mardi 6 décembre 2022

Henryk WIENIAWSKI (1835-1880) - Concertos n°1 et n°2 pour violon (1852/1870) - par Pat Slade


Encore une nouvelle tête et un nouveau son dans l’univers de la musique classique dans le Deblocnot



Wieniawski l’enfant prodige du violon





J’entends déjà Claude vociférer parce que j’ai pris la version où Seiji Ozawa dirige le London Philarmonic Orchestra avec Itzhak Perlman comme violoniste solo et non sa chouchoute Hilary Hahn. Je suis désolé, mais après maintes recherches, il semblerait que la jolie violoniste américaine n’a jamais enregistré les concertos du violoniste polonais. 😅

Je pense, mais je peux me tromper, que peu de personnes ont entendu parler d’Henryk Wieniaski, il était le Paganini polonais, un virtuose du violon. Né en 1835, il est issu d’une famille ou la musique et les lettres ont leurs importances. Sa mère est une bonne pianiste qui organise des concerts chez elle avec divers artistes, ses frères ont aussi des talents : Julian est écrivain et Jozef est un excellent pianiste, enfin, son neveu Adam est compositeur.       

Hippolyte Collet

La Pologne a connu beaucoup de compositeurs et très peu se sont fait un nom, hormis Frédéric Chopin, les contemporains Krzysztof Penderecki ou Henryk Górecki, tout le reste des  compositeurs du pays de la vodka bison (Bien meilleur   que la Russe !) sont restés pour beaucoup (Moi y  compris !) inconnus au bataillon ! Henryk Wieniawski  commencera sa formation musicale au conservatoire de Paris à l’âge de huit ans. Trois ans plus tard il remporte un premier prix de violon. Il commence une carrière de concertiste en jouant souvent avec son frère Jozef. Il  reviendra à Paris en 1849 pour étudier la composition avec Hippolyte Collet qui sera aussi le professeur de César Frank. C’est à Paris qu’il va rencontrer Chopin au cours d’une promenade.

Il arrête ses études l’année suivante, Il n'écrit que pour le violon : plusieurs pièces d'exécution virtuose, Polonaise, Légende, Scherzo-tarentelle et deux concertos qui se sont maintenus au répertoire des grands solistes. Il s’impose très vite comme un violoniste de haut niveau, à l'égal de Pablo de Sarasate, ce qui lui permet de voyager très jeune dans toute l’Europe. Entre 1850 et 1855, il joue surtout en Russie et en 1859, il est nommé premier violon à Saint-Pétersbourg à la cour du Tsar. Il se marie en 1860 et il aura sept enfants. Deux ans plus tard, il est altiste au sein du quatuor Ernst tout en continuant à enseigner et par sa fonction de pédagogue au sein de ce conservatoire, il exerça une grande influence sur la naissance de l'école de violon russe. Pendant deux ans de 1872 à 1874, il séjourne au États-Unis en compagnie du pianiste et compositeur Anton Rubinstein (sans lien de parenté avec le pianiste polonais Arthur Rubinstein) c’est à cette période qu'il a acquis (à juste titre) sa réputation de travailleur acharné en donnant deux cent quinze concerts en deux cent trente neuf jours. A son retour en Europe, il va enseigner au conservatoire de Bruxelles en succédant à Henri Vieuxtemps, un des rares compositeurs Belge qui laissera un catalogue d’œuvre pour violon notable.

Sujet à des troubles cardiaques, il démissionne de son poste de professeur et passe les derniers mois de sa vie à Moscou avec son épouse hébergé par madame Von Meck la protectrice de Tchaïkovsky. Il meurt en 1880 d’un infarctus, une foule immense suivra son enterrement à Varsovie.


Ah ! Quelques anecdotes existent sur le compositeur… comme celle du chien du tsar alors que le virtuose doit donner une prestation devant le monarque. Le tsar arrive, il est accompagné d’un énorme chien de la race des terre-neuve. Alors qu’il commence à jouer, le chien dresse les oreilles et se dirige vers le violoniste, ce dernier, terrorisé se demande à quelle sauce il va être mangé. L’énorme chien se dresse sur ses deux pattes arrière, les deux autres reposant sur le torse du musicien. Wieniawsky devait faire des coups d’archet de plus en plus courts pour ne pas heurter le museau du chien, le tout sous le rire du monarque 😄.

