Mandoline de Beethoven |
Claude Toon est surmené en ce moment ; séjour en Savoie, fêtes
d'anniversaire de certains bambins parmi son quintette de petits enfants et
son trio d'enfants qui vivent en duos (comprendre en couples –
sympa ma petite phrase). Grand honneur et angoisse, il m'a confié la rédaction du billet de ce
matin…
On a choisi ensemble des pièces peu connues de
Beethoven : des duos pour piano et mandoline. C'est gentil de sa part, car voici de
la jolie musique d'ambiance pour laquelle je ne dois pas trop donner des
explications compliquées : des trucs de solfèges ardus glanés dans des
partitions… Je ne connais pas le solfège, je préfère raconter ce que je
ressens à l'écoute…
- M'sieur Paaaaaaaaaaaaaaaaaat !!!!!!!!!!!!!!!
- Hein, heu, oui, il se passe quoi Sonia ?
- Pat, tu peux lire le début et me dire si ce n'est pas trop
mauvais…
- Hummm voyons… […] Non c'est sympa, pas prise de tête et puis je ne
vois pas de faute d'orthographe, Claude m'a dit que tu n'en fais jamais,
c'est bien car moi, ben ça m'arrive un peu trop souvent, tss tsss…
- Oui, je ne sais pas trop super bien rédiger comme Claude, Luc, Benjamin, toi ou Bruno ou encore ma copine Nema mais j'ai toujours eu des supers notes en dictée… Merci Pat !
Tous les lecteurs connaissent au moins de nom Beethoven et le début de sa 5ème symphonie Pam Pam Pam Paaaam… qui,
m'a expliqué Claude, n'a aucun rapport hormis le rythme avec "Ici Londres".
C'est le 43ème billet consacré à Ludwig van ! À égalité avec
Mozart, les recordmen du blog, tous les genres confondus ; Luc avait fait un
jeu de mots rigolo dans un Best Of récent : "Beethoven qui a son rond de serviette au Deblocnot". Je ne réécris pas une biographie du compositeur génial et un peu
ronchon. Claude l'a fait dans ses papiers et je vous renvoie donc à l'index,
le premier billet était consacré au concerto "Empereur" et donnait un bref
aperçu de la vie tourmentée de
Beethoven.
Beethoven jeune |
Rapidement néanmoins :
Beethoven
est né en 1770. Son père est musicien médiocre, brutal et poivrot et
sa mère dépressive. Pas cool ! Entre deux bitures, le paternel souhaite
faire de son fils apparemment doué un
Mozart
bis, un gamin pianiste miraculeux. Le résultat ne sera pas au rendez-vous.
Je passe sur tous les détails qui amène le jeune
Beethoven
en 1787 à Vienne… Il y rencontre
Mozart, dieu vivant et un tantinet narcissique – voir le billet sur
Clementi
et les vacheries de
Wolfgang
écrites à son encontre – qui dira pourtant après avoir entendu Ludwig "Faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde". Il poursuit ses études pour compléter l'enseignement à la va comme je te
pousse de son père, notamment dès 1792 auprès de
Joseph Haydn
qui a déjà soixante ans, il apprend beaucoup, mais
Beethoven
est un impatient, les relations avec
Haydn
seront fructueuses mais orageuses, des querelles de stars 😊.
Pour la suite, on distingue deux époques : les débuts avec la composition
dont le style est encore classique même si parfait : les
concertos 1 à 3, des
trios, etc. Claude expliquait dans la chronique pour les rigolos
duos pour bassons et clarinettes
pourquoi il existe deux catalogues des œuvres de Beethoven . La catalogue Opus liste les ouvrages plutôt élaborés qui ont été
publiés et joués du vivant de
Beethoven
: symphonies, quintettes, sonates, la messe solennelle, etc. Un catalogue
chronologique complété par Georg Kinsky et Hans Halma qui
ont établi un second index nommé en 1955 WoO (ça veut dire
sans numéro d'Opus en allemand) qui réunit la myriade des morceaux
non publiés avec un numéro opus de son vivant ou posthume pour diverses
raisons. Les WoO sont souvent : des fantaisies pour ses amis
musiciens telles les
sonatines pour piano et mandoline
qui y figurent, tout comme les duos cités plus haut (voir article). On y trouve beaucoup d'œuvres de jeunesse, des exercices prometteurs
composés pendant ses études.
Imre Rohmann XXX |
La deuxième partie de la vie, au XIXème siècle, est plus connue.
Beethoven
connaîtra la tragédie pour un musicien, la surdité évolutive. Il pensera
même au suicide plusieurs fois. Cependant, il assure le virage définitif de
l'époque classique vers celle du romantisme. Le classicisme, le genre
favori de
Mozart
et
Haydn
et du jeune
Beethoven. Le romantisme : une nouvelle inspiration musicale qui s'appuie sur
les courants intellectuels et dramatiques du siècle des lumières,
Goethe et Cie. (J'espère ne pas écrire des âneries).
Claude explique souvent que ce passage officiel d'une époque à l'autre
coïncide avec la création pendant l'année 1805 de la
Symphonie
"héroïque", longue, énergique et épique qui porte bien son nom. Suivront d'autres
symphonies,
musiques
de
chambres,
sonates, des ultimes
quatuors
très en avance sur leur temps, tout ça jusqu'à la mort du génie en
1827. Ok, j'avoue avoir pioché des infos au fil des ans et dans
Wikipédia… Mais j'ai horreur des bêtes copier-coller, c'est de la triche 😊.
