Gotlib, Lob, Alexis, Solé : «SUPERDUPONT» par Pat Slade
Pour une fois, soyons chauvin et cocoricotoïste (Ne cherchez pas dans Google, je viens d’inventer ce mot !) ou plus simplement cocardier. Fi les bandes dessinées américaine, vive
la BD bleue, blanche et gros rouge (qui tache !) qui vilipende l’étranger
qui vient jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes.
Superdupont tricolore jusqu’au slip !
«Tricolore jusqu’au slip! », une réplique de Coluche dans le film «Tchao Pantin». Quand j’étais plus jeune comme beaucoup d’adolescents de mon âge,
mes lectures étaient les Marvel Comics. Toutes les mois je lisais
«Strange», «Nova» et j’étais un grand fan des quatre fantastiques (Fantastic Four) et par répercussion le Surfer d’Argent. Les américains sont très
forts en ce qui concerne la création de super-héros, des 1938
Superman sera le premier, suivi un an plus tard par Batman et Jim
Hammond, la première torche humaine. La porte était ouverte à
l’imagination des scénaristes et des dessinateurs comme Jack Kirby (Captain America), Bill Everett (Dardevil), Don Heck (Iron Man), Steve Ditko (Spiderman) le tous sous la coupe de Stan Lee bien sûr !
Il n’y aura pas d’autres pays qui créera des super-héros jusqu’en
1972, année où dans le journal de Pilote débarque un personnage
portant un béret basque, habillé d’un caleçon long du début du XXe siècle et
d’un marcel au logo tricolore avec les lettres SD, chaussé de charentaise,
une ceinture de flanelle tricolore maintenue par une épingle de sureté
(nationale), d’une cape, la moustache à la gauloise, le sourire
Gibbs, la musculature de Mr Propre et vous avez le premier super-héros 100%
français. Superdupont était né ! Mais qui dit super-héro dit super
pouvoir : une super force, une super vision X, une super vision
nocturne il peut arrêter les balles et bien sûr, il vole. Comme Superman
avec la kryptonite, il a son point faible, toutes altérations à «La Marseillaise» le mettent hors de combat. Il a aussi un langage bien à lui, pas de
grossièretés mais une rhétorique qui sent bon le début du siècle dernier :
«Mille Diables !», «Parbleu !», «Sambre et Meuse !», etc.
L'Anti-France
Ce personnage haut en couleur créé par le scénariste et dessinateur
Jacques Lob et
Marcel Gotlib (ce sera d’ailleurs
ce dernier qui donnera vie au personnage dans le n°672 de Pilote dans un
épisode ou le héro 100% national partira en croisade pour sauver la
nouille française sous le titre «Superdupont à la rescousse de Félix Potin»). Toutes ses aventures seront enveloppées dans un chauvinisme
exacerbé. Son ennemi juré sera l’Anti-France. L'Anti-France est l'entité représentant les
méchants, c'est une caricature de la théorie selon laquelle «les problèmes de la France sont dus aux étrangers»
un organisme sectaire et terroriste qui cherchera par tous les moyens à
dénigrer, diffamer, discréditer, calomnier, déshonorer les produits made
in France. Habiller en noir. La langue de ces phalangistes est un
mélange d’anglais, d’allemand, d’italien, d’espagnol, d'arabe et de
chinois. Les auteurs tournent en ridicule la paranoïa et la xénophobie de certains Français, qui considèrent l'étranger et l'inconnu comme une
menace pour la France.
«Horreur ! De noir vêtu, grimaçant sous le masque. Piétinant
notre sol tel un vil paillasson, c’est l’étranger qui souille la
veuve et la syntaxe ! L’étranger ! Cette putride
défécation !» Le personnage de Superdupont a été exploité à plusieurs reprises à des
fins politiques par les partis d’extrême droite au grand dam de Gotlib.
Après Gotlib, Alexis («Cinémastock», «Time is Money») prendra la suite jusqu'à sa mort en 1977
laissant des planches incomplètes que Gotlib
terminera. Ce sera Jean Solé («Pop et Rock et Colégram») qui fera évoluer le personnage avec six albums des plus savoureux autant
les uns que les autres. Superdupont aura même une liaison amoureuse avec
mademoiselle Georgette, un transfuge envoyée par l’Anti-France pour trouver
le point faible de Superdupont (Toutes altérations à la Marseillaise) et qui tombera amoureuse du surhomme. En plus des albums relatant ses
aventures, il y aura quelques planches parues dans Fluide Glacial comme un
irrésistible «Kung-Fu Glacial» ou Superdupont se battra contre Bruce Lee et sera vaincu quand ce dernier
mettra des glaçons dans du Pommard 1959
et sortira un camembert du frigo (Il n'y a que les épicurien du fromage qui doivent savoir qu'il ne faut pas,
je n'en fais pas partie), en plus de l’altération à «La Marseillaise», il suffit de toucher au bon goût français pour le terrasser.
Beaucoup d’albums et d’histoires courtes comme «Le patineur d’argent» (Une parodie du surfer d’argent) parues dans L’Écho des savanes,
«Superdupont contre Goldorak» mais dessiné par Maëster («Sœur Marie-Thérèse des Batignolles»). Il aura aussi des descendants avec Superjhemp au Luxembourg et dans
un film espagnol de 2018 «Superlópez».
Du papier à la réalité, il n’y a qu’un pas. En 1982Jérôme Savary va adapter la série en
comédie musicale avec le
Grand Magic Circus sous le titre «Superdupont Ze Show» avec Alice Sapritch dans le rôle de
Marianne avec une poitrine plutôt imposante.
Superdupont, une bande-dessinée française, avec des personnages français,
des dialogues en français et dessinée à l’encre de Chine.
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