vendredi 30 juin 2023

MURMURATION de Sadeck Berrabah (2023) par Luc B.

Une fois n’est pas coutume, je ne vais pas vous parler d'un vieux film, mais d’un spectacle vivant, de danse, un spectacle chorégraphié. N’ayant pas l’habitude, je réclame l’indulgence du jury. Ca s’appelle MURMURATION. Du nom de ces incroyables mouvements d’oiseaux dans le ciel, lorsque des dizaines de milliers de volatiles se regroupent en nuage compact, et d’un coup sur un signal donné se dispersent, changent de direction, puis se rejoignent.  

Comme beaucoup d’idées géniales, c’est tout bête, mais il fallait y penser. Le chorégraphe Sadeck Berrabah l’a fait, et le résultat est bluffant. MURMURATION est un spectacle purement visuel, pas sûr qu’il y ait un scénario, un sens, juste des danseurs et quelques cubes de bois. Pas de décor, la scène est dépouillée, dans la pénombre. Les danseurs sont habillés en noir, les manches retroussées. On ne regarde que leurs têtes et leurs avant-bras.

Selon que les avant-bras sont droits ou pliés au coude, donc à 90°, ils forment des figures géométriques. Avec deux danseurs (donc quatre avant-bras, à moins d'être né à Tchernobyl) on peut faire un carré. Avec trois, un hexagone, ou une étoile. Et ainsi de suite.

Le premier numéro du spectacle rassemble 40 danseurs, quatre rangs de dix, les premiers à genoux, les derniers du fond perchés sur des cubes. Le principe tient à la synchronisation des mouvements, quand un danseur esquisse un geste, son voisin l’imite avec juste un léger décalage (comme une ola dans un stade de foot) et c’est l’ensemble qui se met en mouvement, comme des vagues qui se suivent, se croisent ou se chevauchent. On a l’impression de voir ces figures de dominos qui se renversent, sauf qu’ici le mouvement est perpétuel.  

Après la chorégraphie commune, d’autres numéros se font à deux, trois ou quatre, comme ces danseurs alignés debout derrière un mur de cubes, peints en noir. Si on déplace les cubes, le mur se transforme en escalier, que les bras et les têtes semblent monter et descendre. Dans les numéros à deux ou trois, les danseurs sont les uns derrière les autres, on ne sait plus à qui appartient tel bras, qui plie quoi, ça rappelle ce que l’on voit dans un  kaléidoscope, des figures géométriques fermées ou éclatées.

Le meilleur point de vue depuis la salle serait logiquement d’être assis pile au milieu, pour apprécier la symétrie des mouvements. Mais comme il y a des spectateurs partout, le metteur en scène a prévu des numéros tantôt à droite, ou à gauche.

Puis ce sont deux danseuses qui investissent la scène, le pantalon relevé jusqu’au genoux. Ca se complique, on rajoute des mollets ! Le principe est le même, mais avec quatre membres mouvants par personne, les possibilités se multiplient. Les numéros se complexifient au fur et à mesure de l’ajout de protagonistes. Il y a un très beau numéro où un danseur, seul dans un halo de lumière, semble diriger les autres avec des fils invisibles, comme des marionnettes.

Le spectacle est rythmé par la musique électronique de T-Rex qui rappelle Glass ou Richter, des boucles répétitives, hypnotiques, qui donnent à l’ensemble un petit côté psychédélique au spectacle, les couleurs en moins. Quand on lit sur l’affiche du spectacle « musique de T Rex » on pense donc au groupe de Marc Bolan, mais non. Sous ce pseudo se cache Adel Berrabah, le frère de Sadeck Berrabah, le chorégraphe.

A la fin du show, un danseur vient présenter la troupe, puis esquisse quelques mouvements qu’il demande au public de reproduire. La salle joue le jeu. Les mouvements sont simples, basés sur huit temps, une fois au point il nous en soumet un autre à enchaîner… Une caméra pointée sur le public retransmet l’image de la salle sur un écran. Puis l’ensemble de danseurs revient pour une dernière chorégraphie commune.

Pour le moment le spectacle MURMURATION se joue à Paris, mais partira en province, et ailleurs. C’est assez fascinant, surprenant, et sous l’apparente simplicité du concept se cache évidemment un travail colossal de synchronisation pour que le résultat soit d’une parfaite fluidité. 

Si ça passe prochainement près de chez vous, ça vaut le détour.  

2 commentaires:

  1. Luc B. comme Béjart ?
    Et en plus de payer ta place il te faut aussi danser ? Je passe mon tour ...

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  2. Shuffle Master.2/7/23 16:08

    Pareil. J'ai eu la même chose, en gros, en stage de formation à l'IUFM. Inutile de préciser que j'ai catégoriquement refusé de participer. Non mais.

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