mardi 19 novembre 2024

COLETTE RENARD La douce libertine - par Pat Slade



Pour les plus jeunes, elle est connue pour un titre, pour les plus anciens elle restera ”Irma la Douce




Chansons Française et Libertinage



Irma la Douce
Elle aurait eu cent ans le premier novembre dernier. Fille d’un menuisier et d’une couturière, très tôt la musique fait partie de son univers et elle fera ses études musicales en apprenant le violoncelle ; mais elle abandonnera suite à une intervention chirurgicale. Elle vivra de petits métiers et, poussée par un de ses employeurs,  elle participe à un radio crochet et le gagne. Pendant deux années elle va essayer de s'imposer à la radio et dans la chanson, mais sans succès et elle retournera dans la vie active comme sténodactylographe. Elle devient la secrétaire de Raymond Legrand qui fut le successeur de Ray Ventura et qui lui fera reprendre la chanson. En 1956 elle interprète le rôle d’Irma dans la comédie musicale ”Irma la Douce“ de Marguerite Monnot qu’elle jouera jusqu’en 1967. 

Colette Renard s'impose dans la chanson réaliste d’après-guerre, par sa voix particulière, mais aussi pour son audace unique pour l’époque, elle est une des seules artistes à avoir enregistré huit albums de chansons gaillardes, libertines et polissonnes. En 1963, l'artiste chante ”Les Nuits d'une Demoiselle“, un titre entièrement consacré aux plaisirs du coït, côté féminin. C'est lors d'un dîner avec l'écrivain et producteur Guy Breton que Colette Renard et son mari de l'époque, le compositeur Raymond Legrand, prennent le pari d'enregistrer ce morceau et une dizaine d'autres aux paroles plus que suggestives… "À la fin de la soirée, ils étaient tellement pressants que j'ai fini par céder. Je leur ai dit : 'Bon, je veux bien enregistrer, mais il faut que ça reste entre nous, c'est juste pour rigoler'", s'est-elle souvenue. Les morceaux auraient pu ne jamais être découverts par le grand public, oui, mais… Un jour, l'un d'eux est diffusé à la radio, à la grande surprise de Colette Renard, qui décide de tenter le tout pour le tout et de chanter en public toutes les "chansons libertines" qu'elle a enregistrées. Un courage qui a été payant ! Elle passera plusieurs fois à l’Olympia et à Bobino et elle partagera la scène avec Georges Brassens.

Même si elle reste connue pour ses enregistrements libertins, elle gravera dans la cire des chansons typiquement parigotes comme dans l’album ”Paris-Montmartre “ en 1969 qui rassemble un panel des grandes chansons parisiennes comme ”Un gamin de Paris“, ”La Complainte de  la Butte“, ”Padam Padam“ou ”Sous le ciel de Paris“. Le timbre de sa voix et sa diction la rendait reconnaissable dès le début d’une chanson. Elle était éclectique, la chanson, le cinéma, le théâtre, la télévision (Sa dernière apparition sera dans la série ”Plus belle la vie). Elle enregistrera son dernier album en 2002 : ”Ceux qui s’aiment“ suivi d’un récital au Théâtre Déjazet qui sera son adieu à la scène.  

Une importante discographie, un tombereau de 45 Tours dont le fameux ”Les nuits d'une demoiselle“ en 1963 qui reste sa chanson la plus connue, une chanson paillarde qui comprend sept couplets évoquant diverses pratiques sexuelles uniquement par des périphrases et des métaphores. Guy Breton le journaliste, écrivain et auteur des paroles aura l’audace et le tour de force de parler de l’onanisme et de l’orgasme féminin sans avoir recours ni à des mots argotiques ou grossiers, ni à des formulations vulgaires.

Hospitalisée, elle meurt d’un  cancer du cerveau en 2010 à l’âge de 85 ans.

Colette Renard reste dans la lignée des chanteuses à textes comme Cora Vaucaire, Lucienne Boyer ou Colette Deréal, mais ce sont des noms que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre. 




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