mardi 8 octobre 2024

TOUT LE MONDE N'A PAS EU LA CHANCE D'AVOIR DES PARENTS COMMUNISTES de Jean-Jacques Zilbermann (1993) - par Pat Slade


Pour ma 600ème chroniques (hé oui, déjà !), une bonne comédie politiquement correcte ou l’humour l’emporte sur l’idéologie.



La Vie en Rouge !

J’aime beaucoup ce film et j’ai un lien avec lui. Le scénario à été primé dans le cadre du Prix à la Création de la Fondation Gan, l’entreprise d'assurance dans laquelle je travaillais à l’époque et où je voyais passer les affiches et autres merchandising.

Nous sommes projetés en pleine guerre froide en 1958 et les français vont devoir par référendum voter l’adoption, ou pas, de la constitution de la future  Ve République (Une constitution qui n’est peut-être pas toujours appliquée de façon concrète de nos jours dirait Nema 😊). C’est à ce moment qu'entrent en scène les protagonistes de cette histoire. Vers la fin des années 50, le communisme emballait un quart des électeurs français, le PCF était au sommet de sa puissance. Pour les militants de base, l’avènement de l’Homme nouveau n’était pas une spéculation idéologique. C’était une certitude, mais quatre ans plus tard Alexandre Soljenitsyne publiera ”Une Journée d’Ivan Denissovitch“ et révélera l’existence des goulags, ce qui remettra en question l’idéal réel de l’idéologie communiste auprès de ses militants.       

Mais revenons en 1958 et regardons pas le petit coté de la lorgnette cette famille ci-contre. Bernard (Maurice Bénichou) petit commerçant vendeur de chaussures lit France-Soir et est le gaulliste dans toute sa splendeur. Irène lit l'Humanité (Josiane Balasko), elle n’est pas une simple sympathisante, c’est une militante pure et dure, la vraie croyante communiste. Lui plébiscite le retour du général de Gaulle au pouvoir, elle, ne rêve que de la dictature du prolétariat. Ils s’aiment, mais sont comme chien et chat ou plutôt comme Don Camillo et Peppone, ils sont politiquement incompatibles. Les seules personnes à tourner dans leurs petits appartements ne sont que des militants et amis(e) d’Irène comme Régine (Catherine Hiegel) ainsi que son frère l’oncle Charlot (Jean-François Dérec) et tout les chicaneries ont lieu sous les yeux de leurs fils, le petit Léon qui sera souvent le ressort comique du film, ainsi quand son père paie son fiston pour aller crier ”Vive de Gaulle“ au nez de sa mère.

Il y a-t-il eu des couples gaulliste-communiste à l’époque ? Possible, mais ils devaient être aussi rare qu’un cheveu sur le crâne de Khrouchtchev. Ce film est un voyage dans le temps, une immersion dans une ferveur disparue, au plus près d’une espèce presque aussi éteinte, celle pratiquant la vraie croyance communiste. Mais il  n’y a rien de condescendant, ni de démonstratif. Un couple avec leurs coups de gueules et leurs divergences d'opinions politiques le met à mal. Entre Irène et Bernard, se glisse ainsi le spectre de la dictature qu’ils rejettent.  Leurs disputes, les efforts d’Irène pour faire triompher le ”non“ au référendum une époque charnière plutôt rarement représentée au cinéma.

Un film en forme de chronique intimiste, un portrait affectueux, à peine teinté d’ironie, d’une mère de famille naïve et d’un mari bougon qui a des problèmes pour gérer sa boutique. Mais l’histoire va changer quand les chœurs de l’armée Soviétique feront un concert à Paris et que le chemin d’Irène croisera celui de trois soldats de l'ensemble vocal. Cette dernière avait été libérée par les russes des camps de concentration, et elle s’amourachera de l’un d’entre eux. Il était russe, il était beau, il sentait bon la faucille et le marteau et cela va déclencher la guerre froide au sein de son foyer. Bernard jaloux va tout faire pour récupérer sa femme des bras du soldat à la belle gueule et à la voix de stentor. Cette romance platonique ne servira qu’à confronter l’idéalisme de l’héroïne à une réalité à la fois intime et politique. Pour Irène le fantasme Soviétique restera une histoire sans lendemain. Tout rentrera dans l’ordre ou presque puis que Bernard à la fête de l’Humanité prendra sa carte du parti à la grande joie d’Irène.

Un joli film où les acteurs sont excellents sans exception : Maurice Bénichou en mari dépassé par les idéaux de sa femme, Josiane Balasko tout feu, tout flamme, qui tient là l’un de ses meilleurs rôles (du moins je trouve). Même les seconds rôles sont irréprochables, Jean-François Dérec dans le rôle du frère loufoque, Catherine Hiegel en vieille fille militante et même Jeremy Davis qui joue le rôle du jeune fils d’Irène.   
 
Entre rififi politique et vie quotidienne, cette tendre comédie, le premier long métrage de Jean-Jacques Zilbermann, est un pur plaisir à revoir. Alors debout les damnés de la terre !!!        



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire