vendredi 13 juillet 2012

L'AGE DE GLACE 4 (2012) par Luc B.



La saga avait commencé en 2002, et nous faisions connaissance avec le mammouth Manny, le tigre-sabre Diego, le paresseux Sid, trois copains livrés à eux-mêmes dans l’immensité glacée de la préhistoire, et découvrant  que la solidarité entre race n'était pas une mauvaise chose pour lutter contre l’extinction ! le spectateur, lui, découvrait l’écureuil Scrat, sorte de neveu abruti du Coyote de Bip-Bip, obnubilé par un gland qu’il cherche à enterrer pour se faire une petite réserve au cas où… Suite en 2006, Manny rencontre Ellie, un mammouth femelle, géniale création, puisqu’élevée avec des opossums, elle fait sienne leur culture, et dort la tête en bas accrochée par la queue à une branche d’arbre ! Une suite moins convaincante, toujours sur fond de fin du monde, annoncé par un tatou-gourou de mauvais augures. En 2009,  débarque L’AGE DE GLACE ET LE TEMPS DES DINOSAURES, et avec ce troisième opus venait la lassitude. Certes, les personnages évoluent, Manny et Ellie attendent leur premier enfant, Diego se questionne sur sa virilité de tigre, même Scrat trouve une fiancée ! Sid, lui, fait copain-copain avec des bébés T-Rex… d’où le titre. Aimable divertissement, en 3D, animation toujours au top, mais un peu réchauffé. Là on se dit : changeons d'ère... et d'air ! Et puis voilà que déboule (de neige) le quatrième épisode : soyons clair, c'est le meilleur.

L’AGE DE GLACE : LA DERIVE DES CONTINENTS renoue avec l’univers et les fondamentaux du premier épisode. Et je précise de suite que j'ai vu la version "plate" en 2D. Scrat, l’écureuil obsédé est toujours là, intermède hilarant dans cette aventure. Il provoque une énième catastrophe planétaire. Cette scène d’ouverture est dantesque, le pauvre animal étant carrément précipité vers le noyau atomique de la planète ! Où l’on apprend au passage l’origine du grand cou des girafes… Cet animal ressemblait plus à une gazelle, broutant de l’herbe. Une faille terrestre fend le sol en deux, et deux plaques s’écartent. Sur l’une, l’animal, mais sur l’autre, la touffe d’herbe, que la girafe ne veut surtout pas lâcher. Donc le cou s’allonge… Mais Scrat, sans le savoir, provoque aussi la séparation de la famille Mammouth. Manny, Diego et Sid (avec sa grand-mère édentée, nouveau personnage réussi) dérivent sur un bloc de glace, alors qu’Ellie et sa fille Pêche restent à terre. Les deux groupes projettent de se retrouver, et entre temps, vivront moult aventures. Retour aux fondamentaux, donc, avec du gag et de l’aventure, mais pas une once d’anachronisme barbant. Parmi les personnages secondaires, mention spéciale aux copains de Pêche, des ados-mammouth, avec le beau gosse (Ethan, il est trop cooool…) coiffé en brosse peroxydée, et les minettes arborant de longues mèches de poils à la Justin Bieber ! Génial ! Le pauvre Manny ne sait comment s’y prendre avec son ado de fille, et elle-même, éblouie par le beau gosse poilu de trois tonnes, snobera ses vieux amis, oubliant quelques temps les préceptes de la famille. Les dessinateurs ont reproduit la gestuelle ado, chez les mammouths, ça confine au génie ! 

