André Rieu : Le classique pour les Nuls ou le bourreau du
classique, that is the question ?
- Dis donc Luc, il lui arrive quoi au Toon ? C’est du grand n’importe
quoi ce sujet ! Faut dire qu’avec ton idée de l’appeler Papy…
- Ch’ais pas Rockin, entre
Schoenberg, Berlioz, Hilary Hahn,
Gergiev,
Munch, Boulez… Ben, je ne comprends
pas !
- Ça m’angoisse Luc, on fait quoi ? On le transfert de Sainte-Anne à
la résidence « Les coquelicots bleus » ?
- Vincent est-il au courant de ce qui se trame ? il va être
triste.
- Bon ! Luc, Rockin et les jeunots, je peux en placer une….
WOLFGANG, Pu… arrête de bouffer l’hortensia….. et BBP, prend tes gouttes
avant de péter un câble !
Aller, moi aussi je m’autoproclame une star et je chante :
I’m singiiiing under the daube, tralala…….. C’est la danse des canards
(fausses notes)… A la fête de la bière, on violone, on violone
tadada…..
Cette subtile entrée en matière pose une question existentielle
musicologique. Un artiste a-t-il le droit de massacrer le répertoire
classique ou autre pour faire du chiffre ? Répondons « non »
par principe. Mais alors, son public nombreux a-t-il le droit de
l’écouter ? Ben oui, sinon on tombe dans le fascisme
intellectuel ! Et son public n’est pas forcément un ensemble non vide
de crétins. Donc le monsieur en queue de pie, avec sa tignasse seventies, il
a le droit de violoner. Hélas oui, CQFD. Mais autre question : a-t-on
bien objectivé ce massacre ? Il faudrait faire un benchmark comme on
dit de nos jours. Je vais voir cela de très près !
Ah la vache, ma chronique se présente comme le 21ème axiome d’Hilbert. Il
va falloir aboutir à une démonstration.
Bon, stop aux conjectures vachardes ! On fait comme d’habitude, on écoute,
on analyse et, comme dit Jean-Claude Duss, on conclut, enfin faut voir avec
qui et pourquoi….
ANDRÉ RIEU : sa vie et son œuvre
André Rieu est né en 1949. Son père, chef d’orchestre,
l’initie au violon. Il suit des études sérieuses au conservatoire de
Bruxelles. Ce n’est pas un prodige comme Gidon Kremer ou
Hilary Hahn, mais il obtient néanmoins un premier prix. On ne peut
pas lui reprocher un manque d’ambition puisqu’il crée un premier petit
orchestre de salon en 1978.
Il crée ensuite le Johann Strauss Orchestra avec lequel il va
triompher dans le répertoire populaire comme les valses Viennoises. Il
délaisse les salles de concert pour s’orienter vers des spectacles
kitchissimes et burlesques, dans des stades, où il est adulé par un public
de fans peu regardant sur ce qui se cache derrière les notes des partitions.
Il adapte de façon souvent contestable des œuvres classiques. Il vend des
millions de disques. André Rieu est-il un produit de grande distribution qui
trahit les compositeurs à des fins mercantiles ou un musicien ? Cette
chronique fait le point
Écoutes comparatives à titre de benchmark, c'est du sérieux !
On évalue en double pesée. Principe : un morceau, deux
interprétations, celle du Musicator et une concurrente, après
on fait le point. Autopsier des victimes mélodiques aidera à démasquer un imposteur ou absoudre un vrai musicien. Voici le programme :
Don’t cry for me Argentina : la célèbre chanson du film Evita de 1996 et d’Alan Parker. Je n’ai pas vu ce film controversé, mi historique, mi comédie musicale.
Le sujet présent est précis : la chanson et l’interprétation qu’en
donne la chanteuse américaine Madonna. Puis, nous écouterons une
version « opéra » dans une transcription d’André Rieu. La musique
originale est de Andrew Lloyd Webber.
Á ma gauche Madonna dans une scène du film Evita, Á ma droite
André Rieu et la chanteuse hollandaise Suzan Erens (sa
belle-fille)... C’est parti.
On a déjà belote et rebelote, il manque les dix de der : et bien le voici : un classique des classiques...
