mardi 1 juin 2021

NINE SKIES : "5.20" (2021) - par Pat Slade



Le 6 avril dernier, j’ai rédigé une chronique de l’album de Nine Skies «Live Prog. En Beauce» et j’avais parlé de leur futur album à venir, le très attendu «5.20» qui sortira dans trois jours.


Dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne...




Tableau de Michael Cheval
Enfin le voila ! Le dernier album de Nine Skies. Actuellement le seul groupe à avoir sorti deux albums en un mois, pendant cette triste période de crise culturelle. Un album live et un album studio. J’avais annoncé la sortie de leur dernier opus «5.20» dans ma dernière chronique. Mais quelle étrange pochette et quel étrange titre ! Un médecin en tenue de protection contre la peste, nous pouvons en déduire qu’il est anglais et que l’image pourrait dater de la grande peste de Londres au XVIIe siècle. Mais alors pourquoi tire t-il un chariot trimbalant les bustes de Georges Washington, Abraham Lincoln et je pense Thomas Jefferson (?) ; des présidents américains qui vécurent à la fin du XVIIIe et du XIXe siècle ? Cette œuvre sortie de l’esprit du peintre surréaliste Michael Cheval donne à réfléchir et quand tu vas voir ses autres créations, tu ne cherches plus à comprendre. Il aurait bien pu faire les pochettes de Marillion à l’époque de «Script For A Jester's Tear» ou de «Fugazi» à la place de Mark Wilkinson. Une scène surréaliste dans ce cadre bucolique et nuageux,

Mais un petit détail pose une autre énigme, le titre de l’album ; au bord de la carriole il est écrit 5.20. Que cela veut-il bien dire ? Serait-ce une coordonnée GPS ? Plutôt la version-révison d'un logiciel me suggère Claude Toon ? Une référence pour une coloration de cheveux ? Le nom d’un rappeur célèbre ? Et bien non ! Rien de tout cela, pour les détenteurs de l’album, ne chercher pas la signification dans les paroles ou dans la musiques, comme moi, vous vous casserez les dents. Je tiens la signification et l’anecdote de la claviériste Anne-Claire Rallo. Revenons un peu dans le temps, à l’époque du concert du Prog. en Beauce 2019, le bassiste du groupe Bernard Hery n’a pas été baptisé avec des aiguilles de montres, pour dire plus simplement, il est toujours en retard que ce soit au niveau des horaires ou des démarches administratives. Le jour du concert du "Prog en Beauce", sachant qu’il ne serait pas à l’heure et qu’il y avait le trajet à faire dans la journée, le groupe lui mit la pression de façon si importante qu’il arriva le premier à… 5h20 du matin. «C’était tellement miraculeux que voila…on lui a promis d’appeler l’album ainsi» (Dixit Anne-Claire) 😄. 

Steve et John Hackett
Nine Skies reprend du service avec le même personnel plus un petit nouveau, le talentueux guitariste Achraf El Asraoui. Eric Bouillette et Alexandre Lamia restent à la composition avec en plus Achraf El Asraoui et Anne-Claire Rallo aux lyrics et Alexandre Lamia sur un titre. Et  comme à son habitude, le groupe aura des guests prestigieuses qui vont déployer leurs arts. Les frangins Hackett, John et sa flûte et Steve que l’on ne présente plus, Damian Wilson le chanteur de métal progressif à la carte de visite impressionnante qui, en plus de sa carrière solo, jouera avec Rick Wakeman du groupe Yes et avec Clive Nolan le clavier de Pendragon et d’Arena (Que l’on pouvait aussi l’entendre sur le deuxième album de Nine Skies «Sweetheart Grips»).

Lilian Jaumotte  et Cath Lubatti
«5.20» est un album plus acoustique qu’électrique et, de surcroit, il n’y a pas de batterie mais des percussions. Il s’ouvre sur «Colour Blind» avec deux guitares, les chants d’Aliènor et d’Achraf (Ce dernier en plus de la  guitare, joue aussi de la corde vocale). Nouveauté dans la musique : le groupe des instruments à corde frottées est  plus présent que dans l’album précédent. Le violoncelle de Lilian Jaumotte fait son apparition et donne un genre plutôt agréable à l’oreille et le solo de  saxophone de Laurent Benhamou est… superbe ! «Wilderness» («Région   Sauvage»), pendant 2 minutes 40, c’est un road trip, un genre de folk rapide bourré de guitares : «We crave our   freedom..» et puis le calme  arrive avec une guitare sèche : enchaînement avec le seul instrument électrique qui nous fait bien découvrir la patte du sieur Steve Hackett qui, malgré les années, a toujours un doigté magique. Les paroles sont très réalistes mais peu rassurantes.

Golden Eric

«Beauty Of Decay» («Beauté de la Décomposition») Un très bel instrumental avec deux guitares qui discutent entre elles pour terminer à l’unisson, très beau morceau et quels talents chez ces musiciens ! «Golden Drops» («Goutte d’Or») quand j’ai traduit le titre, tout de suite j’ai pensé au quartier du 18e arrondissement de Paris, mais il est évident que cela n’a rien à voir ! Même si la musique sonne un tantinet orientalisante. Les paroles sont plus poétiques, dignes de la plume d’Anne-Claire (Il faut lire son recueil «Récits d’Ici et d’Ailleurs» (clic)). «Above the Tide» à ne pas confondre avec «Turn of the Tide»  de Barclay James Harvest même si quelquefois la mélodie s’en rapprocherait avec le jeu d'orgue, là s’arrête la comparaison. Des paroles poétique et assez sombres, les coups d’archets des violons d’Eric de Cath Lubatti et le violoncelle de Lillian donnent un effet symphonique des plus troublant et les vocaux en plus en font un beau titre. «Dear Mind» Encore un instrumental où les guitares s’entrecroisent dans un duel sans qu’aucune des deux ne se touche, le piano vient jouer les arbitres pour que les instruments restent chacun à leur place sans avoir à empiéter sur le territoire de l’autre. Un titre qui sonne comme une BO.

Damian Wilson
 «The Old Man in the Snow» Les chants sonnent comme une   vieille chanson bretonne ou irlandaise (A chacun de ressentir les choses à leur gré !) avec des guitares folks au son cristallin, la percussion et les cordes viennent soutenir l’ouvrage et le saxo en rajoute une couche de sonorité fruitée avant d’entendre la flûte traversière de John Hackett. Un joli titre même si les paroles ne sont pas pleines d’espoir. Restons deux minutes sur l’ensemble des lyrics, qu'ils soient en anglais ou en français (Une fois traduit) Ce ne sont pas des vers, la poésie en prose est de mise, pas de rimes, pas de vers, pas de structure précise, c'est la beauté des descriptions et le message transmis qui illumine l’œuvre de poésie. Et dans le cas d’Anne-Claire Rallo, ces textes sont redoutables et font mouche à chaque fois. «Godless Land» : j’aime la structure musicale de ce morceau qui une fois électrifié serait redoutable. «Porcelain Hill» Une belle et douce introduction au piano et la voix de Damian Wilson accompagnée de l’orchestre à cordes, l’atmosphère nostalgique qui se dégage du morceau est très belle, mon morceau préféré. «Achristas» Encore un instrumental, très doux mais toujours très sombre avec un piano qui sonne comme du Keith Jarrett dans le «The Köln Concert». «Smiling Star» 
Eric et Anne-Claire un couple qui a du chien

On termine sur une note positive, musicalement parlant, avec une belle orchestration même si les paroles sont dédiées à un être cher qui a disparu.

En conclusion, un très bel album en dehors des intentions conceptuelles que l’on trouvait sur «ReturnHome» et «Sweetheart Grips». J’aime beaucoup l’ambiance qui s’en dégage. En live, j’en parlais avec Anne-Claire, cela ferait un très bon concert Unplugged.

Nine Skies que ce soit les plus niçois d’Angleterre  ou les plus anglais des niçois, on aime ça !


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