Pour ma 600ème chroniques (hé oui, déjà !), une bonne comédie
politiquement correcte ou l’humour l’emporte sur l’idéologie.
La Vie en Rouge !
J’aime beaucoup ce film et j’ai un lien avec lui. Le scénario à été primé dans le cadre du Prix à la Création de la Fondation Gan, l’entreprise d'assurance dans
laquelle je travaillais à l’époque et où je voyais passer les affiches
et autres merchandising.
Nous sommes projetés en pleine guerre froide en 1958 et les
français vont devoir par référendum voter l’adoption, ou pas, de la
constitution de la future Ve
République (Une constitution qui n’est peut-être pas toujours appliquée de façon concrète de nos jours dirait Nema 😊). C’est à ce moment qu'entrent en scène les protagonistes de cette
histoire. Vers la fin des années 50, le communisme emballait un quart des électeurs français, le PCF était au sommet de sa puissance.
Pour les militants de base, l’avènement de l’Homme nouveau n’était pas
une spéculation idéologique. C’était une certitude, mais quatre ans plus
tard Alexandre Soljenitsyne
publiera ”Une Journée d’Ivan Denissovitch“ et révélera l’existence des goulags, ce qui remettra en question
l’idéal réel de l’idéologie communiste auprès de ses militants.
Mais revenons en 1958 et regardons pas le petit coté de la
lorgnette cette famille ci-contre. Bernard (Maurice Bénichou) petit commerçant vendeur de chaussures lit France-Soir et est le
gaulliste dans toute sa splendeur. Irène lit l'Humanité (Josiane Balasko), elle n’est pas une simple sympathisante, c’est une militante pure et
dure,
la vraie croyante communiste. Lui plébiscite le retour du
général de Gaulle au pouvoir,
elle, ne rêve que de la dictature du prolétariat. Ils s’aiment, mais
sont comme chien et chat ou plutôt comme Don Camillo et Peppone, ils sont
politiquement incompatibles. Les seules personnes à tourner dans leurs
petits appartements ne sont que des militants et amis(e) d’Irène comme
Régine (Catherine Hiegel) ainsi que son frère l’oncle Charlot (Jean-François Dérec) et tout les chicaneries ont lieu sous les yeux de leurs fils, le
petit Léon qui sera souvent le ressort comique du film, ainsi quand
son père paie son fiston pour aller crier ”Vive de Gaulle“ au nez de sa mère.
Il y a-t-il eu des couples gaulliste-communiste
à l’époque ? Possible, mais ils devaient être aussi rare qu’un
cheveu sur le crâne de Khrouchtchev.
Ce film est un voyage dans le temps, une immersion dans une ferveur
disparue, au plus près d’une espèce presque aussi éteinte, celle
pratiquant la vraie croyance communiste. Mais il n’y a rien de
condescendant, ni de démonstratif. Un couple avec leurs coups de
gueules et leurs divergences d'opinions politiques le met à mal. Entre Irène et Bernard, se glisse ainsi le spectre de la dictature
qu’ils rejettent.
Leurs disputes, les efforts d’Irène pour faire triompher le
”non“ au référendum
une époque charnière plutôt rarement représentée au cinéma.
Un film en forme de chronique intimiste,
un portrait affectueux, à peine teinté d’ironie, d’une mère de famille
naïve et d’un mari bougon qui a des problèmes pour gérer sa boutique.
Mais l’histoire va changer quand les chœurs de l’armée Soviétique feront
un concert à Paris et que le chemin d’Irène croisera celui de trois
soldats de l'ensemble vocal. Cette dernière avait été libérée par les
russes des camps de concentration, et elle s’amourachera de l’un d’entre
eux. Il était russe, il était beau, il sentait bon la faucille et le
marteau et cela va déclencher la guerre froide au sein de son foyer.
Bernard jaloux va tout faire pour récupérer sa femme des bras du soldat
à la belle gueule et à la voix de stentor. Cette romance platonique ne
servira qu’à confronter l’idéalisme de l’héroïne à une réalité à la fois
intime et politique. Pour Irène le fantasme Soviétique restera une
histoire sans lendemain. Tout rentrera dans l’ordre ou presque puis que
Bernard à la fête de l’Humanité prendra sa carte du parti à la grande
joie d’Irène.
Un joli film où les acteurs sont excellents sans exception :
Maurice Bénichou en mari dépassé par
les idéaux de sa femme,
Josiane Balasko tout feu, tout
flamme, qui tient là l’un de ses meilleurs rôles
(du moins je trouve). Même les seconds rôles sont
irréprochables,
Jean-François Dérec dans le rôle du
frère loufoque, Catherine Hiegel en
vieille fille militante et même
Jeremy Davis qui joue le rôle du
jeune fils d’Irène.
Entre rififi politique et vie quotidienne, cette tendre
comédie, le premier long métrage de
Jean-Jacques Zilbermann, est un pur
plaisir à revoir. Alors
debout les damnés de la terre !!!
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