Ce groupe londonien, formé en 1984 sous l'appellation Queerboys, aurait très bien pu ne jamais graver de disques. Usés, découragés par des années de galère et de vaches maigres, peut-être que sans le petit coup de pouce de Sharon Osbourne, ces gars là auraient très bien pu rendre les armes avant d'avoir pu enregistrer la moindre piste. C'est que ce groupe de fêtards avait choisi de jouer une musique qui ne faisait alors plus partie des aspirations du public. Aucun rapport avec la New-Wave, Cold-Wave, ou Gothic, pas de synthé au son glacial, pas non plus de grosse guitare boostée, de vibrato Floyd-Rose maltraité et de roulement de tambours, voire de hurleurs propres à la N.W.O.B.H.M (pourtant ce genre venait d'entamer son déclin).
Non, Quireboys est de l'école des Humble Pie, Stones, Bob Seger, Aerosmith époque 74-77, Mott The Hoople, Slade parfois et surtout des Faces, avec des incursions dans le Folk à consonance irlandaise. Quireboys pratique une sorte de « Revival » des groupes suscités (bien avant les Black Crowes qui, eux, ne se formeront qu'en 89). On peut également mentionner le Waysted de « The Good, The Bad & the Waysted » et dans une certaine mesure le Cinderella de « Long Cold Winter » et « Heartbreak Station », voire Hanoï Rocks. Un Boogie-Rock'n'Roll bastringue piochant autant dans le blues que dans la country rock en faisant abstraction de tout débordement personnel. Soit sans un solo dépassant le minimum requis, que cela soit à l'harmonica, au piano, à l'orgue, ou à la guitare. Il y a une recherche évidente de concision ; pas dans le genre Punk ou Pop-song 60's, car les Quireboys ne se privent pas de break, de changement de rythme, mais toujours sans dévier de la trame. Aucune cassure que l'on pourrait rapprocher, même de très loin, du Rock-progressif.
Le son est, conformément aux modèles précités, d'une relative pureté avec batterie boisée, piano droit, basse ronde et franche, et guitares nourries à la saturation naturelle des amplis à lampes. Occasionnellement le souffle organique de l'orgue Hammond B3 ou une wah-wah classique viennent se greffer au spectre sonore. Rien de bien méchant, juste de quoi hisser le groupe vers une coloration coincée entre les Stones de « Let it Bleed » et le Classic-rock des 70's ; celui qui s'abreuvait de Blues et de Country pour le muer en une entité plus Rock'n'Roll. Le piano très présent de Chris Johnstone apporte une coloration boogie-blues honky-tonk. Un piano qui semble hérité des juke-joints, joué parfois en ostinato mais raffolant des interventions mutines de triolets et des interventions mimant l'improvisation savante. Entre Bill Powell, Ian Hunter et Ian McLagan.
La voix de Spike (né Jonathan Gray) est poussiéreuse et écorchée à souhait, très proche de Rod Stewart, mais aussi de Joe Cocker et de Fin.
Après quelques singles qui réussirent à passer sur les ondes anglaises, les Quireboys parviennent enfin, en 1990, a réaliser leur 1er disque : « A Bit Of What You Fancy ». Son succès fut fulgurant et monta sur la 2ème place des charts anglais. Un équilibre entre Heavy-glam-rock festif respirant l'ambiance enfumée et alcoolisée de pubs anglais, quelques titres plus directs, « rentre-dedans », et des ballades mi-électriques, mi-acoustiques donnant l'impression d'avoir du sang irlandais. Sporadiquement, quelques interventions d'harmonica à la Lee Brilleaux, de slides et quelques chœurs « gospellisant » épicent le tout.
Quelques violons également, sur les titres lents évidemment, par toujours bien venus, comme sur « Whippin' Boy' » (cela rappel les slows-blues du British-blues genre Savoy-Brown). Ceux de « I don't love you anymore » donnent la vague impression d'avoir été samplés à partir du disque d' UFO, « Obsession ». Le tout joué avec la passion, la conviction et la foi dues à la jeunesse. Il émane de cet album une réelle fraîcheur revigorante. Une qualité générale qui donne des allures de « Best Of ».
