- Abel ou Caïn ? S'il n'y avait pas ce prénom a priori allemand ou autrichien, on s'interrogerait sur l'origine mystérieuse de ce compositeur Claude…
- Carl Friedrich Abel était un compositeur allemand Sonia et un gambiste de grand talent ; actif… disons de la fin du baroque tardif de Bach à l'époque classique de Mozart…
- C'est quoi un gambiste Claude ? Hihi, je regarde son catalogue des
œuvres sur Wikipédia, tout va par six, hihi, une obsession ?
- Hilarant Sonia… Hi-la-rant… Un gambiste est un joueur de viole de gambe, ancêtre du violoncelle, instrument au centre du film "Tous les matins de monde" avec Jean-Pierre Marielle qui interprétait Monsieur de Sainte-Colombe, gambiste très réputé à l'époque de Louis XIV… Quant aux 6… je ne sais pas trop…
- Sympa en tout cas des concertos pour flûte, surtout en cette période de Noël…
- Oui, hormis un billet consacré à Weinberg, contemporain de Chostakovitch et son ami de galère sous Staline, nous écouterons beaucoup de ce genre de musique…
Carl Friedrich Abel (1777) de Thomas Gainsborough |
Un personnage pittoresque ce
Carl Friedrich Abel
né à Köthen, petite ville allemande prêt de Leipzig, en 1723… son
père,
Christian Ferdinand Abel, était violoniste, gambiste et violoncelliste dans l'orchestre de la cour.
Orchestre dirigé par le grand
Jean-Sébastien
Bach
entre 1717 et 1723. Lors du départ de celui-ci pour Leipzig,
Christian Ferdinand
lui succède à la tête de l'orchestre. À noter que chez les
Abel, la viole de gambe, divers autres instruments comme l'orgue et la
composition se transmettent de père en fils depuis l'aube de l'époque
baroque (Clamor Heinrich
– était le grand père de
Carl Friedrich – 1634-1696) …
Carl Friedrich
a deux frères moins célèbres qui seront aussi artistes. Il existe un tableau
de la famille qui illustre ce billet ; à côté de la playlist. Le père
Christian Ferdinand
est à gauche, mais je n'ai pas les prénoms de sa descendance.
Poursuivons…
Carl Friedrich se formera sous le contrôle de papa et partira plus tard rejoindre l'école
Saint-Thomas de Leipzig ou Bach, le cantor le prendra en charge pour assoir sa maîtrise. Il deviendra le
dernier joueur de viole de gambe de l'histoire avant que le violoncelle ne
devienne l'instrument officiel dans cette tessiture des instruments à
cordes.
En 1743, le jeune homme est déjà un petit maître et, sur
recommandation de
Bach, il intègre l'orchestre de la cour de Dresde, ensemble dirigé par
Johann Adolph Hasse
(1699-1783), luthérien puis catholique, auteur d'opéras en
Italie puis maestro à Dresde de 1733 à 1756. (Encore un
compositeur un peu trop oublié.)
Le 29 août 1756 éclate la guerre de sept ans ! Pour en savoir plus :
Wikipédia
– en deux mots :
Alors que le précédent grand conflit, la guerre de Succession
d'Autriche (1740-1748), opposait principalement l'Autriche alliée à la
Grande-Bretagne et la Prusse alliée au royaume de France, la guerre de
Sept Ans oppose la France alliée à l'Autriche et la Grande-Bretagne
alliée à la Prusse. De nombreux autres pays européens participent
cependant à cette guerre, notamment l'Empire russe aux côtés de
l'Autriche et le royaume d'Espagne aux côtés de la France.
Vous n'avez rien compris ? moi non plus ! Une 1ère Guerre
mondiale avant l'heure d'après certains historiens.
Voyons plutôt les conséquences pour les artistes du temps et surtout
Carl Friedrich.
