Le Deblocnot': DON JOE RODÉO COMBO : «Dernier Jour» (2021) par Pat Slade

Encore un cadeau de mon facteur. Mais pour une fois, il avait fait un crochet par la Bretagne. Ce cher Rockin' le jeune retraité du Deblocnot m’a envoyé un trio d’albums et après une écoute approfondie, j’ai Trouvé que Don Joe Rodéo Combo proposait une musique très intéressante.

UN ROAD TRIP TOULOUSAIN

Don Joe Rodéo Combo ??? Connais pas !!! Mais il ne faut jamais dire «Fontaine, je ne boirai pas de ton eau !». J’ai toujours eu un train de retard avec certains groupes et j’ai toujours tendance à le regretter amèrement par la suite. Quand les autres écoutaient Bijou ou Les Dogs, j’en étais encore à Ange et à Triangle mais le fossé des générations y est aussi pour beaucoup. En lisant le dossier de presse de Don Joe Rodéo Combo, je vois que ce dernier s’exprime dans la langue de Molière, ce qui est un bon point quand on voit tellement de groupe de l’hexagone chanter dans celle de Shakespeare. Le dernier groupe français qui fut mon gros coup de cœur était Radio Elvis qui lui aussi s’exprimait dans un dialecte que je comprenais. DJRC existe depuis 2013 et a déjà un passif de trois albums à son actif (Y compris celui-là). Ne connaissant pas les deux premier, je vais me concentrer sur leur dernière galette «Dernier Jour».

Don Joe

Mais qui est ce fameux Don Joe ? Don Joe, de son vrai nom Joël Calatayud, a déjà du métier dans les jambes, il a fréquenté des combos de la ville rose comme Indian Ghost qui enregistrera un single et cinq LP entre 1993 et 2018, mais aussi Jesus of Cool (A ne pas confondre avec le titre de l’album de Nick Lowe en 1978) qui fera un album en 2019. Au début, le groupe était composé d’un trio et d’un chœur féminin et après un remaniement, celui-ci est devenu un quatuor composé de Laurent Olivaud à la batterie, Alain Tomat à la basse, Lalie Gali la seule rescapée du chœur féminin au clavier et voix et Don Joe guitariste et chanteur solo. Il y a aussi deux musiciens additionnels avec Fleck (qui était guitariste dans le groupe Indian Ghost) dans les chœurs et Philippe. Gilard (un des membres fondateurs d’Indian Ghost) au mellotron et choriste, ce dernier assure aussi les différentes prises de son et les mix.

Le décor est en place, mais après mûres réflexions, il fallait quand même que je goûte ce que le combo avait déjà pondu. Mais avant tout j’ai enquêté sur le passé de Don Joe par curiosité et je n'ai pas été déçu ! Indian Ghost (Merci YouTube !) et j’aime beaucoup ce coté pop rock Psyché très 70’, il en sort quelque chose de très Beatles dans leur dernier album «Monsoon» (2018). J’ai aussi écouté «Lost Far Gone» (2015) et c’est un album magnifique ! On y retrouve un peu du Velvet de Lou Reed et aussi du Marc Bolan avec T.Rex mais avec une forte tendance du rocker qui traverse les US sur la Highway 66. Jesus of Cool avec un son retro-rock un peut dark, un son qui n’est pas sans rappeler Gun Club. Mais Rockin avait déjà parlé d’Indian Ghost (Clic) et de Jesus of Cool (Clic) (Rockin tu en as déjà parlé ! Petit cachotier tu aurais pu me le dire !!).

«Dernier Jour» : Un album avec une musique que l’on ne peut situer dans le temps, certains diront que ça sonne 80’, d’autres y verront un renouveau de la pop ou, comme moi, une atmosphère intemporelle. L’entêtante rythmique sur «Au Nord-Ouest de Beverly Hills» qui vous emmène tout droit sur les routes de Californie. Le tour de force de DJRC est d’avoir mis de la musique sur un poème de jeunesse de Charles Baudelaire. «Incompabilité» avec un orgue qui sonne comme un vieux Vox Continental. Il y a, à ma connaissance, aucun groupe qui ait repris des poètes du XIXe siècle, ces derniers feront leurs propres poésies comme Feu! Chatterton ou Radio Elvis. La seconde partie est beaucoup plus électrique, on pourrait y retrouver du Modern Lovers ou du Artic Monkeys. Il y a une grande disparité dans les paroles, que ce soit «Bourgeois», «Tous ces Morts», «République» ou «Disparaître» il y a toujours un message qui passe dans les textes de Don Joe. «Dernier jour» le titre éponyme en une seule phrase : «Aujourd’hui c’est peut-être le dernier jour, Aujourd’hui peut-être la fin de l’amour, Aujourd’hui c’est peut-être le dernier jour, Aujourd’hui peut-être la fin pour toujours». Et c’est ce qui fait la force du titre.

Je vais peut-être me prendre une volée de bois vert, mais dans «Dernier Jour» de Don Joe Rodéo Combo, j’entends beaucoup de choses qui ne sont pas sans me rappeler quelques fois The Doors par le son un peut vieillot des instruments, du Bashung à l’époque de «Bleu Pétrole» avec la manière de narrer des histoires et mille et une petites anecdotes, ce qui en fait un très bon album où l’auditeur peut trouver le ou les morceaux le poussant à s'accrocher à ce combo bien particulier. Pour ma part, dès que j’ai entendu «Au Nord-Ouest de Beverly Hills» j’ai été conquis ! Que disais-je au début ? «Don Joe Rodéo Combo ??? Connais pas !!! Mais il ne faut jamais dire «Fontaine, je ne boirai pas de ton eau !» J’ai bu la coupe jusqu’à la lie et je ne regrette pas mon ivresse.