vendredi 30 juillet 2021

TITANE de Julia Ducournau (2021) par Luc B.

« Je sais que mon film n’est pas parfait » déclarait Julia Ducournau en recevant sa Palme d’Or à Cannes. On se félicite de cet instant de lucidité… La Palme de l’audace, de la monstruosité, un film engagé. Parfait, TITANE ne l’est pas, loin s’en faut, mais ce n’est pas non plus un nanar, bien que son script y fasse penser : une jeune fille, Alexia, traumatisée par un accident de voiture – la première scène très réussie – devient vingt ans plus tard une tueuse en série, tombe enceinte après un coït sulfureux avec une Cadillac, grossesse qu’elle cache en s’enroulant le bide d’élastomère, et se faisant passer pour un garçon.

Raconté comme ça, on se pique pour y croire. Pourtant, ça fonctionne. Parce qu’on est dans un conte fantastique, horrifique, un film de genre, dans lequel tout est permis ou presque. Ca lorgne beaucoup du côté de chez David Cronenberg, le corps meurtri, estropié, torturé, déformé, troué, pas celui de CRASH comme souvent entendu, plutôt LA MOUCHE, EXISTENZ, FAUX SEMBLANTS, voire du côté de David Lynch, celui de BLUE VELVET. On pense chez nous à un Gaspar Noé, un cinéma qui dérange, provoque, sans qu’on sache trop où il veut en venir.

Vous avez lu sans doute que la première demi-heure était particulièrement éprouvante, certains quittaient la salle horrifiés pour aller vomir aux toilettes. C’est vrai que Ducournau y va fort. Un départ stylisé et sexy, bimbos en bikini savonnant de leurs miches des carrosseries de bagnoles customisées devant des mâles mateurs, reprenant les codes des clips de rap américains bien vulgos. S’en suit une série de meurtres brutaux, dont un massacre assez réjouissant dans une maison, réjouissant car non dénué d’humour, à la Tarantino. Humour qui hélas fera défaut par la suite, c’est le gros problème du film.

Recherchée par toute les polices de France et de Navarre, là encore c’est réussi, rythmé, malin (mais énôôôrme), Alexia renaît sous les traits d’un certain Adrien. Aussi improbable que soit ce postulat, c’est pourtant ce que j’ai préféré dans le film. Adrien est un jeune garçon disparu depuis des années, recherché par un père noyé de chagrin, Vincent, un commandant de pompier. Vincent cherche un fils, Alexia cherche un protecteur. Elle deviendra ce fils. C’est la rencontre de deux solitudes, deux personnages marqués par les drames. Vincent Lindon est pour beaucoup dans l’humanité qui se dégage de cette la relation trouble entre ces deux monstres. Car le Lindon dans le film n’est pas piqué des hannetons non plus, gonflé à la testostérone, délabré, aveuglé par la souffrance. Il rappelle le Harvey Keitel en pleine crise de rédemption de BAD LIEUTENANT (Abel Ferrara) dans une scène de danse, de transe.

Alexia/Adrien se morfond dans son mutisme. Sa dégaine, son visage charcuté, son secret enfoui, effraie et interroge dans la caserne. Vincent met les choses au point : « Je suis qui pour vous ? Dieu. Adrien est mon fils, donc c’est Jésus. Et Jésus choisira le moment où il voudra parler ». Ouais, bien barré aussi le padre…

Julia Decournau réussit de belles séquences, comme l’intervention des pompiers chez une petite vieille, ou l’incendie en forêt, ambiguë. Le problème est qu’on ne comprend où cela nous mène, ce qu’elle a à dire. Un film engagé dit-on ? Féministe ? Balayant les frontières des genres ? Louant la différence, la monstruosité face à la norme ? La démonstration n’est pas très convaincante. Quels sont les motifs d’Alexia ? Se venger de la figure paternelle ? C’est un peu court. Se fuir elle-même, ce qu’elle est devenue ? Se considère-t-elle comme une victime ? Mais de qui, de quoi ? (oui, son père, on avait pigé... joué par le réalisateur Bertrand Bonnelo)

Si la forme est pas mal maîtrisée, cadres, couleurs à la Nicolas Winding Refn, ça épate toujours, mais on ne s’extasie pas non plus, le fond tient davantage de la bouillabaisse où l’on ne reconnaît plus les ingrédients à force d’avoir été trop cuits. Des invraisemblances il y en a (Alexia enceinte jusqu’aux dents / Adrien plat comme une limande) comme des images choc qui impriment la rétine (Alexia se vide d’huile de vidange, dois-je rappeler qui est le géniteur ?), mais on s’étonne surtout du manque de précision dans l'écriture, de zones floues, comme si une bonne image suffisait au bonheur du film.

On regrette que la réalisatrice se prenne autant au sérieux, décide de ne rien suggérer mais de tout montrer. Donc absence totale de poésie et de mystère, un premier degré franchement risible qui vire au grotesque sur le final grand guignol, alourdi d’une musique orchestrale d’une rare prétention. « Vas-y Adrien, pousse fort ! » restera dans les annales des répliques - les dialogues sont assez pauvres. On a finalement de la peine pour Vincent Lindon de s’être fait entraîner sur cette pente, il était la caution auteur de TITANE, qui sans lui ne serait qu’une série Z horrifique et clinquante pour séance de minuit au drive-in.

Le premier film de Julia Ducournau, GRAVE, avait fait grand bruit, la violence et l’étrangeté y grimpaient crescendo, on en avait admiré l’originalité et l’audace. Ici, la réalisatrice semble jouer la surenchère, z’avez rien vu, je peux faire pire, elle met les deux pieds dans le plat, éclabousse bien comme il faut.


couleur  -  1h50  - format scope   


13 commentaires:

  1. Bingo, "Titane", j'en étais sûr ! C'était un peu téléphoné. Ca enchaine, je vois que le "pass sanitaire" ne vous pose aucun problème moral (mais puisqu'on vous dit que c'est transitoire ! C'est ça ou le confinement. Plus vite on aura vaincu ce maudit virus, plus vite on pourra tous se retrouver, se prendre par la main et vivre "comme avant". Amen).

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    1. Et sinon, sur Titane, un commentaire? Vu ou pas vu?
      Sinon, cet aprèm', c'est quoi le programme? Une boule de pétanque dans la vitrine d'une pharmacie? Je tire ou je pointe?...

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    2. Le "programme", ce sont des chiffres à la hausse mais toujours minorés par les merdias complices.
      Et vous, vous prendrez bien une troisième dose ? C'est qu'il faut bien l'écouler, tout ce stock...
      Dépenser plus de 10 euros pour ce machin, avec ou sans "pass", vous n'y pensez pas...

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    3. Ben voyons!...
      D'ailleurs, ce sont les juifs qui tiennent les médias, en fait la terre est plate, c'est Kubrick qui a filmé les premiers pas sur la lune, et on a vu Hitler et Elvis en string avant hier au Club 55 à Pampelonne...

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    4. Continuez à calomnier, stigmatiser pour décrédibiliser ("antivax", "extrême-droite"... Philippot d'extrême-droite ??? Le type est gay jusqu'au bout des ongles, vient de Chevènement et a le programme économique de Mélenchon !) comme vous l'avez fait au temps des Gilets Jaunes un mouvement qui transcende les classes sociales, les origines, les générations si ça vous chante mais ne venez pas pleurer à la fin ! Vous vous faites les complices d'un monde déshumanisé, un monde de contrôle permanent et de ségrégation. Pitoyable !

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    5. Bon maintenant tu vas me lâcher tête de nœuds!
      Et d'un j'en ai rien à foutre que ton Pilippot il soit gay, chacun fait ce qu'il veut avec son cul!
      Et de deux Philippot c'est un hologramme chez Chevènement, on l'a jamais vu nulle part, nada, il a juste signé un soutient à sa candidature à une élection, pour faire chier la droite du temps de Maastricht.
      Tu crois manipuler qui avec tes conneries? Y'a 200 000 abrutis qui se rassemblent tous les samedi, sans masque, à brailler comme des demeurés, c'est tout ce que je vois!
      Tu me fais penser au connard et sa marmaille sur la plage ce matin qui est venu attacher son clébard à 2 mètres de ma serviette.
      "Si ça vous dérange, vous avez qu'a vous décaler" qui m'a dit.
      Le mec il court encore...

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    6. Calmons-nous !

      Philippot : la justification que ce type ne serait pas d'extrême droite parce qu'il serait gay n'a aucun sens ! (le résonnement est même un peu limite... Ernst Röhm doit se retourner dans sa tombe !). Philippot est un opportuniste qui suit le vent, cherche à se faire une place. Il a quand même passé pas mal de temps chez Le Pen, au côté de Marine (n° 2 je crois ?) a voulu imposer sa ligne, être trop gourmand, il a voulu renverser le bateau, et a fini à la baille. Il trône royalement à 2% d'intention de vote, ne fait peur à personne, garde un petit cercle d’aficionados, donc comme ses collègues Dupont-Aignan, ou le vieux de Villiers, cherche à rameuter quelques péquins en plus, les "antivax" étant des proies faciles à manipuler. A ranger (en moins furieux et plus réfléchi, je vous le concède) aux côtés des vociférants Bigard et Lalanne, qui se cherchent aussi un nouveau public, ça avait marché pour Dieudonné qui s'était rallié pas mal de monde ils tentent le coup aussi...

      Minorer les chiffres : je ne pige pas. Quels chiffres ? le nombre d'infections, de contaminations, d'hospitalisations, de décès ? Pourquoi les gouvernements et médias (aux ordres et complices) iraient minorer une pandémie si le but est justement de vendre plus de vaccins et engraisser Big Pharma, et restreindre les libertés publiques ? Je ne comprends pas la logique.

      La dernière en date que j'ai entendue, fameuse : Macron ne se représente pas en 2022 car un bureau l'attend chez Pfizer, toute cette manipulation sanitaire n'avait qu'un but : grossir le chiffre d'affaires de cette société en refilant du vaccin à tout le monde, qui en remerciement embaucherait Macron. Épatant !

      Bon allez, bonne journée...

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    7. Scoop ! Florian Philippot était à Rome ce 28 juillet. Le leader auto-proclamé des "antivax" et "antipass" a donc dû présenter à la douane son... pass sanitaire !! Je pense que cela clôt les débats...

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    8. "Minorer les chiffres". Je parlais des manifestants, cela me paraissait évident mais j'ai visé trop haut vu le niveau intellectuel ici présent...
      Pour le reste, ça donnerait presque envie d'effets secondaires. Enfin, non, même pas "presque", tiens...

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  2. Vous auriez préféré que je boycotte des salles de cinéma déjà à l'agonie depuis de longs mois, pour un pass sanitaire par ailleurs non exigé, car salle de moins de 50 places ? J'ai en vue cet aprem un polar iranien, "La loi de Téhéran", mais vous me faites douter... Je ne voudrai être taxé de soutenir le régime des Mollahs. Arfff, j'hésite.

    Merci de votre passage, même si je préférerais qu'on cause de cinoche.

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  3. Il y a du titane dans le vaccin ??? Parce que franchement les commentaires sont partis en sucettes et je ne comprend plus rien !!!! :D Enfin bref ! Si titane il y a, ai-je besoin de me faire vacciner ? Ai-je besoin du pass ? ? j'ai une prothèse de hanche du même métal, mais je crois n'avoir pas tout compris ! ;)

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  4. je ne comprends pas qu'un film come Titane ait eu la palme d'or à Cannes pour une édition qui d'après ce que les cinéphiles ont dit était d'un haut niveau. Je n'ai vu que Benedetta (un Verhoeven moyen), et j'attends de voir les autres films pour me prononcer sur ce choix assez surprenant. C'est un film pour faire le buzz et je préfère largement des films japonais comme "True Mothers" ou "Le soupir des vagues", qui s'ils avaient été présentés à Cannes auraient pu avoir une récompense largement méritée

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  5. Oui, je trouve aussi, même si nous n'avons pas pu voir la vingtaine de film en compétition. Comme j'ai essayé de l'expliquer, à mon (humble) avis, il y a trop d’imprécisions pour se hisser au niveau d'une palme d'or. Malgré ses quelques défauts "Annette" de Carax était cent coudées au dessus. Comparé au "Parasiste" (palme 2019) qui était la perfection incarnée, y'a pas photo.

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