Charlie Parker et Dizzy Gillespie |
Un Dizzy songeur... |
Le disque dont nous parlons n'est sans doute le plus représentatif du style BeBop, mais permet d'évoquer cette musique, ce musicien, et cette prestation parisienne ébouriffante. C'est un concert donné par Dizzy Gillespie à Paris le 9 février 1953, à la salle Pleyel. Le public français avait fait une triomphe à Gillespie en 1948, lorsque celui-ci amena son BeBop révolutionnaire. Cinq ans plus tard, il revient auréolé de son statut de star, mais en petite formation, pour un show absolument somptueux. Gillespie a commencé à jouer dans les années 30, en big band, comme accompagnateur de Cab Calloway ou Earl Hines. Il devient rapidement directeur musical, et en parallèle de ses prestations swinguantes, il écume les clubs avec une petite bande de fou-furieux, qui deviendront donc les Boppers.
Ce concert est fameux parce qu’il explore différentes facettes du Bop, et représente bien le travail de Gillespie en Jazz. On entend Dizzy, après avoir saluer en français les demoiselles, les messieurs et les petits enfants, lancer le tempo en frappant du pied, annonçant le titre « Champ », un pur BeBop foudroyant, histoire de faire taire les éventuels détracteurs. Non, en 53, le Bop n'est pas mort ! Suit « Good Bait » tout aussi speedé, avec chorus acrobatiques. Changement d’atmosphère sur « Swing low sweet cadillac » Dizzy aux congas, les musiciens entonnent le thème a capella, une sonorité très africaine, tout en percussions et pitreries du leader. Ambiance latine par contre sur « Tin Tin Deo ». Arrive ensuite le chanteur Joe Carroll pour le « Oh Lady be good » de Gershwin. Carroll est un chanteur incroyable, le scat dans la peau, un fou-chantant, on le retrouve sur rapide « The bluest Blue » ou sur « Ooh Shoo Bee Doo Bee » en duo avec Gillspie, un moment de pure rigolade. Des chansons il y en aura d’autres, entre deux rasades de Bop ou de blues (« Birks Works » joué avec sourdine) comme le sautillant et classique « On sunny side of the street », ou l’explosif et délirant « School day » qui clôt la soirée. Sans oublier la divine Sarah Vaughan, qui monte sur scène chanter « Embraceable You » autre composition de Gershwin. 3’16 de grâce absolue. C’est donc une succession de morceaux très différents, vivant, drôles, enlevées, virtuoses ou potaches, avec une bonne humeur palpable, un plaisir évident à faire le show devant un public en délire, acquis à la cause du Bopper en chef. Live, dit-on des disques en concert. Vivant. Rarement un disque live n’aura aussi bien porté son nom.
Aux côtés de Dizzy Gillspie, on retrouve Bill Graham aux sax alto et baryton, Wade Legge au piano, Lou Hackney à la contrebasse, Al Jones à la batterie. Et donc Joe Carrol au chant, et la participation de Sarah Vaughan. Un seul titre manque sur cet enregistrement, « Ghost of a chance » par manque de place, le CD faisant déjà 77 minutes.
Ce Pleyel 1953 est un de mes disques de jazz préférés, en tout celui qui dès la première écoute m'a sctoché devant les enceintes. Je pensais avoir à faire à une musique difficile pour spécialiste, un rassemblement de techniciens virtuoses. C'est l'inverse ! C'est un disque joyeux - la personnalité clownesque de Gillespie imprègne l'enregistrement - avec des moments de pure folie, de gaité, de tendresse. Un grand disque tout simplement !
LES VIDÉOS :
Je vous ai déniché un de mes titres favoris, le célèbre « On sunny side of the street », une version de la même époque, en studio, avec Joe Carroll au chant. Un titre pas spécialement Bop à vrai dire, mais j'adore ce thème ! (et merci à l'internaute à l'origine de ce montage)Ah la bonne blague, You Tube a retiré cette vidéo pour des histoires de droits d'auteur vidéo ... Je rapelle que cette chanson est centenaire... et que cette vidéo n'était qu'un montage de photos... Un chef d'oeuvre pareil est patrimoine de l'humanité, et donc, protégé par l'UNESCO et devrait être accessible à tous, gratuitement.
Je vais essayer de vous en dénicher une autre...
Ensuite, passons à un titre Bebop pur et dur, "Hot House" enregistré en 1952, avec Charlie Parker au sax, et derrière à la batterie c'est Môssieur Max Roach. Le tempo est nettement plus rapide. Après l'exposition du thème, écoutez le démarrage foudroyant de Parker au saxophone (à 00'47) : ça coule tout seul, et met tout le monde d'accord ! Et je vous parlais des citations que les boppers aimaient inclure. Sur le chorus de Gillespie, au début, une mélodie reconnaissable... juste un clin d'oeil... si si vous connaissez (à 01'37) c'est "Carmen" de Bizet ! Le clip est coupé avant la fin du morceau, désolé, et comme on dit, la prise de son est d'époque ! Mais quel bonheur de voir ces trois musiciens exceptionnels ensemble.
Charlie Parker & Dizzy Gillespie par alternativa
DIZZY GILLESPIE QUINTET "PLEYEL JAZZ CONCERT 1953", Vogue Masters (77 minutes)
Intro du speaker - 01:31
The Champ - 09:22
Good Bait - 09:50
Swing Low...Sweet Cadillac - 04:10
Oh Lady Be Good - 03:50
Mon Homme - 02:53
(I've Got) The Bluest Blue - 03:51
Birk's Works - 09:36
Ooh Shoo Bee Doo Bee - 03:28
They Can't Take That Away From Me - 04:21
Embraceable You - 03:15
Play Fiddle PLay - 04:29
I Can't Get Started - 03:06
Tin Tin Deo - 04:11
On The Sunny Side Of The Street - 02:47
School Days - 07:04
"..... L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser...."
RépondreSupprimerEt tu as cru aux pamplemousses jusqu'à quel âge?
RépondreSupprimerPourquoi cette question ? Ce ne sont pas des pamplemousses, mais des oranges ?
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