mercredi 19 janvier 2011

STEPPENWOLF "LIVE" (1970) - par Bruno

Le cri du loup

     L'hymne « Born to be wild » (un coup de génie), est un des titres les plus connus de la musique populaire du dernier tiers du siècle précédent. Ne serait-ce au moins par l'une des nombreuses reprises (BÖC, Slade, The Cult, INXS, Status Quo, Robbie Williams, Zodiac Mindwarp, Riot, Raven, Kim Wilde), ou la B.O du film culte « Easy Rider ». Ce serait dans les paroles de ce titre de 1968 que la presse américaine aurait trouvé un nouveau terme pour baptiser cette nouvelle musique naissante (exactement « Heavy metal thunder », le vraoum de la bécane, genre Harley ou Triumph, pas de scooter évidemment). Mais qui connait réellement, de nos jours, ce groupe novateur, en dehors de cette composition emblématique. Pourtant, les qualités de Steppenwolf ne se limitaient pas à ça. Alors que les paroles de « Born to be wild » sont du pur Rock'n'Roll (en somme assez futiles), d'autres sont ouvertement contestataires ; n'hésitant pas à dénoncer les déviances de l'administration américaine («Monster/Suicide/America » est un réquisitoire contre l'impérialisme économique américain), à dénoncer et à inviter au lynchage les dealers (« The Pushers »), dès 68 en plein smoke party national, à faire l'apologie de ceux qui refusèrent d'être enrôlé pour aller faire la guerre au Viet-Nam ("Draft Resister").


     A cet effet, on a parfois comparé Steppenwolf à MC5, ce qui agaçait John Kay (leader, compositeur, chanteur, second guitariste, et harmoniciste) qui les considérait, au delà de la qualité intrinsèque de leur musique, comme une bande de gamins excités, bravaches et puérils, au discours socio-politique sans fondement.

 

   Pendant longtemps, Steppenwolf a été considéré comme l'archétype du Rock made in USA (bien que deux membres fondateurs, Jerry Edmonton & Goldie McJohn, soient Canadiens, et John Kay un Allemand réfugié au Canada) . Non pas par la démesure qu'affichèrent certains autres célèbres groupes Heavy-Rock US de la des 60's et du début des 70's, ni par une agression sonore à la Blue-Cheer, ou Grand-Funk, ni par des soli démonstratifs à la Nugent, pas de culte du Guitar-Hero, encore moins par de super show grand-guignolesque. Mais par des guitares hargneuses et mordantes, par un orgue distordue, une basse lourde, et une musique plus menaçante que réjouissante ; une musique crue, sans esbroufes et pathos, bien que chargée d'électricité proche d'un relatif dépouillement (dans cette optique, il a parfois été comparé à Creedence). Les interventions en solo sont très rarement mises en avant, le groupe préférant la cohésion, voire un changement de rythme ou d'atmosphère, à des chorus solitaires. Néanmoins, son influence sur certains groupes de Heavy-rock US des 70's est indéniable (Blue Öyster Cult par exemple).
 
   La meilleure entrée en matière, pour s'initier à la musique de Steppenwolf, demeure leur live de 1970 (d'autres vous conseillerons "Monster"). Un véritable « Best Of » de leur âge d'or (4 albums de qualité de 68 à 69), tous classés dans les charts US, où toutes les compositions se sont étoffées. Comme si le format du studio les avait un tant soit peu canalisées, bridées.
Les titres sont ici transcendés, non pas par des exercices techniques ou des improvisations débridées, mais par un son qui prend en concert toute son ampleur. L'influence sous-jacente de la musique de San Francisco a été mise de côté au profit d'un son plus lourd. Loin des grosses distos ou fuzz, le groupe n'en dégage pas moins une impression de puissance. Aussi parce que les interprétations sont remarquables, et malgré quelques dératés (ambiance live oblige) font preuve d'une maîtrise pas toujours évidente chez les groupes de rock (surtout aujourd'hui...).
     Ce qui frappe d'entrée, c'est la voix impérieuse et menaçante de John Kay ; assez grave, maîtrisée, au rythme lancinant un peu comme Jim Morisson ou Iggy, et un ton semblant tantôt chargé de dépit, tantôt désabusé, tantôt de colère contenue, sombre, doté d'une force, sans jamais être poussé, brusqué.

