lundi 21 juillet 2025

NEIL YOUNG - Concert Paris 13-07-2025



C’était un honneur de voir le Loner… 

Un paquet de temps qu’il n’était pas venu en Europe. Il était ce 13 juillet à Paris, à la nouvelle aréna qui porte le nom d’une godasse de sport à trois bandes, dédiée au basket, vers la Chapelle. Endroit bucolique de la capitale qui concentre un maximum de fumeurs de crack au mètre carré. Contenance moyenne, 8000 places assises, bonne acoustique, bien que les guitares ce soir là étaient sacrément saturées, le Young n'a pas donné dans la dentelle.

Pour ce concert, pas de vidéo, pas d’écran (manque de logistique ?) ce qui a manqué un peu car Neil Young joue une casquette sans forme vissée sur la tête, la visière presque sur le pif. Il ne la retire qu'en changeant de guitare. Pas de première partie. Pas plus d’inspecteur Gadget que d’Inspector Cluzo (boom, Bruno, ça c’est pour toi!). En décor, un rideau en fond siglé Love Earth.

Début des hostilités à 19h30. Exit l'emblématique Crazy Horse qui l’a accompagné pendant 40 ans, place à The Chrome Hearts. A l’orgue Hammond le vétéran Spooner Oldham, 82 ans aux prunes, qui a joué avec Aretha Frankin, JJ Cale, Dylan, mais dont les plaqués d’accords étaient noyés sous la puissance des guitares. Micah Nelson à la guitare, c’est le fils de Willie Nelson, le bassiste Corey McCormick et le batteur Anthony LoGerfo. Il y a aussi sur scène un vieux piano bastringue (Micah Nelson y passera pour « Southern man »), et un harmonium.

Pas très affable le Neil, même pas bonjour. Qui entame direct avec le beau « Ambulance blues » sorti de l'album « On the beach » en mode semi acoustique, harmonica au bec. Un petit apéritif - de 8 minutes - avant de déchaîner les enfers sur « Cowgirl in the sand ». Young prend direct un chorus sur sa Old Black de 1953. C’est pas compliqué, un couplet / un chorus, ça nous amène à plus de 10 minutes, et ce sera comme ça toute la soirée. En gros, les titres folk sont en format court, les titres électriques s’étirent de solos free et telluriques. A noter qu’il est le seul, ni le clavier ni le second guitariste ne prennent de chorus, dommage.

Suivront « Be the rain », « When ou dance, I can really love », « Cinnamon girl »... au même régime. Dès qu’il prend un solo, Neil Young rejoint Nelson et McCormick, formant un bloc compact, à touche touche. Young a la bougeotte, avance et recule en pas heurtés comme un autiste courbé sur sa Gibson. Lui d’habitude vindicatif n’a pas causé de politique. A l’instar d'un Springsteen, on s’entendait à une diatribe bien sentie, mais non, juste un « How you doing out there ? », deux fois dans la soirée. Soit deux fois plus que Bob Dylan quand il est d’humeur.

Retour à la guitare acoustique avec le toujours splendide « The needle and the damage done », seul en scène, avec harmonica et une petite frayeur. D’un coup Young cherche à s’asseoir (un coup de chaud ?) et se pose sur un ampli de retour. Le groupe revient pour ce qui reste tout de même comme une des plus belles choses qu’on puisse entendre dans une vie, « Harvest moon » : « Because I'm still in love with you, I want to see you dance again... on this harvest moon » Arrffff... puis « Daddy went walkin' » et « Looking forward », tiré du dernier album de CSN & Y.

On rebranche Old Black pour le long swinguant et bluesy « Green sun » en mode John Lee Hooker, Micah Nelson est au second clavier, la voix de Young sort sur un mégaphone qui pivote vers le public, petit gimmick amusant. Après un « Love to burn » tiré de « Ragged and Glory », un clavier customisé de plumes d’ange en carton (du plus bel effet !) descend des cintres, Micah Nelson s’en empare, le balance d'avant en arrière sur le tube « Like a hurricane », là encore, on frise les 10 minutes. Young quitte la scène laissant la rythmique conclure (longuement) dans un brouhaha sonore. Deuxième coup de chaud, envie de pisser, contrariété ? 

On calme le jeu avec « Name of love »Neil Young s’installe en fond de scène à l’orgue à pompe, suivi du superbe « Old man » encore tiré de « Harvest », album dont on aurait aussi aimé entendre le sublime « Heart of gold », mais non. Est ce une impression, ou le Loner était contrarié ce soir là, lui qui avait exigé de jouer sa tournée en plein air, et relégué à Paris dans une salle fermée ? On présente rapidement tout le monde, bye bye, retour en coulisse.

Non mais oh, le mec ne va pas nous laisser comme ça ?! Ca hurle dans la salle, on attend un « Rockin’ in a free world » en guise de rappel comme il en a l’habitude pour cette tournée. Et ben non, ce sera un « Hey hey, my my » puissance mille, avec final cataclysmique, les cordes de la Gibson n’y survivront pas. 

Il y chante : « The king is gone (on cause d’Elvis) but he's not forgotten / Rock’n’roll is here to stay / Rock’n’roll can never die ». Amen.

La messe est dite, en un peu moins de deux heures, un goût de trop peu, mais l’octogénaire a prêché la bonne parole devant un public conquis. 


12 commentaires:

  1. Ah le veinard! J'ai eu la chance de voir Neil Young en 2016 au Zenith de Toulouse (tournée The Mosanto Years) j'en garde un souvenir impérissable . 3h 30 de concert . Son dernier disque tient encore la route , il passe au moins une fois par jour sur ma platine , même s'il faut bien reconnaitre que certains titres sont des copies d'anciens morceaux !

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    1. Et même parmi les anciens morceaux, la manière de les interpréter se ressemble aussi un peu. J'ai lu quelque part que N. Young se nourrissait de John Coltrane. Pas faux. Il prend son thème (l'intro, le riff) puis le développe à la guitare sur une rythmique métronomique, chante un couplet et repart triturer son riff, puis un couplet, puis re-guitare... En petite forme c'est 10 minutes minimum, de bonne humeur c'est le double !

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  2. Shuffle Master.

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  3. Shuffle Master.23/7/25 08:21

    Saisissant. Neil Young ressemble de plus en plus à mon beauf (les fringues, la casquette, la coupe de douilles, le bide). Et ce n'est pas - révérence parler - un compliment. Donc assez bruyant, si j'ai bien compris. Je reste assez sceptique sur ces tournées "d'anciens", mais bon. Quant à Harvest Moon, je ne supporte pas ce morceau, tout comme le disque du même nom, caricature gnan gnan de ce qu'il faisait dans les années 70. Quant à ses productions récentes, JP se montre bien compréhensif, sans doute eu égard au grand âge du monsieur. Dont je n'aurais pas dû lire l'autobiographie qui montre un type pas très sympathique. De toute façon, j'ai toujours préféré Stills, à qui on ne peut reprocher qu'une chose: Véronique Sanson. Dont le dernière prestation aux Francofoliest est pitoyable. Comme tout ce festival d'ailleurs (Aubert, les Souchon, Gaétan Roussel, les habitués quoi). That's all folks. Vendredi à Marciac, Kenny Wayne Shepherd. Mais il n'y a plus de place depuis un moment.

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    1. Ce ne sont pas des tournées d'anciens (comme Star 80 !), mais des anciens qui continuent de partir en tournée, nuance. Sans doute parce qu'ils ont fait ça pendant 50 ans, et qu'il n'y a pas de raison pour s'arrêter. Ils tiennent encore la forme, pourquoi s'en priver ? (tiens, j'ai repris une place pour Bob Dylan...). Je n’irai pas revoir les Stones, ou Deep Purple, déjà vus y’a 25 ans, et encore moins ACDC ou Scorpions… ça devient pathétique. Mais Young, Springsteen, ou Robert Plant en ont encore sacrément sous le pied (de micro).

      " j'ai toujours préféré Stills, à qui on ne peut reprocher qu'une chose : Véronique Sanson". Tu voulais dire, je suppose, qu'on pouvait lui reprocher une chose, d'avoir tapé sur la gueule de Véronique Sanson ?

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    2. J’aurais adoré voir Led Zep, Deep Purple, les Allman’s, Clapton (liste non exhaustive) … du temps de leur splendeur, mais y’a juste une incompatibilité temporelle indépendant de ma volonté… Donc comment on fait ? Les disques c’est bien, les vidéos sur Youtube c’est bien aussi quand la captation est de qualité (et si elle existe). Mais ça ne remplacera jamais un concert, en direct, devant tes yeux. Si quelques décennies plus tard les gars maitrisent encore leurs gammes, si ce n’est pas du foutage de gueule juste pour remplir les caisses, du concert au rabais avec trois tubes en playback, pourquoi ne pas se faire plaisir ?

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    3. Le Roberto Plant, vu hier soir. Agréable surprise, je m'attendais à pire. Vocalement, il a de beaux restes, il est sympa, communique beaucoup avec le public, très humble (le plus souvent dans la pénombre, pas tous les projos braqués sur lui, partage le micro avec Suzi Dian). Quelques titres du Zep (Ramble on, Friends, Four sticks, Gallows pole en rappel avec citations de Black dog et Whole lotta love, ...) sur lesquels j'avais a priori des doutes (reprendre du Led Zep avec banjo, contrebasse et accordéon, wtf, mais c'est bien réarrangé , ça le fait). Même une reprise du Loner (for the turnstiles) ... Alors qu'il pourrait se la péter superstar du rock, embaucher quatre bourrins tous potards sur onze, et massacrer pendant deux heures le répertoire du dirigeable ...
      Faut juste être à l'heure, 1 h 20 ttc rappel compris ...

      Ce qu'on doit surtout reprocher à Stills (et aussi à Young) c'est de s'être acoquiné avec les deux boulets Crosby et Nash et leurs titres soporifiques ...

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    4. J'avais vu Bob Plant il y a quelques années, je confirme la durée de la prestation, 1h25 pétantes. Mais richement remplies. Mec plutôt cool, très classe, assez impressionnant quand on l'a devant soit, et qui effectivement ne se la pète pas.

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  4. Tous ces (vieux) rockers se ressemblent tellement (casquettes, guitares, chemises débraillées à carreaux, barbes et chevelures plus ou moins fournies...)... Cela sent "bon" le Texas... Un p'tit RIP pour Ozzy ?

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    1. La chemise à carreaux est au rocker ce que la queue de pie est au chef d'orchestre. Quant à la guitare, c'est surtout vrai quand le gars est guitariste !

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  5. Hé Shuffle tu es à Marciac vendredi ? Moi je suis sur la route pour le concert de Santana et Shepherd. Il est vrai que j'ai ma place depuis un bout de temps! Jean Pascal

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    1. Shuffle Master.23/7/25 15:46

      Si j'avais pu avoir des places, oui....

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