GIANT - "Trilogie" par Vincent Le Chameleon

Géant... Ou presque.

"Last of the Runaways" (1989) : Premier coup d'essai, premier coup de maître.

Il fut un temps ou M6 (la p'tite chaîne musicale qui montait) avait eu le très bon goût, en tout cas la bonne idée, de créer un programme composé exclusivement d'interviews et de clips de nos groupes de Hard préférés. Oui !!! Vous avez bien lu, que du Hard, rien que pour nous... les HARDOS. Du Heavy, du Glam ,du FM ,du Trash... Bref ! 1 heure de programme presque non stop chaque Vendredi soir vers 23h30. Boulevard du Hard que ça s'appelait. Ce programme inespéré était le parfait complément à une presse, elle aussi naissante, qui m'aura permis, comme à tant d'autres, de découvrir des groupes confirmés tel que Judas Priest, Iron Maiden, Deep Purple, etc... et d'autres formations encore balbutiantes, dont la carrière n'aura duré, pour certaines, que le temps d'un ou deux albums (le dicta de MTV déjà). C'est ainsi que je découvrais Kingdom come, Savatage, le début du phénomène Guns'n'roses et j'en passe. C'est donc lors de l'une de ces fameuses (sacrées) soirées que je découvrais aussi les américains de Giant. Au départ pas vraiment fana du style Hard FM, et encore moins dans ce qu'il pouvait compter de version Drag Couineuses (des noms !), je laissais pour une fois mes à prioris de côtés, me ruant sans trop d'hésitations sur le premier album de ce nouveau groupe, fort impressionné que j'avais été par le clip "I'm a believer" (musicalement parlant). J'ai bien dû me visionner ce morceau une dizaine de fois par semaine à l'époque. Mais l'album serait-il du même acabit ? A la première écoute du CD le verdict fut sans appel et effaça mes craintes; allant au delà même de mes espérances, grace au talent de son Leader, Dan Huff, chanteur et six-cordiste virtuose que certains iront même jusqu'à comparer avec Eddy Van Halen. Il faut dire que Dan Huff ne vient pas non plus de nulle part. L'individu avait déjà collaboré aux côtés de quelques grandes Stars en tant que musicien de session. Citons parmi eux Mickael Jackson, Madonna et même notre Nougaro national. Mais un bon instrumentiste ne signifie pas forcément "bonnes Compos". Dans ce cas précis SI !! (me souffle l'impératrice). Particulièrement inspiré, l'album, truffé de riffs et de mélodies imparables, est en plus porté par une production exemplaire. Dès lors que demander de plus ? La suite forcément.

"Time To Burn" (1992) : Le torchon brûlerait-il déjà ?

Le torchon !!? Quel torchon ? Celui des heures glorieuses du Hard estampillé FM pardi ! Le phénomène Gun'n'roses, Metallica, la déferlante du phénomène Grunge conduite par Nirvana... En 1992, tous s'activaient déjà à damer le pion de cette écurie là: Le Hard FM. Les modes se succèdent aux modes, les courants à d'autres courants. Le Music business orchestre tout ça depuis fort longtemps. Que faire alors en pareil contexte ?! Giant s'accroche, mais tout talentueux qu'il aura été, il n'échappera pas à cet état de fait: Ce Hard là a de moins en moins le vent en poupe. De là à dire que le titre de son deuxième album était prémonitoire... Autant le dire tout de suite, Time to burn caresse plutôt l'auditeur dans le sens du poil par rapport à son prédécesseur. Même si Dan Huff chante toujours avec force conviction et que son jeu de guitare continue de faire des merveilles. Time to burn est tout simplement moins porteur d'originalité et de cette audace dont avait fait preuve le groupe sur son premier essai. Plus FM qu'elles ne l'avaient été sur Last of the Runaways, ces nouvelles compos font que Giant ne se différencie plus autant qu'il ne l'était de ses concurrents. Le groupe se fond donc un peu plus dans la masse. Et si malgré tout, dans la plus part des cas, les 3/4 de ces titres atteignent le plus souvent leur cible, le Band des frères Huff semble, en 2 albums seulement, nous avoir déjà tout dit. Surprenant quand on connait le bagage technique de chacun de musiciens. Et ce n'est malheureusement pas avec III (bonjour l'originalité !), qui sortira 9 ans plus tard, que Giant inversera cette première impression. Soyez sans trop de craintes tout de même, car si vous aimez les bonnes mélodies, les chanteurs qui ont du coffre, les guitares incendiaires qui rugissent comme il le faut, le tout saupoudré de claviers discrets, Time To Burn est sans aucun doute fait (aussi) pour vous. Nota: La production de l'album reste un modèle du genre, bien qu'un ton en dessous de Last Of The Runaways. Mais c'est là chipoter.

"III" (2001) : 9 ans après, on prend les mêmes et on recommence.

A la sortie de son premier album, la presse spécialisée s'était empressée de qualifier Giant de nouveau "SuperToto", tandis que le guitariste/chanteur était hissé au rang de nouvel Eddy Van Halen. Si il est vrai que le talent des musiciens se situait bien au dessus de la moyenne du genre, tous ces superlatifs étaient quand même exagérés. Reste que ces 4 musiciens de studio m'avaient vraiment régalé de leurs 2 premiers disques: Hard rock FM millésimé et aux forts caractères. Seulement voilà ! Alors que parait ce "Chapter 3" 10 ans (ou presque) après Time To Burn, le groupe, amputé du claviériste Alan Pasqua, s'en revient là où il nous avait quitté. Et c'est bien là que le bat blesse, car si sa musique reste de qualité, le groupe n'apporte strictement rien de neuf. Pire ! Dan Huff nous refait le même genre d'intro incendiaire que celle figurant sur le titre "I'm A Believer" de l'album Last Of The Runaways, histoire sans doute de se rappeler à notre bon souvenir. Ok ! L'album n'est pas déplaisant, mais vu le pedigree et la maîtrise technique des gars, on était en droit d'en attendre autrement plus de leur part. Vous l'aurez compris, il n'y a pas ici un poil d'originalité, et cet album ne s'adressera qu'aux amoureux du genre... Il doit bien en rester !?

Dan Huff (guitare et chant). Musicien de studio on vous dit !

En 2010, Giant a publié un nouvel album intitulé Promise Land. Dan Huff, trop occupé, a désormais cédé sa place à Terry Brock (Strangeways, Seventh Key) et John Roth (Winger). Sans l'avoir encore écouté, je sais néanmoins que Dan a gratifié l'album de quelques interventions guitares et co-signé quelques titres. Sans apparemment avoir changer sa formule, les échos qui me seront parvenus, quant aux qualités du disque, tendraient à prouver qu'il est réussi. A vous de voir. Nota: La reprise du "Bad Case Of Loving You (Doctor Doctor)" de Moon Martin fait quasiment office de meilleur titre de l'album (même si "Oh Yeah !" n'est pas mal non plus). Un comble tout de même !