mardi 30 août 2011

HAZMAT MODINE - "Cicada"(2011) et "Bahamut"(2006) par Rockin-jl

- Il aime le chocolat ?
- Mais oui, tout le monde aime le chocolat
- Oui mais, j’veux dire… avec les sardines, ce n’est pas bizarre ?
- La boite trainait dans le frigo depuis 2003, fallait bien en faire quelque chose.
- Les bougies ?! On a des bougies ?!
- Oui, Claude a fêté son anniversaire y’a pas longtemps, on en a.
- Mais il en faut cent !!!
- Oui ben, c’est c’qu’on dit, y’en aura suffisamment…
- Z’êtes sûr qu’il ne s’y attend pas ?
- Qui ça, Rockin’ ? Pas du tout, j’ai truqué le compteur l’autre jour, il est persuadé d’écrire sa 57ème …
- Alors qu’en fait…



C’EST LA 100ème CHRONIQUE DE ROCKIN’ SUR LE DEBLOCNOT ! ! !

Merci les gars! A toi aussi Luc Bon anniv, viens trinquer avec moi, on a raté ton 100 ème y'a 15 jours... Nous voilà centenaires, on les fait pas...
BURP! S'cusez moi mais les sardines au chocolat....mais place à la musique et à Hazmat Modine !

 
Une fois n’est pas coutume, je commencerai par la conclusion : Hazmat Modine est le groupe le plus innovant et le plus intéressant apparu sur la scène blues depuis…belle lurette.
Encore que classer ce groupe en blues est très réducteur, un vrai cauchemar de disquaire, où le ranger …Vous me direz , vu qu’il n’y a plus de disquaires mais des supermarchés à la con qui ne fourguent que du Lady caca ou du Maé, le problème est résolu. Le p'tit disquaire de mes années fac, rue Colbert (hein Luc!) aurait goulument mis en avant un tel trésor qui ne franchira jamais les gondoles des espaces "culturels" d'Edouard ou des "agitateurs de daubes depuis 40 ans" .
Alors Hazmat Modine, qu’est ce que c’est que ça vous demandez vous ? si si vous vous le demandez.
Déjà le nom vient de  "Hazardous" et  "matériel" pour Hazmat, quant à Modine , c’est une référence à une célèbre marque de chaudières, ce qui ne nous avance pas plus..
Ce groupe est en fait un collectif basé à New York sous la houlette du chanteur harmoniciste Wade Schuman et composé d’une dizaine de musiciens venus d’horizons divers, auxquels s’ajoutent encore des invités au fil des morceaux.
Ils jouent d’une multitude d’instruments, des classiques comme les harmos (chromatique et diatonique) la guitare et le sax mais aussi des claviers, tuba, guitare hawaïenne, trompette, des percus et cymbales, de la lap steel guitar, clarinette, accordéon , du shamisen (instrument à cordes traditionnel du Japon), de la flute de Pan, de la lute guitar (ça c’est allemand), du sousaphone (sorte de tuba), du mandocello (sorte de mandoline made in Italia), de la balalaika (sorte de luth russe), du sheng (orgue à bouche chinois), du piccolo (petite flûte traversière) et même du… tupperware ( !).
Définir leur musique est un cauchemar de chroniqueur puisque si le blues et le jazz en sont les fils conducteurs, on y trouve aussi en vrac des sons venus du rock, du funk, du rythm and blues, des musiques traditionnelles juives et slaves, d’Hawaï, du calypso sans oublier les fanfares de New Orleans, les jug band et le rocksteady jamaïquain, l’ancêtre du reggae. Bref un gigantesque shake up où un professeur Tournesol mélangerai du Zappa, Captain Beefheart, Louis Armstrong, Sonny Terry, Muddy Waters, Carlos Del Junco, Harry Belafonte, le John Mayall de « jazz blues fusion », Tom Waits, sans oublier Emir Kusturica et son No smoking Orchestra….
Ils ont à ce jour 2 disques à leur actif, Bahamut (2006) et Cicada (2011), tous d’eux d’égale qualité et bourrés jusqu’à la gueule de trouvailles, festifs, et parfois jubilatoires.

BAHAMUT (2006)


Commence fort avec Yesterday morning au thème jazzy drivés par 2 harmonicas et soutenu par un énorme son de tuba, les cuivres à gogo et la guitare hawaïenne , un titre et la patte Hazmat Modine est déjà posée. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises, tiens avec It calls me par exemple et en invité le groupe Huun-Huur-Tu, des sibériens et leurs instruments loufoques (notamment du « bull scrotum » euh... si un de mes lecteurs pouvait m’expliquer comment on joue des « couilles de taureau », merci...) et leur technique surprenante de « chant de gorge ». Le morceau titre Bahamut se réfère à la cosmologie, avec l’histoire de Bahamut, poisson ou serpent géant indescriptible de la mythologie arabe, dans l’oeil duquel flotterait l’univers. Un morceau joyeux et loufoque, entre Nouvelle Orléans et folklore des pays de l’Est. Broke my baby’s heart , est un Chicago blues (de R Barron pour Paul Butterfield) mais passé à la sauce Hazmat Modine, almost gone  un instru enlevé , précédant le rock’n roll New Orleans/ claypso steady rollEverybody loves you navigue entre chants indiens et traditionnel irlandais avec encore les voix sibériennes.
Lost fox train un tour de force de Schuman à l’harmonica qui me fait penser a Whammer jammer de Magic Dick (du J. Geils Band of course) tandis que  Dry spell et sa flute de Pan  font passer un condor sur nos têtes (El condor pasa ...).
Who walks in when I walk out (de All Hofman, chanté par Ella and Louis) renvoie au traditionnel klezmer (juif), avec une petite incursion à Hawaï avant Man trouble, dernier titre de 11 minutes, long blues crépusculaire avec les sibériens en invités et leur chant köömei (diphonique). Un grand disque que l’on redécouvre à chaque écoute et sitôt écouté sitôt adopté (n’est ce pas Sylvie...).

CICADA (2011)


Pour ce second album Schuman a quasiment renouvelé toute son équipe, à part le tuba Joe Daley (qui a joué avec Gil Evans, Charlie Haden ou Lionel Hampton) mais l’esprit demeure intact.
Le titre de cet album fait référence à la cigale « cicada » dont le titre 4 nous raconte la métamorphose et la vie à chanter. Sûrement un symbole pour cet Hazmat Modine qui comme la cigale passe son temps à faire de la musique avec une joie communicative et mue au fil des titres. Cicada débute par mocking bird et son intro a capella, un titre qui m’a instantanément fait tomber raide dingue de ce groupe, chants qui se croisent, arrangement de cuivres, harmo, terrible !
Child of a blind man avec en invités Nathalie Merchant au chant et le Gangbé Brass Band est plus calme avec le chant doux de Nathalie (10.000 Maniacs) sur une ambiance jazzy et un passage calypso.
Two forty seven est un blues aux sonorités slaves avec la jolie de guitare de Pete Smith ( entendu chez Norah Jones ou Madeleine Peyroux) ; puis Cicada que j’ai déjà évoqué avec un duel d’harmonicas entre Schuman et le second harmoniciste Bill Barrett . Suivent Buddy plus classique, un blues lent, in two years, petit instru jazzy, I’ve been lonely for so long (de F. Knight) pour un voyage dans le temps vers la  Stax , trés belle reprise  soul et super sax (Steve Elson qui a tourné avec Johnny Otis et Bowie).
The tide, est plus country avec de la balalaïka et de la mandoline avant le retour vers un folk trés propre, car y slave (walking stick).
Puis So glad avec harmo, tuba et cuivres, et 2 chanteuses en invitées (Catherine Russell et Elaine Caswell) qui donnent un parfum gospel ; d’ailleurs les voix sont des instrus à part entière chez Hazmat Modine, avec Schuman au lead vocal capable de moduler sa voix, les musiciens qui font souvent les chœurs ou le contre chant et des invités, les sibériens sur Bahamut et ici les voix feminines .
On termine avec Cotonou stomp, instru jazzy enregistré live avec le Gangbé Brass band et  Dead Crow avec le Kronos Quartet et ses violons, avec les harmonies vocales, on lorgnerai presque vers Crosby, Still et Nash !
W. Schuman et Randy Wenstein

Vous n’avez rien compris ? C’est normal, moi non plus, je vous l’avais dit, sont  assez difficiles à cerner ces zigs..
Vraiment j’ai rarement eu l’occasion d’écouter un truc pareil, entre blues/jazz fusion , word fusion et musiques traditionnelles, un ovni inclassable, un peu mystérieux et carrément irrésistible dés qu’on est entré dans son monde. A acquérir sans hésiter pour tout auditeur un peu curieux et désireux de s’affranchir des barrières, ce qui est certainement votre cas, lecteurs du Deblocnot (Ben quoi, non je ne suis pas démago, c'est vrai quoi, y'en a pas beaucoup mais sont formidables nos lecteurs, si, si, rougissez pas..). 




Child of a blindman: 





6 commentaires:

  1. Shuffle master30/8/11 09:05

    Rockin Président, Rockin Président, Rockin Président! (ad lib.)

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  2. J'adore ce truc. Ce morceau-ci est plus jazz fusion que blues, mais c'est superbe. J'adore le son du bombardon; c'est un instrument que j'ai longtemps entendu dans le garage à la maison (mon père en jouait dans une fanfare).
    Merci pour cette découverte.
    [Philippe]

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  3. j'y pense Shuffle, j'y pense..si je me sens porté par un élan populaire je me mettrai au service de la France et des français..(t'as vu je maîtrise déjà bien, la langue de bois..)

    @Phil , oui il y a une grande diversité dans leurs morceaux et on va de surprises en surprises au fil des titres, jazzy, bluezy,et toutes les autres influences que je cite, c'est tout leur charme.

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  4. J'ai écouté les deux albums Cicada" et "Bahamut" sur deezer. Ils devraient être prescrits par la faculté et remboursés par la CPAM comme anti-dépresseur !!!!

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  5. En réalité, je l'avais déjà dans ma sélection Deezer.
    Mais je n'ai pas vraiment eu le temps de m'en imprégner, mais maintenant que je l'écoute, je suis à nouveau sous le charme...

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  6. Très intéressant cet article j'avais vaguement entendu ce nom de groupe évoqué mais voilà que les choses sont plus claires Merci ! Le Sousaphone a beaucoup d'adeptes à la Nouvelle Orleans presque tous les Brass band de la vile en ont un dans leur rang. L'un des meilleurs étant Kirk Joseph qui joue notamment avec Anders Osborne

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