Un incontournable des années 90
Ahmad Jamal, pianiste de jazz, de son vrai nom (Frederick Russell Jones, est né à Pittsburg en 1930.
Quand sort ce disque, en 1995, c'est une incroyable bouffée d'oxygène qui pénètre les poumons du jazz jusqu'alors asphyxié par de jeunes loups, ou disons de jeunes clones, qui courraient alors à la compétition, à qui imiterait le mieux McCoy Tyner, Bill Evans ou encore Herbie Hancock... Cet album de Ahmad Jamal, pianiste légendaire s'il en est, est peut-être son plus grand disque de la décennie... Après deux albums décevants parus chez Telarc au début des années 90 (ici et là...), le voici dans un projet carrément enthousiasmant et à la hauteur de son talent. Jamal se refait une jeunesse.
Entouré d'une rythmique qu'il connaît très bien (ses amis James Cammack, Jamil Nasser et Idris Muhammad font partie du projet), et si l'on excepte Israel Crosby et Vernell Fournier, Jamal ne s'est jamais senti aussi à l'aise qu'avec ces trois-là. Il retrouve aussi Manolo Badrena aux percussions et George Coleman, saxophoniste ténor hélas méconnu et qui a pourtant une carte de visite impressionnante (de Max Roach à Chet Baker en passant par Miles Davis). Le style de Jamal, c'est un piano percussif, une finesse et une souplesse de jeu incroyable, un sens inouï de la relance et de la dynamique. Bref, si ce pianiste est incontournable, c'est aussi parce que c'est un monstre sacré qui a un "Son" bien à lui, bien identifiable, dès les premières mesures. Vous n'êtes pas prêts de l'oublier...
Ahmad Jamal en juillet 2010, au théâtre Maisonneuve |
Dès le premier thème, "Flight", l'auditeur est happé par les notes tout en staccato, et le rythme, à la limite de la transe. Manolo Badrena contribue à ajouter cette atmosphère où le sens de la dramaturgie tient toute sa place. Ruptures de tempo et d'harmonie, déjà, l'on sait que l'on tient la perle rare. Les écoutes répétées le confirmeront. "Toulouse" avec son intro lyrique tout en rubato est l'un des points phare de l'album. Les standards sont dépoussiérés ("Lover Man" ou encore "Autumn Leaves" rivalisent d'inspiration avec les versions d'anthologie de Hank Jones aux côtés de Cannonball Adderley). Des compositions originales comme "Bahia" et "Catalina" rappellent à quel point nous tenons là un grand compositeur . On a souvent répété que ces sessions étaient extraordinaires dans la mesure où Jamal semblait s'être fixé sur le standard d'Oliver Nelson, "Stolen Moments", puisqu'il cite le thème plusieurs fois... Cet album fut à la fois un succès critique et commercial au point que deux autres volumes devaient paraître les années suivantes : Big Byrd: The Essence, Pt. 2 (avec le trompettiste Donald Byrd) et Nature : The Essence, Pt. 3 (en trio et quartette, sans soufflant).
1. Flight (6:32) 2. Toulouse (6:56) 3. The Essence (10:14) 4. Lover Man (5:49) 5. Catalina (6:44) 6. Autumn Leaves (6:57) 7. Street Of Dreams (5:33) 8. Bahia (6:34)
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