Madonna dans Evita (1996) |
Madonna : Les cordes de l’introduction orchestrale sont
articulées, vibrantes, la harpe bien présente malgré le bruissement de
la foule. [0’46] Madonna intègre le personnage et épouse le contexte. Le
titre « Ne pleure pas pour moi Argentine… » évoque sémantiquement la complainte. La voix sensuelle de la
chanteuse, légèrement frissonnante, possède une chaleur qui émeut.
L’élocution est parfaite, pourtant mon anglais est faiblard. Le legato
se fait subtile avant les fins de couplets « To the night.. »
[1’20], pas d’hésitation, simplement un accent d’émotion... Une
complainte se doit d’être égale sur le plan du niveau sonore, un
crescendo lent et régulier est souvent de rigueur. [2’20] C’est le cas
ici. Madonna convainc sans forcer la voix. L’accompagnement est très
équilibré, les cuivres interviennent dans les pauses [3’52]. C’est
prenant. On peut détester la chanson datée, le film, la diva sulfureuse,
mais techniquement et musicalement, elle a du métier !
André Rieu et Suzan Erens : Familier des mises en scène
kitch, l’orchestre dispose de pupitres en sucre d’orge. Pourquoi
pas ? La cantatrice fait son entrée en scène en grandes pompes,
comme pour nous interpréter les 4 derniers Lieder de R. Strauss. Les
cordes attaquent avec un vibrato d’enfer typique des violonistes qui ont
peur des fausses notes. C’est rapide, plutôt morne et staccato, donc
bizarrement triomphal pour une complainte. [0’55] Aie, la voix est
pointue, affectée, mais juste. Mais pourquoi le recours aux vocalises
sans tendresse, pourtant c’est une chanson nostalgique. [1’28] idem pour
la pause avant « to the night » ? Initiative qui rend le
discours trop lyrique, façon Scala (si je puis dire), donc désincarné.
[1’48] Le ton monte brutalement ! [2’30] L’orchestre se lance à
fond dans le pathos, lourd, pataud. Les cuivres couvrent la voix.
Orchestre et chanteuse se disputent la place. Crier n’a jamais ému
quiconque. [3’39] La tombée de phrase dure des plombes (+6’’). Comme
aurait hurlé Toscanini à Caruso « Bon ça va !! ». [4’15] La timbale se prend pour le barreur de la galère de
Ben-Hur appuyé par un chœur qui ne fait pas dans la dentelle. Comme on
dit : hors sujet même avec un meilleur son.
Score : Madonna 2 ; Rieu : 0
Chostakovitch ; Valse N°2 de la suite de Jazz
N°2 : Les populaires suites pour orchestre de jazz datent de
1928 (dont cette valse que tout le monde chantonne suite
à une célèbre publicité…). Un moment heureux avant les purges
staliniennes. Chostakovitch découvrait la modernité et la vitalité du
Jazz.
A ma gauche Riccardo Chailly dirige le
Concertgebouw d’Amsterdam.
A ma droite André Rieu dans un immense hall… C’est parti.
Dmitri Chostakovitch va-t-il pouffer ? |
Ricardo Chailly : On imagine une soirée d’été. Tout
commence par une mélodie rythmée en douceur par une caisse claire
puis colorée par le thème énoncé au saxophone [0’22] puis repris
avec alacrité [0’30] par quelques cuivres et percussions
humoristiques et rutilantes. [0’45] Dmitri s’amuse et Ricardo
Chailly fait swinguer l’orchestre classique, un piano et des cordes
interviennent pour développer ce thème non par des variations mais
en jouant sur l’orchestration et le rubato, un perpetuum mobile.
[2’26]. La reprise intervient, alanguie, avec un soupçon de
tendresse émue, et l’intrusion d’un trombone facétieux pour ne pas
briser la gaité. Les cordes expansives, magnifiquement détimbrées et
chantantes, se poursuivent jusqu’à un accord final léger et
franc ! Embrassez vos cavalières… Cette musique sous la
baguette du chef avec l’un meilleurs orchestres du monde a fait le
tour de la planète. Un Chostakovitch dansant et sensuel, ce n’est
pas tous les jours !
André Rieu : Mais qu’est-ce que je fous là ? Une
patinoire, un vélodrome, la résurrection d’Interville ? Sur une
piste pour défilé de mode, une matrone joue du saxo en tenue de
mariage, un chou à la crème bavarois. On a pris le train en marche.
