Sonia regarde Nema qui, pour une fois ne travaille pas sur ses dossiers, mais lit passionnément une BD :
- Qu’est-ce que tu fais ? C’est quoi cette BD, Nema ?
- Dernier opus de la série « Blake et Mortimer », tu sais les deux
héros très « british » créés fin des années 40 je crois…
- Ah bon. Je ne connais pas. Berlin c’est parce que c’est autour des 60 ans de l’accord de l’Elysée entre la France et l’Allemagne qui a lieu cette année ?
- Non, mais cela fait référence à un évènement très important qui s’est passé à Berlin en 1963. Si tu veux savoir quoi, tu devras lire la BD. Je ne dévoile pas pour que tu aies la surprise (pas de « spoil » 😊).
Le mur (Photo Cartier-Bresson) |
Francis Blake et Philip Mortimer nous entraînent de nouveau dans une aventure mouvementée, pleine de surprises et de rebondissements. Le colonel Blake, directeur du MI5, service britannique de contre-espionnage, et son ami le professeur Mortimer, éminent scientifique anglais, spécialiste notamment de physique nucléaire, ont le chic pour se trouver embarqués dans des péripéties extraordinaires.
Tout démarre dans l’Oural, dans un camp de fouilles archéologiques.
Olga Mandelstam, chef de la mission de recherche, décide de solliciter son vieil ami
Philip Mortimer suite à la
découverte de cadavres bizarrement mutilés. En même temps, à Berlin, un
espion de l’Ouest qui travaillait à l’Est, tente de franchir le mur mais
se fait abattre, ayant juste le temps de prononcer un mot «
Doppelganger
».
À Londres,
Philip Mortimer prépare valise
et passeport pour la Russie et fait ses adieux à
Francis Blake. Ce dernier doit de son côté commencer une mission internationale
extrêmement secrète. Il ne confiera rien de ceci à
Philip. Normal. Les chemins des deux comparses divergent un moment.
Philip, avec Olga, se lancent à la recherche d’un laboratoire où seraient pratiquées en cachette des manipulations sur le cerveau humain. Un ancien sanatorium désaffecté serait-il le repaire de ces savants fous qui veulent programmer les hommes et leur faire endosser une nouvelle personnalité ? Bien évidemment, on retrouve, comme dans toutes les histoires de Blake et Mortimer, l’horrible colonel Olrik, leur ennemi juré. Quel rôle joue-t-il auprès du docteur Julius Kranz dont les recherches sur la manipulation de la pensée avaient été critiquées par Philip Mortimer dans le passé ?
E.P. Jacobs |
Francis part pour Genève.
C’est sur le lac, dans un bateau à roue, dans une totale intimité que
différents responsables européens de la sécurité et du contre-espionnage
se retrouvent. Son collègue du BDN Ouest Allemand, lui demande
d’investiguer en Allemagne de l’Est pour comprendre pourquoi leur espion
est mort. Ce fait pourrait avoir un lien avec le projet ultra secret dont
ils sont chargés, l’opération «
Prince
». Blake ira donc sous une
fausse identité et avec les plus grandes précautions de l’autre côté du
rideau de fer.
Les méchants, très méchants et bien armés, vont comme d’habitude sévir et
contrecarrer les plans des deux héros. Mais, je vous rassure, ils ont de
la ressource et n’ont pas froid aux yeux. C’est dans une villa, dans
Berlin Est, que
Philip Mortimer retrouvera
Francis Blake dans une
position inconfortable. Les pièces des deux puzzles vont se raccorder pour
ne dessiner qu’une seule et même image. Terrifiante. Un attentat se
prépare qui pourrait compromettre l’aboutissement du projet « Prince » et par là même déstabiliser le monde occidental…
Edgar P Jacobs (né en Belgique en 1904 et mort en 1987) a assisté Hergé sur Tintin après avoir fait des études aux Beaux-Arts de Bruxelles. On retrouve donc un peu le style de l’école belge de BD, mais la particularité des BD des aventures de Blake et Mortimer est peut-être dans le fait qu’il y a beaucoup de texte. Au-delà des dialogues entre les personnages (les bulles), les nombreux cartouches (textes dans des rectangles colorés dans les vignettes) donnent beaucoup d’explications.
Jean-Luc Fromental, Antoine Aubin, et José Louis Bocquet |
Après la disparition
d’Edgar P Jacobs, les deux héros ont été repris par différents scénaristes et dessinateurs.
