mardi 22 juin 2010

WOODY GUTHRIE – " My dusty road " (coffret 4 CD , 2009) par Rockin-jl


Woody, le grand père des folksingers

Alors que la culture de masse qui nous est imposée coupe toute tête qui dépasse, fait taire - en ne les diffusant point - tout artiste qui a quelque chose à dire autre que « toi et moi , on s’aimera toujours très fort, mon amour » (vers emprunté à Pascal, Obispo pas celui des Pensées ), il est bon de se remémorer Woody Guthrie. Troubadour et poète américain (1912-1967), le plus important artiste folk de la première partie du 20 ème siècle et à la base d’une bonne partie de la musique populaire américaine de la seconde moitié.
Je ne vais pas ici dresser la liste de tous ceux qui l’ont chanté sinon ma chronique fera exploser ce blog, alors juste quelques noms parmi les plus connus : Joan Baez, Odetta, Peter, Paul & Mary, Johnny Cash, Dolly Parton, The Band, The Byrds, Ry Cooder, Donovan, Bob Dylan, Hot Tuna, Little Feat, John Cougar Mellecamp,Van Morisson, Bruce Springsteen, The Waterboys, Arlo son fils (figurez vous que j’ai téléphoné plusieurs fois à son fils pour écrire cette chronique et celui-ci répond toujours par « Arlo j’écoute..."), Wilco et en France, Graeme Allwright (qui aura aussi beaucoup fait pour Lonard Cohen et Dylan dans notre pays , chapeau et respect Graeme)



Comme tout amateur de Dylan, je devais me tourner un jour vers Woody, qui est son véritable père spirituel, Bob lui rendit d’ailleurs hommage sur son premier album dans "Song For Woody" et piochera largement dans l’œuvre de Woody (il a reprit une trentaine de ses titres) ou s’en inspirera maintes fois.
Sur la route dés l’age de 15 ans, Woody voyage d’Oklahoma vers la Californie avec des milliers d’autres Okies jetés sur les routes par la grande dépression (cf " Les raisins de la colère"), et s’engage dans la lutte politique, chantant pour les grévistes armé de sa guitare et de son harmonica, vite qualifié d’agitateur, il en tirera mille ennuis avec les autorités.
Il reprend ainsi le flambeau de Joe Hill, anar et poète qui finira fusillé en 1915 à Salt Lake City . Il sera ensuite une des figures de Greenwich village à New York où il rencontre les Leadbelly, Pete Seeger et autres pionniers du protest song naissant, il fera d’ailleurs parti des Almanac Singers avec Seeger. Entre rage et tendresse, il chante les gens simples, les conflits sociaux, l’injustice, la révolte, l’errance des hobos dont il a partagé la vie, l’amour aussi. Pas très facile à suivre à la trace il était du genre à descendre acheter des cigarettes à New York et réapparaître un mois plus tard à Frisco…
Woody qui inscrivait sur sa guitare "This Machine Kills Fascits" a écrit des dizaines de superbes chansons dont la plus connue est "This Land Is Your Land" qu’il écrivit en écho au trop angélique à son goût "God Bless America", chanson qui fut chantée en duo en janvier dernier par Springsteen et Pete Seeger à l’investiture d’Obama.

Alors venons en maintenant à ce coffret Rounder, 4 CD et un livret de 70 pages, présentés dans un beau packaging, une valise, déjà un beau résumé de la vie aventureuse du Woody.
On y trouve la digitalisation de nouveaux masters, retrouvés en 2003 dans une cave de Brooklyn, d’enregistrements réalisés par Guthrie pour Ash Records en Avril 1944 et le son est vraiment nickel, clair, sans parasites.

CD 1 : 13 titres, appelés "Greatest Hits" , titre un peu inapproprié d’ailleurs, avec notamment une belle version de "This Land Is Your Land".
CD 2 : 14 titres, "Woody ‘s Roots", des traditionnels, avec notamment les excellents "Buffalo Skinners" et "Chishom Rail".
CD 3 : 12 titres, "Woody The Agitator", comme son nom l’indique, des protest song et des chansons anti- nazis.
CD 4 : 15 titres," Woody, Cisco And Sonny", le trésor de ce coffret avec Woody en compagnie de ses vieux compagnons de route Cisco Houston et un Sonny Terry en grande forme dont l’harmonica enflamme les titres, des traditionnels pour la plupart.

Autant que du folk , on peut considérer Woody comme un des pionniers du blues au même titre qu’un Leadbelly ou un Charley Patton , d’ailleurs pourquoi vouloir le ranger dans le folk, à l’écoute on se rend compte qu’il passait d’un talking blues à un gospel ou à un traditionnel, en passant par de la country ou du blues rural .
N’hésitez pas à vous plonger dans l’œuvre de Guthrie, vous pourriez difficilement être déçus, sa musique transcende les genres, les âges, les époques, les nationalités et les races, en un mot elle est universelle.

Pour finir je laisse la parole à Joan Baez : "Il nous faut un nouveau Woody Guthrie aujourd’hui, le monde court à sa perte et c’est mon pays qui l’y conduit".


1 commentaire:

  1. Tu as tout dit !!!
    Un artiste in-con-tour-na-bleeeeeeeeeeuuuuuhhhhh !!!!!

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