dimanche 27 juin 2010

BLACKBERRY SMOKE - "Little Piece Of Dixie" (2009) par Bruno




Le renouveau du Southern-Rock

Une nouvelle tendance semble s'être instaurée dans les contrées d'un Rock dit « Sudiste » (ou Southern-Rock). Ce Rock typiquement américain déjà gorgé d'influences diverses, loin d'avoir des œillères, a, au fil des années, su élargir son horizon en s'ouvrant à d'autres courants. En l'occurrence, un Heavy-rock typés 70's et le Hard-Blues, mais également Gov't Mule et Screamin' Cheetah Wheelies (qui sont déjà à la croisée des chemins). Ainsi les guitares se sont durcies, la batterie s'est parfois faîtes plus lourde, le son est dans l'ensemble plus gras, faisant plus volontairement usage de saturation mielleuse. Le précurseur de cette tendance est certainement Blackfoot (déjà fort décrié par les puristes de l'époque).


Ainsi, les Hogjaw, Tishamingo, Rebel Train (qui revendique également Zakk Wylde comme influence), Whiskey Myers, Bluestone & Co, les italiens de W.I.N.D et les regrettés Savoy-Truffle, s'inscrivent dans cette démarche. Et Blackberry Smoke pourrait faire office de fer de lance en confirmant avec leur dernier opus : « Little piece of Dixie ».


Blackberry Smoke fait le lien entre une certaine tradition, disons racines, et cette évolution. Tradition car on sent bien les influences country et blues (mais point de jazz, ni de psychédélisme), qui étaient indissociables de la plupart des cadors du genre dans les 70's, et évolution notamment par l'attaque et le son des guitares, bien plus typées Heavy-Rock. Ces dernières ayant indubitablement goûté aux joies de Gibsons crémeuses façon Tishamingo, Blackfoot, Gov't Mule, et même Black Crowes. Mais nettement plus Southern que ces trois derniers. Parfois plus proche d'un Whiskey Myers, mais avec un petit quelque chose de plus teigneux, « dirty ». Alors qu'avec « Sanctified woman » on pense irrémédiablement à Dan Baird (ils avaient déjà repris précédemment un titre des Georgia Satellites), « Restless » aurait pu être écrite par Ken McMahan, et « Like a Man » par un Bad Co, Dans l'ensemble, à rapprocher plus d'un Whiskey Myers et d'un Tishamingo, mais sans claviers. Une certaine nonchalance, qui n'empêche pas une application dans les voix et l'inter-action des guitares.

Le chant évoque Van Zant, mais également les deux Cody de Whiskey Myers. Les guitares (principalement Gibson : SG, Firebird, LesPaul Junior, J-200, et occasionnellement Telecaster, branchées sur des amplis Orange), plutôt que de jouer à l'unisson, se complètent en jouant souvent des parties distinctes, mais qui s'imbriquent.







A part trois chansons à peine plus longues, les titres tournent autour des 3,30 minutes. Autant dire que le groupe ne se perd pas dans des soli ou des joutes interminables. Alors que parfois on peut être saoulé par ce genre d'exercice, ici, au contraire, on aurait bien aimé que la paire de gratteux se lâche un peu plus, mais non. D'autant plus que la moindre et courte intervention soliste est brillante. A l'écoute des protagonistes, il est évident que ce n'est pas par manque de technique, mais tout simplement un choix délibéré. Seulement, la sobriété est plutôt inhabituel, rare, dans ce registre.

Au final, un excellent album de Southern-rock, concis, dense, qui s'écoute inlassablement, dépourvu de titres moyens, faisant souvent le pont entre les 70's et la scène revival des 90's.

Seul déception, l'absence de livret.

Leur 1er opus est du même acabit, avec un son légèrement plus rugueux, et 3 titres lives, et 2 bonus tracks, pour la récente réédition, qui valent leur pesant de pépites. (Leur second est plus une parenthèse country-rock).



Ci-contre : Charlie Starr montre fièrement la Dan Amstrong offerte par Sir Billy Gibbons


Notans qu'en concert, Blackberry Smoke apprécie les reprises : Lynyrd Skynyrd & Allman bien naturellement, mais aussi les Stones, Little Feat, Bad Company, et le Band (plus Georgia Satellites et Outlaws déjà repris sur leur 1er opus). Et on peut aussi admirer sur leur clip de « Sanctified Woman », les affiches de Black Crowes et de Mötorhead (bien que ces derniers ne soient aucunement reflétés dans leur musique). On peut également trouver sur le net, une excellente version acoustique de « Smoke on the Water », où non seulement, Charlie Starr (guitariste, chanteur, leader ?) chante comme Gillan, mais en plus, singe très bien Glenn Hughes. Juste pour démontrer que ce groupe ne se réduit pas à des Rednecks à œillères et élitistes (ce qui est rarement le cas dans ce genre de musique, malgré ce qu'à bien vouloir faire croire un temps une certaine presse musicale).







2 commentaires:

  1. Ah que voilà un comm qui me donne envie d'aller voir (ou entendre!) de plus près! Les références que tu mentionnes pour vanter ce groupe que, j'avoue ne pas connaître,me font penser que je devrais y trouver mon compte! De plus la video en rajoute une couche. Pas facile à trouver, mais j'ai réussi à dégoter les deux cd chez Compact Dixie, la référence VPC pour le southern-rock, (que tu dois connaitre!)
    Ces jours çi sur ma platine: Wiskey Myers(que je viens de découvrir), Joanne Shawn Taylor (une petite blondinette qui balance un blues réjouissant sur sa télécaster) et le grand Jackson Browne avec son live made in Spain! Amicalement

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  2. Salut Jean-Pascal.
    Si tu apprécies Whiskey Myers (excellent 1er opus !), je pense que Blackberry Smoke devrais te plaire ; il y a de nombreux extraits de concerts disponibles sur Youtube.
    Je suis effectivement un client modeste de Compact Dixie ; un site sérieux, envoi rapide (port en sus) et bon emballage. De plus, ils ont parfois des articles disponibles avant tout le monde.
    Va falloir que je me pense sur le cas Shawn Taylor.

    Signé : Bruno (transmis par Philou)

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