K-LED BÂ'SAM - "Nothing but the blues" (2006), par Luc B.

K-Led Bâ’Sam (28 ans à ce jour) est un autodidacte de la guitare, qu’il pratique dès l’âge de 15 ans. Petits groupes, concerts dans les bars, et il est remarqué par la presse blues en 2006. S’ensuit un voyage aux Etats-Unis, de belles rencontres, et en fin d’année, il produit son premier (et à ce jour unique) album. Le titre NOTHING BUT THE BLUES résume tout, à tel point qu’on recense à peu près trois millions d’albums de blues qui porte le même titre ! Du blues, et du meilleur, dans la grande tradition du genre, lorgnant plus vers Chicago que le Bayou. Pas de digression vers le rock, la soul, ou le funk (si peu…). Donc, rien de neuf me diriez-vous ? Ben… non, rien de neuf, mais du bel ouvrage.

Dès le premier titre éponyme, Bâ’Sam nous balance un riff à la Albert Collins, et le chant nous rappelle celui de Robert Cray. « I’m gonna leave you » flirte du côté d’Albert King. Et ainsi de suite, on retrouve tous les styles, les gimmick, les phrasés des grands maîtres du genre : Collins, Guy, BB, Freddy King… « Party in Paris » est un instrumental, boogie, presque jump, avec chorus de sax, hammond, piano… car pour son album, le chanteur/guitariste s’est entouré d’une belle équipe, et de cuivres. « From heaven right down to hell » avec une attaque vocale plus agressive et rauque n’aurait pas dépareillé sur un disque de Bill Perry. La tonalité de l’ensemble est plutôt enjoué, les tempos rapides, « Mean World » fait exception en donnant dans le blues plus lourdingue avec chorus de slide, et « My old friend » est un slow blues sur lequel K-Led Bâ’Sam place une voix plus fragile, au début, et on regrette qu’il ne chante pas tout le morceau sur ce registre, avec les interventions cristallines du piano par derrière. C’est sans doute sur son chant que K-Led Bâ’Sam devrait pouvoir progresser, trouver un ton personnel. Les titres sont chantés en anglais, et K-Led s’en sort plutôt bien de ce côté-là. L’album se termine par un « Make me believe you care » très swinguant, où le style Collins éclate à chaque mesure !


J’ai découvert K-Led Bâ’Sam au Festival Blues de Bagneux en 2007, où il faisait la première partie de la Chicago Revue, avec Lurie Bell à l’honneur ce soir-là. Il y avait aussi parmi les artistes français, Yann Cole (dont nous reparlerons ici), Gulliver Allwood (sax), tous issus du ONE WAY, club de blues parisien. La jam qui clôturait leurs prestations était de toute beauté. Des purs et durs, dévoués à la cause ! J’avais acheté le CD à la fin du concert, et voici que l’objet est aujourd’hui officiellement en vente en téléchargement un peu partout. Trois ans… putain… trois ans… Quand je pense à toutes les âneries qui sortent avant même d'avoir été écrites, avec plan-marketing clip/Star’Ac/Druker/NRJMusicDuCon… (Ah, on me dit dans l'oreillette que ce qui passe sur NRJ a bien été écrit, avant d'être diffusé... Autant pour moi...)

Un très bon disque de blues, chaleureux, plein de ferveur, avec des compositions originales, voilà qui fait plaisir à entendre. K-Led Bâ’Sam est assurément doué, élève très appliqué, et on lui souhaite de rentrer en studio encore de nombreuses fois. Et je précise que cet album auto-produit est techniquement irréprochable.

"Blues at sunrise" d'Albert King, filmé à Cognac. ("Albert, sors de ce corps" !)

Les photos qui illustrent cet article sont issues du site Internet du chanteur, que je me fais un plaisir de diffuser : http://www.kled-basam.com/

NOTHING BUT THE BLUES" enregistré, produit et réalisé par K-Led Bâ'Sam et Fabien Saussaye

12 tires (+1) : 50 minutes
K-Led Bâ’Sam : chant, guitare, basse
Fabien Saussaye : claviers
Faouzi Founes : guitare
Clive Govinden : basse
Julien Audigier : batterie
Roby Edwards & Gulliver Allwood : saxo
Invités : Juju Child (guitare) Joe Champ (guitare) Charles Pasi (harmonica)