lundi 17 juillet 2023

GUNS N' ROSES - La Défense Arena, 13 juillet 2023

Je suis rentré dans l’Arena de la Défense vers 17h30, pour en ressortir lessivé six heures plus tard. C’est plus d’mon âge. En tête d’affiche les Guns N’ Roses, pour une reformation sûrement très lucrative. Mais en première partie, le groupe Generation Sex. Avec un nom pareil, on s’attend à une performance libidineuse. Mais non. C’est la contraction de Generation X et de Sex Pistols.

Déboulent sur scène, avec un quart de retard, Billy Idol et Tony James, respectivement chanteur et bassiste de Gen X, Paul Cook et Steve Jones, batteur et guitariste des Sex Pistols. Logiquement, ça devrait envoyer du lourd. Et ça a. Billy Idol, 67 ans aux nougats, tout sourire, svelte, il porte encore beau, les tifs toujours en brosse et la babine aguicheuse à la Elvis. Tony James est plutôt maigrichon, tignasse grisonnante et Ray Ban. Derrière ses fûts qu’il martèle comme un sauvage, Paul Cook sue à grosses gouttes, les rides plus profondes que le Grand Canyon. Steve Jones lui, arborant un tee shirt floqué de la feue Elizabeth II, a un tour de bide égal aux trois autres réunis.

L’écran derrière la scène diffuse des images d’archives des loustics au mitan des 70’s, on les voit jeunes et téméraires, fallait oser se confronter à leur propre image. Finalement, il y avait un futur. Ils entament avec « Pretty vacant » des Pistols, et en une heure de show, déverseront 13 titres alternant entre les deux répertoires. Billy Idol ne chantera pas de titres de sa carrière solo, lui qui a pourtant une belle collection de tubes.

Le son est cradingue à souhait, un peu trop d’écho sur la voix, une guitare très en avant, on entend à peine Tony James, qui de toutes façons ne joue que sur une corde. On a eu droit à une coupure de la sono, laissant les mecs jouer dans le vide (personne ne les a prévenus ?) ce qui ne semblait pas les gêner ! Ils en ont vus d’autres. On a eu « Ready steady go », « Dancing with myself », « Silly things », l’incontournable « God save the Queen », Steve Jones prend la parole pour évoquer son pote Sid Vicious avant de balancer « My Way ».

Billy Idol était visiblement ravi d’être là, haranguant la foule, il arpentait la scène d’un bout à l’autre, mais comme Generation Sex n’était qu’une première partie, la logistique était à minima, seul le milieu de la scène était éclairé, pas de poursuite, laissant le chanteur dans l’ombre la plupart du temps. Ca frise le scandale. Mais les mecs ont tout donné et le public leur a bien rendu. Ces mecs sont vraiment des héros, revenus de tout, ils y croient encore et y croiront jusqu’à leur dernier souffle.

Changement de plateau. Vingt rodies changent le matos, un gars passe un coup d’aspirateur sur scène. Pub subliminale pour Dyson ? 19h45 les Guns entrent en scène. Ils ne la quitteront que 3h30 plus tard.

Axl Rose a les cheveux courts, d'une blondeur pas d’origine. Slash semble momifié dans le temps, Ray Ban miroir, chapeau haut de forme ad hoc, et bouclettes brunes. Le même coiffeur que Brian May ? Souvent filmé en contre-plongée pour bien apprécier le triple menton. Duff McKagan hyper classieux à la basse, en marcel floqué « Generation Sex » prendra le micro pour une reprise des Stooges « TV Eyes », pendant que Axl changera de tee-shirt, il en portera une dizaine différents pendant le concert. Richard Fortus tient la seconde guitare, clone de Ron Wood, même gestuelle, jouant jambes fléchies, presque cul à terre, cheveux corbeau.

Et dans l’ombre à l’arrière scène, comme s’ils étaient pestiférés, Franck Ferrer à la batterie (qui abat du bon boulot, sobre), Dizzy Reed aux claviers et Melissa Reese aux synthé et chœurs. A part deux titres, on n’entendra rien des claviers (piano et orgue Hammond) totalement sous-mixés. Sur la fin, les rodies installent pour Axl un piano à queue pour « November rain », très beau.

Les Guns vont passer en revue leur discographie, premier climax avec « Welcome to the jungle », et quelques reprises comme « Live and let die » des Wings (très grosse ovation), « Down on the farm » de UK Subs, « Wichita Lineman » de Jimmy Webb, en conclusion de « Civil War » sur fond de drapeau ukrainien Slash lâchera le riff de « Woodoo Child ». Et sur « Rocket Queen » il nous fera le coup de la talk box, effet toujours impressionnant pour ceux qui ne connaissent pas le "Do you feel like we do" de Peter Frampton. Slash, qui est la star de la soirée à l’applaudimètre, s’accapare 95% des chorus. Pourtant, Richard Fortus m’a paru plus inspiré, seulement trois chorus, mais parfaitement amenés, construits, nuancés (les deux guitaristes ferraillent sur « Knockin’ on heaven’s door ») quand Slash s'enferme trop souvent dans la pure virtuosité technique, la surenchère de vitesse, comme dans son moment « Solo » qui rappelle le "Boogie chillum" de Freddy King, le swing en moins, qui frise la démonstration inutile.

Axl Rose s’évertue à courir d’un bout à l’autre de la scène, en mode derviche tourneur, sans paraître essoufflé, lance quelques sourires sarcastiques, parle peu. Mais il a gardé son déhanché, ses œillades insolentes, ça fait plaisir à voir.  On est pourtant surpris par le manque de connivence entre les musiciens, chacun semble jouer dans son coin, impression renforcée par les deux écrans à la verticale (quelle idée !) dont le format ne permet de cadrer qu'un musicien à la fois. Il y a visiblement un vieux contentieux entre Axl et Slash. La seule fois du concert où le premier tape sur l’épaule du second, cela semble être pris comme une intrusion dans son espace, genre, eh mais qu’est-ce que tu fous là mec ?

Axl Rose chante sur trois registres de voix, dans les graves c’est impeccable, il parvient à hurler encore pas mal, mais tout ce qui voix de tête (50% du répertoire) on sent que c’est très pénible, il n’y arrive plus, sur le titre « Coma » à la toute fin, c’était presque pathétique, cela en devenait gênant. Après trois heures le groupe semble être lessivé, les musicos n’ont plus la foi, on sent qu’ils se forcent, par défi, fierté, mais la dynamique n’y est plus. Une dynamique hélas plombée par de longs blancs entre chaque titre, les lumières s’éteignent puis se rallument. Seul l'écran central reste allumé pour diffuser des clips animés, ce genre de décorum n'est pas trop mon truc, je préfère voir le groupe interagir. Tout le monde attend « Paradise city » pour en finir et rentrer chez soi.

Le répertoire calibré avance comme un bulldozer, du bon gros heavy-rock entrecoupé de power-ballades (et deux titres acoustiques dont le très beau « Patience »). Le groupe n’hésite pas à rallonger la sauce - beaucoup de citations, en intro, en coda - plusieurs morceaux passent allégrement le quart d’heure, de la guitare en veux-tu en voilà. J'aurais apprécié quelques reprises de vieux rock ou de blues. La prestation des Guns, bien que techniquement irréprochable, laisse un arrière-goût d’inachevé. Slash passe le premier tiers du concert à asséner mécaniquement ses solos, seul à l’extrémité de la scène, dans son coin, et n’arrache un sourire qu’une fois les autres sortis de scène - il finit par une pirouette sur les mains. 

Un concert rock c’est de la musique, mais c’est aussi et surtout une ambiance, un esprit. Esprit, es-tu là ?

12 commentaires:

  1. Oh mais c'est une blague? ça c'est Axl Rose? Pathétique! Comme Chris Froome, un champion doit savoir quand passer la main. Et "Knockin", on est en 2023, faut leur dire que les soli à rallonge c'était dans les 70s, quand Page gonflait déjà en "ampoulant" les morceaux! Gen X au moins ils se marrent, et Billy tjrs en forme!

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  2. Ca m'a exactement fait penser à ça, un concert 70's, avec le moment "solo" de Slash, seul en scène qui gratte à toute allure puis rejoint par basse / batterie dans une sorte de boogie sur un seul accord, genre concours de vitesse, à celui qui pisse le plus loin ! Bon, moi j'aime bien les titres à rallonge. Axl a du mal dans un certain registre, c'est dommage, sans doute aurait-il fallu retravailler le répertoire en fonction des possibilités vocales, ne pas vouloir refaire à l'identique. Mais dans ce genre de tournée, les gens attendent un best-of. Dans cette même salle y'a deux mois, Springsteen avait montré, même avec 20 ans plus, qu'il restait le patron...

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  3. Shuffle Master17/7/23 22:53

    Le tout pour la modique somme de? Sur le fond, no comment: Guns N Roses, j'ai toujours trouvé ça grotesque et inécoutable.

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  4. 90. L'équivalent de 20 séances dans mon cinéma. Ou alors, 1 euro pour trois minutes de musique si on compte les deux groupes. Ca peut faire mal au siège, mais bon, si on veut voir des groupes comme ça, il n'y a guère d'autres solutions que les stades.

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    1. Le prix de la passion...j'ai une solution: toucher sa retraite, vendre sa baraque (habiter chez sa copine) et toucher l'assurance décès de sa marraine. Moi j'achète un vélo...

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    2. Ou une trottinette ? 😁
      Et si on habite déjà chez sa copine ? ....

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  5. Il paraîtrait que le son de l'Arena est à "scier". Rumeur confirmée par quelques spectateurs égarés à un concert, le 15 mai dernier ; un groupe de vieux.

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  6. Le groupe de vieux le 15 mai dernier, dont je n'ai plus le nom en tête, alignait 17 musiciens sur scène, et il y a eu quelques couacs. Pour les Guns, ça allait, un son plus facile à gérer, on entendait les subtilités de jeu du batteur au charley, c'est tout dire.

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  7. Shuffle Master19/7/23 13:51

    Bon, 90 euros, vu la notoriété du groupe, ce n'est pas excessif, toutes choses étant égales par ailleurs, et réciproquement. Il y a des chanteurs/chanteuses de variétoche qui prennent autant. Pas d'article sur Jane Birkin dans le Déblocnot? Alors que tout le monde, du Figaro aux Inrocks (évidemement....), en passant par Sud-Ouest, y va de sa grosse larme pour une Anglaise comme il y en avait des milliers au mitan des années soixante, qui ne savait ni chanter ni jouer (musique et cinéma), qui a passé le début de sa "carrière" en provocations totalement inoffensives (comme Gainsbourg) et la suite à signer des pétitions contre l'extrême droite. Ça donne une idée assez juste de la misère intellectuelle de l'époque.

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    1. Shuffle Master19/7/23 13:55

      Sans oublier un "accent" anglais totalement artificiel, et d'une syntaxe approximative soigneusement travaillée. Les Anglais, quoi qu'ils fassent, restent toujours d'incorrigibles snobs.

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    2. Me voilà rassuré...Shuffle qui n'aime pas Jane Birkin ( ni les Anglaises), le Master n'a pas changé. Tutto va bene...

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  8. Heureusement que le son était meilleur dans la salle que sur les "vidéos" Samsung ou iPhone ...
    Ils me font quand même l'effet d'être bien pathétiques les Guns 2023 ... clairement là pour la thune, les types, ils donnent même pas l'impression de s'amuser, de s'impliquer ...pauvre Slash ... faudra qu'il change de look, il a plus les moyens de l'assumer ...
    La reprise de "knockin' ..." est pitoyable, rien à voir avec l'énorme version studio sur "use our illusion" ...

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