Hadden
Sayers est comme un docteur itinérant (certainement pas du
genre charlatan) administrant les remèdes adéquats aux
patients souffrant d'une carence en Blues frais, roots, électrique
et sincère.
Troubadour
à la Stratocaster, Hadden, pour son septième album,
nous invite à un voyage au pays du Blues, grâce à
ses chansons qui s'ouvrent aux différentes branches de la
musique du diable.
Ainsi,
tout au long de l'album ce natif de Nacogdoches
assène des Blues
de différents horizons, qui trahissent tous néanmoins
l'âme Texane de l'interprète. La première écoute
est un peu surprenante, voire décevante, car elle donne
l'impression d'un patchwork.
On
retrouve ainsi à travers ses treize compositions du
Blues-rockabilly appuyé à la Jimmy Thackery, un Souful
en duo avec Ruthie Foster, du Blues-funk et boogie sauce Popa Chubby
(sans
les soli),
un autre épicé au Snook Eaglin ', Chicago-blues
avec un gros clin-d'œil à Hubert Sumlin, un slow-blues
(dédicacé à Sean Costello) qui a quelques
petites intonations de « Blue-Jean Blues », un
country-folk-rock façon John Mellecamp, un blues-jazzy genre
Leon Redbone en plus électrique, de l'americana même, du
Blues encore qui évoque les frères Vaughan et Doyle
Bramhall, et un instrumental à la Albert Collins. Presque une
circumambulation du genre, en évitant le Blues moderne
flirtant avec le Hard.
En
toute logique, beaucoup d'influences texanes planent sur ce disque.
C'est
l'album du renouveau, d'un nouveau départ après des
années de galère, d'entourloupes, de malchance et
d'incertitude. D'où le titre, « Hard Dollar »,
pour signifier la difficulté que l'on peut avoir pour gagner
sa croûte, en parcourant les routes avec tous les obstacles (et
le gars, apparemment, en a eu quelqu'uns assez conséquents),
pour parvenir à monter sur les planches pour un revenu parfois
bien modeste.
Hadden
Sayers chante bien et juste d'une voix rocailleuse, évoquant
bien souvent celle de Popa Chubby avec quelques inflexions à
la Bill Perry, et maîtrise son jeu de guitare, assez
conventionnel mais efficace, d'obédience Texas-blues (avec
prédominance Vaughan Brothers – plus Jimmie que Stevie). Son
groupe assure impeccablement (avec le tonton qui vient prêter
main forte à la basse et au Fender Rhodes), malgré un
batteur un peu raide. Malgré les treize titres (50 mn.), ça
s'écoute avec plaisir et aisément d'une seule traite
(malgré le slow-blues s'étirant un petit peu).
Cependant,
devant la pluralité des sous-genres abordés, on se
demande où se situe la personnalité de Hadden Sayers.
Est-ce son caractère qui le pousse à toucher à
tout ? Ou est-ce dans le but de séduire le plus grand nombre
qu'il joue sur plusieurs tableaux ? Ou encore a-t'il voulu faire un
étalage de ses capacités ? Dans un élan de
vengeance envers l'adversité de la vie ? Ou tout simplement
un passionné avec un gros bagage musical plein à
craquer et forcément, dès qu'il a l'opportunité
d'enregistrer, cela part dans tous les sens.
Fort
heureusement, le son de l'orchestration, et bien évidemment la
tonalité de la voix, changent peu (à part pour Back to
The Blues avec Foster, Sweet Texas Girl et Money Shot), servant alors
de liant à l'ensemble.
« Hard
Dollar » est un bon disque agréable à
écouter, mais qui pourra rebuter ceux qui préfèrent
des disques qui se cantonnent essentiellement à un registre
identique du début à la fin.
- Take me back to the Texas - 3:09
- All I want is you - 3:33
- Back to the Blues - feat. Ruthie Foster - 5:32
- Inside out Boogie - 3:29
- Lap of luxury - 2:59
- Flat black automobile - 2:42
- Sweet Texas girls - 4:21
- Crush on you - 2:42
- Ain't comin' round on more - 3:31
- Hippie Get away - 4:01
- Burnin' up - 3:55
- Room 155 - 7:01
- Moneyshot - 4:29 (instrumental)
Autre clip : autre registre
Article initialement paru dans le magazine BCR
Un plaisir de voir Ruthie Foster sur la vidéo !
RépondreSupprimerd'accord avec toi Pat, plaisir de voir Ruthie Foster, et de l'entendre! j'aime beaucoup le morceau proposé et je file écouter le reste de l'album. merci Bruno.
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