J'arrête de chercher une gravure de Krumpholz et la photo de Lajos Mayer, le joueur de mandoline complice pour ce disque du pianiste Imre Rohmann, pédagogue et chef d'orchestre hongrois né en 1953. Il y a peu de disques d'ailleurs. Claude m'a écrit quelques idées pour la disco alternative. La jaquette de celui du jour est délicieusement kitsch 😊. J'ai fait autant Choux-blanc pour la photo d'un musicien, joueur de violon et de mandoline, ami de Beethoven dès 1795, Wenzel Krumpholz.
Ekaterina Skliar & Anna Kislitsyna |
Faute de l'une des illustrations de nos artistes, je vous offre une photo
de deux artistes féminines,
Ekaterina Skliar
&
Anna Kislitsyna
(alors là, oui, j'ai fait un copier-coller, il ne faut pas dec')
interprétant en 2020 les œuvres du jour.
- Pardon Pat ? A, oui, Anna joue du clavecin et non du piano forte.
Oui, ben ça fera l'affaire… Je continue…
En 1795, le violoniste et mandoliniste
Wenzel Krumpholz
rencontre Beethoven à Vienne. Né en 1750,
Krumpholz
qui est aussi compositeur donnera des conseils sur la technique du violon à
son ami. Le pédagogue
Czerny
témoignera de l'influence de cet homme sur les premiers succès public de
Ludwig. Celui-ci accrochera une mandoline à côté de son cher piano (photo).
Ils joueront souvent en duo et de toute évidence les pièces écrites par
Beethoven
l'ont été pour ces moments complices…
Cette amitié résistera au temps (avec Ludwig van, ce n'était jamais gagné),
je copie cette info de Wikipédia qui le prouve "Krumpholz est mort au début du mois de mai 1817. Le jour suivant,
Beethoven compose le Gesang der Mönche (WoO 104) sur le Guillaume
Tell de Schiller, pour trois voix d'hommes, « en commémoration de la
mort subite et inattendue de notre Krumpholz »".
Joséphine de Clary-Aldringen |
J'ai de la chance, il existe un petit article sur ces charmantes œuvrettes.
Je m'aperçois que
Wenzel Krumpholz
n'est pas le seul spécialiste de la mandoline qu'a fréquenté
Beethoven. Une petite histoire de famille amusante. Je résume : le compositeur fera
la connaissance de la comtesse par ses épousailles (j'adore ce mot désuet
😊) Joséphine de Clary-Aldringen, élève d'un certain
Johann Baptist Kucharz compositeur
(méconnu de moi), organiste et mandoliniste vivant à Prague. (Il fut le
premier à jouer de la mandoline dans
Don Juan
de
Mozart
qui fit un tabac dans la ville tchèque alors que les pisse-vinaigres de
Vienne boudaient l'opéra – Claude raconte ça dans le billet sur la
symphonie N°38
"de Prague"). Bref,
Beethoven
aurait écrit le deuxième groupe de pièces pour mandoline et clavier du
programme,
WoO 44 1-2
pour la jeune femme qui inscrira la première série
WoO 43 1-2
à son répertoire.
Beethoven
lui dédicacera aussi un air de concert apparemment célèbre : "Ah ! perfido"
Op. 65.
La playlist YouTube préparée par Claude comprend dans l'ordre :
1- Sonatine en ut mineur - WoO
43 No. 1 {Playlist 1}
2 - Adagio en mi bémol - WoO 43
No. 2 {Playlist 2}
3- Sonatina in C Major - WoO 44
No. 1 {Playlist 3}
4- Andante en ré majeur - WoO
44 No. 2 : {Playlist 4}
5- Variations en ré majeur -
WoO 44 No. 2 : {Playlist 5}
Nota : Il aurait existé deux autres pièces. On a redécouvert un Rongo,
Allegretto en ré majeur. Les musicologues devraient fouiller dans les fonds
de bibliothèques…
Musique romantique et raffinée à souhait, je ne fais pas d'analyse comme Claude, j'en suis dispensée. J'attends qu'un beau mec vienne me jouer une sérénade de mandoline sous ma fenêtre. Cela dit en colocation avec Nema en rez-de-chaussée chez Madame Portillon, notre logeuse, elle va croire que l'aubade est pour elle, à l'étage ! Heu, vous vous en f**z 😊 ?
~~~~~~~~~~~~~~~~~
Claude m'a laissé quelques références de la discographie qui est maigrelette. Ce répertoire ne dure qu'une vingtaine de minutes. En conséquence, les CD sont complétés par des œuvres soit de Beethoven et d'autres écrites aussi pour mandoline et piano de la main d'autres compositeurs notamment Hummel.
Le disque du jour comporte des pièces pour violon et piano : les
six danses allemandes WoO 42
et les
Variations sur des mélodies populaires Opus 105 dans la version pour violon et piano (Bela Banfalvi
et
Sándor Falvai). (Hungaroton – 1982)
Le label allemand CPO a gravé un CD en 2014 comportant le rondo inédit et un programme varié de pièces similaires avec Anna Torge, mandoline et Gerald Hambitzer, piano-forte : Ludwig van Beethoven, Porto Feliziano, Johann Nepomuk Hummel, Gabriele Leone. (Deezer)
Dernière trouvaille : le label confidentiel Outhere Music a édité en
2020 un album de pièces diverses interprétées par
Raffaele La Ragione
à la mandoline et
Marco Crosetto
au piano.
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