     On peut rajouter que Kay se débrouille plutôt bien à l'harmonica et à la guitare. Ensuite, il y a la basse (Rickenbaker série 4000) de Nick St-Nicholas, très présente, plus percutante que lourde (quoique), prépondérante, imposant bien plus la rythmique que les claviers ou la guitare. Elle seul apporte un côté groovy au groupe. Et puis il y a ce jeu particulier des deux guitares tissant une singulière toile sonore de Country, Country-blues, Blues (celui du Wolf et de Muddy), Rock, Hard-rock (US, dont ils furent l'un des précurseurs), dénuée d'effets, si ce n'est l'apparition sporadique d'une talk-box (certainement une des premières fois sur une guitare, bien avant Frampton), ou d'une slide, rugueuse. Des guitares alternant entre arpèges bruts et riffs basiques et consistants.
Par contre, la batterie qui pourtant cogne durement et sèchement, déborde d'énergie, paraît légèrement « sous produite ». Tandis que les claviers (orgue), bien que partie intégrante du groupe, sont parfois couverts par les autres instruments (peut-être volontairement pour rehausser la rudesse de l'orchestration).
A l'époque son succès, et son aura, fut tel qu'il éclipsa la discographie studio du groupe (qui n'avait alors pas au moins un enregistrement sur K7 de ce live emblématique ? Assurément très peu).
     Un album indispensable pour tout amateur de double live et/ou d'Heavy-rock 70's.
A noter que d'autres compositions de Steppenwolf, tels que « Magic Carpet Ride », « Don't step on the Grass Sam Green », « The Pusher », « Desperation », furent également reprises par d'autres groupes, sans compter qu'il fût parfois également plagié.
P.S. : Leur nom vient d'une nouvelle d'Herman Hesse.
  1. Sookie, Sookie (3:09)
  2. Don't Step on the Grass, Sam (6:08)
  3. Tighten up your Wig (4:12)
  4. Monster (9:56)
  5. Draft Resister (3:46)
  6. Power Play (5:41)
  7. Corina, Corina (4:09)
  8. Twisted (5:02)
  9. From Here to There Eventually (6:40)
  10. Hey Lawdy Mama (2:59)
  11. Magic Carpet Ride (4:06)
  12. The Pusher (6:02)
  13. Born to Be Wild (5:43)




Born to Be Wild, bien sûr, l'hymne intemporel, un classique des classiques,



mais Steppenwolf ne se résume pas à ça.



7 commentaires:

  1. Shuffle mster19/1/11 12:22

    Steppenwolf, évidemment. A mon avis, et je le partage, un des plus grands (un son immédiatement reconnaissable, des compositions qui ont le statut de classiques, à la différence de ......, non, pas sur la tête....). Les deux premiers albums (réédités par BGO), qui fournissent une bonne part des morceaux du live, sont du même tonneau. Born to be wild est anecdotique et ne représente pas vraiment le groupe. J'ai un faible pour The Pusher.

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  2. à la différence de ..... ??
    J'ai connu le groupe grâce (comme beaucoup je pense) à la BO d'Easy Rider (et dans une autre mesure les reprises), avant qu'un pote ne me fasse découvrir ce double-live. Pendant longtemps, je ne connaissais que ce live, car impossible de trouver les autres disques. Il a fallu que j'attende les rééditions en CD pour découvrir enfin ces albums studio. Personnellement, de l'éponyme à Seven, j'ai adhéré (connais pas les suivants). Une réelle personnalité. Un groupe qui a sa place parmis les grands de cette époque.

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  3. groupe mythique, certes, certes.
    mais si on dit en français : "né pour être sauvaaaahaaaahaaageuuuuuhhhhh !!!"... tout de suite, ça le fait moins, on dirait du Ringo (Willycat, pas le "Starr"), et... on retourne se coucher... zzzZZZzzz...
    :oD

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  4. Ah Steppenwolf! découvert en 72 avec les premières séquences d'Easy Rider, inoubliable!
    J'ai un petit faible, ormis ce live of course! pour "The Second" que je réécoute souvent.Petit détail,la mélodie de "Magic Carpet Ride" est entièrement pompée sur le "Messin' with the kids" de Junior Wells, et quand je dis pompée s'est un euphémisme! Ah les vaches, il faut oser! mais bon y'a prescription!

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  5. JP tu confonds, c'est le titre "tighten up your wig" (le 3 du live) qui est copie conforme de "Messin with the kids", la premiere fois que je l'ai entendu j'ai cru que c'était une reprise! Mais bon ce genre d'emprunts est plutot courant,mais là il est flagrant

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  6. Effectivement, JP & Rockin', "tighten up your wig" ressemble fortement à "Messin' with the Kid". Et le pire, c'est que je n'avais pas fait cas. C'est que j'ai connu la version du Wolf avant l'original... mea culpa.
    Heureusement, qu'ils a des intervenants pour réparer les injustices. Thx.

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  7. Mea Culpa! Je sais toujours pas pourquoi j'ai cité "Magic carpet ride" alors que c'est bien entendu de "tighten up your wig" qu'il s'agit ici!

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