mardi 18 octobre 2011

CANDYE KANE "Sister Vagabond" (2011) par Rockin-jl


J'en connais dans le milieu du blues qui se gaussent de Candye Kane, eu égard à ses formes plantureuses (140D!!) et à son passé dans l'industrie du sexe ; comme une certaine Clara Morgane elle aussi passée dans la musique. Mais la comparaison va s’arrêter là  car l'ex égérie de Fred Coppula (films conseillés: "Max 2" , "projet X" et "la collectionneuse" ; au fait tu penseras à me les rendre, Luc)  verse dans une infâme bouillie dance alors que mine de rien Candye Kane s'affirme de plus en plus comme une des reines du blues, trône vacant depuis la mort de Koko Taylor. Vive la nouvelle reine, "Big Mama Kane"!




Celui ci est le 11ème album de Candye et son parcours pour en arriver là fut loin d'être un long fleuve tranquille.
Elle naît à L.A en 1968, de parents musiciens bohèmes, dès son  plus jeune âge elle chante, et ado elle suivra des cours d'opéra. Maman célibataire très jeune elle survit d'aides sociales et comme elle le dit va s'en sortir grâce...au sexe: "L’érotisme fut mon ticket de sortie du ghetto" . Boîtes de strip-tease, couvertures de magazine, films, elle gagne rapidement de quoi investir dans la musique, sa vraie passion.
Dans les années 80, elle côtoie sur scène la faune de Sunset Boulevard, entre rockers et punks (Blasters, Los Lobos, Dwight Yoakam, Black Flag, Social Distorsion..). Mais le tournant se produit en 1986, elle épouse Thomas Yearsley des Paladins (qui accompagnèrent entre autres Hollywood Fats) , découvre les "blues singers" Bessie Smith, Etta james, Big Mama Thornton, Big Maybelle, Memphis Minnie et trouve sa voie musicale.
Même si dit elle "l'industrie du sexe est une industrie brutale mais pas beaucoup moins que celle de la musique"..

 Elle demeure une "sex activist", à la bisexualité affichée, aux formes décomplexées (elle joue parfois du piano sur scène avec ses lolos!), elle milite à la BBW (Big Beautiful Women) qui demande aux femmes corpulentes de ne plus complexer devant les mannequins anorexiques , et est également une féministe que je qualifierai de "moderne"; par exemple elle ne juge pas les films pornos dégradants pour la femme mais demande aux femmes de se prendre en main (si je puis dire) et de passer derrière la caméra et de monter leurs boîtes de prod; elle demande également un statut pour les prostituées pour qu'elle échappent aux "maq" ; bref des prises de position qui font quelques peu grincer des dents l'américain moyen du middle West ...mais Candye s'en fiche pas mal et...

-Hé Rockin! Nous aussi on s'en fiche, parle nous de zic stp!

Oh hé, du calme, fallait bien que je présente un peu Candye, c'est quand même une personnalité atypique, une femme de caractère haute en couleurs et fort sympathique ; mais bon je ne m'étendrai pas davantage sur Candye (bien que ce doit être confortable..) et j'en arrive à ce "Sister Vaganbond" qui nous arrive tout frais de l'excellent label Delta Groove .
Candye et Laura (à gauche)
Quand je parlais des moments difficiles qu'elle a traversé, il faut y ajouter le cancer qu'elle vient de surmonter, ceci est son second album depuis, aprés "Superhero" (2008) , très bien accueilli et qui voyait Candye collaborer pour la première fois avec Laura Chavez, à la coproduction et aux guitares.
Laura Chavez, l'arme secrète de Candye Kane, une jeune gratteuse californienne dont on reparlera dans les années qui viennent, je prends les paris.

C'est parti avec "I love to love you" , blues au tempo légèrement funky, pas étonnant puisque c'est un titre du grand Johnny Guitar Watson, premiers solos de Laura Chavez, voix swinguante de Candye, qui malgré son coffre chante en finesse, plus Dinah (Washington) que Koko (Taylor), un belle entrée en matière.
Et on ne débande  pas avec "Love insurance", un blues avec un petit coté pop "à la Supremes", ou la guitare de Chavez  fait écho à l'orgue (Mark Weisz) ,  et aux cuivres (sax (Jonny Viau) , trombone (April West), puis "Sweet nothing", chanson popularisée par Brenda Lee traitée ici en swamp blues.
On en arrive à "Walkin' talkin' haunted house", signé Candye qui nous emmène par une sombre nuit dans une maison hantée où rodent les fantômes de ses amours passés, brrrrrrr!
Sans doute le meilleur titre de cet album, mon préféré en tous cas, un blues lent , dans le style du "West side sound" (Buddy Guy, Otis Rush, Magic Sam, Jimmy Dawkins), chant tendu, éclairs de guitare qui déchirent l'atmosphère lourde de tension. Chavez est vraiment très forte, dans un style assez délié, au service de sa chanteuse et des chansons, et n'en fait jamais trop.


Laura Chavez (photo Kina Williams)
 On reprend sa respiration avec "You never cross my mind" , blues sautillant, plus léger, avec un beau jeu de piano jazzy (Sue Palmer) et "Everybody's gonna love somebody tonight" , chicago shuffle dynamique avec en invité une pointure à l'harmo, James Harman, à noter le duel final guitare / harmo, un autre grand moment, et sur ce titre Candye qui chante avec une voix plus rauque, plus proche de Koko Taylor.
"You can't take it back from here" nous renvoie encore à Otis Rush, celui de "All your love" pour ce titre écrit au profit de "Blues for the gulf", et encore un bon jeu de Laura Chavez.
"Side Dish" joue la carte jazz, avec le sax de Jonny Viau et en invité pour duetter avec Candy, Davig Mosby et sa voix de bariton. Tous les styles sont abordés, même si le Chicago blues reste le ciment fondateur, comme le prouve "You can't hurt me anymore", et son intro à la Eddie "the Chief" Clearwater ("find you a job"). "Hard knock gal" , blues pêchu est inspiré de ses années punk et ses amies d'Hollywood de cette époque, des "mauvais coups  et des cœurs brisés", alors que "Have a nice day" nous convie direct à New Orleans, faire la fête pour le mardi Gras, déguster du gumbo et danser au son de l'accordéon (Eddie Baytos), des cuivres et du piano.

Candye, peinture de Julie Warren

Wouah, quel disque et ce n'est pas fini, restent un blues, poignant,  du one-mand band Steve White -décédé durant l’enregistrement"- "Down with the blues", avec pour accompagner Candye la slide de Nathan James ; et pour se quitter "I deserve love", blues "country" avec l'harmo de Billy Watson.


Une réussite totale, un disque de blues parfait, sans morceaux inutiles, qui aborde différents styles avec le même bonheur, une vraie sucrerie que nous a pondu Candye! Un vrai ouragan, ouragan sur la Kane bien sur....
(NDLR: c'est pas vrai! il a osé les faire celles là, désolé chers lecteurs..)


PS - à lire un compte rendu de concert de Candye sur le blog de notre ami PhilMaq:
Candye KANE à Verviers juin 2010.

Si vous aimez Candye Kane, vous aimerez aussi:
-the Kat "I'm the kat"
-Odetta





Pas de titre de cet album mais "Bad girl", en concert en 2009, avec  Laura Chavez en vedette:

2 commentaires:

  1. Shuffle master20/10/11 20:23

    Comme quoi, il ne faut pas se fier au Candye rat thon.

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  2. Il me semble que ce titre est de Jules Taub et Maxwell Davis à l'origine (années 50)?

    Charlie

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