De leur côté, Manny, Diego, Sid et grand-maman (acariâtre et sourde comme un pot !) dérivent sur leur glaçon en pleine tempête, croisent le chemin d’un macaque, chef d’une bande de pirates, écumant les mers sur un galion sculpté dans un iceberg. Magnifique idée encore, et clin d’œil à la saga PIRATES DES CARAÏBES, le singe ayant de vagues airs de Barbe Noire. Autour de lui, des sbires sanguinaires (dont un lapin !) ou franchement attardés du bulbe (l’éléphant de mer crétin). Et une jeune tigresse, qui ne tardera pas à taper dans l’œil de Diego… On connait l’adage d’Hitchcock : plus le méchant est réussi, plus le film est réussi. Le singe pirate est une réelle ordure, aucune morale, aucune once de gentillesse, un salaud et un vrai ! Chic ! Et esclavagiste, en plus ! On remarquera les allusions à BRAVEHEART de Mel Gibson, avec le chef de la rébellion hamster au visage peinturluré de bleu, ou encore à AVATAR avec l’attaque aérienne, les dragons étant remplacés par des ULM en feuille d’arbre ! Et pendant que tout ce monde s’étripe, se pourchasse, Scart, lui, cherche toujours l’Eldorado des glands. Il trouvera son Atlantide, son jardin d’Eden de la noisette, séquence hilarante, qui clôt le film. 

Le rythme ne faiblit pas, les gags s’enchainent, les situations sont très bien écrites, le scénario en ne multipliant pas les intrigues secondaires, mais gardant le cap, trouve la bonne voie. Pas de mièvrerie non plus, ni de scènes tire-larmes. On retiendra vraiment ce personnage de grand-mère peu portée sur l’hygiène, qui provoque une mini-marée noire rien qu'en plongeant dans l’eau (les poissons morts remontent à la surface !) ou les déboires de Scrat, en soutif et perruque contraint de danser pour les pirates ! Et aussi le pauvre Sid, qui gobe une baie empoisonnée, et devient tout flasque, perdant sa sensibilité, comme lorsqu'on sort de chez le dentiste après une anesthésie et qu'on se bave dessus ! Le graphisme est une nouvelle fois époustouflant, mais bon, depuis le temps, on commence à s’habituer à ces dessins animés nouvelle génération, et la différence entre deux films, se fait vraiment sur l’histoire et la réalisation, plus que sur la technique. L’AGE DE GLACE 4 est vraiment une franche réussite, au contraire de MADAGASCAR 3
Réalisation : Steve Martino et Michael Thurmeier
Couleurs  -  1h40  -  format scope 2:35 en (2D / 3D)


Gamins obligent, on est parfois contraint aux sacrifices... Bon, ce n'est pas une torture non plus ! Mais la comparaison n'est pas flatteuse. Car là aussi, avec MADAGASCAR, la saga s’épuise (et en plus, on est parti assez bas...) Les dessins sont moins bons (disons que je les aime moins), même si le traitement des décors, des matières, des textures est tout aussi virtuose. Mais surtout, les personnages sont moins intéressants, brossés à grands traits. Le film s'adresse je pense à un public plus jeune. Nos quatre amis, qui tendent de retrouver leur zoo, vont croiser un cirque, et se fondre aux artistes, en tournée européennes. Quelques bonnes idées : la douanière sadique en scooter de Monaco, totalement obsédée par accrocher une tête de lion empaillée dans son bureau, ou ce tigre russe dont le numéro consiste quasiment à traverser un chas d'aiguille enflammée ! Evidemment que certains gags font mouche (le casse du casino !), mais le film va vite, dix fois trop vite. Ça fout le tournis. Et à quoi sert d'écrire un gag, s'il passe trop vite pour qu'on en rigole... Et puis les chansons r'n'b, ça va deux secondes, ça devient franchement lourd ! La grande séquence finale, le cirque des airs, éblouissante de couleurs et de lumières, ne sauve pas un film redondant (les pingouins barjo…) et même parfois poussif. Suffit de comparer la romance entre lions ici, et celle entre tigres dans L’AGE DE GLACE.    



Réalisation : Eric Darnell, Tom McGrath et Conrad Vernon
Couleurs - 1h25 - format 1:85
 
La bande annonce : 
  



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