- CADRES NOIRS, ça tombe bien, je suis passée à
Saumur pendant les vacances ! Vous voulez bien me le prêter vot' bouquin
M'sieur Luc?
- non.
- et pourquoi ? J'adore
l'équitation moi !
- Parce que si vous
aviez lu la chronique ma petite Sonia, vous sauriez que ce livre ne parle pas
d'équitation. De plus, c'est un vrai livre, avec plein de mots dedans, et même
pas d'images.
- Mais justement, je
l'ai lue vot' chronique, et ça m'a donné envie de lire le bouquin. Allez, si
vous plait !
- NON !
………………………………………
- M'sieur Claude! (snif)
- Sonia mon p'tit, mais
qu'est-ce qui vous arrive ?
- M'sieur Luc, y veut
pas me prêter son bouquin... (snif) Y dit qu'y a trop de mots dedans et que
j'suis trop bête pour comprendre. (snif)
- Allons allons, faut
pas vous mettre dans un état pareil mon p'tit. Tenez, si vous ne savez pas quoi
faire, allez voir ce DVD, je vous le prête. C'est une belle histoire, une
histoire vraie, je suis sûr que ça va vous plaire.
- Oh, merci M'sieur
claude ! (snif)
- Arrêtez donc de
renifler et allez me chercher un pt'it café.
Il
n'est que la vraie vie pour vous inventer une histoire pareille. Aucun
scénariste n'aurait pu imaginer un sujet aussi simple, décalé, humain,
rafraichissant, en un mot, touchant. Un pied de nez à notre époque, éprise de
jeunesse, de vitesse et de technologie. Un film lent, sans effets spéciaux, ni
bagarres. Pas même une scène de nu. Pas d'intrigues non plus. Ni de méchants.
Rien à comprendre (quoique...), rien à démontrer. Alors que reste-t-il me
direz-vous ? Il reste l'essentiel.
"A mon âge on a
vu à peu près tout ce que la vie peut nous réserver. J'ai appris à séparer le
grain de la paille et à laisser les choses sans importance tomber d'elles
même."
Alvin Staight, 73 ans,
malade, revenu de tout, ou presque, décide de traverser l'Amérique pour rendre
visite à son frère qui vient de faire une attaque. Les deux hommes, fâchés, ne
se sont pas parlé depuis 10 ans. Alvin, qui n'a pas le permis, construit une
remorque de fortune et prend la route, contre l'avis de tous, sur... son vieux
tracteur tondeuse !
Un
Road Movie au ralenti, dans une Amérique aux paysages grandioses, parsemée de
bourgades perdues qui semblent figées dans le temps. Des personnages simples et
bien intentionnés, qui portent en eux des valeurs oubliées, des références
bibliques, la magie du voyage, de l'émotion, une belle musique, bref tous les
ingrédients du cinéma d'antan, le bon vieux film américain qui fait du bien.
Entre Lost
Highway et Mulholland Drive,
le fantasque David
Lynch se serait-il offert une parenthèse avec cette histoire vraie ?
(dont le titre français traduit bien mal le double sens du titre original the Straight Story.) En quelque sorte
oui, mais cette histoire apparemment simple, si vraie soit elle, n'en reste pas
moins Extra Ordinaire. Ce titre français, qui insiste de façon presque naïve
sur l'authenticité des faits, souligne le paradoxe. Et l'interprétation qu'en
donne le réalisateur reste ancrée, de façon subtile (presque subliminale), dans
son univers fantastique.
David
Lynch ne s'empare de cette histoire vraie que pour la transcender, et on accède
à son univers d'autant plus facilement qu'il nous y invite de façon intuitive.
Les dialogues sont terre à terre, la clé du film est à chercher ailleurs, bien
au-delà des mots. D'ailleurs le problème d'élocution de Rose (Sissy Spacek) illustre bien les
limites du langage, et les gros plans répétés sur le visage buriné d'Alvin, son
regard limpide, ses expression furtives et ses silences habités traduisent à
merveille l'état d'esprit du personnage.
C'est
au travers des images et des sons que le réalisateur se dévoile, par petites
touches, jouant avec l'immensité des paysages qu'il prolonge jusqu'au ciel,
avant de réduire le cadre au ras du sol, allant jusqu'à ne filmer que la bande
jaune de la route où chemine Alvin sur sa minuscule tondeuse. Tout au long du
film il suggèrera une pluralité de dimensions par une alternance de plans
larges, de gros plans, de plans serrés, mais aussi de visions d'en haut selon
un code établi dès les 1eres minutes.
Souvenez-vous.
La présentation se déroule sur fond de ciel étoilé, et de musique (Angelo
Badalamenti)… Puis la caméra survole lentement la campagne, (c'est
l'automne, le temps de la moisson) puis la bourgade, (une rue quasi déserte,
traversée par quelques chiens) avant de s'immobiliser au-dessus d'une petite
maison, celle d'Alvin au moment même du départ de sa fille Rose. La musique s'arrête. La
présence de la voisine semble provoquer une légère hésitation, mais dès qu'elle
s'absente à son tour, la caméra se dirige résolument vers une des fenêtres,
sans toutefois la franchir. A l'intérieur, on entend quelques pas, puis le
bruit sourd d'une chute. L'observateur invisible et silencieux s'attarde
quelque peu sur le retour de la voisine. (Faut dire qu'il y a de quoi...) Fondu
au noir, changement de plan. Caméra à hauteur d'homme.
Il
a dû se passer quelque chose d'inhabituel, Alvin est en retard. Tous ses
copains l'attendent. L'un d'eux, parti aux nouvelles, le découvre étendu sur le
sol, lui demande ce qu'il fait par terre, et semble désolé de devoir annuler un
rendez-vous prévu ce jour. La voisine qui n'a rien vu (et pour cause, elle a
les yeux masqués..) se mêle de tout, et cherche, affolée "quel n° on fait
pour le 15" Alors qu'Alvin ne réclame qu'un peu d'aide pour se
relever. Puis Rose,
quelque peu perturbée, mais pleine de bon sens, l'oblige à voir un médecin,
lequel confirmera le mauvais état de santé d''Alvin qui refuse obstinément de
se soigner. On suivra ses doutes et ses hésitations sur son visage, jusqu'à
cette fameuse scène d'orage. Le téléphone sonne. C'est Rose qui répond. Long
gros plan sur le visage d'Alvin, qui semble pressentir la mauvaise nouvelle. Un
éclair fulgurant déchire le ciel au moment même où Rose lui apprend l'attaque
de son frère Lyle.
La caméra survole et s'attarde sur la maison, à nouveau vue d'en haut. À partir
de ce moment, plus rien ne pourra le faire changer d'avis, Alvin a pris sa décision. Sous
le regard curieux des habitants du village il se prépare à partir pour un
voyage de 500 km au volant de sa tondeuse à gazon, et semble s'amuser de leur
incrédulité. Il n'est déjà plus des leurs. Seule Rose, dans sa simplicité, bien
qu'horrifiée par son départ, l'accepte et comprend.
Au
volant de sa tondeuse, abandonnant sa fille à la protection des étoiles, Alvin
tourne le dos à ce petit monde étriqué, et le thème musical change de
dimension. Tout au long de ce voyage initiatique à rebours, malgré un premier
départ manqué, la route sera étonnement droite, le hasard particulièrement
bienveillant (la vieille bâtisse qui lui sert d'abri pendant un orage,
l'hystérique dame au cerf qui lui offre, bien involontairement, une manne sous
forme de viande fraîche...), et la détermination d'Alvin, qui semble puiser sa
force dans la contemplation du ciel étoilé, ou des restes fumants d'un feu de
bois, ne faiblira jamais.
Voyage
initiatique à rebours donc, au cours duquel chaque nouvelle rencontre fait
surgir des images du passé. "Ce qu'il y a de pire dans la vieillesse c'est qu'on se
rappelle le temps où on était jeune". De la jeune fille
fugueuse au vieillard torturé par ses souvenirs de guerre, en passant par les cyclistes
insouciants et les frères querelleurs, le destin semble universel et Alvin
puise dans son expérience la réponse appropriée au réconfort de chacun, se
mettant en règle avec le passé avant d'aborder la traversée du pont qui enjambe
le Mississipi. Il passera la dernière nuit du voyage dans un cimetière, en
compagnie d'un prêtre et s'offrira une (dernière ?) bière. David Lynch égraine les symboles
tout au long du chemin, il appartiendra à chacun d'en récolter les fruits,
selon son imaginaire propre, comme semble nous y inviter l'omniprésence des
silos à grains.
Je
vous laisse bien sûr découvrir par vous-même la fin, un grand moment d'émotion
superbement maitrisé, presque sans dialogue et dénué d'effets spéciaux, où tout
repose sur le jeu des acteurs et les silences. Formidable Richard Farnsworth qui semble
vivre le rôle plus qu'il ne le joue, et qui par ses expressions, ses regards,
ses sourires esquissés nous entraine avec lui dans un émouvant voyage
intérieur.
"Une histoire vraie" restera son
dernier film. Gravement malade, il mettra fin à ses jours moins de deux ans
après le tournage.
Le
film sera bouclé en cinq semaines, soit la durée du périple du véritable Alvin Straight,
en suivant son itinéraire, dans le middle ouest des États-Unis.
Quelques
plans du film puis un extrait de la musique d'Angelo Badalamenti (compositeur
complice de David Lynch)
Si un réalisateur avait eu l'idée de génie de tourner le biopic de Haydn
il y a quelques années, un acteur s'imposait : Jean Poiret, avec une
perruque, bien entendu.
- Pourquoi M. Toon ?
- Et bien ma chère Sonia, parce que Joseph Haydn avait un peu le visage
de l'acteur et une réputation d'épicurien, d'humoriste et de pince sans
rire… Un inspecteur Lavardin de la musique, sans la fourberie de
celui-ci, au contraire !
- Vous n'avez encore jamais parlé de lui, pourtant c'est une tête
d'affiche du classique il me semble ?
- Oui Sonia, mais les must de la discographie de Haydn se présentent
souvent en gros coffrets un peu chers… Mais là j'ai trouvé une perle… je
vais expliquer tout cela…
Franz
Joseph Haydn
Franz Joseph Haydn
(alias
Joseph
tout court) est né à Rohrau en Autriche en 1732 et mort à
Vienne en 1809. Faites le compte : 77 ans, âge
exceptionnel avancé à cette époque, surtout si l'on considère qu'il
composera presque jusqu'à sa fin ! Il est donc l'ainé de
Mozart
et contemporain des quarante premières années de
Beethoven. On parle parfois de "trinité" pour ces génies.
Mais alors pourquoi
Mozart
et
Beethoven
sont-ils plus célèbres ? Je n'en sais trop rien. Haydn a composé en
quantité et en qualité dans tous les genres : musique de chambre,
symphonies, messes et opéras. C'est peut-être la profusion qui a desservi
une postérité plus marquée. Connaître par cœur les
9 symphonies de Beethoven est
facile pour un mélomane attentif. Mémoriser les
104 symphonies (toutes
intéressantes) de Haydn relève de l'exploit (432 mouvements et donc 864
motifs musicaux, en gros). Pareil pour ses quatuors, sonates... Et puis
Mozart, c'est DonJuan et la Flûte enchantée, joyaux de l'opéra. L'art lyrique chez Haydn n'est pas son point fort.
Par ailleurs chez
Beethoven, nous avons le phénomène toujours populaire du thème immortel (pam pam pam paaam
ou l'ode à la joie). Des leitmotive qui frappent immédiatement le public. Haydn serait-il
donc moins célèbre car moins présent dans les spots publicitaires ?!
Les débuts du garçon sont modestes. Il ne mange pas toujours à sa faim.
Il apprend quelques rudiments de musique dans sa famille et chante dans
une chorale. A la mue d'adolescent, il est en est chassé et vit
d'expédients. Dès 20 ans il enchaîne cependant les piges, mais surtout
rencontre
Nicola Porpora, un compositeur en vogue et surtout un musicien bien introduit dans les
cours aristocratiques. En ce siècle des lumières : pas de protecteur, pas
de compositeur ! Le comte Carl von Morzin sera le premier
protecteur du jeune Joseph. Le destin change,
Haydn
devient rapidement le compositeur attitré des princes Esterházy.
Certes,
Haydn
doit répondre à des commandes précises et répétitives, mais comme tous les
génies, il fait exploser les formes imposées et accumule les
chefs-d'œuvre. Je n'en dirais pas plus sur les mille péripéties d'une vie
aussi longue.
Haydn
est un personnage disgracieux, séquelles d'une enfance misérable, mais
débonnaire et généreux. Humaniste, il défend en syndicaliste avant l'heure
en prenant fait et cause pour les musiciens de son orchestre. Bien que
catholique sincère, comme Mozart, il fréquente une loge maçonnique,
toujours avide de nouveauté. Et surtout il voyage beaucoup, notamment en
Angleterre, sauf dans les années 1780 car Monsieur le Prince s'y oppose
!
Côté cœur,
Haydn
est malheureux en ménage mais connaît quelques aventures pas forcément
platoniciennes. Il sera un peu le père spirituel du jeune
Beethoven, ce qui n'empêchera pas les deux hommes de se brouiller quand ils
deviendront rivaux dans l'univers musical de Vienne. (Si on se rappelle le
tempérament abrutissant du vrai père de
Ludwig, il y a du freudisme dans cette relation extra-familiale).
Bon ! Aujourd'hui, bienvenue à Haydn dans le Deblocnot', et débutons la
rencontre avec un album des
six dernières symphonies "Londoniennes" (il y en a 12). Et puis comme cette musique regorge de facétie, de
dramatisme décalé et d'humour, l'excentrique chef anglais Sir Thomas Beecham
m'a paru comme l'homme de la situation…
Sir Thomas Beecham et SON Royal Philarmonic Orchestra
Thomas Beecham
(1879 - 1961) est un personnage issu d'un roman
d'Agatha Christie. On pourrait l'ajouter dans le Cluedo : le
Maestro Allegro et l'arme du crime : une
baguette affutée !
Thomas est le fils et héritier de son grand-père également prénommé
Thomas Beecham (1820-1907). Le fondateur du
laboratoire éponyme fait fortune au XIXème siècle en exploitant la
découverte de l'aspirine sous la dénomination Aspro.
Étudiant à Oxford, il étudie en dilettante la musique. Il dépense son
patrimoine colossal sans compter dans l'organisation et la direction
(apprise en autodidacte) d'opéra ou de concerts symphoniques avec le
Hallé Orchestra
ou le
Philharmonique de Liverpool. Il crée en une première compagnie Lyrique puis en 1909 le
Beecham Symphony Orchestra.
En 1910, aidé par son père, il devient directeur du
Covent Garden. (Ça aide la richesse…) Il ravive l'institution londonienne en créant 37
opéras en 1910 !!! Il invite les
Ballets Russes (voir
stravinsky). Il invite les plus grands chefs de l'époque :
Pierre Monteux,
Richard Strauss
ou
Wilhelm Furtwängler. Il a même comme assistant
Bruno Walter, jeune et brillant élève de
Gustav Mahler. Un peu trop ambitieux, il fonde la
Beecham Opera Company
en 1920. C'est bien, mais il est ruiné ! Avant et pendant la
seconde guerre mondiale, il parcourt la planète où partout le succès
l'attend.
C'est en 1946 que
Thomas Beecham
fonde son
Royal Philharmonic Orchestra, une phalange de très haut niveau qu'il dirigera jusqu'à sa mort en
1961. Des débuts de la stéréophonie, de précieuses gravures
discographiques nous sont parvenues.
On apprécie encore de nos jours son style analytique et clair et la verve
de ses interprétations. Doté d'un humour so british, il cultivait les bons
mots comme : "Je prends simplement les meilleurs instrumentistes et je les laisse
jouer" ou encore, très subtile : "Je n'aime pas le son de la harpe... On dirait deux squelettes en
train de faire l'amour sur un toit en tôle ondulée". Et cette magie du verbe proche de celle d'un Pierre Dac va
influencer sa vision de la musique de Haydn.
Les Symphonies londoniennes N°99 à N°104
Les symphonies de
Haydn
sont souvent regroupées par cycles (Les 6
parisiennes, les 12 londoniennes) dans des coffrets plus ou moins volumineux. L'intégrale des
104 symphonies par
Antal Dorati
est un joli pavé de 33 CD. Pour vous faire découvrir le must des six
dernières, coup de chance, j'en ai rêvé, Beecham l'a fait, et EMI a
édité un double CD. A noter que les 6 autres (93-98) sont aussi
disponibles. Mais s'il ne fallait qu'un seul disque dans la discothèque du
mélomane débutant, et bien alors…
On ne va pas tout éplucher mesure par mesure mais se concentrer sur 3
symphonies qui ont été baptisé d'un surnom : sous-titre : les N°100 "la militaire", N°101 "l'horloge", et la dernière, N°104 "Londres".
Les symphonies londoniennes ont toutes été composées lors de deux voyages à Londres dans les
années 1791 - 1795.
Pour chaque symphonie, l'écoute est possible, il s'agit de disques
non remasterisés au son moins transparent que celui de l'album…
1 – Symphonie N°100 "Militaire"
Cette symphonie doit son nom à son orchestration et sa thématique
"martiale". Aux instruments classiques (2/2/2/2, trompettes, cors, cordes
et timbales),
Haydn
ajoute, initiative rarissime à l'époque, une percussion "à la turque" :
triangle, cymbales, grosse caisse.
Beethoven
reprendra cette idée dans
l'ode à la joie de sa 9ème symphonie.
Dans les londoniennes, Haydn innove. Chaque symphonie débute non pas par
l'exposition du thème principal (le fameux thème A de la forme sonate),
forme usuelle, mais par une introduction plus ou moins longue, souvent
noté adagio, et qui prépare l'auditeur à l'introduction des motifs
structurant le mouvement.
La symphonie n°100 s'ouvre sur une calme mélodie, une aube ? Le discours
reste serein jusqu'à [1'13"] où un bref motif sombre et dramatique
interrompt la quiétude. Haydn est joueur. Il est impossible de de déduire
de l'opposition de ces deux idées, sérénité et angoisse, quel va être le
ton général lors de l'entrée réelle dans le développement. Haydn invente
une forme de suspens musical, de jeu de devinette thématique. [2'00] Bien
aidé par Beecham, Haydn s'est joué de nous. Flûte et hautbois puis cordes
décide de cheminer, en bon ordre, sur une mélodie martiale et bien
rythmée. Une marche militaire ? Oui, mais un rien burlesque. Il y a certes
des accents de grandeur, de noblesse, mais surtout de la mascarade dans ce
défilé de petits soldats. Jusqu'à la fin de ce relativement court
mouvement (6'30"), Haydn développe cette musique soldatesque avec une
fausse et brutale coda qui surprend [3'42"], et de la virilité de
carnaval. Beecham s'amuse comme un fou avec cette partition conçue pour
son esprit frondeur… et nous avec !
Le second mouvement est l'un des plus singuliers jamais écrits par
Haydn, surtout en cette époque encore très classique. Certains y voient des
futurs accents mahlériens et je partage ce point de vue. L'allegretto
commence par une nouvelle marche, une marche moins scandée et plus
mélodieuse que celle entendue dans le premier mouvement.
Beecham
nous fait entendre l'un des plus beaux dialogues de bois jamais
enregistrés, un discours d'une élégante et vigoureuse rythmique. [1'25"]
L'orchestre "explose", comme dans un combat endiablé de soldats de plomb.
La percussion prévue colore cette guerre musicale. On raconte que les
dames se pâmèrent lors de la création voyant apparaitre des mirages de
champs de bataille… [4'00] Une sonnerie (aux morts ?) se fait
entendre. Elle introduit un final plein d'énergie.
Beecham
déploie une fougue de général d'empire dans cet extraordinaire morceau
pris avec un tempo altier (5'00") ! Le rapprochement avec la marche sur
"Frères Jacques" dans le 3ème mouvement de la symphonie
n°1 "Titan"
de
Mahler
est très passionnant si on considère que près d'un siècle de romantisme
sépare les deux œuvres.
Il est important de souligner que le développement et la conclusion d'un
morceau chez Haydn ne sont jamais le miroir ou la variation ultime de la
thématique initiale. Sa musique se déploie dans plusieurs directions,
comme pour occuper à la fois tout l'espace sonore disponible et varier à
l'infini nos émotions. Ce principe très moderne est particulièrement
audible dans cet allegretto, et dans la plupart des symphonies de ce
cycle.
Haydn conserve la forme classique dans le menuet qui suit. Comme souvent,
cet intermède joue le rôle de pause entre deux mouvements. Les mélodies
misent en jeu, élégantes, ne retrouvent pas l'imagination de ce que l'on a
déjà entendu. Le discours est très viennois dans l'esprit et
Beecham
garde une direction allègre.
Le final commence par un motif vif, plein de gaité. La soldatesque
a-t-elle vaincu ? Le climat se veut dansant et festif. Et puis on retrouve
nettement dans la composition la fantaisie évoquée avant, comme si Haydn
se refusait à appliquer les règles des reprises da capo, principes en
vogue dans la forme sonate pure et dure. Une multitude d'astuces
d'orchestration et des pauses surprenantes font briller de mille feux ce
final triomphant. À propos de triomphe, les percussions font leur retour
pour proclamer la victoire. Sur qui et quoi ? Aucune importance,
Haydn
et
Beecham
nous ont amusés par la lecture électrisante d'une symphonie composée par
un jeune homme de… 63 ans ! Haydn n'était pas militariste à mon sens et
les métaphores qui illustrent mon propos n'engagent que moi.
Cette symphonie doit son nom à une l'idée farfelue mise en œuvre dans le
second mouvement.
Certains considèrent cette symphonie comme l'aboutissement de l'art
symphonique de Haydn. Le musicologue Marc Vignal souligne que la
structure de la composition utilise le nombre d'or dans les rapports
harmoniques. Faisons lui confiance et remarquons simplement que même très
agréable et attachante, la musique de Haydn n'a pas pour unique mission de
divertir.
Nous retrouvons notre adagio introductif, ici très méditatif et étrange.
Le climat assez sombre est dû à écriture en mode mineur. On pense à
l'ouverture de l'hiver de l'oratorio "Les Saisons", au temps qui passe, inexorable. [2'05"] Contre toute attente, une
mélodie joyeuse notée presto nous entraîne dans une danse énergique. Le
tempo de
Beecham
est renversant et permet la frénésie de ces crescendo – decrescendo de
s'enchaîner avec diablerie. On ne pouvait imaginer plus de contraste avec
l'ouverture mystérieuse de ce premier mouvement.
L'andante est l'un des morceaux les plus surprenants jamais écrits. Une
belle mélodie aux cordes, gracieuse et poétique, se déploie en s'accordant
sur le "Tic-Tac" facétieux d'une horloge, à savoir une rythmique de
métronome assurée par les bois. C'est génial de simplicité apparente, de
raffinement dans l'orchestration, et puis c'est drôle. [2'24"] Un passage
plus expansif interrompt quelques instants les pensées obsédantes de la
pendule du salon (comme aurait chanté Brel).
Haydn
est le compositeur de toutes les surprises, de la fantaisie. [3'42"] Le
balancier reprend ses droits avec un solo de flûte enchanteur. J'arrête là
et vous laisse écouter…
Il est important de parler des liens étroits de cette œuvre orchestrale
avec la musique de chambre. Celle-ci est souvent de facture plus savante
car destinée à des musiciens très virtuoses.
Haydn
fusionne les genres dans cet andante aux accents intimistes. C'est de ce
mélange des genres que naît la magie, la légèreté et la richesse mélodique
et orchestrale. Imaginez l'idée d'illustrer le Tic-Tac d'une horloge par
un compositeur peu imaginatif puis de l'engraisser par
André Rieu. Ici
Beecham
se fait orfèvre horloger par la précision et la bonhommie de sa
direction.
Le menuet est de nouveau très classique de forme et plus habituel
d'inspiration. Par contre le Trio avec son malicieux solo de flûte, qui
aboutit à un marivaudage d'adolescent avec le basson, s'inscrit bien dans
la joie de vivre qui signe cette symphonie.
Le bref final (4'55") est un rondo vivifiant. Deux thèmes traversent
diverses variations pour conclure l'ouvrage dans un esprit festif qui
côtoie le grandiose par de viriles interventions des cuivres (cors,
trompettes).
La symphonie "Londres" sera l'ultime contribution de
Haydn
à l'univers symphonique. Point d'orgue écrit et créé à Londres en
1795. Son surnom n'a pas de rapport direct avec son écriture. Il
s'agit plutôt d'un hommage global à ce cycle qui se termine.
L'adagio initial délaisse la langueur habituelle. Des accords puissants
et majestueux en tutti introduisent de longues phrases hautaines et
pathétiques. L'effet est assez dramatique. [2'03] Ce climat se prolonge
par l'exposé des thèmes sur un tempo noté allegro. La musique semble plus
sévère qu'à l'accoutumée. On discerne des tensions internes, âpres, qui
annoncent
Beethoven
et le romantisme. L'opposition avec la fantaisie chambriste évoquée à
propos des deux autres symphonies commentées est saisissante.
Thomas Beecham
aborde ces pages avec énergie, sans legato ni rubato hors de propos. Le
discours est musclé mais clair.
L'andante est original dans sa forme. Une première partie aux cordes
progresse sur une mélodie élégiaque. Quelques notes à la flûte précèdent
un passage plus grave, en mode mineur, empreint de dramatisme.
Nous ne sommes plus dans la fantaisie de
l'horloge. Il y a comme une nostalgie, voire l'expression d'un adieu respectueux à
Londres qui sut tant accueillir Haydn et l'aimer. Les
développements à partir des deux idées antagonistes est somptueux
d'imagination.
Beecham
traduit avec émotion cet hommage en usant d'un tempo retenu qui laisse ce
long mouvement (8'36) dérouler sa grandeur sans brusquerie ni
emphase.
Le menuet échappe à la banalité. On retrouve de nouveau une thématique
plutôt robuste. Mais la musique va plus loin qu'un simple temps de pause
avant le final. Le discours d''allure martiale se voit entrecoupée de
pause d'où surgissent d'ironiques trilles des cordes, ainsi que
d'inattendus roulements de timbales qui vivifient grandement cet exercice
imposé de la symphonie classique. Dans le trio on retrouve l'humour cher
au compositeur : un ländler ni précieux, ni rustique, une danse
universelle.
Dès les premières mesures du final spiritoso assez court (5'06"), l'on
sait que
Haydn
va nous offrir le testament d'une vie de composition. L'orchestre lance
toutes ses forces dans une forme sonate allègre. À partir d'un motif
rythmé et de son prolongement mélodique,
Haydn
parcourt toutes les possibilités des variations, à la fois dans la
composition et dans l'orchestration. Très animé et concertant, la
partition donne la parole à tous les instruments dans un kaléidoscope
joyeux et coloré. Cette ultime symphonie s'achève en apothéose.
Playlist des trois
symphonies 100, 102 et 104 :
On pourrait commenter toutes les symphonies au prix de la redite.
L'exercice serait vain. Ces trois symphonies présentent quasiment toutes
les trouvailles stylistiques les plus diverses du compositeur viennois. Il
est préférable de ne pas écouter les 6 symphonies (voire les 12 et même
les 104) d'un bloc, mais d'isoler chaque découverte pour bénéficier de
tout le suc de ces symphonies qui ne se ressemblent jamais, et possèdent
chacune leur propre personnalité. Quant à ajouter que
Beecham
était en osmose avec le monde de
Haydn, c'est affirmer une évidence.
Les
londoniennes
ont une discographie bénie des Dieux. La concurrence est rude par le
haut. La richesse de ce cycle symphonique est telle qu'elle offre une
grande diversité de styles de lecture. Impossible de passer sous
silence l'intégrale réalisée par
Antal Dorati
dans les années 60-70 et parue par coffrets de vinyles d'année en
année. Il n'y a aucun point faible même si certaines symphonies ont un
intérêt supérieur à d'autres. Toujours au catalogue à prix
raisonnable. L'interprétation de
Dorati
est d'une probité constante même si on trouvera ailleurs plus de
folie. Un monument de l'histoire du disque (6/6). Pour les londoniennes seules :
Eugen Jochum, un chef plutôt grave et mystique a surpris dans les années 60 avec
des gravures enjouées et humoristiques (moins que
Beecham) qui justifient leur maintien constant au catalogue (Philharmonique de Londres
: 5/6). L'épicurien
Leonard Bernstein
a choisi la voix de l'énergie débridée, de la fantaisie au dépend de
la rigueur, avec le
Philharmonique de New-York. Une interprétation sous amphétamine (5/6).
Colin Davis, toujours adepte de la subtilité et de la finesse qui le
caractérisent, a transcendé le coté parfois chambriste de ces
symphonies en s'appuyant sur la beauté plastique sans égale du
Concertgbouw d'Amsterdam
(2 double CD disponibles, 6/6). Enfin, dans les années 80-90,
Franz Brüggen
a gravé les douze symphonies sur instruments d'époque en évitant les
effectifs riquiquis et les diapasons nasillards. Il insuffle une
authenticité dans ces pages et leur redonne leur sonorité originelle.
Philips a abandonné cet immense artiste et sa discographie avec. Un
scandale ! On trouve quelques exemplaires autour de 200 € (6/6). Ne
pas oublier
Harnoncourt avec le
Concertgbouw. Je n'aime pas trop du fait des tempos étirés, mais le style est
clair. Les amateurs de ce chef seront ravis par ces gravures aux
couleurs légères (pas de notation qui serait subjective).
Le zombie est une valeur sûre ! La liste est longue depuis WHITE ZOMBIE de Victor Halperin en 1932, et en passant par
LA NUIT DES MORTS VIVANTS (Romero, 1968) jusqu’au 28 JOURS PLUS TARD de Danny
Boyle en 2002 dont le troisième épisode serait à priori en préparation. Oui, la liste est longue de pauvres types dont les tibias ont servi de casse-dalle à
des morfals aux yeux exorbités et à la démarche peu assurée. Et le phénomène ne
touche pas que les Etats Unis, puisqu’on a eu LA HORDE en France (Yannick
Dahan, 2010), DEAD SNOW en Norvège (Tommy Wirkola, 2009) BOY EATS GIRL ou DEAD
MEAT en Irlande, EVIL en Grèce, CHOCKING HAZARD en République Tchèque, BIO
ZOMBIE à Hong Kong (garanti 100% sans OGM), PLAGA ZOMBIE en Argentine… j’en passe et des plus
saignants.
On connait le principe du film
de Zombie, très codifié, mais, ces derniers temps, deux films sont sortis
proposant une variante assez inédite : l’humour. Noir, l’humour,
forcément, mais pas que. Disons même, du burlesque. Celui qui m’avait enchanté,
c’est THE SHAUN OF THE DEAD de l’anglais Edgar Wright, écrit et interprété par
Simon Pegg, une vraie réussite à la fois comique et horrifique. Et en 2009, Ruben Fleischer
réalise BIENVENUE A ZOMBIELAND (ZOMBIELAND en V.O.), qui tient du film d’horreur,
de la comédie et du road-movie. L’histoire obéit donc à la loi du genre, du
moins au début, soit donc le jeune Colombus (Jesse Eissenberg) qui se retrouve
seul avec sa bagnole, dans un paysage dévasté par un virus, et peuplé de
morts-vivants. Comme il l’explique tout au début : « ça fait deux mois que le patient zéro à croquer dans le hamburger contaminé»… Eh oui, le virus,
cette fois, ne vient pas des essais nucléaires de Mururoa, ni d’une météorite,
ni de l’éprouvette d’un savant-fou, mais du steak haché !! La faute à McDo ! Raison pour laquelle on nous explique que les premières victimes étaient les obèses (du genre, c'est pas grave) avant que tout le monde ne soit touché. Ca ne vous rappelle pas un discours, vers 1985, sur les premiers cas de SIDA ?
Colombus, pour survivre, s’est
inventé ses propres tables de la loi, les 10 commandements de la survie (qui
sont en fait une trentaine de règles). D’abord savoir courir vite et surtout
longtemps (le zombie s’essouffle vite…), et puis la règle de la « double
dose ». Foutre une balle dans une tête de zombie ne sert pas à
grand-chose, si on ne lui en colle pas une deuxième. Cette règle s’applique
aussi pour les coups de batte de baseball. Une autre règle salvatrice : se
méfiez des toilettes, lieu clos, sans issue, et quand on trône, le froc baissé,
et que deux mains passent sous la porte pour vous tirer les chevilles, pas
facile de s’en dépêtrer. Il y a aussi la règle de : ne pas jouer au héros.
Sous-entendu, on ne frime pas, et on sauve ses miches. Mais pour les yeux d’une
jolie brune, Columbus la transforme en : jouer au héros ! Et ce qui est marrant, c’est qu’au fur et à
mesure de l’intrigue, les règles en questions s’affichent à l’écran, comme pour
parfaire la démonstration !
Il n’y a pas que cette idée de
bonne dans ZOMBIELAND, et la première bonne trouvaille, c’est le casting. Jesse
Eissenberg, donc, que vous connaissez pour son rôle de Mark Zukerberg dans THE
SOCIAL NETWORK- voir article du Déblocnot -. Pas vraiment un physique de vainqueur, et déjà catalogué
cinéma d’auteur, avec débit mitraillette. Et pourtant, ça fonctionne, genre
monsieur Tout-le-monde, brave type un peu déprimé, angoissé, nerveux, et
inconscient (euh, pardon… courageux) quand il le faut. Un Woody Allen avec 50
ans de moins ! Il a un petit souci psychanalytique avec les clowns... Colombus s’avère ne pas être le seul survivant. Place à
Tallahassee que joue Woody Harrelson, acteur très demandé (TUEURS NE, LARRY
FLYNT, LA LIGNE ROUGE, NO COUNTRY FOR OLD MEN) qui n’hésite à se foutre de
lui-même, les neurones dans les biceps, le texan bas du front adepte du colt
.45. Harrelson est parfait. On appréciera l'artillerie du type, et notamment l'utilisation du banjo, avec la musique de DELIVRANCE, pour attirer les pequenauds ! Nos deux amis rencontrent en chemin deux filles,
deux sœurs. Là encore, on en reconnait une des deux, la plus jeune :
Abigail Breslin, découverte dans MISS LITTLE SUNSHINE, cette belle comédie un
peu fauchée où une gamine boudinée se lance dans un concours de miss. Et bien
maintenant elle dézingue du zombie ! La troupe sera complète avec la
délicieuse Emma Stone, nouvelle coqueluche vue dans LA COULEUR DES SENTIMENTS et
SPIDERMAN.
Aux chapitres des bonnes idées,
il y a la rencontre de tous ces personnages, et notamment les deux filles. Je
ne peux pas trop vous en dire (faut pas gâcher…) mais disons que dans de telles
circonstances apocalyptiques, la décence voudrait qu’on s’épaule, s’entraide… Or
là, c’est franchement chacun pour sa gueule ! La scène dans l’arrière
magasin du supermarché est assez réjouissante.
Généralement, le propre du film
de zombie est de décrire un monde qui se décrépite. Les zombies sont à l’écran
ce que les aliens étaient aux films de SF dans les années 50 : la menace
sournoise, venue du communisme. George Romero va plus loin dans ZOMBIE (1978) un
film pamphlet social, sur fond de société de consommation, dont l’action se
situe dans un centre commercial. Lorsque les humains consomment de l’humain, la
boucle est bouclée ! Dans BIENVENUE A ZOMBIELAND il s’agit plus d’un film
potache, mais qui mord à grands coups de crocs le mythe de l’entertainment
hollywoodien. Wouah ! Je me relis… Pas mal… J'vous autorise à la ressortir
dans vos dîners en ville, mais dites juste que vous avez lu ça dans le
DEBLOCNOT…
C’est que notre petite troupe
se met en route pour la seule région épargnée… Los Angeles… Hollywood… et le
parc d’attraction Pacific Playland. C’est là que les deux filles veulent se rendre, comme un
ultime pèlerinage avant le Déluge Final. Ben voyons. Quant à savoir ce qu’il va
leur arriver là-bas… Et Tallahassee, lui, sa quête, c’est de trouver des Twinkies,
ses friandises préférées ! Barnum et fast-food semblent être les deux mamelles
de l’Amérique ! Donc, nos amis se retrouvent à Los Angeles, sur Hollywood
Boulevard, le trottoir aux étoiles, avec les sosies de stars zombifiés (dont un Chaplin !). Ils s’arrêtent devant le Chinese Theatre, haut lieu des
grandes premières hollywoodiennes d’antan. On y trouve des prospectus avec l’emplacement
des maisons de stars. Tallahassee va pouvoir enfin visiter la maison de son
idole… Bill Murray !
Autre belle idée, puisque Bill
Murray va donc jouer son propre rôle. Sauf que les deux gamines ne savent pas
qui il est, et Colombus devra leur montrer le film GHOSTBUSTER dans la salle de projection privée de Bill Murray ! Un décor fantasmé qui renvoie à BOULEVARD DU CRÉPUSCULE. Et qu’encore une fois, je ne pourrais pas vous en raconter beaucoup plus, mais la pirouette scénaristique frise le génie ! Les trois premiers tiers du
film sont épatants, la réalisation second degré est assez clipée, genre Guy Ritchie,
le David Fincher des débuts, ou Danny Boyle. La grande séquence finale est à
mon avis trop longue, le scénario s’épuise, et on retombe dans le banal,
accumulation de cadavres, là où jusqu’à présent le réalisateur savait doser ses
effets. On peut regretter aussi que le
road-movie ne soit pas exploité pour vraiment faire cohabiter et évoluer les
quatre lascars. Mais je chipote...
... Car ne boudons pas notre
plaisir, BIENVENUE A ZOMBIELAND lorgne beaucoup plus sur la comédie que sur le
film gore, c’est avant tout un divertissement, bien troussé, avec quelques très
bonnes idées, des clins d'oeil, une grosse dose d'hémoglobine, et une troupe de comédiens aux p'tits moignons... euh... aux p'tits oignons !
Le film ayant très bien marché, la suite est en tournage, avec la même équipe, sortie en 2013... De quoi s'en repayer une bonne tranche...
BIENVENUE A ZOMBIELAND de Ruben Fleisher couleurs - 1h30 - scope 2:35
Guitare
Les Paul en bandoulière jouée presqu'au
niveau des genoux. Chapeau haut de forme posé sur une tignasse abondante et
frisée. Lunettes Ray Ban fixées sur le nez, une clope souvent posée au milieu
des lèvres, et tout de noir vêtu...
Euuh
! Pardonnez-moi les amis, mais si après ce descriptif, le musicien ne vous dit
toujours rien, franchement c'est que le Rock, les guitares et tout ce qui en
découle, vous vous en fichez royalement !
Mais
si le look de l'ex Guns'n'Roses reste l'un des
plus distinctif qui soit (au même titre que celui d'un Angus
Young par ex.), reconnaissons que, derrière cette image très
étudiée, SLASH est d'abord et avant
tout un guitariste bourré de feeling et aux gouts plus que certain.
Il
semble pourtant qu'après avoir quitté Guns'n'Roses,
au milieu des années 90, le guitariste ne soit jamais totalement arrivé à
publier quelque chose qui puisse le libérer de son très encombrant et glorieux
passé. Son Slash's Snakepite, tout
comme les deux albums de Velvet Revolver,
(avec certains de ses anciens comparses) ne déméritaient pas, bien sûr, mais
j'ai tout de même le sentiment que ce feu sacré qui l'habitait il y a
maintenant quelques années semblait l'avoir un peu quitté. Jusqu'à ce qu'il
décide de publier son premier album sous son propre nom (avec en guise
d'accroche plaisir, une pléiade d'invités chanteurs que vous aurez le loisir de
redécouvrir en vous reportant à la chronique de Bruno). Parmi ceux-ci, la performance remarquée (puisque
remarquable) d'un certain Myles Kennedy
avait fini de décider SLASH
à le prendre avec lui pour la tournée qui s'annonçait. L'entente fut telle
entre les 2 hommes (et ses deux autres musiciens : les
Conspirators) que l'idée de prolonger le plaisir en Studio ne
mis pas longtemps à se concrétiser. Le résultat est bien évidemment cet Apocalyptic Love ô combien réussi.
Monsieur Loyal
En
plus d'avoir su garder intacte sa passion pour le Rock (avec tout ce que cela
sous-entend), SLASH est un sage. Car
plutôt que de se persuader (vous savez la fameuse tête qui enfle, qui enfle !)
qu'il ne devrait sa notoriété, son rang, et son statut de Guitar Hero qu'à lui, et à lui seul, SLASH
avait compris depuis longtemps que l'une des choses les plus importantes dans
la musique est de savoir bien s'entourer. Car dans l'enfer du Show-business, et
quel que soit les talents des intéressés(es), chacun sait que la lumière peu
s'éteindre soudainement, à n'importe quel moment, pour peu qu'on ait été mal
conseillé, ou mal accompagné à un moment clé de sa carrière.
Aussi,
dans sa capacité à reconnaître toute la plus-value que lui avait apporté des
musiciens comme ceux qui l'avaient épaulé sur scène, SLASH,
en grand Monsieur Loyal de la sainte trinité du Fucking Rock'n'roll,
n'hésiterait pas à apposer sur son nouvel album, au côté de son nom, celui de
son chanteur et de ses deux autres compagnons. Ainsi peut-on y voir écrit : SLASH featuring Myles Kennedy and The Conspirators.
De son propre aveu, l'homme en noir y tenait.
Ainsi
donc le collectif aurait-il été à ce point l'un des éléments clé faisant d'Apocalyptic Love ce qu'il est
aujourd'hui, à savoir un excellent album.
La
réponse est assurément OUI ! Il est d'ailleurs fort à parier qu'il ne vous
faudra pas pousser vos investigations au-delà de 2 ou 3 écoutes pour vous amener
au même constat que moi.
Mais sacré nom de Di** d'putain d'bordel de merde !!!!!! (*)
(*) Ce qui caractérise
le style de Vincent, c'est la sobriété de ses suites de locutions interjectives
(Claude Toon)
Ne
soyez pas effrayés par cet excès verbal, à priori incontrôlé de ma part. Je
vous l'assure, c'est juste que quand je suis dans un état de bonheur intense
et/ou de jubilation extrême, ces mêmes jurons me viennent aussitôt
instantanément. "Jean Pierre
Marielle sort de ce corps !!!!"
Ben
oui ! Mais parce que là... Force est de reconnaître que... et j'ai eu beau
chercher la faille, le p'tit accroc de rien du tout, le "truc
bidule", le "machin chose", etc., et bien non rien, mais rien de
rien... SLASH et ses amis ont tout
simplement réalisé ici l'album parfait. Et cela sur chaque titre... Bonus
compris.
Voilà
déjà ce qui en fait l'un des plus sérieux prétendant au titre de
"Disque Rock de l'année 2012". Rien que ça. Mais comment
pourrait-il en être autrement face à un tel degré d'efficacité, de "savoir-faire"
et d'énergie ? Apocalyptic Love déborde par
tous les pores d'ondes positives... De good vibrations.
Certes,
la guitare du Maître (même si il ne révolutionne pas son jeu - écoutez le tout
de même sur l'intro de l'ébouriffant "Anastasia")
fait toujours des étincelles, mais se serait être bien malveillant que
d'occulter par la même occasion la performance toute aussi incroyable (à
l'écrit, comme à l'oral) du jeune Myles Kennedy.
Du reste, voilà qui me pousse presque instantanément à aller le découvrir aussi
au sein de sa propre formation ; Alter Bridges.
Sachant que l'homme s'accompagne également à la guitare pour soutenir celle de SLASH... Voilà qui finirait presque par me
le rendre insolent. Bah oui ! Le talent (le vrai) agace un peu parfois.
Le
basse/batterie est quant à lui un peu comme l'équivalant d'un bitume rutilant
sur lequel nos 2 conducteurs de "première classe" n'auraient plus
qu'à venir se poser... avec délectation. Compacte et brillante comme elle
l'est, cette rythmique du feu de Dieu est assurément de celle que se devrait
d'exiger de lui-même tout authentique Rocker qui se respecte.
Apocalyptic Love,
c'est caviar et champagne à tous les étages. Alors comme on dit dans ces cas-là...
A la vôtre !!!
PS:
Notez également que son édition limitée propose, en plus de ses 2 Bonus Tracks,
30 minutes d'images du groupe en studio (non sous-titré).