Johann Christian Bach |
Vers 1759,
Carl Friedrich se réfugie en Angleterre (alliée de la Prusse) pour devenir le musicien
attitré de la
duchesse Sophie Caroline Marie de Brunswick-Wolfenbüttel, future
reine d'Angleterre par son mariage "arrangé" en 1761 avec
George III qui règne depuis un an. (Les deux époux se sont rencontrés
pour la première fois le jour des noces…)
- Dis-donc Claude, c'est Paris Match cette chronique…
- Un peu d'histoire croquignolette Sonia ; les mœurs princières de
l'ancien régime avaient pour conséquence d'innombrables adultères. La
gamine avait 15 ans…
Dès 1764
Carl Friedrich compose intensément et joue son propre répertoire lors de concerts
organisés par Mme Theresa Cornelis, une chanteuse d'opéra vénitienne
entre deux âges (plutôt le second). En 1762,
Johann Christian Bach
(1735-1782), le onzième fils de
J.S. Bach, le rejoint à Londres et les deux compères se produisent dans les célèbres
concerts Bach-Abel avec le soutien de la diva à la retraite. (Les deux
compositeurs partagent le même appartement dans le quartier de Soho.)
Des musiciens de grandes notoriétés participeront à ces concerts londoniens
très BCBG. Ainsi seront proposées des œuvres de
Haydn
qui aimait l'ambiance londonienne…
Petit détail musical : Carl Friedrich joue entre autres d'un violoncelle à cinq cordes de l'inventeur belge
John Joseph Merlin, le
pentacorde, une invention sans avenir. Par contre une autre invention de son cru, les
patins à roulettes ont franchi
les siècles avec un succès phénoménal !!!
- Pardon Sonia ? Oui, je diverge encore, mais c'est sans doute la seule
fois où on parlera de patins à roulettes dans une chronique musique
classique.
Cette aventure durera jusqu'à la disparition de
J.C. Bach.
Karl Kaiser |
Pendant les cinq années qui précèdent sa mort en 1787,
Carl Friedrich continue de se produire comme virtuose en Angleterre mais aussi sur le
vieux continent. Hélas, l'alcoolisme le poursuit de ses assiduités depuis
longtemps, s'aggrave, et sera sans doute la cause de son trépas… De plus, le
bonhomme était un épicurien invétéré qui brûlait la vie par les deux
bouts…
Comme ironisait Sonia, force est de constater que tous les opus de
Carl Friedrich Abel
sont des pièces de musiques de chambres de types sonates, trios, sinfonias,
etc. et
comportent six pièces ! Je n'ai trouvé
aucune explication rationnelle quant à l'usage systématique de ce nombre par
ce compositeur. On retrouve parfois ce principe chez d'autres compositeurs
(Haydn
et les
symphonies parisiennes,
Mozart
et les
quatuors viennois
ou ceux
dédiés à Haydn, les
six quatuors de l'opus 18
de
Beethoven
dédiés au
prince Lobkowitz, etc.). Est-ce pour constituer un programme de concert équilibré d'une
durée d'environ 2 heures ? La méthode de travail et l'organisation des
concerts par
Carl Friedrich peut le laisser supposer… sans plus…
~~~~~~~~~~~~~~~~~
Les quatre
concertos pour flûte
présents sur ce disque sont les N° 1, 2, 3 et 5 de l'opus 12
qui en comporte… six (comment avez-vous deviné ? 😊). Ils adoptent
la forme baroque tardif du pur divertissement tout en faisant appel à une
certaine virtuosité, de grande difficulté pour une flûte à bec. L'orchestre
se limite à quelques cordes et à un continuo avec clavecin. De vous à moi,
pas de métaphysique mais un charme galant indéniable. L'adagio du concerto
N°1, plein de rêverie a dû enchanter le flutiste auquel la partition était
destinée, féérie et sérénité sont au rendez-vous.
~~~~~~~~~~~~~~~~~
Le flûtiste
Karl Kaiser
possède un CV d'exception dans le domaine de l'interprétation baroque. Formé
à Cologne et Münster, l'artiste a également suivi des cursus de philosophie
et de théologie. On le rencontre pendant sa carrière dans les formations les
plus prestigieuses : l'Orchestre baroque de Fribourg, la
Camerata Köln.
Karl Kaiser
est également membre fondateur de l'orchestre de Francfort
La Stagione
dirigé par
Michael Schneider
flûtiste et maestro que l'on retrouvera pour la nuit de Noël.
Karl Kaiser
a participé avec
La Stagione
à des gravures consacrées aux concertos pour flûte de
Teleman
et
Holzbauer.
Concerto No.1 en Do majeur
Concerto No.2 en Mi mineur
|
|
Concerto No.3 en Ré majeur
Concerto No.5 en Sol majeur
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire