jeudi 11 mai 2023

BEETHOVEN - Musiques pour piano et mandolines Wo0 43/44 (1795) - par Sonia (coachée par Claude Toon)


Mandoline de Beethoven

Claude Toon est surmené en ce moment ; séjour en Savoie, fêtes d'anniversaire de certains bambins parmi son quintette de petits enfants et son trio d'enfants qui vivent en duos (comprendre en couples – sympa ma petite phrase). Grand honneur et angoisse, il m'a confié la rédaction du billet de ce matin…

On a choisi ensemble des pièces peu connues de Beethoven : des duos pour piano et mandoline. C'est gentil de sa part, car voici de la jolie musique d'ambiance pour laquelle je ne dois pas trop donner des explications compliquées : des trucs de solfèges ardus glanés dans des partitions… Je ne connais pas le solfège, je préfère raconter ce que je ressens à l'écoute…

- M'sieur Paaaaaaaaaaaaaaaaaat !!!!!!!!!!!!!!!

- Hein, heu, oui, il se passe quoi Sonia ?

- Pat, tu peux lire le début et me dire si ce n'est pas trop mauvais…

- Hummm voyons… […] Non c'est sympa, pas prise de tête et puis je ne vois pas de faute d'orthographe, Claude m'a dit que tu n'en fais jamais, c'est bien car moi, ben ça m'arrive un peu trop souvent, tss tsss…

- Oui, je ne sais pas trop super bien rédiger comme Claude, Luc, Benjamin, toi ou Bruno ou encore ma copine Nema mais j'ai toujours eu des supers notes en dictée… Merci Pat !

Tous les lecteurs connaissent au moins de nom Beethoven et le début de sa 5ème symphonie Pam Pam Pam Paaaam… qui, m'a expliqué Claude, n'a aucun rapport hormis le rythme avec "Ici Londres". C'est le 43ème billet consacré à Ludwig van ! À égalité avec Mozart, les recordmen du blog, tous les genres confondus ; Luc avait fait un jeu de mots rigolo dans un Best Of récent : "Beethoven qui a son rond de serviette au Deblocnot". Je ne réécris pas une biographie du compositeur génial et un peu ronchon. Claude l'a fait dans ses papiers et je vous renvoie donc à l'index, le premier billet était consacré au concerto "Empereur" et donnait un bref aperçu de la vie tourmentée de Beethoven.


Beethoven jeune

Rapidement néanmoins : Beethoven est né en 1770. Son père est musicien médiocre, brutal et poivrot et sa mère dépressive. Pas cool ! Entre deux bitures, le paternel souhaite faire de son fils apparemment doué un Mozart bis, un gamin pianiste miraculeux. Le résultat ne sera pas au rendez-vous. Je passe sur tous les détails qui amène le jeune Beethoven en 1787 à Vienne… Il y rencontre Mozart, dieu vivant et un tantinet narcissique – voir le billet sur Clementi et les vacheries de Wolfgang écrites à son encontre – qui dira pourtant après avoir entendu Ludwig "Faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde". Il poursuit ses études pour compléter l'enseignement à la va comme je te pousse de son père, notamment dès 1792 auprès de Joseph Haydn qui a déjà soixante ans, il apprend beaucoup, mais Beethoven est un impatient, les relations avec Haydn seront fructueuses mais orageuses, des querelles de stars 😊.

Pour la suite, on distingue deux époques : les débuts avec la composition dont le style est encore classique même si parfait : les concertos 1 à 3, des trios, etc. Claude expliquait dans la chronique pour les rigolos duos pour bassons et clarinettes pourquoi il existe deux catalogues des œuvres de Beethoven . La catalogue Opus liste les ouvrages plutôt élaborés qui ont été publiés et joués du vivant de Beethoven : symphonies, quintettes, sonates, la messe solennelle, etc. Un catalogue chronologique complété par Georg Kinsky et Hans Halma qui ont établi un second index nommé en 1955 WoO (ça veut dire sans numéro d'Opus en allemand) qui réunit la myriade des morceaux non publiés avec un numéro opus de son vivant ou posthume pour diverses raisons. Les WoO sont souvent : des fantaisies pour ses amis musiciens telles les sonatines pour piano et mandoline qui y figurent, tout comme les duos cités plus haut (voir article). On y trouve beaucoup d'œuvres de jeunesse, des exercices prometteurs composés pendant ses études. 


Imre Rohmann
XXX

La deuxième partie de la vie, au XIXème siècle, est plus connue. Beethoven connaîtra la tragédie pour un musicien, la surdité évolutive. Il pensera même au suicide plusieurs fois. Cependant, il assure le virage définitif de l'époque classique vers celle du romantisme. Le classicisme, le genre favori de Mozart et Haydn et du jeune Beethoven. Le romantisme : une nouvelle inspiration musicale qui s'appuie sur les courants intellectuels et dramatiques du siècle des lumières, Goethe et Cie. (J'espère ne pas écrire des âneries).

Claude explique souvent que ce passage officiel d'une époque à l'autre coïncide avec la création pendant l'année 1805 de la Symphonie "héroïque", longue, énergique et épique qui porte bien son nom. Suivront d'autres symphonies, musiques de chambres, sonates, des ultimes quatuors très en avance sur leur temps, tout ça jusqu'à la mort du génie en 1827. Ok, j'avoue avoir pioché des infos au fil des ans et dans Wikipédia… Mais j'ai horreur des bêtes copier-coller, c'est de la triche 😊.

J'arrête de chercher une gravure de Krumpholz et la photo de Lajos Mayer, le joueur de mandoline complice pour ce disque du pianiste Imre Rohmann, pédagogue et chef d'orchestre hongrois né en 1953. Il y a peu de disques d'ailleurs. Claude m'a écrit quelques idées pour la disco alternative. La jaquette de celui du jour est délicieusement kitsch 😊. J'ai fait autant Choux-blanc pour la photo d'un musicien, joueur de violon et de mandoline, ami de Beethoven dès 1795, Wenzel Krumpholz.


Ekaterina Skliar &
 Anna Kislitsyna 

Faute de l'une des illustrations de nos artistes, je vous offre une photo de deux artistes féminines, Ekaterina Skliar & Anna Kislitsyna (alors là, oui, j'ai fait un copier-coller, il ne faut pas dec') interprétant en 2020 les œuvres du jour.

- Pardon Pat ? A, oui, Anna joue du clavecin et non du piano forte. Oui, ben ça fera l'affaire… Je continue…

En 1795, le violoniste et mandoliniste Wenzel Krumpholz rencontre Beethoven à Vienne. Né en 1750, Krumpholz qui est aussi compositeur donnera des conseils sur la technique du violon à son ami. Le pédagogue Czerny témoignera de l'influence de cet homme sur les premiers succès public de Ludwig. Celui-ci accrochera une mandoline à côté de son cher piano (photo). Ils joueront souvent en duo et de toute évidence les pièces écrites par Beethoven l'ont été pour ces moments complices…

Cette amitié résistera au temps (avec Ludwig van, ce n'était jamais gagné), je copie cette info de Wikipédia qui le prouve "Krumpholz est mort au début du mois de mai 1817. Le jour suivant, Beethoven compose le Gesang der Mönche (WoO 104) sur le Guillaume Tell de Schiller, pour trois voix d'hommes, « en commémoration de la mort subite et inattendue de notre Krumpholz »".


Joséphine de Clary-Aldringen

J'ai de la chance, il existe un petit article sur ces charmantes œuvrettes. Je m'aperçois que Wenzel Krumpholz n'est pas le seul spécialiste de la mandoline qu'a fréquenté Beethoven. Une petite histoire de famille amusante. Je résume : le compositeur fera la connaissance de la comtesse par ses épousailles (j'adore ce mot désuet 😊) Joséphine de Clary-Aldringen, élève d'un certain Johann Baptist Kucharz compositeur (méconnu de moi), organiste et mandoliniste vivant à Prague. (Il fut le premier à jouer de la mandoline dans Don Juan de Mozart qui fit un tabac dans la ville tchèque alors que les pisse-vinaigres de Vienne boudaient l'opéra – Claude raconte ça dans le billet sur la symphonie N°38 "de Prague"). Bref, Beethoven aurait écrit le deuxième groupe de pièces pour mandoline et clavier du programme, WoO 44 1-2 pour la jeune femme qui inscrira la première série WoO 43 1-2 à son répertoire. Beethoven lui dédicacera aussi un air de concert apparemment célèbre : "Ah ! perfido" Op. 65.

 

La playlist YouTube préparée par Claude comprend dans l'ordre :

1- Sonatine en ut mineur - WoO 43 No. 1 {Playlist 1}

2 - Adagio en mi bémol - WoO 43 No. 2 {Playlist 2}

3- Sonatina in C Major - WoO 44 No. 1 {Playlist 3}

4- Andante en ré majeur - WoO 44 No. 2 : {Playlist 4}

5- Variations en ré majeur - WoO 44 No. 2 : {Playlist 5}

Nota : Il aurait existé deux autres pièces. On a redécouvert un Rongo, Allegretto en ré majeur. Les musicologues devraient fouiller dans les fonds de bibliothèques…

 

Musique romantique et raffinée à souhait, je ne fais pas d'analyse comme Claude, j'en suis dispensée. J'attends qu'un beau mec vienne me jouer une sérénade de mandoline sous ma fenêtre. Cela dit en colocation avec Nema en rez-de-chaussée chez Madame Portillon, notre logeuse, elle va croire que l'aubade est pour elle, à l'étage ! Heu, vous vous en f**z 😊 ?

 

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Claude m'a laissé quelques références de la discographie qui est maigrelette. Ce répertoire ne dure qu'une vingtaine de minutes. En conséquence, les CD sont complétés par des œuvres soit de Beethoven et d'autres écrites aussi pour mandoline et piano de la main d'autres compositeurs notamment Hummel.

Le disque du jour comporte des pièces pour violon et piano : les six danses allemandes WoO 42 et les Variations sur des mélodies populaires Opus 105 dans la version pour violon et piano (Bela Banfalvi et Sándor Falvai). (Hungaroton1982)

Le label allemand CPO a gravé un CD en 2014 comportant le rondo inédit et un programme varié de pièces similaires avec Anna Torge, mandoline et Gerald Hambitzer, piano-forte : Ludwig van Beethoven, Porto Feliziano, Johann Nepomuk Hummel, Gabriele Leone. (Deezer)

Dernière trouvaille : le label confidentiel Outhere Music a édité en 2020 un album de pièces diverses interprétées par Raffaele La Ragione à la mandoline et Marco Crosetto au piano.



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