mercredi 13 juin 2012

Terry QUIETT Band "Just My Luck" - 2011 - (by Bibi)




Terry Quiett fait partie de ses musiciens qui continuent à croire à leur bonne étoile, et qui , bon gré mal gré, poursuivent leurs rêves, notamment celui d'être un jour reconnu. Dans sa formation actuelle depuis 2006, le Terry Quiet Band (TQB pour les intimes) n'a cessé de jouer dans les clubs et les festivals dans les états d'un pays où la concurrence est très rude, où foisonnent une multitude de bons, voire d'excellents, musiciens. En 2008, un CD auto-produit, "Cut The Rope", est bien accueilli par le public et certaines radios iront jusqu'à le diffuser. Une radio du Maine le classera dans son Top 20 pendant trois mois consécutifs. Néanmoins, en Europe, le trio est totalement inconnu.



En 2010, le combo entre en studio, donne le meilleur de lui-même, et au début de l'année 2011 paraît "Just My Lucky". Il sort en France dans l'indifférence générale. 
Un magasine de Blues et de Soul lui consacrera dix lignes, le jugeant trop rock, un énième power-trio de Blues forçant trop son côté rock, un ersatz de Stevie Ray Vaughan d'après eux. Pourtant, à mon sens, même si l'on baigne bien dans le Blues-rock, on est loin de la multitude des besogneux qui ressassent les mêmes recettes en mode "rentre-dedans", faisant abstraction de toute finesse. Certes, on n'échappe pas à quelques titres ("Getting Through to Me", "Pound of Flesh"), de bonne facture, mais dont la recette pourrait paraître éculée aux plus pointilleux (mais c'est aussi un matériel obligatoire en concert, car le public est demandeur). Et puis, le Blues est vivant, il n'est pas resté à jamais figé dans sa structure des années 50, et d'avant. En tout cas, on est loin des sempiternels shuffles à la Vaughan.  


D'entrée, on est frappé par la pureté du son digne des meilleurs productions de Blues-Rock, et notamment par celui de la guitare. En conséquence, on n'est guère surpris de retrouver à la production le nom de Jim Gaines (Santana, Steve Miller, Thorogood, Stevie Ray Vaughan, Huey Lewis, Albert Collins, Luther Allison, Thackery, Eric Gales, etc...). Une production ad-hoc qui insuffle de la vie ; on sentirait presque la chaleur des amplis.

Le Terry Quiett Band c'est avant tout, évidemment, Terry Quiett. Guitariste talentueux au jeu lié et limpide qui laisse entendre que ses envolées ne sont jamais le fruit d'un heureux hasard, mais bien d'un feeling acquis et mûri par un long travail. Sa polyvalente Stratocaster « Unveils Futuristic VG » (1) lui permet de développer différentes tonalités crunchies qui semblent mixées avec une Gibson SG et une ES 335. Elle se parent parfois d'une wah-wah modérée, d'une slide moelleuse ou de quelques effets (dont certains semblent provenir de l'attirail de Kenny Wayne Sheperd). Également bon chanteur, pas gueulard pour un sou, très légèrement nasillard (plus perceptible lorsqu'il force sa voix, et c'est à ce moment là qu'elle présente quelques faiblesses), œuvre dans un style Soul-rock (sorte de Steve Winwood en « plus viril » mais moins émouvante).

Cette formation ne génére pas une musique endémique au Power-trio distillant un Blues-Rock dur et presque entièrement centré sur les prouesses solistes du guitariste jouant au guitar-hero. Même si le centre d'intérêt demeure bien la guitare de Quiett, celle-ci sait se faire modeste et relativement réservée en étant peu sujette aux chorus interminables et envahissants. Ici, leur Blues-Rock respire, évite soigneusement de crouler sous des tonnes de notes. « Less is more » mais sans se priver de faire crépiter l'électricité. Pour étoffer, quelques phrases de piano et d'orgue discrets s'insèrent occasionnellement.

Loin ici l'image du trio de Blues-rock régurgitant des clichés éculés tant en rythmique qu'en solo, ce trio là n'hésite pas à teinter son Blues-rock d'autres atmosphères moins typées, et c'est là qu'il se montre le plus attrayant. Ainsi, avec un voile jazzy (« Work for It ») ou Pop (« Fool's God »), ou encore Soul avec l'excellent « Close To You » en clôture.
Petit intermède acoustique et en solo, avec guitare à résonateur et bottleneck, sur "Judgement Day" ; sympa mais ce n'est apparemment pas le terrain de prédilection de Terry.

Un bon album de Blues-Rock qui essaye de proposer quelque chose de différent sans pour autant trop s'éloigner du chemin, dans un esprit proche d'une certaine facette (la moins échevelée) de David Gogo, ainsi que de celui d'un Keef Hartley Band (sans les cuivres). Hormis ces derniers, pour situer ce « Just Got Lucky » à titre indicatif, on peut également mentionner Kenny Wayne Sheperd (lorsqu'il se fait moins heavy, presque Pop), Tommy Castro (en moins Soul), le Lucky Peterson de « Beyond Cool » (en moins bavard) et le 1er opus de Ian Moore. Des références indicatives qui ne présentent pas de marques indélébiles, car Terry Quiett n'est pas un bourrin réitérant des recettes éculées, mais possède bien sa propre personnalité.


Actuellement, le TQB réitère la collaboration avec Jim "Ginsu" Gaines pour l'enregistrement d'un album live qui devrait voir le jour pendant l'été 2012.



  1. Karina - 4:23
  2. Work for it - 3:17
  3. You're my Kind - 3:34
  4. Big Man Boogie - 2:43
  5. Getting Through to Me - 3:12
  6. Judgment Day - 3:41
  7. The Woodsman - 3:38
  8. Pound of Flesh - 4:42
  9. Some People - 3:46
  10. Signs of Decline - 4:05
  11. Satisfied - 3:39
  12. Fool's Gold - 4:51
  13. Close to You - 4:15
All songs by Terry Quiett


(et demi)



(1) La Fender Stratocaster "Unveils Futuristic VG", reconnaissable à sa petite diode bleue et ses quatre potentiomètres (au lieu de trois)  est un modèle pourvu d'une électronique offrant des simulateurs de sons (dont un approchant l'acoustique et un autre la douze-cordes)  et quelques accordages alternatifs.

Pas grand chose, avec une qualité d'enregistrement potable, à se mettre sous la dent

1 commentaire:

  1. merci pour toutes ces petites découvertes....je n'en avais jamais entendu parler, sur vos conseils j'ai acheté le CD qui tourne en boucle depuis...

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