Bord.., ils sont des milliers à danser d’un pied sur l’autre à
défaut de savoir si c’est une valse à 3, 4 ou mille temps (Brel
revient !). Dans les gradins, ils se prennent par les bras et
se balancent un coup à gauche, un coup à droite. « Maman !
Je veux m’casser d’la fête de la Bière à Nuremberg !. Dmitri,
pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font... » Je ferme
les yeux ou je continue, chronique musicale oblige ? Mais… ils
font semblant, c’est du Play Back, il n’y a même pas de micros,
c’est son enregistrement. Le Rieu, il a fait une transcription. Une
marée de cordes insipides et outrancière supplante le délicat et
festif développement orchestral expliqué ci-dessus. Il pizzicate le
violoneux, du bout des doigts. De toute façon, dans cette sauce au
boudin, on n’entend rien. On est perdu dans une mauvaise valse de
Vienne, un jour de beuverie nationale.
Pour le score, je n’ai pas le choix : Chailly : 2,
Rieu 00.
On a déjà belote et rebelote, il manque les dix de der : et bien le voici : un classique des classiques...
BACH : Aria de la Suite N°3.
Les suites de Bach sont composées de danses précédées par
une ouverture à la française. Dans la troisième suite, l’ouverture
est imposante. Bach a donc intercalé un aria avant les
gavottes, bourrées et gigues conclusives. Il
s’agit d’une sarabande en forme d’air empreint de
spiritualité, comme issue d’une cantate ou d’un oratorio.
A ma gauche l’orchestre baroque Il Giardino Armonico, illustres musiciens baroqueux, la vie
et la spiritualité dans toute sa pulsation. A ma droite André Rieu
dans sa datcha, au coin du feu, avec des potes qui font la
tronche pour faire mystique… C’est parti.
Bach se contente d'écouter (air sévère) |
Il Giardino Armonico : Cet orchestre et son chef Giovanni Antonini nous proposent
une interprétation sur instruments d’époque. On ne les voit pas pas,
donc ne suis pas influencé par un a priori. Le violon solo est bien
présent, le climat baigne dans les notes cristallines d'un théorbe. C’est merveilleux d’articulation, peut-être un tempo un peu
lent. Les arpèges articulés et les ornementions donnent le ton
de la danse (une sarabande), dans ce morceau au caractère spirituel
marqué. Le son des cordes est d’une belle richesse harmonique. La
durée des notes est respectée. Les phrases mélodiques se superposent
comme des vagues qui se rejoignent. On retrouverait tout cela chez
Marriner ou Goebel et tant d’autres encore dans un
climat aussi magique. Une des pages les plus populaires de
Bach par sa sincérité. Quelles belles couleurs.
André Rieu : Le phrasé est terne et trop rapide. On voit
André Rieu jouer mais sans l’entendre. Il effleure son Stradivarius
plus qu’il ne le maîtrise à bras le corps (revoir les vidéos d’Hilary Hahn). La pulsation méditative est envahie pas des pizzicati obsédants,
des graves lourds. On retrouve toujours ces fins de phase traînantes
et fades [1’50]. Le phrasé monotone ne transporte pas. Franchement, ce
n’est pas effroyable comme Chostakovitch, mais tout de même
emphatique et larmoyant, et le rubato sans objet étouffe les
ornementations, donc la rythmique. André Rieu gomme toute la
nuance entre le spirituel et le divertissement. Les phrases
disparaissent dans une unique mélopée aplanie. Dieu que je m’ennuie…
En fait Bach est le gagnant. Sa musique est tellement sidérale, que
même maltraitée, elle reste belle. Comment un ex instrumentiste de la Philharmonie de Vienne a pu vendre son âme au Diable du nivellement par le bas ?
Score : San Francisco Early Music : 2, Rieu :
0
Score Final : Artistes témoins : 6,
Rieu : 0 donc note éliminatoire !
D’une nature curieuse et pour être certain de ne pas snober mes
lecteurs assidus, j’ai trouvé un album « Ses plus grands succès » où le bellâtre de l’archet interprète quelques pièces du
grand répertoire. Rapidement :
- J. Strauss : Le beau Danube Bleu : extatique, épais, un gros coup de timbale, pour la poésie c’est mort à [0’22]. Kubrick en a perdu sa barbe !
- G. Rossini : l’ouverture de Guillaume Tell : C’est braillard, excessif d’accentuation dans une page qui facilite ces défauts. Idéal pour un cartoon avec Daffy en maestro.
- J. Rodrigo : Concerto Aranjuez ; cordes monotones (on n’en sort pas), trompette mexicaine à la Rio Bravo ; aussi gai qu’une sonnerie au mort à Fort Alamo.
- M. Steiner : Thème de Thara. Ah la nostalgie sudiste avec un cornet de frites, un violon pleurnichard dans une guinguette de Rotterdam. J’en pleure, oui mais de quoi ?
- M. Ravel : Le Boléro. Les canons de Navarone, le retour.
Bon, ça me saoule !
André Rieu, le charmeur de Hamelin qui a troqué sa flûte pour un violon,
est-il un escroc ? Non, il ne vole personne… En fait, il traîne
une cohorte de gens aux oreilles défaillantes avant l’âge, plutôt que
des marmots comme dans le conte. Quant aux rats dudit conte, ils ont
dû se faire la malle……Alors c’est le nivellement par la base.
Surement, mais à qui la faute : l’école publique et obligatoire
et sa formation musicale laxative, les médias qui fayotent, le
gouvernement qui se remplit les poches via les taxes, etc… Je suis sûr
qu’il peut postuler comme Chevalier des Arts et des Lettres.
Ce gars-là me fait mal à la musique (pas très français, mais un peu dans la mouvance « touche pas à
mon pote »). Autrefois
Franck Pourcell ou
Raymond Lefebvre avaient
créé eux aussi des orchestres populaires de Music-hall pour jouer un
répertoire personnel ou enregistrer des B.O.F.. Ils ne
trahissaient pas le répertoire symphonique à coup de transcriptions
insipides, criardes et blafardes. André Rieu
s’est-il en toute innocence érigé en « faussaire » respecté
et officiel ? Oui, et sans doute de bonne foi, mais c’est la
magie de la musique qui en pâtit…. Sommes-nous prêts à accepter des
graffitis et et autres tags sur les tableaux de maîtres (Van Gogh, de
Vinci) ou sur les grands monuments historiques ? Je ne pense pas,
enfin j'espère !
Principe intangible de votre chroniqueur,
le public on le respecte ! Après tout, à chacun sa façon
de se lobotomiser. Moi, après des journées épuisantes à écrire mes
chroniques, je regarde dans le poste, à tout jamais, où je lis des
thrillers achetés 3 € chez des bouquinistes. On se lave bien les
chicots le soir, alors pourquoi pas les neurones pour s’affranchir des
caries du bulbe… Mais, à écouter le monsieur en queue de pie démodée
et à l’air de VRP, on risque l’addiction à la musique où ne subsiste
que le squelette. Il devient inutile d’apprendre à écouter, à se
concentrer, à vibrer, à faire travailler sa mémoire. C’est bien
dommage. Chers amis n’oublions pas que dans le répertoire classique,
on a le choix... de l’interprétation bien pensée, dans plein d’autres
musiques également.
DEBLOCNOT accepte toutes
les missions même impossibles.
Géniale la vidéo! J'aimerais me faire réincarner en violon dans une vie postérieure...
RépondreSupprimerJamais vu un ange jouer du violon... jusqu'à présent... (...soupir...)
RépondreSupprimerL'homoncule chevelu sur son crin-crin... j'en parle même pô !!!
Le Chostakovich m'évoque moins une pub pour une assurance, que la scène d'ouverture de EYES WIDE SHUT, dernier opus du Maître... Je suis incapable d'entendre ce thème, désormais, sans verser une larme.
RépondreSupprimerEt dans la version "fête de la Bière", c'était une larme de quoi ?
RépondreSupprimerPersonnellement, et sans vouloir (ni pouvoir) contester la supériorité des musiciens mis en concurrence, je trouve qu'André Rieu a sans doute au moins un mérite, celui d'avoir mis la musique classique à la portée de gens qui, sans lui, ne s'y seraient jamais intéressés.
RépondreSupprimerJe crois que vous avez raison, ça mise en musique du classique à entraîner mon intérêt pour ce grand art. Après comparé, son interprétation a celle d autre musicien talentueux devient évident. Mais je trouve que l auteur de l article se montre très dur vis-à-vis du public. La musique appartient à tous le monde.
SupprimerBonjour et merci pour la lecture de ce billet déjà ancien…
SupprimerJe ne suis aucunement dur avec le public mais avec Rieu qui trahit l'esprit de l'œuvre. Le public écoute ce qu'on lui vend, fort cher je crois. À noter que j'exprime un avis purement personnel, ce n'est en aucun cas une vérité intégriste.
Jouer le boléro de Ravel dans son intégralité et surtout avec les instruments insolites prévus dans chaque reprise n'est pas plus compliqué a priori qu'amputer l'original et le compresser pour une durée de quelques minutes…
Il y a une multitude infinie de Morceaux courts, agréables, sans prise de tête pour constituer un programme d'initiation. D'une danse hongroise de Brahms à Une barque sur l'océan de Ravel, etc. Il y en a plein ce blog. André Rieu devrait lire les chroniques :o)
Cordialement.
Claude.
Nota : aurait-on l'idée de réécrire les grands romans de Hugo ou Flaubert (au hasard) en supprimant 80% des pages, en utilisant le français inclusif, en se limitant au présent de l'indicatif... ?
Merci philMaq pour cette remarque souvent entendue. Je pense au contraire que André Rieu créé un rideau de fumée qui empêche d’accéder à la musique classique dans sa quintessence. Ce N’EST PLUS de la musique classique. L’artiste, certes motivés (130 concerts par an), a recréé un style de « variété » à partir de thèmes ou de morceaux classiques in extenso (en durée uniquement) qu’il contamine par une orchestration inappropriée, ampute, vivisecte et joue mal pour tenir les 5-6’ du genre.
RépondreSupprimerIl y a pourtant plein d’initiatives de bon aloi pour élargir le public à une musique soit disant « pour privilégiés » (privilégié de quoi ?) ; en vrac : les grands spectacles comme Aïda, Turandot ou même la 8ème de Mahler (il faut oser) au stade de France, à Bercy, ailleurs en France (tournée du Requiem de Verdi cet été), les folles journées de Nantes avec 150 concerts dans une ambiance bon enfant, des concerts gratuits le dimanche au Chatelet, etc., etc. et avec des tarifs abordables. Un accès à la musique passe par sa démocratisation sociale (il est vrai que 100 € à Pleyel…) et non par sa dégradation musicale.
Nota : une bonne place pour un concert d’André Rieu coûte de 80 à 140 €, quand même ! Il y a des places correctes à 10 € à Pleyel.
Amicalement.
sans compter des tas de disques à 5-6 euros. avec des interprétations de grands orchestres dirigés par de grands chefs. par exemple la 7eme de Beethoven dirigée par Carlos Kleiber (merci Claude) et achetée 7euros.
RépondreSupprimerchristian s
Je ne connais pas grand chose au fond de l'affaire, mais je suis entièrement d'accord avec l'appréciation sur le rideau de fumée qui empêche l'accès au véritable classique. Idem en littérature. André Rieu et ses semblables jouent sur l'ignorance, la défiance d'un certain public (public de mèmères commerçantes régécolorisées), face à la "Kultur". Tout se mérite; il faut faire un minimum d'efforts. Mais pour certains, c'est trop demander.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerEn ayant une analyse plus large et neutre du sujet, vous soulevez un point intéressant !
André Rieu, bien qu’il soit parfois critiqué, notamment par certains puristes, joue un rôle essentiel dans la démocratisation de la musique classique. Pour beaucoup, ses concerts sont avant tout une source de plaisir et d’évasion. Comme vous le soulignez à juste titre, il permet à des personnes qui ne fréquentent pas les salles de concert traditionnelles de découvrir et de profiter d’œuvres intemporelles.
Son approche plus accessible comble un vide dans la manière dont la musique classique est perçue et consommée. Plutôt que d’exclure les néophytes à cause de certains codes perçus comme élitistes, Rieu leur ouvre une porte vers un univers souvent jugé hermétique. Beaucoup commencent par apprécier ses concerts pour leur aspect divertissant, mais cette première étape les amène parfois à explorer ensuite les versions originales des œuvres et à devenir des auditeurs éclairés des grands chefs-d'œuvre classiques.
Et non, tous ne sont pas incultes parce qu’ils aiment la mise en scène festive de Rieu ! Au contraire, son style peut éveiller une soif d'apprentissage et une curiosité musicale chez ceux qui ne seraient peut-être jamais allés vers la musique classique autrement.
