Pour les plus jeunes, elle est connue pour un titre, pour les plus anciens
elle restera ”Irma la Douce“
Chansons Française et Libertinage
Irma la Douce |
Elle aurait eu cent ans le premier novembre dernier. Fille d’un
menuisier et d’une couturière, très tôt la musique fait partie de son
univers et elle fera ses études musicales en apprenant le violoncelle ;
mais elle abandonnera suite à une intervention chirurgicale. Elle vivra
de petits métiers et, poussée par un de ses employeurs,
elle participe à un radio crochet et le gagne. Pendant deux années elle
va essayer de s'imposer à la radio et dans la chanson, mais sans succès
et elle retournera dans la vie active comme sténodactylographe. Elle
devient la secrétaire de
Raymond Legrand qui fut le successeur
de Ray Ventura et qui lui fera
reprendre la chanson. En 1956 elle interprète le rôle d’Irma dans la
comédie musicale ”Irma la Douce“ de Marguerite Monnot qu’elle jouera
jusqu’en 1967.
Colette Renard s'impose dans la chanson
réaliste d’après-guerre, par sa voix particulière, mais aussi pour
son audace unique pour l’époque, elle est une des seules artistes à
avoir enregistré huit albums de chansons gaillardes, libertines et
polissonnes. En 1963, l'artiste chante ”Les Nuits d'une Demoiselle“, un titre entièrement consacré aux plaisirs du coït, côté
féminin. C'est lors d'un dîner avec l'écrivain et producteur
Guy Breton que
Colette Renard et son mari de
l'époque, le compositeur
Raymond Legrand, prennent le pari
d'enregistrer ce morceau et une dizaine d'autres aux paroles plus
que suggestives… "À la fin de la soirée, ils étaient tellement pressants que j'ai
fini par céder. Je leur ai dit : 'Bon,
je veux bien enregistrer, mais il faut que ça reste entre nous,
c'est juste pour rigoler'", s'est-elle souvenue. Les morceaux auraient pu ne jamais être
découverts par le grand public, oui, mais… Un jour, l'un d'eux est
diffusé à la radio, à la grande surprise de
Colette Renard, qui décide de
tenter le tout pour le tout et de chanter en public toutes les "chansons libertines" qu'elle a enregistrées. Un courage qui a été payant ! Elle
passera plusieurs fois à l’Olympia et à Bobino et elle partagera la
scène avec Georges Brassens.
Même si elle reste connue pour ses enregistrements
libertins, elle gravera dans la cire des chansons
typiquement parigotes comme dans l’album ”Paris-Montmartre “ en 1969
qui rassemble un panel des grandes chansons parisiennes
comme ”Un gamin de Paris“, ”La Complainte de la Butte“, ”Padam Padam“ou ”Sous le ciel de Paris“. Le timbre de sa voix et sa diction la rendait
reconnaissable dès le début d’une chanson. Elle était
éclectique, la chanson, le cinéma, le théâtre, la
télévision (Sa dernière apparition sera dans la série ”Plus belle la vie“). Elle enregistrera son dernier album en 2002 : ”Ceux qui s’aiment“ suivi d’un récital au Théâtre Déjazet qui sera son
adieu à la scène.
Une importante discographie, un tombereau de 45 Tours
dont le fameux ”Les nuits d'une demoiselle“ en 1963 qui reste sa chanson la plus connue,
une chanson paillarde qui comprend
sept couplets évoquant diverses pratiques sexuelles
uniquement par des périphrases et des métaphores. Guy Breton
le journaliste, écrivain et auteur des paroles aura
l’audace et le tour de force de parler de l’onanisme
et de l’orgasme féminin sans avoir recours ni à des mots argotiques ou
grossiers, ni à des formulations vulgaires.
Hospitalisée, elle meurt d’un cancer du cerveau en
2010 à l’âge de 85 ans.
Colette Renard reste dans la lignée des chanteuses à textes comme Cora Vaucaire, Lucienne Boyer ou Colette Deréal, mais ce sont des noms que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire