"Four Horsemen of the Apocalypse" (Les 4 cavaliers de l’Apocalypse) est un film américain de Vincente Minelli, sorti en 1962.
Pour beaucoup, le nom de Minelli (1903-1986), est davantage associé à la comédie musicale. Il est, entre autres, le réalisateur de "Le chant du Missouri" (1944), " Ziegfeld Follies "(1946), " Un américain à Paris " (1951), ou encore " Tous en scène " (1953). Et pourtant, Vincente Minelli n’est pas seulement un prodige en comédie musicale, il a également réalisé des drames flamboyants comme "La vie passionné de Vincent Van Gogh" (1956), " Comme un torrent " (1958) ou encore le sublime " Les ensorcelés " (1952), qui reste sans doute un de mes films favoris.
"Les 4 cavaliers de l’Apocalypse" fait parti de ces films de Minelli à classer dans la rubrique des drames mémorables, et tiré du roman éponyme de Vicente Blasco Ibanez, écrivain, journaliste et homme politique espagnol (1967-1928). A noter qu’un premier film (muet) tiré de ce roman, avait déjà été réalisé par Rex Ingram en 1921, avec dans les rôles principaux Rudolph Valentino et Alex Terry.
Le film s’ouvre sur un repas de famille absolument inoubliable, repas qui dégénère très vite lorsque la politique, et plus particulièrement l’obéissance à un parti (nazi) est abordée entre le grand-père, en quête de paix pour sa famille, et son petit fils. Dès lors, on sait où veut nous mener Minelli, qui distille, avec cette scène d’une incroyable intensité dramatique, toute l’horreur et l’ignominie auxquelles il veut nous confronter. Le repas se termine par la mort du patriarche, mort d’une certaine forme de sagesse, mais surtout d’un réalisme face aux évènements à venir.
Le film nous retrace donc la parcours de cette famille pendant la seconde guerre mondiale : ils vont se croiser, essayer de s’entraider, se diviser puis se déchirer. La branche allemande fera allégeance à Hitler alors que la branche française entrera dans la résistance, soit par conviction personnelle, soit par amour…
N’ayons pas peur des mots, ce film de Minelli est éblouissant. Tourné en scope, en métrocolor, mais surtout en décor naturel, Minelli film un Paris en pleine occupation avec force et ambition : des vues sublimes de l’Opéra Garnier, de Notre Dame de Paris, en passant par la Quartier Latin ou l’Arc de Triomphe, nous sont offertes, alors que ce joue sous nos yeux le destin des différents protagonistes.
On s’attache particulièrement aux personnages de Julio Desnoyers, interprété par Glenn Ford et de Marguerite Laurier, joué par Ingrid Thulin. A l’époque, Minelli avait été très critiqué pour son choix de Glenn Ford dans le rôle de Desnoyers, alors qu’il interprète magnifiquement ce play-boy un peu futile qui ne souhaite pas prendre part à la guerre, mais va tout de même s’engager dans la résistance, au même titre que sa sœur Gigi (Yvette Mimieux), par amour pour une femme mariée. Le réseau de cette résistance à l’oppresseur est très bien restitué, silence de ceux et celles qui combattent dans l’ombre et se sacrifient quand d’autres choisissent de collaborer et de se renier.
Parlons un peu du casting, international, quelque peu ébouriffant.
Glenn Ford (1916-2006), s’est hissé au sommet du box office grâce à son rôle de Johnny Farell au côté de Rita Hayworth dans " Gilda »" en 1946 et connaîtra de beaux succès dans sa carrière : professeur débutant dans " Graine de Violence " en 1955, il retrouvera Minelli après " Les 4 cavaliers de l’Apocalypse " dans " Il faut marier papa ".
Charles Boyer (1899-1978), impeccable ici dans son rôle de père soucieux de préserver ses enfants. Boyer bien sûr, très grande star française, qui a réussi à Hollywood, et s’est illustré dans de très grands films comme " Hantise " de Cukor en 1944, " La folle ingénue " de Lubitsch en 1946 ou encore " Madame de " de Max Ophüls en 1953. A l’instar de Glenn Ford, il avait déjà tourné avec Minelli en 1955 dans " La toile d’Araignée " au côté de Lauren Bacall… Oui je sais, que du beau monde, ça me fais rêver… Les 2 hommes se retrouveront une dernière fois dans " Nina ", en 1976, dernier film du réalisateur dont l’interprète principale n’est autre que sa fille Lisa.