Quant aux "grands compositeurs classiques du moment", il est vrai que le répertoire classique moderne n’a pas produit d’œuvres majeures en nombre ces dernières décennies. Où sont passés les Mozart, Beethoven, ou Strauss de notre époque ? Les compositeurs actuels n’ont pas encore marqué l’histoire avec des œuvres d’une notoriété comparable à celles du répertoire traditionnel. Dans ce contexte, n’est-il pas juste de dire que Rieu redonne vie et visibilité à un répertoire déjà riche, mais trop souvent délaissé par le grand public ?
En réintroduisant la musique classique dans les foyers, même sous une forme différente et parfois plus populaire, Rieu joue un rôle important. Que cela plaise ou non à tout le monde, il permet à un public plus large de redécouvrir cette musique qui, autrement, pourrait rester inaccessible pour beaucoup.
Bonjour et mille excuses pour réagir si tardivement à votre commentaire de septembre sur un billet déjà ancien…
RépondreSupprimerVous vous faites l'avocat de Rieu et de son public. Attention de ne pas se méprendre, j'ai n'ai absolument aucun mépris envers le musicien et son public. Pour parodier un ami qui disait "il faut mieux lire la collection Arlequin que rien du tout", "écouter de la musique classique transposer en style variété… pourquoi pas" ? Il n'y a jamais eu de rixes, insultes racistes, morts, voitures incendiées à la fin de ses concerts ! Si vous voyez à quoi je fais allusion…
Votre argumentation est tout à fait défendable et prolonge les échanges qui précèdent. Sans doute suis-je allergique au caviardage des partitions dans leur authenticité (Boléro de Ravel joue sur les variations de timbres tout autant que sur un simple rythme de danse obsédant, la partition est complexe). Je ne reprends pas tous les articles.
J'avoue avoir choisi un style rédactionnel blagueur en tant que disciple de Pierre Dac, Audiard, Desproges etc… sans leur génie sans doute. En un mot je me suis fait plaisir… Même dans les près de 700 billets écrits par la suite, je ne peux me priver d'un calembour ou d'une anecdote poilante… C'est l'esprit du Blog, chasser l'académisme… Je cite Ophélie Gaillard "il est chouette votre article". Je souhaite que l'on retrouve son violoncelle volé récemment ☹.
Cela dit, si vous pensez que ces concerts fort couteux au demeurant (175 € soit le tarif pour les Philharmonies de Berlin ou de Vienne à entendre un fois dans sa vie) peuvent amener les spectateurs à tenter un concert en salle avec des œuvres dans leur forme originelle, c'est cool. J'ai des doutes, mais un commentateur semble avoir fait le chemin… Je déplore une certaine médiocrité dans les interprétations de Rieu mais en plein air… c'est difficile.
En résumé, les programmes de Rieu reposent sur des œuvrettes sympas et des arrangements, donc plutôt des spectacles de variétés parfum classqie. Je viens de voir le programme de 2025, on n'y trouve ni Mahler, ni Bruckner, ni Richard Strauss (à ne pas confondre avec les valseurs viennois qui font le bonheur justifié du nouvel an à Vienne) ni personne de majeure du 20ème siècle. Ce n'est donc pas vraiment de la musique classique au sens premier. Musique qui ne limite pas à l'orchestre. Pourquoi ne pas transcrire un extrait de "la truite de Schubert" ?
Une petite remarque concernant votre Phrase "Où sont passés les Mozart, Beethoven, ou Strauss de notre époque ?". Beethoven composa sa sonate HammerKlavier en précisant qu'il composait cette œuvre injouable à l'époque pour le futur… "Les compositeurs actuels n’ont pas encore marqué l’histoire avec des œuvres d’une notoriété comparables". Bigre ! Et de citer Messiaen, Pärt, Adams, Steve Reich, une armée de Finlandais, Voir l'index Il y en a des dizaines (jamais joués en France hélas). C'est moins accessible dans l'immédiat par rapport à la "petite musique de Nuit" ; certes, mais la richesse du langage, de l'orchestration et la synthèse des modes de composition d'autres cultures de la planète en font des œuvres d'un niveau sidéral…
Cordialement.
Bien à vous… À bientôt j'espère.
Claude.