Le 6 avril dernier, j’ai rédigé une chronique de l’album de Nine Skies
«Live Prog. En Beauce» et j’avais parlé de leur futur album à venir, le très
attendu «5.20» qui sortira dans trois jours.
Dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne...
Tableau de Michael Cheval
Enfin le voila ! Le dernier album de
Nine Skies. Actuellement le seul groupe à avoir sorti deux albums en un mois, pendant cette triste période de crise culturelle. Un album live et un
album studio. J’avais annoncé la sortie de leur dernier opus «5.20» dans ma dernière chronique. Mais quelle étrange pochette et quel
étrange titre ! Un médecin en tenue de protection contre la peste,
nous pouvons en déduire qu’il est anglais et que l’image pourrait dater de
la grande peste de Londres au XVIIe siècle. Mais alors pourquoi tire t-il
un chariot trimbalant les bustes de Georges Washington,
Abraham Lincoln et je pense Thomas Jefferson (?) ; des
présidents américains qui vécurent à la fin du XVIIIe et du XIXe
siècle ? Cette œuvre sortie de l’esprit du peintre surréaliste
Michael Cheval donne à réfléchir et quand
tu vas voir ses autres créations, tu ne cherches plus à comprendre. Il
aurait bien pu faire les pochettes de
Marillion à l’époque de «Script For A Jester's Tear» ou de «Fugazi» à la place deMark Wilkinson. Une scène surréaliste dans ce cadre bucolique et nuageux,
Mais un petit détail pose une autre énigme, le titre de l’album ; au bord
de la carriole il est écrit 5.20. Que cela veut-il bien dire ?
Serait-ce une coordonnée GPS ? Plutôt la version-révison d'un logiciel
me suggère Claude Toon ? Une référence pour une coloration de cheveux ?
Le nom d’un rappeur célèbre ? Et bien non ! Rien de tout cela,
pour les détenteurs de l’album, ne chercher pas la signification dans les
paroles ou dans la musiques, comme moi, vous vous casserez les dents. Je
tiens la signification et l’anecdote de la claviériste
Anne-Claire Rallo. Revenons un peu dans le
temps, à l’époque du concert du Prog. en Beauce2019, le bassiste du groupe Bernard Hery n’a
pas été baptisé avec des aiguilles de montres, pour dire plus simplement, il
est toujours en retard que ce soit au niveau des horaires ou des démarches
administratives. Le jour du concert du "Prog en Beauce", sachant qu’il ne
serait pas à l’heure et qu’il y avait le trajet à faire dans la journée, le
groupe lui mit la pression de façon si importante qu’il arriva le premier à…
5h20 du matin. «C’était tellement miraculeux que voila…on lui a promis d’appeler
l’album ainsi» (Dixit Anne-Claire) 😄.
Steve et John Hackett
Nine Skies
reprend du service avec le même personnel plus un petit nouveau, le
talentueux guitariste Achraf El Asraoui.
Eric Bouillette et
Alexandre Lamia restent à la composition
avec en plus Achraf El Asraoui et
Anne-Claire Rallo aux lyrics et
AlexandreLamia sur un titre. Et comme à son
habitude, le groupe aura des guests prestigieuses qui vont déployer leurs
arts. Les frangins Hackett,
John et sa flûte et
Steve que l’on ne présente plus,
Damian Wilson le chanteur de métal
progressif à la carte de visite impressionnante qui, en plus de sa
carrière solo, jouera avec
Rick Wakeman du groupe
Yes et avec
Clive Nolan le clavier de
Pendragon et d’Arena
(Que l’on pouvait aussi l’entendre sur le deuxième album de
Nine Skies «Sweetheart Grips»).
