mercredi 29 juin 2011

ZODIAC MINDWARP & The Love Reaction "Tattooed Beat Messiah" - 1988 - (Bruno)



It's Only a Sleaze-Rock

     En 1986, Zodiac Mindwarp & the Love Reaction défraya la chronique Rock avec un premier Ep « Wild Child », rapidement suivi d'un second, « High Priest of Love ». Ce dernier grimpa jusqu'à la première place des ventes « rock indépendant » en Angleterre ; un succès retentissant qui lui permit de traverser la Manche pour des passages télé dans l'Hexagone. Puis, lors du festival de Reading, le dimanche 30 août 87, leur prestation finit par convaincre les derniers sceptiques (leur set fit l'objet d'une édition CD en 93 sur lequel figure déjà une bonne partie du matériel qui servit à leur 1er skeud). Zodiac surprit son monde en allant à l'encontre d'un Hard-Rock alors en vogue. Nullement Hard-FM, aucunement Heavy-Metal intrépide, ou encore Hair-Metal. Quoique si, un rapport avec le Hair-bidule : Zodiac Mindwarp, alias Mark Manning, est également un poseur doublé d'un fanfaron appréciant le regard des caméras. 
Pochette originale du Ep (maxi 45 t.) "High Priest of Love"

     Avec ces premiers jets, on découvre une musique puisant sa source dans le glam outrancier des 70's (plutôt Slade que Sweet ou Bolan), couplé à un Hard-Rock puissant agrémenté d'une bonne dose de Rock'n'Roll, avec un esprit provocateur et beuglant comme le faisait Blue-Cheer, reposant sur des riffs carrés et favorisant le mid-tempo. Un lit de guitares graisseuses sur lequel vient se vautrer un chanteur croisé entre Alice Cooper (principalement), un Astbury vicelard et un Billy Idol en transe ; mi-mégalo mi-barge, hypnotisé par sa musique. Une espèce de Heavy-Rock macho et crasseux, fier et mégalo : le Sleaze. Un genre qui serait le fruit de groupe ricains comme Twisted Sisters, WASP et Mötley Crüe, qui eux-même s'inspirèrent du Glam et du Rock Arena US des 70's. Bien qu'étant sorti sur le marché à l'époque des batteries sur-produites, des triples pistes de guitares, les compositions, avec cette approche sonore entre Hard-Rock Garage et punk-rock, ont répondu à un public en attente d'un retour à un Rock viril et crade, puant la sueur et le cambouis.
High Priest of Love (clip d'époque)

     Fort de ces succès, renforcé par deux simples ("Prime Over" et "Back Seat Education") qui font également une percée dans les charts anglais, Zodiac Mindwarp And The Love Reaction a l'opportunité d'enregistrer leur premier disque sur une major. Ainsi sort en 1988 « Tattooed Beat Messiah » (sottement rebaptisé pour sa réédition de 1997 : "The Best of Zodiac Mindwarp And The Love Reaction »).


     Pourvu de plus de moyens et peut-être également dans un souci d'élargir son public, la musique a été relativement policée. Les aspérités ont été « poncées » (papier gros grain) en dotant la lead guitar d'un son plus conventionnel (moins crade), en offrant au guitariste rythmique une pédale de distorsion moins cheap pour écrêter, plafonner le spectre, et, malheureusement, en boostant la batterie.  Les cymbales sont à peine audibles, noyées par le mixage. La batterie, trop binaire, ferait presque passer Phil Rudd pour un batteur de Jazz. 
Pourtant sur l'enregistrement du concert de Reading de 87, la frappe de Thunderhide est plus définie et travaillée, avec une bonne présence des cymbales. Nonobstant, la rage et la hargne de ces olibrius est toujours présente. Leur soif d'en découdre n'a pu être étanchée par un miroir aux alouettes, par une tentative de les rendre plus respectables, plus accessibles.


     On retrouve donc avec plaisir leur Heavy-rock graisseux, libidineux, teigneux, encanaillé, bravache, parfois au point de frôler la caricature. Des riffs lourds (ce n'est pas du stoner pour autant), syncopés et percutants (dans le style du Def Leppard de « High'n' Dry », du Cult d' « Electric » ou d'AC/DC), des soli à l'emporte-pièce mais concis, souvent expédiés dans l'urgence. Les titres sont courts, laissant peu de place aux échappés solo (qui ne volent guère haut). Zodiac Mindwarp s'érige comme poète urbain underground d'un genre salace et halluciné, s'appuyant sur une imagerie calculée et parfois douteuse (Mindwarp alias Manning est un ancien graphiste). Il éructe autant qu'il chante sur un timbre à peine nasillard, et des cordes vocales entretenues au whisky (le soir) et à la bière (le matin). Des guitares chargées d'une distorsion épaisse qui ne font pas dans la dentelle.

