DOC WATSON - "Hommage" - par Rattlesnake JC

 R.I.P. The Doc....

Un des maîtres de la guitare nous a quitté : Arthel Lane Watson alias "Doc Watson", le grand artisan du « flat picking » est décédé le 29 mai 2012, au Centre Médical Baptiste de Wake Forest, à Winston-Salem (Caroline du Nord) suite à une opération de l’abdomen. Il avait 89 ans.

A l’instar de Django Reinhardt, et à partir des années 1940, Doc Watson a contribué à donner à la guitare ses lettres de noblesse car elle était utilisée jusque-là comme un simple instrument d’accompagnement, juste un accessoire pour mettre en valeur la voix chanteur.

Il naquit en 1923 à Deep Gap (Caroline du Nord) de très modestes parents fermiers qui lui ont transmis le virus de la musique traditionnelle des Appalaches très enracinée dans la famille : violons, banjos, harmonicas ... et les chants religieux de l’époque.

Par malheur, il devint aveugle à l’âge de 3 ans suite à une infection du nerf optique. Qu’à cela ne tienne, son père (joueur de banjo), convaincu qu’il pourrait faire quelque chose de sa vie malgré son handicap, lui offrit un harmonica pour ses 6 ans, ensuite lui fabriqua un banjo et lui acheta sa première guitare pour 12 dollars.

Le Doc en 1965

En travaillant et en apprenant énormément, Doc pris alors l’initiative d’adapter à la guitare des airs traditionnels montagnards de violon et banjo et des jigs & reels écossais en développant une technique de jeu originale révolutionnaire : le flat picking.

Il commença à se faire connaître en se produisant dans des salles de concert et connut rapidement le succès en imposant son génie qui influencera des générations de musiciens, tous genres confondus.

C’est un musicien (et chanteur) capable d’interpréter de l’ Old Time, Bluegrass, Swing, Country, Jazz, Blues ou Rockabilly (Il sortit un album intitulé « Dockabilly »)… Il s’inspira principalement de Jimmie Rodgers qu’il fit redécouvrir au public.

En 1960, il fut repéré par un musicologue, Mr Rinzler qui le fit apparaître en 1963, comme Mississippi John Hurt (à 75 ans !) sur la scène du festival folk de Newport aux USA, une fameuse édition qui révéla en tout particulièrement Bob Dylan et Joan Baez.
Succès extraordinaire pour cet artiste aussi humble que génial, aimé de tous, œuvrant pour la réhabilitation de cette musique rurale du Sud tellement méprisée jusque là par les arrogants Nordistes en la qualifiant de folklore de bouseux.

Doc, en mai 2011.

Son fils, Merle, qui apprit lui aussi la guitare l’accompagnera par la suite jusqu’à sa mort accidentelle en 1985. Doc ne s’en remettra jamais...

Il passera même en France à la fin des années 70, notamment à la Salle Paul Fort de Talensac à Nantes, où quelques dizaines de privilégiés ont eut l'immense honneur d'applaudir cette authentique légende du folk américain. Saluons encore une fois cette initiative géniale du folk-club « La Pibole ».

Il a enregistré environ 60 albums, en incluant les compilations diverses, obtenu 8 Grammy Awards et décoré par les Présidents Américains Jimmy Carter et Bill Clinton.

Un monument nous a quitté, tout juste quelques semaines après son vieux complice Earl Scruggs, mais son œuvre et son héritage restent bien vivants et considérables.

Une vie totalement consacrée à la musique : quel chemin parcouru depuis l’harmonica offert par son père que l'on ne remerciera jamais assez....

SO LONG, DOC.....WE WILL MISS YOU.

Videos : 

Doc Watson et son pote Earl Scruggs (décédé lui le 28 Mars 2012) en famille à la maison :

 Le Doc sur scène avec quelques amis :