jeudi 8 décembre 2022

Carl Friedrich ABEL – 4 concertos pour flûte (1774) - Karl KAISER & Michael SCHNEIDER (1993) - par Claude Toon


- Abel ou Caïn ? S'il n'y avait pas ce prénom a priori allemand ou autrichien, on s'interrogerait sur l'origine mystérieuse de ce compositeur Claude…

- Carl Friedrich Abel était un compositeur allemand Sonia et un gambiste de grand talent ; actif… disons de la fin du baroque tardif de Bach à l'époque classique de Mozart…

- C'est quoi un gambiste Claude ? Hihi, je regarde son catalogue des œuvres sur Wikipédia, tout va par six, hihi, une obsession ? C'est comme les boîtes d'œufs (pfff pfff).

Hilarant Sonia… Hi-la-rant… Un gambiste est un joueur de viole de gambe, ancêtre du violoncelle, instrument au centre du film "Tous les matins de monde" avec Jean-Pierre Marielle qui interprétait Monsieur de Sainte-Colombe, gambiste très réputé à l'époque de Louis XIV… Quant aux 6… je ne sais pas trop…

- Sympa en tout cas des concertos pour flûte, surtout en cette période de Noël…

- Oui, hormis un billet consacré à Weinberg, contemporain de Chostakovitch et son ami de galère sous Staline, nous écouterons beaucoup de ce genre de musique…


Carl Friedrich Abel (1777)
de Thomas Gainsborough

Un personnage pittoresque ce Carl Friedrich Abel né à Köthen, petite ville allemande prêt de Leipzig, en 1723… son père, Christian Ferdinand Abel, était violoniste, gambiste et violoncelliste dans l'orchestre de la cour. Orchestre dirigé par le grand Jean-Sébastien Bach entre 1717 et 1723. Lors du départ de celui-ci pour Leipzig, Christian Ferdinand lui succède à la tête de l'orchestre. À noter que chez les Abel, la viole de gambe, divers autres instruments comme l'orgue et la composition se transmettent de père en fils depuis l'aube de l'époque baroque (Clamor Heinrich – était le grand père de Carl Friedrich 1634-1696) … Carl Friedrich a deux frères moins célèbres qui seront aussi artistes. Il existe un tableau de la famille qui illustre ce billet ; à côté de la playlist. Le père Christian Ferdinand est à gauche, mais je n'ai pas les prénoms de sa descendance. Poursuivons…

Carl Friedrich se formera sous le contrôle de papa et partira plus tard rejoindre l'école Saint-Thomas de Leipzig ou Bach, le cantor le prendra en charge pour assoir sa maîtrise. Il deviendra le dernier joueur de viole de gambe de l'histoire avant que le violoncelle ne devienne l'instrument officiel dans cette tessiture des instruments à cordes.

En 1743, le jeune homme est déjà un petit maître et, sur recommandation de Bach, il intègre l'orchestre de la cour de Dresde, ensemble dirigé par Johann Adolph Hasse (1699-1783), luthérien puis catholique, auteur d'opéras en Italie puis maestro à Dresde de 1733 à 1756. (Encore un compositeur un peu trop oublié.)

Le 29 août 1756 éclate la guerre de sept ans ! Pour en savoir plus : Wikipédia – en deux mots : Alors que le précédent grand conflit, la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), opposait principalement l'Autriche alliée à la Grande-Bretagne et la Prusse alliée au royaume de France, la guerre de Sept Ans oppose la France alliée à l'Autriche et la Grande-Bretagne alliée à la Prusse. De nombreux autres pays européens participent cependant à cette guerre, notamment l'Empire russe aux côtés de l'Autriche et le royaume d'Espagne aux côtés de la France. Vous n'avez rien compris ? moi non plus ! Une 1ère Guerre mondiale avant l'heure d'après certains historiens.

Voyons plutôt les conséquences pour les artistes du temps et surtout Carl Friedrich.


