lundi 26 février 2024

OCÉAN DE VERITÉS de Andrea de Carlo (2006) - par Nema M.


Week-end gris et froid, une sortie décommandée par une copine qui a la grippe, des informations à la télé qui passent de la colère des paysans français, aux manifestations des écologistes au sujet d’on ne sait plus quoi en passant par des émeutes en Afrique, Sonia a un petit coup de mou et dit à Nema qui travaille sur un plan de chantier de pont :

- Ça me saoule ces infos qui tournent en boucle. Tu n’aurais pas une idée pour me changer les idées ?

- Bouquine. Tiens, voilà un roman qui va te faire bouger. Dit Nema en jetant au hasard un livre pris sur l’étagère au-dessus de sa tête.

- "Océan de vérités" ? C’est sur quel sujet ? demande Sonia.

- Euh… La faim dans le monde…


Palais du Saint-Office à Rome
(ex palais de l'inquisition 😲)

Dis comme ça, le roman est très, très, très résumé. Lorenzo, le héros raconte ces quelques jours où il devient un aventurier, style Da Vinci Code…  

Par un coup de téléphone Lorenzo apprend le décès de son père. Comme ça, à brûle-pourpoint, son frère Fabio l’appelle et lui dit que « Papa est mort » et qu’il doit venir le plus vite possible à Rome. Teo Telamari, éminent épidémiologiste spécialiste du sida, veuf depuis seulement deux ans et père de Lorenzo et Fabio, ne présentait aucun signe avant-coureur laissant présumer d’un évènement aussi rapide. « Infarctus » dit Fabio. Lorenzo dégage rapidement la neige et saute dans son pickup pour rejoindre la capitale. Après quelques années d’enseignement de l’histoire, il a embrassé la carrière de navigateur et s’est réfugié dans les Apennins pour écrire un livre sur l’histoire des naufrages. De deux ans son cadet, Fabio a décidé de s’engager dans une carrière politique au sein du parti de la Myrte Démocratique. Carrière qui grimpe en flèche.

Avec cet encombrant pickup Lorenzo a un peu de mal à circuler dans la ville de Rome. D’autant qu’il en a perdu l’habitude. Il arrive à l’appartement de ses parents, il retrouve son frère et sa belle-sœur Nicoletta, quelques amis et collègues de son père, Nadine la secrétaire et maîtresse de son père, d’autres personnes compassées… Il se sent un peu décalé. Les funérailles sont organisées, la famille se retrouve au cimetière et en partant, Lorenzo est accosté discrètement par une jeune femme aux cheveux frisés couleur miel dépassant d’un bonnet de laine. De façon très rapide elle lui dit qu’elle le recontactera. Elle s’appelle Mette


PickUp (modèle 1990)

Fabio et Nicoletta forment le couple moderne, parfait, reflet de la bonne société romaine. Ils ont un fils, Tommaso, un adolescent plus passionné par le foot qu’autre chose, des domestiques, un grand appartement dans une résidence fermée. De l’ambition et un soin du paraître exorbitant. Nicoletta, toujours impeccablement maquillée et coiffée, avec un sourire conventionnel œuvre comme présentatrice de documentaires scientifiques à la télévision, tandis que Fabio accompagné de son assistant parlementaire court à droite et à gauche pour se mettre en avant, répondre à la presse, suivre sur l’un de ses nombreux portables tout ce qui se passe, tout ce qui se dit à son sujet. Lorenzo est invité à passer quelques jours chez eux, dans leur intimité. Ce sera l’occasion pour lui de voir autrement Nicoletta, et de retrouver (ou pas) dans Fabio le cadet avec lequel il était si complice autrefois.

 

Mette est activiste chez Stopwatch, une organisation de défense de la terre. Elle, et Jorge son fidèle ami et compagnon de longue date dans cette lutte pour la sauvegarde de la planète, dévoilera à Lorenzo l’existence d’un mémorandum écrit par le cardinal Ndionge, religieux sénégalais mort du sida et qui avait été un ami de Teo Telamari. Pour Mette et Jorge, ce manuscrit, ou au moins une copie, est chez le père de Lorenzo. Ils ont connu le secrétaire du cardinal qui a effectué des copies de ce manuscrit au Sénégal. 


Port de Bastia par gros temps

Or ce document est très important au regard de Stopwatch qui voudrait pouvoir en organiser une large diffusion. En effet, il met en évidence le caractère criminel de prêcher contre le préservatif en Afrique, alors que la population mondiale ne fait que croître et que les ressources pour nourrir cette population ne seront pas suffisantes. Lorenzo adhère à leur cause. Mais il semble que le Vatican et certains partis politique (dont celui de Fabio ?) ne voient pas du tout les choses de la même façon. Le poids de l’église traditionnaliste est important et le sujet est totalement tabou.

 

Alors on plonge dans des évènements graves : cambriolage chez Teo Telamari, puis chez Nadine, disparition du manuscrit, incendie du local de Stopwatch à Rome, morts très suspectes de certaines personnes… Lorenzo se verra remettre par Nadine une photo de son père avec quelques annotations, juste avant que celle-ci ne quitte l’Italie pour rentrer en Suisse son pays d’origine, avec l’amertume de quitter cette Italie qui l’a déçue. La situation s’aggrave très vite et Lorenzo et ses amis de Stopwatch sont poursuivis. Fuite en voiture, avec la Fiat de Nicoletta puis refuge dans une villa de bord de mer là encore grâce à l’aide de Nicoletta. Malgré l’insistance ce celle-ci et de Fabio, Lorenzo ne veut pas abandonner la recherche du manuscrit. Il y aura un voyage en voilier de nuit, dans la tempête pour passer de l’Italie à la Corse. Un épisode stressant avec la gendarmerie et la capitainerie de Bastia, une séparation fortuite, une arrivée quasi clandestine à Marseille pour partir aussitôt au Portugal… Et à la fin, je vous rassure, Lorenzo retrouve Mette. « Happy End ».  



Ce roman est très agréable à lire et en même temps très italien. Je vous préviens, Lorenzo est un bel italien, donc plutôt sensible à la gent féminine… En plus du suspens genre thriller, il y a cette description des relations et du fonctionnement du monde de la politique et des médias qui donne une image assez noire des petites magouilles autour du pouvoir. Enfin, petites magouilles qui vont quand même jusqu’au meurtre.

 

Andrea de Carlo est né à Milan en 1952. Il a été assistant de Fellini, aime le rock et a écrit de nombreux romans… ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues. La traduction par Myriam Tanant d’Océan de vérités met bien en relief le caractère fougueux de Lorenzo et de son frère par exemple. Il n’y a plus qu’à imaginer qu’ils parlent aussi avec les mains…

 

- Grasset
- 345 pages 



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