mardi 18 octobre 2022

DIVA (1981) de Jean-Jacques Beineix - par Pat Slade


Jean-Jacques Beineix est mort en janvier 2022 et les médias n’ont pas fait grand bruit de sa disparition.




La Diva et le Facteur



Jean-Jacques Beineix était un nom inconnu avant que ne sorte son premier long métrage «Diva». Pourtant ce dernier avait déjà du métier dans le domaine du cinéma puisqu’il fut assistant réalisateur de Jean Becker, Claude Berri, René Clément et Claude Zidi. Ses débuts se feront dans la publicité et son spot sur la lutte contre le sida restera célèbre «Le sida, il ne passera pas par moi.». Après un court métrage qui sera récompensé au festival Off-Courts de Trouville, il se lance dans son premier long Métrage : «Diva». Le film sera un succès populaire et aura une belle carrière internationale. Mais même récompensé par quatre César il sera décrié par une partie de la critique par son coté «esthétisme de pub». La suite, ce sera «La lune dans le caniveau» en 1983 et «37°2 le matin» en 1986 pour ne citer que cela. 

 
Jules et Alba
«Diva» réunit un facteur, une chanteuse d’opéra, un flic véreux, d’étranges gentils, des taïwanais et bien sûr, des méchants ! Jules (Frédéric Andréi) est un admirateur forcené de la soprano Cynthia Hawkins (Wilhelmenia Wiggins Fernandez). Cette dernière n’a jamais voulu que sa voix soit enregistrée par souci de pureté et un soir ou elle se produit au théâtre des Bouffes-du-Nord Jules enregistre clandestinement sa prestation mais il ne voit pas qu’il est observé par deux taïwanais. Jules est tellement envoûté par la chanteuse qu’après sa prestation il ira en coulisse voler sa robe. Quand il repartira du théâtre, la vie de Jules changera et pas dans le bon sens.

le curé et l'antillais
Nadia Kalensky (Chantal Deruaz) une ancienne prostituée révèle sur une cassette audio son ancienne liaison avec le commissaire divisionnaire de la criminelle Jean Saporta (Jacques Fabbri) et le fait qu’il dirige un important réseau de prostitution avec son second "l’Antillais" (Gérard Darmon). Nadia poursuivie par l’Antillais dépose la cassette dans la sacoche de la mobylette de Jules à son insu, quelques instants plus tard, elle est tuée. Saporta enverra l’antillais et son second «Le curé» (Dominique Pinon) avec son oreillette et qui n'aime rien à la recherche de la cassette. Jules est poursuivi par les deux taïwanais qui veulent récupérer son enregistrement. Un chassé-croisé de cassettes dans lequel Jules se retrouve mêlé sans trop comprendre. Il trouvera refuge chez son ami Serge Gorodish (Richard Bohringer) et sa protégée Alba. Gorodish va manipuler les ennemis de Jules jusqu’à que ces derniers s'entretuent entre eux.


la diva et le facteur
Une amitié lie doucement  Jules et la Diva. Ayant du remord, il ira lui rendre sa robe. Elle apprendra plus tard que le concert a été enregistré, la cassette ayant été volé par les taïwanais, le chantage d’un contrat exclusif ou le récital exploité pour la production d’un album pirate. Mais entre temps Jules à récupéré sa cassette et décidera de la restituer à Cynthia. Pour la première fois elle entend sa voix enregistrée. Jules et Cynthia tombent dans les bras l’un de l’autre.

Alba et Gorodish
«Diva» est avant tout un air lyrique, un chant : «Ebben? Ne andrò lontana» extrait de l’opéra «La Wally» par Catalani, la musique additionnelle composé par Vladimir Cosma complète bien les images profondes du film. Le film a son atmosphère, les décors sont figés dans le temps, Bohringer et sa petite protégée vietnamienne vivent dans un phare, Jules dans un garage désaffecté. Les personnages, qu’ils soient bons ou mauvais ont une particularité. Bohringer est très zen, il fait un puzzle qui représente une mer déchainée et qui parait très complexe, il ne s’énerve jamais et sa voiture est une traction avant de couleur blanche.

La Diva

Gérard Darmon, les cheveux noirs et gominés, habillé d’une veste en cuir noir campe un maquereau parfait, son complice Dominique Pinon toujours chaussé de lunettes noires et équipé de son oreillette (on saura à la fin que ce dernier écoutait de la valse musette). Un film avec une belle photographie, des couleurs vives, des lumières contrastées, un peu de pop-art, un esthétisme nouveau pour l’époque que l’on retrouvera plus tard chez Luc Besson dans «Subway».

Une référence en clin d’œil apparait vers la fin du film, Brigitte Lahaie l’actrice érotico-pornographique fait un caméo. Sa jupe est soulevée par un courant d’air sortant d’une bouche de métro, hommage à un plan du film «Sept ans de réflexion» avec Marilyn Monroe

«Diva» le premier Beineix gagnant. 




4 commentaires:

  1. Je me souviens bien de la sortie du film, qui n'avait pas franchement marqué les esprits (comme tu le rappelles, on a moqué son côté clip / pub) avant qu'il ne reçoive des Césars. Du coup, les exploitants ont ressorti le film, qui a fait un beau succès. Mon sentiment à l'époque était d'avoir vu un truc nouveau (comme - toutes proportions gardées - quand 20 ans plus tôt on a découvert "A bout de souffle") une esthétique et un ton différent, et surtout cet air d'opéra, pour moi c'était nouveau. Et puis le temps est passé... Pour l'avoir revu récemment, je trouve qu'il y a un gros soucis de rythme, quasiment pas de tension, très peu d'action, il n'a pas bien vieilli. Mais surtout, j'étais surpris de voir que la séquence finale (là où il y a un peu d'action) est d'un amateurisme étonnant de la part de Beineix ! A la limite du ridicule. J'imagine que Beineix avait à l'époque peu de moyen, peu de temps, qu'il a fait avec ce qu'il pouvait.

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    1. pour un premier long métrage pour un gars qui venait de la pub, je trouvais ça pas mal ! Et pourtant e ne suis pas un fan de Beineix, je n'ai pas aimé 37°2

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  2. Techniquement il n'y a rien à redire, Beineix a prouvé par la suite qu'il savait tenir une caméra, et il était même assez exigeant, pointilleux. Mais effectivement, quand tu viens du la pub, tu faisais du 30 secondes, et là c'est 90 minutes ! Tu peux avoir de belles images, de bons comédiens, une histoire qui se tient, et puis patatras, une fois à l'écran ça ne fonctionne pas comme on pensait. Les mystères de la création... (Luc)

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    1. Ridley Scott aussi il venait de la pub. Y'en a même une en 73 pour les pains Hovis qui est devenue publicité préférée de tous les temps des anglais. Il est pas manchot avec une caméra...
      Diva j'adore. Pas vu à sa sortie mais sur VHS fin des années 80. Dans la boutique dans laquelle Alba chourave un vinyle, on aperçoit en rayon Humanesque de Jack Green, un de mes disques de chevet. Quant à 37,2 vu au cinoche à sa sortie, j'ai souvenir de m'être trouvé mal au point de filer aux toilettes m'asperger de flotte quand Betty s'arrache un œil. ça m'empêche pas d'avoir adoré au point d'avoir acheté l'affiche aux puces à Clignancourt.

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