Cobalt Stargazer

     
       Rien d'ouvragé ! Du bourrin, du velu, du « bas-du-front » qui sent la sueur, avec pour leitmotiv "efficacité" . Un univers glam-rock-biker crasseux et irrévérencieux qui certes peut paraître sorti tout droit des comics américains (rien que leur nom de scène à coucher dehors et leurs clips kitsch), mais n'en demeurant pas moins terriblement enivrant. Au-delà d'une certaine simplicité, le fait que nombre de rythmiques, de riffs et surtout de refrains soient mémorisables, prouvent un indéniable travail de composition du groupe ; particulièrement de Manning. A conseiller comme réveille-matin. Avec « Tattooed Beat Messiah », Zodiac Mindwarp And The Love Reaction devient l'archétype du sleaze-rock.
 

        Il faudra attendre trois années pour l'album suivant, « Hoodlum Thunder » (1991). Plus proche des albums « Thrash » et « Hey Stoopid » d'Alice Cooper, avec un zeste de Simple Minds, que de son prédécesseur. Comme si l'album avait été composé dans le but de séduire le marché lucratif américain ; un peu comme si Mark Manning avait ici composé avec l'aide de Desmond Child (le compositeur-machine-à-tubes qui a donné un coup de pouce, à un moment ou un autre, à toutes les grosses machines Rock américaines ; d'Alice Cooper à Aerosmith, en passant par Kiss, Cher, Bonnie Tyler, Robbie Williams, Joan Jett, Ratt, Meat Loaf, Ricky Martin, Bon Jovi). Il y a même une ballade inhérente au Hard US, avec piano et crescendo avec grosse guitare. Sur ce disque on retrouve "Feed my Frankenstein", le hit de 1992 d'Alice Cooper, qui en fait a été écrit avec l'aide de Zodiac. L'album sortira finalement dans une totale indifférence, sans aucune promotion, du moins dans l'hexagone. Leur nouveau label n'ayant peut-être pas alors les moyens de financer une promotion. Les fans de la première heure ne se retrouveront pas nécessairement dans cette nouvelle approche, relativement plus chiadée. Aujourd'hui encore, c'est l'opus le plus difficile à se procurer, et en conséquence le moins connu.     Cependant c'est encore un bon cru. 

Zodiac Mindwarp (alias Mark Manning) : chant
Cobalt Stargazer (alias Geoff Bird) : guitare
Flash Bastard (alias Jan Cyrka) : guitare
Slam Thunderhide (alias Stephen Landrum) : batterie
Trash D Garbage (alias Paul Bailey) : basse
Kid Chaos (alias Stephen « Harris » Haggis) : basse (86 - 87)
Boom Boom Kaboomski : batterie (en 86)


La bande d'affreux au complet en 1988

     Jan Cyrka quitta le groupe en 1993 pour entamer une carrière solo en se consacrant à un  rock instrumental entre Satriani, Gary Moore, Blues Saraceno et L.D. Fusion, où il se révéla être un fin mélodiste. Parallèlement, il fit un peu de pédagogie (et participa même à quelques articles pour le journal français Guitars & Bass), et composa des bandes son pour la télé et la pub. Loin de son image au sein de Zodiac, on découvrit une personne affable, courtoise et avenante. Il réalisa trois disques dans les années 90, qui reçurent une bonne presse.

     Stephen Haggis, le benjamin de la troupe, quitta le groupe en 1987 et rejoignit The Cult pour leur tournée américaine, puis fonda The Four Horsemen en 1989 (http://ledeblocnot.blogspot.com/2010/08/four-horsemen-nobody-said-it-was-easy.html ). Après toute cette énergie dépensée dans la musique, sans jamais vraiment pouvoir profiter d'un succès mérité, épuisé par les galères, il reprend ses études et devient médecin. Ce qu'il est toujours actuellement.

     Seul les deux fondateurs, Manning et Geoff Bird, n'ont pas jusqu'à ce jour, quitté le vaisseau (ou la galère).
  1. Prime Over   -   3:43
  2. Skull Sparks Joker   -   2:27
  3. Back Seat Education   -   3:04
  4. Bad Girl City   -   3:07
  5. Untamed Stare   -   2:42
  6. Tatooed Beat Messiah   -   3:36
  7. Born to Be Wild   -   3:20  (de Mars Bonfire, évidemment)
  8. Let's Break the Law   -   3:43
  9. Spasm Gang   -   2:46
  10. Driving On Holy Gasoline   -   4:15
  11. Planet Girl   -   2:38
  12. Kid's Stuff   -   4:54
  13. Messianic Reprise   -   1:05
Rien que des poèmes...


1 commentaire:

  1. Yop! Tout ce que j'aime! Pas minéral, pas métaphysique, des grattes qui dérapent...
    Putain que ça fait du bien!

    RépondreSupprimer