vendredi 6 juillet 2012

BRUCE SPRINGSTEEN A BERCY 05/07/2012 par Luc B.



J’en sors. Ca bourdonne encore ! Mes oreilles y ont laissé un peu d’elles-mêmes… Les premières notes ont résonné à 21h, des notes d’accordéon, Roy Bittan et Charles Giordano jouent « Au clair de la lune ».  C’est pas une blague ! (hier, c'était "La vie en rose"...). Les musiciens en profitent pour rejoindre leurs places, ça prend du temps, le E Street Band est accompagné de 5 cuivres, trois choristes et percussionnistes. Quand je vous dis qu’il me reste pas mal de son dans les pavillons… Springsteen, lui, on l’avait déjà vu, une heure avant, il s’est pointé dans la salle serrer quelques mains, prendre la température… Tant pis pour ceux qui sont arrivés après !

Une entame bien rock, avec « Ties that blind », « No surrender », « Two hearts », et "Candy's room"… Les connaisseurs apprécieront l’entrée en matière, pied au plancher, suivi d’un « Down bound train » ressuscité. Place à deux nouveaux titres, « We take care » et « Wreking ball », tous cuivres dehors. Jusqu’à présent, c’est du propre, du lourd, mais le premier climax arrive, avec « My city of ruins », énorme, dégoulinante de soul et de plaintes gospel. Les solistes  prennent un chorus chacun, trombone, accordéon, hammond, violon, sax… Absolument magnifique, grosse émotion parmi les 18000 spectateurs. Et on se rend compte du boulot, de la manière dont Springsteen dirige l’orchestre, fait monter ou redescendre la sauce, d’un doigt, d’un signe de tête, même à trente mètres de la scène, le batteur a toujours un œil sur lui. Springsteen enchaine avec « Spirit in the night » tirée de son second album, cuivres à gogo encore, pour une version très rhythm’n’blues, et un dernier couplet juste susurré, avec questions/réponses de saxophone. Sublime. C’est Jake Clemons qui est au ténor, le neveu de Clarence Clemons, le Big Man décédé il y a peu. Emotion bis.

Evidemment, tous les regards sont tournés vers lui. Il a pour lui la fougue et la vélocité de sa jeunesse, que n’avait plus son oncle ces dernières années. Il fait volontiers le show, mais tout en restant à sa place, parmi les autres cuivres, lorsqu’il ne chorusse pas. Un choix qui aurait pu surprendre, mais quand on entend le gamin au biniou, il n’y a plus de doute. Les lignes de saxophone sont bien sûr quasi les mêmes, mais Jake Clemons leurs insuffle une nouvelle fraîcheur, de la pêche. Deux morceaux assez longs, le suivant aussi, de 1973 encore, « Incident on 57th street », assez en retenu, et son long solo de Télécaster sur la fin. C’est Nils Lofgren qui s’illustre sur un puissant « Because the night » (1978), avec un solo acrobatique et sans fin, avant le retour de la soul music, avec un meddley, accapella pour commencer. Intro particulièrement longue, car au même moment un bruit d’aspirateur sort des amplis, hurle dans Bercy. Stoïques, les choristes poursuivent leurs wouap doo wouap très Motown, Springsteen se marre, patiente. En bas de la scène, les techniciens courraient partout, pour identifier rapidement quel fil était mal branché !! Ca repart, Springsteen, sans guitare, se promène, fend le public, monte sur un plot, au milieu, s’égosille comme un fou. Et puis le classique, je tombe de dos, dans la foule, qui me ramène à bout de bras jusqu’à la scène. Le Boss s’époumonant sur un océan de bras. C’est la sécurité qui a fait la gueule, prise de court ! Quand il repartira plus tard, dans le public, un mec ne va pas le lâcher d’une semelle !

Là, je peux vous assurer qu’on est chaud comme la braise, on vient de monter un cran supplémentaire. On enquille avec la sautillante « Waiting on sunny day » (2000), vers le public encore une fois, et c’est une gamine de 10 ou 11 ans qui est hissée sur scène, pour chanter, il la ballade dans tous les coins, la fillette prend de l’assurance, et se débrouille pas mal ! Et un petit « Working to the highway » (1984) qui dépote bien. Je n’ai sans doute pas l’ordre exact des chansons en tête, et puis j’en oublie surement. Pardon. Il y a eu "She's the one" (1975), et « Easy money » du dernier CD, en tout 7 ou 8 chansons du dernier album, dont "Land of hope and dreams" là encore gorgé de soul et de gospel. Et puis « Racing on the street », superbe, et son long crescendo instrumental final, où Roy Bittan au piano sort le grand jeu. Puis c’est Springsteen qui se met au piano, seul sur scène, pour une longue version lente de « For you », comme il l’avait jouée en 1975, à Londres au Hammersmith.

Il est minuit moins le quart. Il fait chaud. Les choristes balancent leurs bouteilles d’eau au public, et on amène des paquets entiers de flotte, qu’on distribue. Courte pause, quelques secondes, et guitare sèche en main, Springsteen entame un nouveau titre, « We alive ». Longue intro parlée, où il nous présente sa petite famille, assise dans les tribunes, la frangine, et sa mère ! Eh ben, mamie, ça doit sacrément lui fendiller les tympans la musique du fiston ! Elle a plus de 80 balais le reine mère ! Et les fifilles étaient en bas de la scène, à regarder papa au boulot ! De beaux partis, à mon avis... Mais le morceau ne reste pas longtemps acoustique, toute l’armada pétarade joyeusement ensuite, un folk enjoué, rehaussé de tambours et percus. Le jovial « Out on the street » déboule, toujours un grand moment de chant partagé, la salle entière reprenant les lalalala, et on passe dans la dernière ligne droite, on enfile les perles, avec « The rising », et surtout une des plus belles, quel bonheur, c'est la première fois que je l'entends sur scène : « Thunder road » (1975). Enorme.Vous êtes fatigué ??? Noooooo.... Pas fatigué ? Nooo.... Allez zou, le classique de chez classique, la bombe "Born to run" est lâchée, dégâts collatéraux garantis ! Les habitués connaisse le rituel, à la fin du pont, Springsteen se penche au dessus du public, sa vieille Télécaster aussitôt prise d'assaut par des dizaines de mains, qui grattent les cordes. On sait que le rock va reprendre ses droits, on enchaine les titres. La question est : lesquels ? Pas de petit carton avec les titres écrits dessus, que le public propose, et dont le Boss dispose. Ce soir-là, c'est lui qui décide, indique les titres au groupe au fur et à mesure.

Fatigué ? Noooonnnn, Fatigué ? Nooooonnn…. « Seven days to rock », rock’n’roll pur jus, à toute vapeur, Springsteen à genoux devant le piano jouant avec sa tête, à s'en faire péter les tempes ! Faisant son possible pour massacrer le chorus de Bittan, avant de lui jeter un verre sur le clavier histoire de l’emmerder un peu plus ! Fatigué ???? Nooonnn… Alors un « Glory days » bien frappé, rafraichissant, avec le pote Little Stevie, of course, toujours là le vieux pirate. Autre rituel : la main au cul ! Springsteen et Van Zandt  dos au public, toutes fesses sorties qui se font peloter les miches !  Fatigué ? Noooonnnn… Alors un « Dancing in the dark » frétillant, et ce n’est pas dans le public que Springsteen va aller chercher une fille pour danser. C’est que madame est sur scène aussi… Alors c’est avec sa fille. Fatigué ??? Toujours pas, et hop, un saut sur la piano, et l’intro de « Tenth avenue Freeze out » résonne, on construit lentement, et on balance les watts, la section de cuivres en avant, bien sûr. Au moment du troisième couplet, au « and big man joint the band », l’orchestre s’arrête. Quelques images de Clarence Clemons s’affichent sur l’écran. Pas de discours. Sobre. Puis le morceau reprend, et on sait que ce sera le dernier.


Il est 0h35. 3h35 de concert ! La vielle, 3h30. L’autre jour à Milan, 3h45, et à Madrid, 3h50. La forme de ce type est surnaturelle ! Une orientation très soul, pour cette tournée, des tempos plus lents, de longs morceaux, encadrés par des tirs groupés de rock, de classiques, de nouveautés. Une mise en scène comme à l’accoutumée inexistante, quelques lumières ici ou là. Seulement une scène, des musiciens, et un public. Et un répertoire. Parce que bon sang, y’a de la réserve !

Allez, j’arrête, là, pas le temps de mettre en forme, je ferai ça plus tard. Evidemment, pas d’extrait, ni de vidéo, j’essaierai de combler cette lacune plus tard aussi, là, je vais me pieuter, il est 3h14 !   
Darlington Country
filmée le 4 juillet, plutôt bien pour une vidéo amateur, merci à l'auteur !

