vendredi 21 février 2025

BRIDGET JONES 4, FOLLE DE LUI (2025) de Michael Morris, par Luc B.


La revoilà ! Il y a un quart de siècle BRIDGET JONES déboulait sur les écrans, et on se lamentait : mais comment les anglais font-ils pour réussir des comédies drôles et impertinentes ? Y’avait Richard Curtis* au scénario, ça aide. Et puis il y a eu un 2, un 3, et maintenant le 4, toujours adapté des bouquins de Helen Fielding également co-scénariste. D’ailleurs, ce quatrième film est adapté du troisième roman, et le troisième film était tiré du quatrième… j’dis ça juste si vous tombez sur la question au Trivial Pursuit.

On ne reprend pas vraiment les mêmes pour recommencer, car entre temps le personnage de Mark Darcy (le mari à la fin du 3, joué par Colin Firth) est mort. Ce qui nous vaut au début une très jolie scène, Darcy est là, dans la maison de Bridget, présent mais à part, un peu comme Bruce Willis dans LE SIXIÈME SENS. Quand Bridget se rend à un dîner, elle retrouve son mari dans la rue, ils vont ensemble chez leurs amis, sonnent à la porte. Cut. Contre-champ, l’hôte ouvre la porte, dans l’encadrement, Bridget Jones est seule. Et on comprend…

Il faudra apprécier cette séquence inaugurale, car ensuite, question mise en scène Michael Morris ne se foule pas trop (le type n’a même pas une page sur le Wikipédia français, la honte). C’est bien fait, propre, un peu longuet parfois (plus de deux heures), mais désolé, nous ressortir pour la énième fois la scène de la fille qui fait son ménage sur le « Modern Love » de Bowie, un doudou en guise de micro, glisse en chaussettes, se trémousse furieusement et entraîne ses gamins dans le délire, c’est juste plus possible (un peu comme les scènes d’essayage en jump-cut en mode PRETTY WOMAN).

Bridget Jones est donc veuve depuis quatre ans, elle a deux enfants, les emmène à l’école en pyjama, on la zieute de travers, la honte. Le directeur M. Wallaker, psychopathe du coup sifflet autoritaire (Chiwetel Ejiofor) va rapidement fondre pour cette zinzin de Bridget. C’est tellement scénaristiquement téléphoné que je ne spoile rien. Le film joue évidemment sur la nostalgie, tous les personnages sont là, les acteurs sont les mêmes, picolent (moins) du blanc, ne clopent plus, conseillent à Bridget de refaire sa vie, trouver un boulot et un mec, en allant sur Tinder. Ca aussi on a l’impression de l’avoir vu cent fois.

Ce qui surprend, c’est le ton finalement assez sombre du film, centré sur le deuil de Bridget, mais aussi celui de son fils, qui traîne son chagrin sans trop savoir comment le gérer. C’est pas mal vu, parfois tire larmes, mais comme point de départ d’une comédie, on a vu mieux. Au registre comique, les turpitudes sentimentales de Bridget, qui se trouve un beau mec, beaucoup plus jeune. Scène très drôle quand l’apollon plonge dans un bassin récupérer un chien, en ressort au ralenti, retire sa chemise trempée, devant un parterre de quinquas langue pendante ! 

Si le comique tourne souvent autour du sexe, le film est devenu plus sage, moins incisif. Il est question de se caser, entrer dans la norme, pourquoi retirer à cette femme le droit de baiser qui elle veut sans se prendre le chou avec un mec à la maison ? Une Bridget qui défierait les conventions ne serait-elle pas légitime ?  

Il y a des moments drôles tout de même, les lèvres botoxées, la scène du parc avec les gamins coincés dans un arbre et Bridget qui escalade le tronc dans une position ridicule. Drôle aussi l'achat des capotes à la pharmacie, ou les fascicules alertant des maladies vénériennes qui tombent du sac, à chaque fois devant M. Wallaker qui feint de ne rien voir ! 

Le film multiplie les clins d’oeil à la saga, le pyjama, la culotte extra large, le pull de noël, le slim bleu dans la casserole, mais surtout les deux seconds rôles interprétés par Hugh Grant et Emma Thompson, Rolls de l’humour british. Lui, toujours lubrique, grossier, pochetron, qui apprend aux enfants la recette du cocktail alcoolisé « dirty bitch », elle, gynéco, qui apprend à la fille de Bridget (5 ans ?) à bien prononcer « syphilis » ! 

Par son mélange de romance, de drame, de larmes et d’humour, BRIDGET JONES 4 me fait davantage penser à LOVE ACTUALLY. On n'échappe pas à la séquence (émotion) du spectacle de Noël à l’école, et la réunion familiale qui suit... on verse dans le téléfilm de Noël sur TF1. Si les marqueurs de la saga sont présents, ils sont bien édulcorés. Mais on l’aime bien, Bridget, René Zellweger (aussi productrice) y est pour beaucoup, même si à la longue ses mimiques de pré-ado peuvent lasser. Il va falloir resserrer les boulons de la comédie si on veut revenir la voir dans 10 ans, en mamie retraitée.

* Richard Curtis est le scénariste (et parfois aussi réalisateur) de QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT, les deux premiers BRIDGET JONESLOVE ACTUALLYCOUP DE FOUDRE A NOTTIN HILLGOOD MORNING ENGLANDYESTERDAY. On a vu pire comme CV.



Couleur - 2h03 - format scope 2:39.


2 commentaires:

  1. Moi aussi j'ai du aller le voir étant de service d'accompagnement et pour la paix des ménages. J'étais le seul mec dans la salle sur un total de 8 personnes........C'est vrai que le film est trop long, quelquefois (ou souvent) ennuyeux, d'un scénario plus que maigrichon mais c'est plutôt bien joué par le personnage principal ainsi que les seconds rôles et on sourit quand même deux trois fois. OK que cela fait souvent penser aux téléfilms d'avant Noël mais plus ceux passant sur M6 (là je suis un spécialiste....!!!!!)

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  2. Salut Guy_W, comment as tu deviné que j'y suis allé aussi en trainant les pieds ? Mais moi j'avais passé un deal, ok pour Bridget, mais ensuite on va voir The Brutalist... Sauf que Madame s'est dégonflée devant les 3h35 de projection ! Bridget n'est pas déshonorant, mais je m'attendais à moins consensuel, et à rire davantage. Par contre, oui, les comédiens assurent. Y'a vraiment une différence entre les téléfilms de Noël TF1 et M6 (qui commencent à être diffusés en octobre !!) ? La nuance me m'avait pas sauté aux yeux !

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