mardi 14 janvier 2025

”Dracula Prince des Ténèbres” (1966) de Terence Fisher - par Pat Slade


Dracula, un mythe du cinéma d’horreur qui aura beaucoup d’interprètes mais Christopher Lee sera celui qui restera le plus dans la mémoire des cinéphiles .



Dracula : ”appelez moi mon Saigneur !“



Bram Stoker
Dracula est et restera un personnage récurent dans le cinéma d’horreur, tout comme le monstre de Frankenstein ou le lycanthrope nommé aussi loup-garou. Bram Stoker, Mary Shelley avaient l’imagination fertile et surement une bonne dose d’ennui pour écrire des histoires horrifiques qui créeront une psychose auprès des personnes impressionnables. Pourtant en cherchant dans l’historique, jamais un homme aux canines pointues, ne vivant que la nuit et dormant dans un cercueil ne fut recensé dans l’histoire du commun des mortels. Bram Stocker s'est juste inspiré de la vie de Vlad Tepes un prince roumain de Transylvanie qui avait la fâcheuse habitude d’empaler la tête des ses ennemies au bout d’un pieu, où quand il était encore plus cruel, la victime était vivante avant l'empalement, parfois par "le fondement" pour prolonger l'agonie. Mais d’où vient ce nom de Dracula ? Vlad Tepes aura un fils qu'il nommera Dracula ”Fils du dragon“.  

Mais trêve de faits historiques et revenons au cinoche. Le prince des vampires. Beaucoup d’acteurs ont interprété le saigneur de ces dames, mais peu auront autant marqué le personnage que Bela Lugosi dans ”La Marque du Vampire“ de Tod Browing en 1935

Pour l’anecdote, à sa mort, Bela Lugosi  sera enterré habillé dans sa tenue de vampire. (Humour noir : Peter Lorre envisagera de planter un pieu dans la poitrine de son vieux copain. Boris Karloff l'en dissuadera...). Autre acteur d'envergure : Gary Oldman dans ”Dracula“ de Francis Ford Coppola en 1992 et surtout Christopher Lee qui incarnera l’image emblématique du prince des ténèbres en ayant endossé dix fois le costume (et le dentier) du seigneur des Carpates. Même en 1976 dans le lamentable ”Dracula père et fils“ d’Édouard Molinaro avec comme partenaire Bernard Ménez

J’ai toujours été étonné que ”Dracula prince des ténèbres“ soit le second de la série réalisé par la Hammer, le premier étant ”Le cauchemar de Dracula“ en 1958 déjà réalisé par Terence Fisher. Que ce soit ”Dracula prince des ténèbres“ ou ”Le bal des vampires“ de Polanski  dans tous les films dédiés au comte à la canine féroce, les clichés sont toujours les mêmes : le miroir qui ne réfléchit pas l’image, le crucifix qui lui donne la nausée, l’ail (mais je ne me rappelle pas d'un film où Dracula finit comme un rôti piqué à l’ail), l’eau vive, la manière dont il ”mourra“ dans le second film, la lumière du jour, comme dans ”Le cauchemar de Dracula“ et pour finir, le pieu dans le cœur (comme il n’aime pas les crucifix, il ne peut pas être très pieu). 

Une chose que l’on ne peut lui enlever, il plait aux femmes. Il a un charme diabolique, certains films abordent le sujet comme ”Les maitresses de Dracula“ mais ce film ne met pas en scène Dracula lui-même mais le Dr Van Helsing seul en chaêron (Peter Cushing) et ”Dracula et les femmes“  titre original : ”Dracula Has Risen from the Grave“ (Dracula est ressuscité de la tombe). Le titre racoleur d'un film qui n’amène rien de nouveau à la série.

"A table !!!!"
Mais ”Dracula prince des tenebres“, même s’il reprend les éternels clichés, raconte l’histoire de deux couples qui se perdent dans une forêt en Transylvanie et se retrouvent dans le château du comte Dracula disparu depuis longtemps. Le sang frais d’un des ”invité“ servira de plat de résistance et redonnera, à son insu, et grâce à l’aide de son dévoué et fidèle serviteur Klove, la vie au sinistre vampire. Cette fois-ci, l'action se déroule intégralement dans les Carpates et Dracula reste dans les environs de son château ce sera un huis clos entre les murs de la forteresse.    

Il y aura pas un chasseur de vampire, Van Helsing (Peter Cushing déjà cité) qui était en tournage sur ”L’ile de la terreur“ avec Terence Fisher, il fallait trouver un intérimaire, un moine nomade, connaisseur des secrets occultes et des créatures de la nuit et comme c’est un homme de foi et qu’il est très pieu, ce sera lui qui enfoncera l'instrument vampiritueur dans le cœur des créatures à la dent longue. Un moine truculent et haut en couleur qui mettra un peu de rythme au film.

Barbara Shelley "ferme ta goule !!"
Les apparitions de Dracula sont rares et le réalisateur joue avec le spectateur en lui faisant croire qu’il apparait alors que c’est son serviteur vole la vedette. Entre Klove son serviteur poussiéreux et Ludwig un simple d’esprit enfermé dans le monastère du moine et qui comme repas dévore des mouches, le premier tiers du film est un peu plat. Il faudra attendre que la seconde victime qui sera Barbara Shelley, la figure emblématique des films de Fischer et de la Hammer soit mordue pour devenir une goule au service de son maître.   

Dracula n'aime pas l'eau vive ! 

Le scénario est plutôt bancal comparé au premier volet ”Le cauchemar de Dracula“, mais Terence Fischer arrive à sauver les meubles avec des scènes impressionnantes comme la résurrection du vampire, la mise à mort de la goule et la destruction de Dracula dans les douves gelées. Les décors sont splendides et les trucages pour l’époque particulièrement réussis, le genre gothique est incomparable. L’ambiance glaciale des films de la Hammer reste les mêmes avec sa musique toujours sinistre et inquiétante.

Ce sera le dernier Dracula réalisé par Terence Fisher, il fera d’autres films en se tournant plus sur le personnage de Frankenstein. Dracula, il ne fallait pas qu’il ait une dent contre vous, sinon vous vous seriez fait du mauvais sang.


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