Ben Granfelt est depuis bien longtemps reconnu
comme un guitar-hero à plusieurs casquettes. Du moins chez lui, en Finlande, où
il est né le 16 juin 1963, à Helsinki exactement.
Piqué par le virus du Rock'n'Roll, il apprend la
guitare dès ses onze ans en se nourrissant de Rock anglo-saxon (de Dr Feelgood
à Status-Quo, de Deep-Purple à Gary Moore).
Les choses commencent sérieusement avec Gringo
Locos qui officie dans un Big-Rock US / Heavy-glam-rock FM (proche des Winger,
Dokken, Bon Jovi, Warrant, Jeff Paris, Great-White) . Après trois albums (de
1987 à 1991) il incorpore les Leningrad Cow-Boys. Une bande de joyeux costumés,
échappés des univers réunis de Frank Margerin et du duo Jano & Tramber, qui
se fendent de reprises de grands classiques avec tuba, accordéon, guitares
électriques, saxophone baryton, musique traditionnelle finlandaise et russe.
Nonobstant un certain respect pour des oeuvres que l'on pourrait considérer
comme intouchables, et un humour que certains gardiens du Temple
considèreraient comme hérétique, leurs versions de « Back in the
USSR », « Stairway to Heaven », « Sweet Home
Alabama », « It's Only Rock'n'Roll », « Knokin' on Heaven
Door », « Let's Work Together », « Dancin' in the
Streets » sont remarquables. Le tout avec une bonne humeur communicative.
Sans quitter ces troubadours électriques haut en
couleurs, Ben fonde Guitar Slingers. Quintet à deux guitares hésitant entre
Power-pop et Heavy-Rock. Un peu comme si Ah-ha ou Duran-Duran avaient émigré en
Californie et avaient été irradiés par une forte dose de Rock, tendance
glam-rock et big-rock US (tantôt AOR), avaient troqué leurs guitares
aigrelettes et castrées contre d'autres plus viriles et pêchues. Un Live
témoigne que ce groupe s'épanouissait complètement sur scène, complétant leur
set par des reprises bien senties (Kansas, Otis Redding, Blackfoot, Boston),
témoignant ainsi non seulement de leurs capacités, mais également d'une
pluri-culture Rock .
(de G à D) Miettinen, Granfelt et Rantanen |
Eternel insatisfait ou insatiable chronique, mais parallèlement
à tout ça, à partir de 1994, Ben monte le Ben Granfelt Band. Avec cette
dernière formation, Ben, libre de toutes entraves, s'immerge dans le Heavy-Rock
70's, en incorporant une touche sonique plus 90's. En cela, il se rapproche
parfois d'un Warren Haynes. On retrouve ainsi des influences bien évidentes
comme celle de Robin Trower, Jeff Beck, Wishbone Ash (évidemment), Pink Floyd
(en plus Heavy !), et Ritchie Blackmore.
De 1994 à 1998, Ben mènera de front trois carrières avec
Leningrad Cow-Boys, Guitar-Slingers et le Ban Granfelt Band. Et sans compter
les nombreux concerts où il accompagne ses compatriotes.
A partir de 2001, il intègre à plein temps Wishbone Ash et
participe à l'excellent « Bonafide », une des meilleures réalisations
de la bande d'Andy Powell. En 2003, lorsqu'il quitte le Ash, pour se consacrer
totalement à sa carrière solo (sans dire adieu aux Leningrad Cow-boys), il est
remplacé par un autre Finlandais, un ancien collègue, Muddy
Manninen, qui n'est autre que le second
guitariste des défunts Gringo Locos.
Une carrière riche où pointent les multiples influences et
facettes de Ben.
Après une vingtaine de disques (live compris) avec ses divers
combos, dont sept avec son groupe, Ben Granfelt paye son tribut en rendant
hommage à ses idoles.
En 2006 sort « The Sum of Memories », un
disque dont les compositions sonnent ouvertement, mais jamais de façon
prégnante, dans le style de celles de ses idoles.
