mercredi 20 juin 2012

Little G WEEVIL "The Teaser" - 2011 - (by bibi)




Gabriel Weevil, né Gabor Szucs dans un milieu rural hongrois, quand la famille perdit sa ferme, il dût partir avec ses parents pour la capitale.
A Budapest, il s'éprend rapidement de musique. Dès ses onze ans, il se prend de passion pour le Heavy-Metal et apprend la batterie. 
Dans sa dix-septième année, un disque allait bouleverser sa vie, lorsque son frère lui fit écouter un disque de John Lee Hooker. Ce fut une révélation. Dès lors, une dévorante passion pour le Blues pur et dur l'étreignit. Il vendit sa batterie, prit un travail à temps-partiel, s'acheta une guitare, et se lança à corps et âme dans l'étude et la pratique du Blues.


Persévérant dans ce domaine, il devint, la vingtaine révolue, un professionnel reconnu en Hongrie (ainsi que, dans une moindre mesure, dans quelques autres pays limitrophes). Or, se sentant stagner, il prit la résolution d'immigrer aux USA afin de s'immerger dans le pays géniteur du Blues, et de s'en imprégner. Dans une contrée pourtant assez chauvine, il parvint à décrocher un contrat dans un club de Beale Street pour plusieurs soirées hebdomadaires. Cette immersion lui permit de se forger une personnalité que l'on jurerait être un pur produit du lieu. (Aujourd'hui, il s'est fixé à Kennesaw, dans l'état de Georgie).

Il aura fallu 4 ans pour que Little G Weevil enregistre un nouvel opus (son second en solo réalisé en décembre 2011), bien que son précédent ait rencontré un certain succès qui lui avait ouvert les portes de diverses tournées, dont quelques-unes en Europe (en omettant le territoire français).

Dès les premières mesures, avec le titre « Real Men Don't Dance » (1), nous sommes transportés dans la nébuleuse du Chicago-blues, du style rugueux mais dansant ; sans accompagnements ostentatoires, sans excès ni débordements démonstratifs. En l'occurrence, on nage souvent dans une mouvance propre au Muddy Waters du début des 60's, à Howlin' Wolf, à John Lee Hooker dès lors que les accents boogie sont mis en avant, voire du Buddy Guy de « Slippin' In ». Mais aussi de Big Bill Morganfield (le fils de McKinley).


Néanmoins, Little G semble partager son amour entre un certain Blues de Chicago et celui du Delta qui ressort dès lors qu'il se présente seul avec sa guitare. Là, outre, encore une fois, John Lee Hooker, on sent également l'ombre de Lightnin' Hopkins, notamment dans sa façon de chanter, de raconter des histoires. Car apparemment, Little G est est un véritable conteur, dont certaines paroles seraient construites sur du vécu (dont « Dad's Story » en hommage à son père).

Mais quand c'est le boogie qui s'impose, la présence de John Lee Hooker semble alors omnipotente. Pas comme s'il s'agissait d'un exercice de style, mais plutôt comme si l'esprit du Healer se manifestait au travers du corps de Little G (« Highway 78 » et « Back Porch » où, sur ce dernier, lorsqu'il déclame, on songe à feu-Lonesome Dave Peverett).

Sa voix, en ne manquant ni de rugosité et de résonance naturelles, s'inscrit plutôt bien dans cet idiome. Elle résonne souvent comme un mélange de Joe Louis Walker, de Big Bill Morganfield, de John Mayall et du Danois Thorbjorn Risager.

La production, dénuée de tout enrobage superflu et vulgaire, permet de faire ressortir de façon limpide et équilibrée tous les instruments. En montant le son, on pourrait presque se croire dans un club de Blues de la Windy City.
(L'album a été enregistré à Atlanta, en septembre 2011).

Douze titres, tous originaux, même si on a parfois l'impression que Weevil est allé glaner deci delà quelques idées.

Une belle réussite de Chicago-blues sincère et sans chichis.
  1. Real Men Don't Dance - 3:24
  2. The Teaser - 3:42
  3. Big City Life - 4:41
  4. Back Porch - 3:44
  5. HighWay 78 - 5:11
  6. Apple Picker - 4:45
  7. Dad's Story - 2:34
  8. 8.47 - 4:42
  9. Liquor Store - 2:40
  10. See Used To Call Me Sugar - 4:25
  11. Losing Cool - 3:26
  12. Which Way Shall I Go - 3:59

(1) Ha, enfin, voilà quelqu'un de sensé...










 Article paru sur BCR La Revue n° 29 de Juin 2012

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