Lilian Jaumotte et Cath Lubatti
«5.20» est un album plus acoustique qu’électrique et, de surcroit, il n’y a pas
de batterie mais des percussions. Il s’ouvre sur «Colour Blind» avec deux guitares, les chants d’Aliènor et d’Achraf (Ce dernier en plus de la guitare, joue aussi de la corde vocale). Nouveauté dans la musique : le groupe des instruments à corde frottées
est plus présent que dans l’album précédent. Le violoncelle de Lilian Jaumotte
fait son apparition et donne un genre plutôt agréable à l’oreille et le solo
de saxophone de Laurent Benhamou est… superbe ! «Wilderness» («Région Sauvage»), pendant 2 minutes 40, c’est un road trip, un genre de folk rapide
bourré de guitares : «We crave our freedom..» et puis le calme arrive avec une guitare sèche : enchaînement avec
le seul instrument électrique qui nous fait bien découvrir la patte du sieur Steve Hackett qui, malgré les années, a toujours un doigté magique. Les paroles
sont très réalistes mais peu rassurantes.
Golden Eric
«Beauty Of Decay» («Beauté de la Décomposition») Un très bel instrumental avec deux guitares qui discutent entre
elles pour terminer à l’unisson, très beau morceau et quels talents chez
ces musiciens ! «Golden Drops» («Goutte d’Or») quand j’ai traduit le titre, tout de suite j’ai pensé au quartier du
18e
arrondissement de Paris, mais il est évident que cela n’a rien à
voir ! Même si la musique sonne un tantinet orientalisante. Les
paroles sont plus poétiques, dignes de la plume d’Anne-Claire (Il faut lire son recueil «Récits d’Ici et d’Ailleurs» (clic)). «Above the Tide» à ne pas confondre avec «Turn of the Tide»de Barclay James Harvest
même si quelquefois la mélodie s’en rapprocherait avec le jeu d'orgue, là
s’arrête la comparaison. Des paroles poétique et assez sombres, les coups
d’archets des violons d’Eric de Cath Lubatti et le violoncelle de Lillian
donnent un effet symphonique des plus troublant et les vocaux en plus en
font un beau titre. «Dear Mind» Encore un instrumental où les guitares s’entrecroisent dans un duel
sans qu’aucune des deux ne se touche, le piano vient jouer les arbitres
pour que les instruments restent chacun à leur place sans avoir à empiéter
sur le territoire de l’autre. Un titre qui sonne comme une BO.
Damian Wilson
«The Old Man in the Snow» Les chants sonnent comme une vieille chanson bretonne ou
irlandaise (A chacun de ressentir les choses à leur gré !) avec des guitares folks au son cristallin, la percussion et les cordes
viennent soutenir l’ouvrage et le saxo en rajoute une couche de sonorité
fruitée avant d’entendre la flûte traversière de John Hackett. Un joli titre même si les paroles ne sont pas pleines d’espoir. Restons
deux minutes sur l’ensemble des lyrics, qu'ils soient en anglais ou en
français (Une fois traduit) Ce ne sont pas des vers, la poésie en prose est de mise, pas de rimes,
pas de vers, pas de structure précise, c'est la beauté des descriptions et le message transmis qui illumine
l’œuvre de poésie. Et dans le cas d’Anne-Claire Rallo, ces textes sont redoutables et font mouche à chaque fois. «Godless Land» : j’aime la structure musicale de ce morceau qui une fois électrifié
serait redoutable. «Porcelain Hill» Une belle et douce introduction au piano et la voix de
Damian Wilson accompagnée de l’orchestre à
cordes, l’atmosphère nostalgique qui se dégage du morceau est très belle,
mon morceau préféré. «Achristas» Encore un instrumental, très doux mais toujours très sombre avec un piano
qui sonne comme du Keith Jarrett dans le
«The Köln Concert». «Smiling Star»
Eric et Anne-Claire un couple qui a du chien
On termine sur une note positive, musicalement parlant, avec une belle
orchestration même si les paroles sont dédiées à un être cher qui a
disparu.
En conclusion, un très bel album en dehors des intentions conceptuelles que
l’on trouvait sur «ReturnHome» et «Sweetheart Grips». J’aime beaucoup l’ambiance qui s’en dégage. En live, j’en parlais avec Anne-Claire, cela ferait un très bon concert Unplugged.
Nine Skies
que ce soit les plus niçois d’Angleterre ou les plus anglais des
niçois, on aime ça !
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