 

10 commentaires:

  1. Génialissime !!!!

    Ca chante et bouge encore dans la tête ce matin (après 4 h 30 de sommeil...)

    Quelle communion avec le public, ce mec là est fabuleux !

    Merci pour ton super condensé de ce concert inoubliable !

    Lolopepe !

    RépondreSupprimer
  2. merci pour ce beau résumé qui ravive en moi les bonheurs de l'instant. Ce type est égal à lui même, il apporte une énergie communicative, une générosité sans égal, une émotion brute, que du bonheur ! Après un de ces moments collectifs qui sort de l'ordinaire, on aime se dire que j'y étais. Hier soir, je suis fier et heureux de le dire : j'y étais !

    RépondreSupprimer
  3. Caramba encore raté !
    Il y a 3 à 4 ans, le Bruce était déjà venu à Paris. J'avais vu les affiches apparaître 3 jours avant !

    2012 : rebelote. Affichage fin de semaine dernière avec, pour bien retourner le couteau dans la plaie, une affichette en travers en rouge et gras "COMPLET". On ne s'en serait pas douté !!!

    Forcément c'est un peu de ma faute, je ne suis abonné qu'à des revues "classique", alors, par pitié, Luc, la prochaine fois qu'il se pointe tu me rencardes, merci d'avance pour le sexagénaire du blog. A ce sujet, Il n'y a pas de raison qu'il ne revienne pas, il n'a jamais que 2 ans de plus que moi. Il fonctionne à quoi ce mec ?!

    Il n'est pas d'usage de se congratuler entre deblocnoteurs, je fais exception. Assister à un spectacle de plus de 3 heures et rédiger après, en live et à chaud, un article passionnant, là, Chapeau !!! D'ailleurs quand tu émergeras, tu verras que l'audience est un tsunami.

    RépondreSupprimer
  4. pat slade6/7/12 12:18

    Génial ta chronique !! En la lisant ,on pouvais vivre l'évenement! C'est vivant ( normal pour un concert "live")!

    RépondreSupprimer
  5. Lolopepe et "anonyme", vous y étiez ??? Mais où , je ne vous ai pas vu !!! ca a été pour le dernier métro ? La vache, 18000 personne dans une rame, j'vous dis pas le bazar ! J'ai choppé le dernier RER à 1h, à 2 minutes près, sinon je finissais à pince !!! Merci à vous !

    Claude, je crois savoir qu'il revient l'été prochain (Parc des Princes, ou Stade de rance ?), les trois concerts français étaient complets, donc re-belote ! Et merci à toi, pat !

    RépondreSupprimer
  6. Whaou !! Quel belle retranscription. ça laisse juste d'énormes regrets pour ceux qui n'y étaient pas..
    Peut-être l'année prochaine au stade de France même si ça risque d'être un peu trop grandiose pour moi. en tout cas félicitations pour cette superbe chronique. Apparement le Boss est toujours le number one sur scène

    RépondreSupprimer
  7. je serai la l'année prochaine ! :D
    Moi j'y etait le 5 et dans le metro c'etait effectivement la folie ! J'ai reussi a prendre le dernier pour saint lazare et a choper mon bus de nuit a 2h10 ! Arriver 3h chez moi et lever a 7h pour le boulot ! ^^


    Sinon le concert etait... comment dire............ MONSTRUEUSEMENT MAGIQUE !

    RépondreSupprimer
  8. Putain ! Près de 4 heures de show à son âge... Tandis que d'autres, souvent beaucoup plus jeunes, vous balance leur heure 35 de spectacle (rappels compris) manu militari... Le Boss a décidément la classe.

    **culés d'Parigos !

    Vincent

    RépondreSupprimer
  9. 3h35 de concert ... faudra qu'il raccourcisse la durée, parce que vu l'âge du capitaine, des zicos et du public, l'andropause combinée à l'incontinence vont s'avérer fatales à ceux qui seront pas venus au concert en Pampers ...

    sinon, 3h35, ça fait trois concerts entiers des stooges d'iggy, ou de motorhead, et à l'époque cinq des ramones ... ou un visionnage d'autant en emporte le vent ...

    Sinon, comme tu vois, j'ai rien à dire ...

    RépondreSupprimer
  10. L'âge du public ??? L'âge du public ??? Tu sais ce qu'il te dit le public ????

    RépondreSupprimer