La guitare gonflée à la distortion crémeuse et
épaisse, ou à la Fuzz mordante, sur des amplis incandescents de saturation
grasse et chaleureuse, rappelle donc sans complexe les jeux des maîtres de la
six-cordes précités, auxquels il convient de rajouter Warren Haynes (très
présent sur les premiers titres). Ben pousse même le vice en utilisant un
simulateur de cabine Leslie (a) sur des licks, justement, à la Warren Haynes,
ou l'Univibe (b) sur des titres typiques « Robin Trower » qui n'auraient pas
dépareillé sur «Bridge of Sighs » (dont « Bridge of Dreams » doit être
très certainement la contraction de deux classiques de Trower, « Bridge of
Sighs » & « Days Dream » ). Ou, dans le style de Peter Frampton, assène des
rythmiques puissantes mais mélodiques où des arpèges saturées côtoient des «
power chords ». Une guitare qui n'hésite pas à changer de coloration pendant un
solo à l'aide de Wah-Wah, de Tremolo cossus, de Chorus débridés, ou de
Proctavia. Ce qui, du coup, donne une sensation de vitalité décuplée. Le timbre
de voix de Ben se situe quelque part entre Peter Frampton, Martin Turner et
Andy Powell de Wishbone Ash (encore et toujours) et David Gilmour.
Granfelt avec une de ses Tyler |
Le niveau et le style de la basse, (instrument tenu par Harri Rantanen) s 'apparente
d'ailleurs autant à un Allan Woody qu'à un Dave Schools, en passant par un
James Dewar.
La batterie, quant à elle, tenue par un rescapé des Gringo Locos, Miri Miettinen, pourrait se rapprocher de la frappe et du groove de Butch Ducks des Allman Brothers. (Saisissant sur le 1er titre).
Un album faisant office de véritable ode au « Classic-rock », incluant des contrées propres au Hard-blues, au Heavy-rock puissant et lyrique, et au Rock-progressif. Certains mouvements évoquent même des groupes, parfois appelés « Jam-band », tels que Gov't Mule et Widespread Panic.
Contrairement à beaucoup, Granfelt a choisi de ne
pas faire dans la facilité en se contentant d'un album de reprises diverses,
comme on en voit fleurir de part et d'autre, à toutes les sauces, et pas
nécessairement de bon goût. Non, il a préféré réaliser un vrai disque,
personnel et original, qui affiche sans complexe, dans un hommage sincère, les
influences qui l'ont marqué au fer rouge et qui ont forgé son propre style.
D'ailleurs, le néophyte ou l'amateur lambda n'y
verront que du feu, car ici, point de collage de riffs piqués à droite ou à
gauche, célèbres ou pas, ni même de bride de chorus empruntés pour l'occasion.
C'est joué dans l'esprit de ses mentors, mais Ben
Granfelt ne conçoit pas le « copier-coller ».
Le titre, « la somme des mémoires », est on en peut plus approprié.
Confession de foi avec le bien-nommé « Confession Time » : « Let be drums, Let be bass, Play guitar, And let it groove ! Can you feel il ? Can you heel it ? ».
Actuellement, Granfelt a rejoint Los Bastardos Finlandeneses.
Un groupe de graisseux chevelus et velus finlandais qui oeuvre dans le gros
heavy-rock'n'roll qui tâche et le sleaze. Assez proche d'un Motörhead, Rose
Tattoo, Zodiac Mindwarp, Peer Günt et Mother Superior. Changement de décor.
(a) La cabine Leslie est bien évidemment initialement indissociable de l'orgue Hammond. Toutefois, un simulateur d'effet « tournant » est utilisé par quelques guitaristes, comme par exemple Warren Haynes.
(b) L'Univibe, popularisé par Jimi Hendrix avec le
boîtier d'effet conçu par Roger Mayer, fait également partie intégrante du son
de Robin Trower.
Faute de mieux, une petite "clinic" avec comme base le titre d'ouverture du disque : "Intro Jam".
En voilà un album qu'il est excellent !
RépondreSupprimerDu grand Art.
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