ?
Et bien dès
les premières mesures de « Take it or Leave it »,
y'a pas photo : on nage bien dans des eaux propres à celles de
Black-Crowes. Entre celui de « Shake your Money Maker »,
de « Southern Harmony and Musical Companion »
et de « By Your Side ». Néanmoins, on
grattant à peine le vernis, le Led Zeppelin de « Physical
Graffity » apparaît évident. A noter, un p'tit solo d'harmonica un peu naïf mais opportun qui aère un peu cette charge de bonnes et grosses vibrations Heavy-blues-rock.
La pièce
subséquente, « Inside Out », enfonce le
clou. Ça riff comme, ça chante comme, ça "background vocals like". « Cela a la couleur de... »,
« mais ce n'est pas du... », et « ce
n'est pas moins bon pour autant ». Là, on ne peut tergiverser : la formation des frères Robinson est de retour, pour le meilleur.
« If
we're Livin' » brasse par contre une autre teinte : Les
couplets martèlent une rythmique évoquant
irrésistiblement le Blackfoot de la trilogie dîtes "animale ». Cependant,
dès lors que les cuivres s'invitent, on retrouve le sound-like
« Black-Crowes », mais que l'on pourrait tout
autant associer ici au Rolling Stones d' « Exile on Main
Street » avec en prime un riff Pagien en diable.
D'ailleurs, le court, sec et tendu, mais intense, solo sonne comme du Jimmy Page tel que
l'on peut l'entendre sur « Presence ».
Avec « Dirty
Game » on s'immerge totalement dans le Stones d' « Exile »
avec cuivres en renfort et traits de slide à la Mick Taylor.
Toutefois
c'est
plus cossu, et en conséquence on pourrait tout aussi bien
citer Izzy Stradlin, Georgia-Satellites, voire The Boyzz.
La
première face (ben oui, apparemment ils ont la nostalgie des
galettes noires que l'on retourne) se conclut sur « Watch
Yourself Grow' » nettement plus Zeppelien (ici celui de Physical Graffiti) avec un break fiévreux où Pete Wells et Mick
Cocks
reviennent de l'au-dela pour venir croiser le fer et accélérer
dangereusement le tempo.
Seconde
face. On ne relâche pas la pression. « Raise Your
Glasses » est un mix savant d'AC/DC ère Scott,
Stones et Free (le solo évoque Kossof), sur un tempo enjoué. La basse est du pur Andy Fraser.
« Singing
Stormy Weather » est l'instant détente.
Cela dénote presque avec l'ensemble car on sort du cadre
purement seventies avec une ballade plus marquée par ce que
faisaient les groupes apparentés au Glam-rock (ou
Hair-trucmuche) des années 80, tels que Poison, Warrant,
Mötley-Crüe et consorts, même si le son reste
sensiblement le même.
« Big
Attraction » est le maillon faible du disque. Plutôt
moyen (C +), genre Stones/Black-Crowes en mode « j'm'casse
pas la tête et je ressors quelques plans éculés ».
« All
That She Brings » flirte avec le Aerosmith de 73-75 - riff
basique, basse chaloupée et autonome (Andy Fraser/John Paul
Jones) - et on
termine sur « Tork in Your Tongue », un acoustique (dobro ou banjo, grosse-caisse, claquements de mains) proche d'un Field Holler, d'une Work song, que n'aurait pas renié Humble Pie, les Faces, ni même les Delta Saints.
Si les influences
« Humble-Pie » sont peu évidentes, par
contre celles de Led Zeppelin, et surtout des Black Crowes le sont.
Notamment par le style de chant de Pat Carmody qui évoque
irrésistiblement celui de
Chris
Robinson.
Toutefois, il semblerait que Carmody maîtrise plus ses effets
vocaux, même lorsqu'il force sur ses cordes vocales. Il donne également
la sensation d'être plus en osmose avec l'orchestre. Ou ne serait-ce pas plutôt l'effet donné par un groupe plus soudé.
Ces Australiens
de Melbourne s'immergent sans ambages dans un Heavy-rock bluesy, ou
Hard-Blues, à la couleur seventies affirmée. Si l'on
occulte le bagage évident des « Black-Crowes »,
on pourrait croire que cet opus date des années 72-76. Soit à
l'époque des « Physical Graffity »,
« House of the Holy », « Presence »,
« Get Your Wings », « Toys in the
Attic » (ouaip, y'a bien quelques ingrédients
Aerosmith de l'époque), "A Nod's as Good as a Wink to a Blind Horse", « Smokin' »,
« Eat It », mais aussi « Sticky
Fingers » et « Exile on Main Street ».
« My Dynamite » reprend d''ailleurs « Happy »
en concert (peut-être histoire de revendiquer une influence
Stonienne au détriment de celle des Black-Crowes, étiquette
qu'on leur collerait plus facilement ). D'ailleurs en toute logique,
on peut parfois se demander si l'influence majeure sur Carmody n'est
pas plutôt Mick Jagger que Robinson.
Occasionnellement on peut retrouver quelques ingrédients de Southern-rock à la Whiskey Myers et Blackberry-Smoke.
Occasionnellement on peut retrouver quelques ingrédients de Southern-rock à la Whiskey Myers et Blackberry-Smoke.
Le tout avec
quelques réminiscences occasionnelles sentant bon le bush, ou
plutôt les planches des clubs australiens, rappelant l'origine
géographique du quintet.
On pourrait en
toute logique mentionner le « Live At The Greek »
de Jimmy Page & The Black-Crowes ; ce serait même le
meilleur raccourci pour tenter de révéler la couleur
d'une bonne partie des compositions.
Alors plagiat ?
Pas plus qu'un autre. D'ailleurs, à la sortie de « Shake
Your Money Maker » les Black-Crowes avaient bien été
accusé de piller outrageusement les Stones.
Tiens, tout cela
me ramène au bon souvenir de « Oh La La »,
autre groupe des antipodes au Revival 70's affirmé.
Quant au son dont fait allusion le sticker, effectivement cela sonne sans détour comme du Classic-rock millésimé 70 (j'ai même fait l'expérience en faisant écouter, l'air de rien et en parlant de tout autre chose, le CD. Essai réussi et concluant : le cobaye, captivé par ce qu'il entendait, pensait vraiment qu'il s'agissait d'un groupe de cette décennie).
En fait, tout simplement, même sur les titres les plus durs, le son n'agresse pas les esgourdes. En comparaison, Rich Robinson (le frérot gratteux des Corbeaux Noirs) sonne plus "moderne". Rien d'étonnant lorsque l'on sait qu'il est de notoriété publique, qu'en général, les guitaristes des antipodes sonnent plus dry ; plus sec et direct, plus naturel (guitare branchée en directe dans l'ampli - à lampes de préférence - et on envoie la sauce).
Alors, le
meilleur album des Black-Crowes depuis « By Your Side »
? Ou celui des Stones depuis... euh... un bail ? Ou tout simplement
un bon disque de Heavy-rock classique qui sans absolument rien
révolutionner fait tout bonnement du bien par où ça
passe ?
Pat Carmody : vocals, harp / Benny Wolf : guitar, pedal steel, vocals / Travis Fraser : bass, vocals /
Jorge Balas : guitar, banjo, vocals, producer / Simon Aarons : drums, percussions
Additional musicians : Andy Burns : piano, organ (plutôt discret celui-là) /
Kilie Audlist & Ella Thompson : vocals
C'est assez plaisant en effet...
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