L’idée reste toujours la même avec
Philip, Francis et l’horrible
Olrik, une touche de « rigidité » britannique, et de suspens à caractère
scientifique. Le traitement du dessin varie un peu évidemment de même que la
trame d’espionnage international. Par exemple, avec l’album «
Le Testament de William S. », l’intrigue permet de remonter dans le
temps et de voyager entre la Grande Bretagne et Venise, mais il n’y a pas à
proprement parler de mise en cause de secrets d’Etat. Mais l’histoire est
captivante, comme toujours.
Pour « Huit heures à Berlin », 29ème album de la série, le texte a été élaboré par deux scénaristes : Jean-Luc Fromental et José-Louis Bocquet et le dessin relève de la plume d’Antoine Aubin. A ce sujet, tout est bien fouillé : décors, voitures, personnages, on plonge aussi bien dans l’Oural et la Russie de l’époque qu’à Londres ou à Berlin. Ambiance années 60. Les dialogues sont toujours aussi percutants et les explications claires et pédagogiques. Bref, ambiance Blake et Mortimer.
Bonne lecture !
64 pages
Editeur : Blake Et Mortimer
Personnellement, cela m'a toujours mis mal à l'aise la reprise d'ouvrages de BD par autrui.
RépondreSupprimerComme si cette exploitation posthume était avant tout encouragée par l'aspect commerciale, une niche de rentabilité financière.
Idem. C'est comme les albums d'Hendrix, y'en a plus après sa mort que de son vivant ! J'ai été un grand fan de Blake et Mortimer, plus que de Tintin, "La marque jaune" a été une véritable révélation, je les ai tous relus mille fois, et si j'ai fait des études d'arts plastiques et de la bédé c'est certainement grâce à Jacobs. A lire aussi "Un opéra de papier" de Jacobs où il se raconte, lui, son métier, ses personnages. J'ai lu quelques nouveaux albums posthumes, au début, mais j'ai vite arrêté, y'a ce p'tit quelque chose qui ne colle pas, j'y arrive pas...
RépondreSupprimerContactée, Nema admet qu'il n'y en effet moins de magie dans ces albums "posthumes", ça se défend...
RépondreSupprimerMoi j'ai du en lire un... avec peine, non pas par manque d'intérêt mais ma vue rouspète face à la pléthore de texte additionnel en micro-caractères...
Pour Blake et Mortimer, donc pas trop d'avis... La mort de Goscinny par contre a signé, à mon avis, la mort de Lucky Luke et d'Astérix... et Là, je rejoins l'opinion de Bruno sur le mercantilisme de la poursuite de publication... Ce n'est pas tragique non plus...
La problématique existe en musique classique où des œuvres inachevées (souvent à cause du décès du compositeur) se sont vues adjoindre par des musicologues un final ou plus à partir d'échantillons manuscrits (8ème de Schubert, l"Inachevée" qui est très bien telle quelle, 9ème de Bruckner et, un plus réussie 10ème de Mahler). Pour reprendre le sentiment de Luc, ça colle pas, surtout pour les deux premiers exemples !!!
Ha, oui, Goscinny. Sacré personnage. Son départ est une perte incommensurable. On l'oublie maintenant, mais sans lui, la BD européenne aurait un autre visage (celui d'il y a trente ans ?). Jean-Pierre Dionnet le dit lui-même. Ainsi que Druillet, pourtant parti de Pilote pour avoir encore plus de libertés.
SupprimerUderzo disait d'ailleurs aussi que son absence a été lourde. Pour Astérix ainsi que pour lui-même. Respectueusement, les albums ont continué à porter la signature de René.
S'il avait été Anglo-saxon, il y a longtemps qu'une biographie aurait été publié.
Après, il y a un dilemme entre l'envie sincère de ne pas laisser mourir des personnages tels que Black & Mortimer, Astérix, Gaston, Spirou, etc, - si bons et tellement caractéristiques -, et celui du souci de risquer de porter préjudice à l'œuvre des artistes. Uderzo avait d'ailleurs longtemps hésité à poursuivre l'aventure "Astérix" après le décès de son ami. Mais probablement que, comme l'avait dit Stallone pour un énième Rocky ou Rambo, on lui a proposé un chèque (conséquent) qu'il n'a pu refuser. 😁
RépondreSupprimerLes Américains, eux, dont les droits d'auteurs ont longtemps été réduits à une peau de chagrin (et encore 🥴 - voir le long combat de Jack Kirby pour récupérer de menus miettes sur ses créations), n'ont aucun scrupule. Go(l)d bless You !