Johann Christian Bach 

Vers 1759, Carl Friedrich se réfugie en Angleterre (alliée de la Prusse) pour devenir le musicien attitré de la duchesse Sophie Caroline Marie de Brunswick-Wolfenbüttel, future reine d'Angleterre par son mariage "arrangé" en 1761 avec George III qui règne depuis un an. (Les deux époux se sont rencontrés pour la première fois le jour des noces…)

- Dis-donc Claude, c'est Paris Match cette chronique…

- Un peu d'histoire croquignolette Sonia ; les mœurs princières de l'ancien régime avaient pour conséquence d'innombrables adultères. La gamine avait 15 ans…  

Dès 1764 Carl Friedrich compose intensément et joue son propre répertoire lors de concerts organisés par Mme Theresa Cornelis, une chanteuse d'opéra vénitienne entre deux âges (plutôt le second). En 1762, Johann Christian Bach (1735-1782), le onzième fils de J.S. Bach, le rejoint à Londres et les deux compères se produisent dans les célèbres concerts Bach-Abel avec le soutien de la diva à la retraite. (Les deux compositeurs partagent le même appartement dans le quartier de Soho.)

Des musiciens de grandes notoriétés participeront à ces concerts londoniens très BCBG. Ainsi seront proposées des œuvres de Haydn qui aimait l'ambiance londonienne…

Petit détail musical : Carl Friedrich joue entre autres d'un violoncelle à cinq cordes de l'inventeur belge John Joseph Merlin, le pentacorde, une invention sans avenir. Par contre une autre invention de son cru, les patins à roulettes ont franchi les siècles avec un succès phénoménal !!!

- Pardon Sonia ? Oui, je diverge encore, mais c'est sans doute la seule fois où on parlera de patins à roulettes dans une chronique musique classique.

Cette aventure durera jusqu'à la disparition de J.C. Bach.


Karl Kaiser

Pendant les cinq années qui précèdent sa mort en 1787, Carl Friedrich continue de se produire comme virtuose en Angleterre mais aussi sur le vieux continent. Hélas, l'alcoolisme le poursuit de ses assiduités depuis longtemps, s'aggrave, et sera sans doute la cause de son trépas… De plus, le bonhomme était un épicurien invétéré qui brûlait la vie par les deux bouts…

 

Comme ironisait Sonia, force est de constater que tous les opus de Carl Friedrich Abel sont des pièces de musiques de chambres de types sonates, trios, sinfonias, etc. et comportent six pièces ! Je n'ai trouvé aucune explication rationnelle quant à l'usage systématique de ce nombre par ce compositeur. On retrouve parfois ce principe chez d'autres compositeurs (Haydn et les symphonies parisiennes, Mozart et les quatuors viennois ou ceux dédiés à Haydn, les six quatuors de l'opus 18 de Beethoven dédiés au prince Lobkowitz, etc.). Est-ce pour constituer un programme de concert équilibré d'une durée d'environ 2 heures ? La méthode de travail et l'organisation des concerts par Carl Friedrich peut le laisser supposer… sans plus…

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Les quatre concertos pour flûte présents sur ce disque sont les N° 1, 2, 3 et 5 de l'opus 12 qui en comporte… six (comment avez-vous deviné ? 😊). Ils adoptent la forme baroque tardif du pur divertissement tout en faisant appel à une certaine virtuosité, de grande difficulté pour une flûte à bec. L'orchestre se limite à quelques cordes et à un continuo avec clavecin. De vous à moi, pas de métaphysique mais un charme galant indéniable. L'adagio du concerto N°1, plein de rêverie a dû enchanter le flutiste auquel la partition était destinée, féérie et sérénité sont au rendez-vous.

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Le flûtiste Karl Kaiser possède un CV d'exception dans le domaine de l'interprétation baroque. Formé à Cologne et Münster, l'artiste a également suivi des cursus de philosophie et de théologie. On le rencontre pendant sa carrière dans les formations les plus prestigieuses : l'Orchestre baroque de Fribourg, la Camerata Köln. Karl Kaiser est également membre fondateur de l'orchestre de Francfort La Stagione dirigé par Michael Schneider flûtiste et maestro que l'on retrouvera pour la nuit de Noël. Karl Kaiser a participé avec La Stagione à des gravures consacrées aux concertos pour flûte de Teleman et Holzbauer.


Concerto No.1 en Do majeur

  1. Allegro Moderato
  2. Adagio
  3. Allegro

 

Concerto No.2 en Mi mineur

  1. Allegro
  2. Adagio Ma Non Troppo
  3. Allegro

 

Concerto No.3 en Ré majeur

  1. Moderato
  2. Adagio Ma Non Troppo
  3. Allegro Assai

 

Concerto No.5 en Sol majeur

  1. Allegro
  2. Adagio
  3. Presto

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