Ingrid Thulin (1929-2004), égérie d’Ingmar Bergman, qui était, avec Ingrid Bergman, la plus connue des actrices suédoise. Elle est dans ce film d’une grâce et d’un naturel éblouissant et possède un physique d’héroïne Hitchcockiennne. Dans "Les 4 cavaliers de l’Apocalypse ", les producteurs détestaient tant son accent qu’ils l’ont faite doubler par Angela Lansbury. Elle a reçu en 1958 le prix collectif d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour " Au seuil de la Vie ".
Karlheinz Böhm (1928), plus connu pour son rôle trop lisse de François Joseph au côté de Romy Schneider dans "Sissi " est étonnant dans ce rôle de SS, tiraillé entre ses convictions et son attachement à sa famille.
Enfin, dans le rôle d’Adolf Hitler, on retrouve Bobby Watson….. comment Rockin ? euh non, pas Bobby Watson le saxophoniste de jazz!! mais, Bobby Watson , l' acteur américain (1888-1965), pour l'anecdote c'est lui qui a le plus incarné le dictateur sur grand écran : 9 fois au total ! un record dans l’histoire du cinéma…. Parmi les plus célèbres, on retrouve : « Miracle au village » (1944), « The Hitler Gang » (1944), « La scandaleuse de Berlin » (1948).
Minelli nous livre donc un film splendide ou la couleur rouge est quasi omniprésente : on la trouve dans la tenue vestimentaire des personnages, sur les murs des maisons, dans les objets de décorations, le drapeau nazi bien sûr, mais surtout elle teinte les images d’archives insérées dans le film et rend le sujet traité, à savoir, l’occupation, encore plus fort et oppressant. Le choix de cette couleur n’est sans doute pas anodin : bien entendu le rouge évoque le sang versé (n’oublions pas que le sujet est la guerre), mais également les passions humaines : haine, amour, colère.
L’occupation est bien rendue, avec cette scène assez marquante d’un nazi qui dit lors d’un repas : « Je prends ce qui me plait… » très évocateur de cette période où l’envahisseur prenait sans mesure et sans la moindre considération pour son prochain.
A noter la très belle musique, signé André Prévin (1929), pianiste, chef d’orchestre et compositeur américain d’origine allemande, à qui l’ont doit notamment la musique de « Gigi » (1958) ou encore « My Fair Lady » (1964). Il a d’ailleurs reçu pour ces films l’Oscar de la meilleur musique. Lui aussi avec déjà travaillé avec Vincente Minelli sur le tournage de « La femme modèle » en 1957 (film commenté par notre Rockin-JL national:la femme modele).
Je fais une petite parenthèse pour évoquer les 4 cavaliers de l’Apocalypse, car qui sont ces cavaliers ? Dans la bible, ils représentent les fléaux qui s’abattent sur le genre humain pour les détruire. Le 1er cavalier, sur son cheval blanc, porte un arc et une couronne, il représente la conquête.
Le 2ème, puissant et fougueux, de couleur rouge, représente la guerre et pousse les hommes à s’entretuer.
Le 3ème, noir, décharné, représente la famine et le manque.
Le 4ème enfin, sur un cheval blême, représente la mort par la maladie. Ils ne laissent sur leur triste sillage qu’épouvante et désespérance.
A noter pour nos amis "hardos" que ces 4 cavaliers ont également inspiré Metallica ("the four horsemen" sur leur premier album "Kill'em all" (1983)) et que ce surnom de "four horsemen" leur est souvent donné.
A noter pour nos amis "hardos" que ces 4 cavaliers ont également inspiré Metallica ("the four horsemen" sur leur premier album "Kill'em all" (1983)) et que ce surnom de "four horsemen" leur est souvent donné.
Cette image des 4 cavaliers s’accordent donc parfaitement au drame de Vincente Minelli qui nous offre un de ses films les plus sombres doublé d’un drame familial magistral. La fin m’a fait forte impression et laisse un goût amer. Elle nous montre toute l’horreur de la guerre et la folie des hommes. Elle nous montre aussi que pour Julio Desnoyers, la quête de la rédemption passera par une fin funeste.
« Les 4 cavaliers de l’Apocalypse » est un très grand Minelli : éblouissant, divinement bien filmé, superbe d’un bout à l’autre.
Excellent commentaire !
RépondreSupprimerTiens, c'est un des seuls films de Minnelli que je connais pas...
Si j'ai bien compris, il ne me reste plus qu'à le commander sur Amazon ?!
Panier !
Karlheinz Böhm est aussi célèbre pour avoir refait surface en 1960, dans l'effroyable et génialissime "LE VOYEUR" de Michael Powell, qui (comme le monde est bien fait) est chroniqué sur ce blog...
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