Miami Vice
Cet album, trop longtemps oublié des ré-éditions est pourtant un véritable chef d'œuvre.
Enregistré en deux mois (mai-juin 1982) au studio Blank Tapes de New York et produit par Chris Stein (guitariste de Blondie), l'album sera finalement dans les bacs le 20 septembre 1982. Le line-up du groupe à l'époque c'est : Jeffrey Lee Pierce (chant), Ward Dotson (guitare), Terry Graham (batterie) et Rob Ritter (basse), ce dernier quittera le groupe avant la sortie de l'album (il décèdera d'une overdose en 1990) et c'est Patricia Morrison qui devient la bassiste du groupe.
Après le brulant "Fire Of Love" (1981), un peu brouillon, enregistré dans l'urgence mais devenu un véritable classique au fil des années, Jeffrey Lee Pierce décide de mettre un peu plus de profondeur dans sa musique et aidé par Chris Stein, le Gun Club va développer une plus grande sensibilité mélodique tout au long de cet album.
Le tempo est plus varié, des notes de piano apparaissent ici et là ainsi que des chœurs féminins assurés par Debbie Harry qui est créditée sur la pochette sous le pseudo de D.H.Laurence Jr.
Miami, la ville de Floride a inspiré Jeffrey Lee Pierce qui la considère comme "un cimetière des éléphants déguisé en paradis tropical", c'est un album qui sent la mort qui rôde, sombre, vénéneux et entêtant.
Dès le début du disque, les premiers mots de "Carry Home" la voix de Jeffrey, seule, nous transporte ... "Come down to...The willow garden with me...". Tout est là, c'est la magie du Gun Club qui jaillit de cet extraordinaire morceau, une voix déchirante remplie de sanglots et de légers trémolos qui nous donne des frissons, mélangée à des effluves lointaines de slide guitare et d' incroyables réverbérations qui nous font tourner la tête.
JLP chanteur et parolier fantastique n'oublie pas de nous envoyer quelques moments de pur rock'n roll sombre où il est question de rupture, du diable et de tristesse sur "Like Calling Thunder", "A Devil In The Woods" et "Bad Indian".
La reprise de Creedence Clearwater Revival "Run Through The Jungle" est véritablement transcendée par le groupe qui réussi même à donner une énergie nouvelle au vieux titre de John Fogerty avec les riffs de Ward Dotson tranchants comme une machette. "Texas Serenade" est une ballade country/punk remplie de tristesse avec des relents de slide guitare. En écoutant les incantations du sorcier possédé Jeffrey Lee Pierce et les percussions tribales sur "Watermelon Man" on se retrouve en plein cérémonial indien une nuit de pleine lune, en train de prier pour conserver son scalp. L'implacable "Fire Of love" carbonise tout sur son passage en seulement 2 minutes et 8 secondes, un brulot de rock exalté et surpuissant.
Après un "Sleeping In Blood City" d'une violence inouïe, l'album se termine en beauté avec le fantôme de Mr Mojo qui apparait tout au long de la sublime ballade slidée "Mother Of Earth" sur laquelle Jeffrey Lee Pierce semble avoir apaisé tous ses démons intérieurs qui le hantent.
Mais le chanteur du Gun Club, par la suite, s'enfoncera de plus en plus dans la boisson et les drogues en tout genre. Ward Dotson, le guitariste de l'époque déclarera plus tard : "je buvais plus que lui, mais je ne me comportais pas comme un idiot pour autant. Cela avait un effet différent sur lui. Il était fou de toute façon et cela ne faisait que le rendre encore plus cinglé. Il voulait être un junkie et un alcoolique. C'est une chose terrible de vouloir être ça, d'aspirer à devenir comme ça. Mais apparemment son vœu s'est réalisé, ça lui est arrivé"....
Jeffrey lee Pierce décèdera le 31 mars 1996 des suites d'une hémorragie cérébrale et ira rejoindre ses idoles de toujours, Jimi l'enfant vaudou, Robert Johnson et Jim Morrison.
NB : Cette ré-édition sortie en octobre 2009 et distribuée par Cooking Vinyl, elle comprend un CD bonus, un concert live enregistré le 27 avril 1982 au Continental (Buffalo, NY), le son est assez moyen, mais vu le prix modique du bel objet, on ne va certainement pas bouder notre plaisir.
*A lire également: Gun Club "pastoral hide seek" (1990)
Gun Club "larger than live" (2008)Jeffrey Lee Pierce "ramblin jeffrey lee"
Il me semble qu'il ne jouait pas "Mother of Earth"sur scène? Non? Merci Philou pour ces infos.
RépondreSupprimer