Début 1855, Henryk Wieniawski arrive à Paris. C'était la première visite à la Seine après l'obtention du diplôme. Bien sûr, il a dirigé ses premiers pas vers le professeur Massart avec la composition fraîchement écrite Scherzo-Tarantelle op. 16, qui lui est dédiée. Massart a reçu son récent élève avec beaucoup d'effusion et a organisé une fête en son honneur en l'honorant de la présence de nombreuses célébrités musicales de Paris, parmi lesquelles le célèbre Hector Berlioz. Le même qui, cinq ans plus tôt, avait consacré un article très sympathique dans le Journal des Débats à Wieniawski, qui venait de quitter Paris, et qui suivait avec attention l'évolution du talent du jeune artiste. Au cours d'une discussion animée, le cas d'un artiste injustement critiqué dans la presse a été évoqué et il y aura un froid entre Berlioz et Wieniawsky suite à une annonce du truculent compositeur français. Mais Heureusement, pas pour longtemps. Au bout de quelques années, l'harmonie régnait à nouveau.

Alors qu’un jour il était invité par un personnage de haut rang de Londres à venir jouer chez lui, dès qu’il arriva, tout les yeux se tournèrent vers lui et le calme si fit dans l’auditorium, mais l’œuvre était la "Cavatina" du compositeur germano-suisse Joseph Joachim Raff, et dès qu’il commença à jouer, tout le monde dans la salle commença à jacasser. Wieniawski était un homme d'une grande ambition et d'un esprit sarcastique. Il décide de donner une leçon aux invités assemblés. Il savait que seul l'hymne "God save the Queen" pouvait les faire taire et même se lever de leurs sièges. Il a donné un signal à l'accompagnateur et les sons de "Cavatina" se sont transformés en mélodie de l'hymne national, joué fortissimo. A sa grande satisfaction, les gens ont cessé de parler et ceux qui étaient assis se sont levés de leur siège. Cependant, quand il est revenu à la" Cavatina ", ils ont immédiatement repris leurs conversations. Il a de nouveau entonné l'hymne et a gagné quelques minutes de silence, mais encore plus de bruit que n'en a produit jusqu'ici le changement de mélodie. Wieniawski n'a pas abandonné. Il a répété la manœuvre avec le changement de mélodie cinq ou six fois. Les personnes présentes ont été que surprise, quelle pièce étrange est-ce, dans laquelle le thème de l'hymne est répété tant de fois… ? 

Le concours International de violon Henryk Wieniawski est organisé tout les cinq ans à Poznan. L’aéroport de Poznan porte le nom du compositeur.

Pablo de Sarasate    
"Concerto n°1 en fa dièse mineur op.14" en trois  mouvements. L’orchestre sonne comme du Mendelssohn mais exit le romantisme allemand et ses fortissimos plutôt mezzo forte avec un violon qui joue en double corde ou en harmoniques. L’intégralité est  rarement joué en concert, seul apparait le premier   mouvement, celui-ci étant difficile dans son interprétation. Le deuxième et le troisième mouvements paraissent plus faibles. Mais à sa création  à Leipzig en 1853, la partition dédiée au roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse sera un succès.

"Concerto n°2 en ré mineur op.22" en trois mouvements. Le premier mouvement est sombre et, quelques soient les concertos, le violon solo ne joue jamais avant la troisième minutes (Un petit truc que j’avais remarqué mais que je ne peut pas expliquer !). Sans décortiquer le concerto morceau par morceau, on écoute surtout les concertos pour violon de Wieniawsky pour la virtuosité du soliste et dans le n°2 toute la technique est passée au crible, les glissandi, les doubles cordes, les arpèges, les sixièmes, les octaves, les tierces et les gammes chromatiques sans oublier la technique de coups d’archet. Il dédiera son concerto à Pablo de Sarasate.

Je reste fasciné par la version d’Itzhak Perlman et de Seiji Ozawa de 1973, le violoniste virtuose israélien gravera plusieurs enregistrements du concerto n°2. Bien sûr, j’aurais pu aussi proposer Jasha Heifetz, David Oistrakh, Gil Shaham ou Ivry itlis mais si j’avais du écouter toutes les versions et faire la différence dans la virtuosité des solistes (Chose dont je suis  incapable), je pense que cette chronique aurait été terminée pour le printemps prochain.

Henryk Wieniawsky, pour les amoureux du violon avec un grand V.  

En playlist, les concertos n°1 puis n°2 :



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