Malheureusement, le groupe ne sut jamais gérer correctement sa carrière. Suite au succès retentissant de « A Bit Of What You Fancy », la maison de disque édita dans la foulée, la même année, un live ("Live Compact Disc - Recorder Around the World")qui n'apporta pas grand chose. L'enregistrement est proche d'un bon pirate, comme pris au fond de la salle avec cette voix chargée d'écho d'une nef d'église ; de plus, excepté une reprise des Stones, on retrouve sept chansons de l'album dans un format très proche des originaux. Alors certes, cela prouve que ce sont des musiciens accomplis qui assurent autant sur scène qu'en studio, mais l'intérêt pour l'auditeur est anecdotique. Cerise sur le gâteau, l'album ne dure que trente minutes ! Ensuite, apparemment à cause d'un goût immodéré pour les interminables soirées arrosées, la cohésion et la santé du groupe est mise à rude épreuve, et là, au contraire de bien d'autres groupes qui en faisaient alors leur choux gras, il ne s'agit nullement de marketing. Ce n'est que trois ans plus tard, en 1993, que sortira leur second opus, l'excellent « Bitter Sweet & Twisted». Le groupe se dissout la même année ! Il se reforme en 1995 pour quelques concerts, et puis plus rien. Le chanteur et leader Spike réalise quelques disques en solo et en collaboration.
Ce n'est qu'à l'aube du XXIème siècle, suite à des concerts suscitant un nouvel et indéfectible engouement, ainsi qu'à l'édition d'un nouveau live cru très bien accueilli, Quireboys entama une nouvelle carrière, délaissa son côté "pub-campagnard" au profit d'une facette plus Heavy où l'ombre d'un AC/DC ère Bon Scott fait son apparition. Toutefois, en 2008 avec "Homewreckers & Heartbreakers", le piano refait son apparition pour un retour à un Rock plus Bluesy, comme l'aimait Ronnie Lane et Stewart.
P.S. : Quireboys est souvent comparé au groupe américain The Black Crowes, et parfois même accusé de s'en inspirer. Bon nombre d'influences des deux combos sont effectivement communes, mais rappelons toutefois que le groupe des frères Robinson s'est formé cinq ans après celui de Spike ; « Shake Your Money Maker » et « Fancy » sont sortis la même année 90, et ont eu tous deux 4 singles.
- 7 o'clok - 3:38
- man on the loose - 4:16
- whippin' boy' - 4:28
- sex party - 2:36
- sweet mary ann - 3:39
- i don't love you anymore - 5:01
- hey you - 3:20
- misled - 3:35
- long time comin' - 3:26
- rose & rings - 4:12
- there she goes again - 2:56
- take me home - 4:00
Groupe que je ne connaissais pas, découvert il y a quelques temps avec tes chroniques sur Amazon. Les Georgia Satellite anglais, si je m'autorise une comparaison. t je me l'autorise. Et je me l'autorise.
RépondreSupprimerTu connais la réédition Lost in Space + From Tooting to Barking? Ca vaut quoi?
RépondreSupprimerSeulement de vu... Je n'ai écouté ni cette réédition, ni les originaux.
RépondreSupprimerJe sais juste que "Lost in space" est la réédition d'un live et que "From Tooting to Barking" celle d'une compilation. A ce propos, il me semble que, dans le cas des Quireboys, une compilation est terriblement réducteur ; en effet, les compositions bancales de ce groupe se comptent sur les doigts d'une main. Après, c'est une question d'appréciation, savoir si l'on adhère au genre ou pas. J'avais lu par exemple que certains ne supportaient pas la voix de Spike (ce fut parfois le cas de Rod Stewart à ses débuts avant qu'il ne soit promus Star international...).
Sinon, le dernier studio "Homewreckers & Heartbreakers" fait partie des valeurs sûres.
Vu. Merci.
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