Ha ? Tiens, c'est le retour de Greta Van Fleet, baby Led Zep. Le quatuor quasi-familial (au trois quarts) qui a déjà fait couler beaucoup d'encre en 2018. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Les reproches fusent de toutes parts, portant sur la musique et dérivant aussi les costumes de scènes comme la garde de robe de ces jeunes hommes. C'est amusant mais d'un côté on les vilipende pour jouer une musique trop marquée et datée, mais de l'autre on moque leurs efforts pour se différencier vestimentairement. Ce qui fut d'ailleurs le cas pour le trio canadien Rush.
On pourrait mettre en exergue que Josh a, avec cet album, brûlé tout son quota de "Yeah", de "Oh Ooh" et autres "Yaaah" (surtout) pour au moins deux albums ou toute une année de concerts. Au point où, à lui seul, il semblerait de prime abord parfois gâcher la fête. Comme si dans un excès d'ego, il s'échinait à faire tout son possible pour capter l'attention. En fait, son "temps de micro" est constitué de deux tiers de chant et d'un tiers de vocalisme. Une manière de combler des paroles souvent bien maigres. Et puis, bien sûr, il serait aisé- et justifié ? - de reprocher à ces jeunes hommes de s'accaparer sans vergogne et sans complexe le lourd héritage de Led Zeppelin. Et des premiers Yes, non ? Voire de Rush ? Ou de Pavlov Dog ? On pourrait également avancer que l'affiliation avec Page et ses potes se retrouve aussi au niveau de la pochette en omettant délibérément de mentionner le nom du groupe (Pour mémoire, Page souhaitait que l'on n'achète pas un disque juste en fonction du nom du groupe, mais en le jugeant sur son potentiel attrait, sa qualité). Cependant, là, il y a bien un titre. Quoi qu'il en soit, à l'heure de la dématérialisation et d'internet, cela n'a plus guère de rapport avec l'ère des 33 tours et le temps de l'attrait des pochettes ornant les vitrines et les étagères des disquaires. Notons que la pochette intérieure, s'ouvrant comme un double disque, dévoile une imagerie ésotérique dans la mouvance du Progressif Anglais et de... Led Zep 😮 (le format CD ne lui rend pas service ; visiblement, l'artwork a été étudié pour l'édition vinyle)
Greta Van Fleet va être, certainement encore pour longtemps, le groupe qu'il est de bon ton de détester. Et probablement qu'une bonne partie de ceux qui tirent à boulets rouges sur ces garçons, ne sont pas donnés la peine d'écouter plus d'un clip ou deux diffusé par le net. Tandis que Airburne est adulé (ouais, okay, les gars sont sympathiques). Il est vrai que les hippies sont passés de mode depuis belle lurette. Peut-être aussi que leur jeunesse et leur apparence de garçons choyés, issus d'un cocon familial aisé et protecteur, passent mal auprès d'un public qui assimilent Rock'n'Roll aux personnes associables, inadaptées, et de mauvais genre ; aux bad boys ["bad boys don't play Rock'nRoll" dixit Gary Anderson]. Leur visage glabre, leur faisant paraître encore plus jeune qu'ils ne le sont, renforçant ce sentiment. Les archétypes ont la vie dure.
Toutefois, Greta Van Fleet n'est pas exempte de défauts ou de reproches. Mais y aurait-il seulement un seul groupe de Rock, de Pop, de Blues ou quel que soit le genre de musique populaire qui ne le soit pas ? Led Zeppelin ? AC/DC ? Nirvana ? Soundgarden ? Black Crowes ? Chantal Goya ? Emerson, Lake & Palmer ? Même le quasi-mythique Robert Johnson a pioché chez ceux qu'il admirait, dont Son House (ce dernier ayant toujours revendiqué la paternité de "Walkin' Blues"). De même que les compositeurs de musique classique ont aussi eu une base sur laquelle ils ont conçue la leur. C'est ainsi que la musique évolue depuis des siècles. Certes, pas toujours dans le bon sens 😉. Et puis, il y a différents niveaux et cela peut malheureusement aller jusqu'au plagiat (plus courant qu'il n'y parait). Mais, bon, pour en revenir au sujet principal - le dernier essai de Greta Van Fleet - il s'avère qu'après une, deux ou trois écoutes pas spécialement réjouissantes, ce "The Battle at Garden's Gate" s'immisce progressivement dans la caboche, caressant doucement les synapses. Jusqu'à ce que ces dernières réclament leur dose quotidienne. C'est vite accros, ces choses là.Pourtant, les premières secondes de l'album tenues par un orgue Hammond en suspension évoquant irrémédiablement John Paul Johns, n'augurent rien de bon. Cela paraît même prétentieux, mais, finalement, c'est une bonne façon de démarrer un album d'envergure. Cependant ce "Heat Above", à la croisée d'un Led Zep, de Rush - la tonalité de la voix ici doit bien plus à Geddy Lee qu'à Plant - et de Yes, dégage de saines vibrations et une joie de vivre communicatives. Comme le disait Satriani à leur encontre, "on sent un réel plaisir de jouer". Plus Rock-progressif que vraiment Heavy-rock, cette chanson se veut être positive, nantie d'une vision optimiste où se mêlent confusément amour, poésie, ésotérisme et écologie. "Douleurs de la Terre, que nos larmes coulent pour vous en baigner. C'est ce que vaut la vie. Quand encore les incendies font rage autour ". Au contraire du plus prosaïque "My Way, Soon" où Jake joue avec nos nerfs, avec ses riffs "Frankenstein", faits de diverses chutes de la science guitaristique de Sir James Patrick Page, rapiécés pour concevoir une nouvelle entité. Même le solo porte ce tic trébuchant du mage du Hard-folk-blues. Toutefois, l'enthousiasme des Kiszka brothers est contagieuse et fait taper du pied, en réveillent les sens.
L'élégante ballade "Broken Bells", sans se départir totalement de l'ombre de Page, est un subtil brouet de Spooky Tooth, de Yes (notamment le chant sur les passages paisibles) et de Pink Floyd, assaisonné à la sauce Ennio Morricone. Ben, ouais. Comme si ces gamins avait dérangé l'Italien d'outre-monde pour rajouter un complément émotionnel à leur chanson. Cette fraternité parvient à faire le funambule, franchissant sur une corde raide le précipice où à tout moment, il pourrait tomber dans le grandiloquent et le pompeux. Afin d'éviter la chute, les cordes restent sagement en mode subliminal, ne se faisant vraiment remarquer qu'au moment du coda. "Built By Nations" est probablement le morceau de l'album le plus marqué Led Zep, - entre "House of the Holy" et "Presence" -, appuyé par la batterie de Gonzo-Wagner. Si la basse vrombissante, à faire trembler les cloisons, évoque plus volontiers Mountain (Felix Pappalardi), l'intro directement inspirée de "Black Dog" écarte tous les doutes. Josh a un chant vraiment épicé... précisément, il gueule comme s'il avait eu la main lourde sur le Tabasco (le "Death" de Blair's 🥵). Où et comment grever un morceau en vociférant tel un dératé.
"Age of Machine" est certainement le pinacle de cet opus, valant à lui-seul le déplacement. En particulier grâce à la guitare qui, avec ses arpèges se répercutant contre les murs défraichis d'une antique chapelle aux rites anciens, éperonnés par un mi grave (plus tard doublé par la basse) résonnant comme le glas, voire un mantra, un "aum" (ॐ), tisse une ambiance mystique et gothique. Les cris ou incantations d'Amérindien, placés comme un lointain écho, avant le chant, sont tout à fait appropriés. L'effet est si réussi que la formation s'en délecte simplement, essayant de ne pas trop le charger de chant. "Maintenant tu es libre, débranché de la Source... Nous avons besoin de guérison.... Vous avez été trompé".
Une fois n'est pas coutume, surtout à l'heure du numérique et du zapping, mais ce disque est bien agencé. Les chansons donnant vraiment la sensation de s'emboîter comme un puzzle afin de former un tout. Un album que l'on écoute du début à la fin. Ainsi, "Tears Of Rain" avec sa première partie acoustique mélancolique. Josh chante vraiment très bien sur la seconde partie, paraissant repousser ses limites, contribuant à l'envol, plein d'espoir vers les cieux, à la recherche de terres plus clémentes "Dérivant à travers les plaines devant nous, alors qu'elle se transforme en poussière devant nos yeux, implorant qu'un dieu nous verse juste un peu de pluie d'un ciel vide". Là encore, Greta joue au funambule.
Retour radical dans le giron de Led Zep - ils sont tombés dedans quand ils étaient petits - avec "Stardust Chords" qui, tout en étant pourtant différent, restitue une atmosphère évoquant celle des moments les plus rock de "Ten Years Gone", avec une pointe de "House of the Holy" (la chanson). Josh module ses paroles, étire ses syllabes, s'y attarde, presque comme un chanteur lyrique japonais.
Sur le lumineux "Light My Love" c'est le piano de Sam qui se distingue, avec son chapelet de notes claires au tempo Southern-rock avec un touché à la Billy Powell. L'influence de Nashville - du Sud - qu'ils ont intégrée ? La guitare se fait alors plus discrète et Josh se laisse porter par les violons, comme dans une valse. Encore une prouesse d'équilibriste. Avec "Caravel", Greta Van Berg accuse par contre une baisse de régime. Dommage, le riff est sympa et Danny Wagner se débat comme un diable sur ses fûts, mais tout tombe à plat. (Et puis les paroles sont d'une navrante simplicité). "The Barbarians" - sans rapport avec la chanson de The Darkness, "Immigrant Song" ou le film Italo-américain du même nom, sinon que les acteurs principaux sont comme Josh et Jake, des jumeaux - est une pièce en mid-tempo, dans le fond plus dramatique que martial, légèrement bluesy où des nappes vaporeuses de Mellotron (ou des cordes ?) tentent d'émousser le tranchant de la guitare qui abat quelques riffs comme d'autres, en d'autres temps, leur ulfbercht.
Le Mellotron continue sur sa lancée et déroule le tapis rouge pour un coloré "Trip The Light Fantastic", qui ressuscite un Rush coincé entre "2112" et "A Farewell to Kings". On remarque d'ailleurs que Wagner s'évertue à donner de l'expressivité à sa batterie. Toujours alerte, elle réagit aux paroles autant qu'aux inflexions de la guitare, et prend de temps à autre quelques libertés qui procurent alors ampleur et vitalité. Le plus modeste des quatre musiciens, mais tout aussi méritant.
"The Weight of Dreams" est le titre de trop. Visiblement, avec sa durée frôlant les 9 minutes, ce devrait être l'apothéose, mais le vaisseau, trop chargé, ne parvient pas à décoller. Un morceau qui se veut ambitieux mais qui finalement s'enlise. Un peu prétentieux, des paroles qui tiennent sur un mouchoir de poche. Jake s'emploie à sortir le grand jeu, multipliant riffs et chorus, sans jamais accrocher. Et son long solo final hérisse. Dommage.
Alors effectivement, Greta Van Fleet peut être considéré comme seulement une résurgence du Classic-rock, Heavy-rock ou Arena-rock (?) des années 70. Ne faisant aucun effort pour s'intégrer dans aucune des mouvances actuelles - si ce n'est celle d'un revival 70's en expansion, notamment en Scandinavie, mais qui, visiblement, laisse de marbre les médias mainstream -. Même la production et le mixage vont en ce sens, renforçant le parfum (nostalgique) de la décennie chérie. A part peut-être le soin apporté à la captation du chant, il n'y a rien qui détacherait ce disque de la production des années 70 à 1978. Pourtant, c'est Greg Kurstin derrière la console. Le gars qui s'est fait un nom avec les daubes de Kesha (sic), Killie Minogue 🤢, Lily Allen 😭, Britney Spears (oh putain !). Bon, récemment, entre Lima Gallagher, Foo Fighters et McCartney, - (Beck ? P!nk ?) -, il semble avoir adopté la voie de la rédemption. Moins direct, moins Hard-rock que le précédent, "Anthem of a Peaceful Army", celui-ci se plait à batifoler parfois avec le Progressif de l'école Canterbury. Les claviers tenus par Sam contribuent à apporter cette couleur. Plus travaillé, plus complexe, plus mûr ?, plus ambitieux aussi - pour le meilleur et le pire -, il demande de l'attention pour être vraiment apprécié.
Et puis, lorsqu'une personne telle que Satriani vante les mérites du quatuor de Detroit depuis 2018, les qualifiant de vraiment bons et clamant les écouter avec plaisir, il faut en tenir compte. A son avis, ils joueraient vraiment pour le plaisir, pour l'amour d'une certaine musique. Au contraire d'autres plus âgés, guère inquiétés par la critique, et pourtant désormais davantage mus par l'attrait du dollar que par la musique.
Enfin, on devrait être heureux que de jeunes personnes se soient éprises de cette musique héritée de la première moitié des années 70. D'autant qu'elles s'efforcent, du moins en apparence, d'éviter les pathos qui ont parfois alourdis et dénaturés le propos. Ce qui fit les choux gras de la critique. Une musique qui tient à garder son "humanité", dans le sens où elle reste, pour l'instant, à l'écart des bidouillages électroniques en vogue - et imposés - dans la plupart des studios des majors. Après, si l'on tient à se focaliser seulement sur ce qui pourraient porter à caution, libre à chacun. C'est vrai que les costumes du clip de "Heat Above" prêtent à sourire 😁. Mais pas plus, à une époque, de ceux des Queen, Angel, Sweet, Rush, Yes. Ou Kiss ??. Ou plus tard Armored Saint et Manowar. Et ne parlons même pas des permanentes et des vêtements soigneusement déchirés des 80's... Mais dans un monde de noirceur, on occulte que le blanc est plus protecteur que le noir. Il est pourtant tellement réjouissant que des jeunes s'échinent à maintenir la flamme d'un Rock qui aujourd'hui encore, soit près de cinquante ans plus tard, fasse encore office de référence.
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C'est pas gentil pour la jolie Killie et la p'tite Lily. J'l'aime bien Lily... J'avais suivi un concert à la télé, dans un festival, justement pour me faire une idée de la drôlesse en live, j'avais été drôlement étonné, de la bonne pop anglaise. En studio c'est autre chose...
RépondreSupprimer"Trip the flight Fantastic" est effectivement tout droit venu de la planète Rush, excellent morceau. Je n'imaginais pas le chanteur avec cette coupe de cheveux...
Philippe Chatel... 😉
SupprimerC'est parce que t'es un gars tolérant... "de la bonne Pop anglaise" ? M'enfin. J'suis dubitatif...
😁 La coupe de cheveux c'est un peu le syndrome de certains jumeaux qui essayent à tout prix de se différencier de leur frère ou sœur. La plupart n'apprécient pas qu'on les confondent. D'où, probablement, la moustache, le toupet et la coupe de mouton. Déjà qu'ils ont toujours l'air de gamins.
Une jolie brunette qui chante "Fuck you" a tout mon respect...
RépondreSupprimerAttention, attention. Il ne s'agit pas de se méprendre. La demoiselle dit bien "fuck you", et non "fuck me". Soit, ce n'est pas une invitation mais plutôt une invective. ☺ En l'occurrence, de mémoire, c'était adressé à un ancien président américain, fils d'un ancien président américain.
SupprimerMmmm... ça m'fait penser... à quand une chronique dédiée aux "fuxk" les plus célèbres et "intéressant" dans le chanson ? Heingue ? De suite, on pense au "F.U.C.K." de Betty Davis. Incomprise à l'époque, et pourtant tellement avant-gardiste.
Y'avait pas un gros "fuck" hurlé au début du MC5 live ?
RépondreSupprimerNan 😁 Sur le fameux live du MC5, il s'agit de "motherfucker". Terme également particulièrement apprécié et abondamment utilisé par les ricains.
SupprimerSinon, il y a l'intervention de Country Joe McDonald à Woodstock et son "F.U.C.K." à l'attention de la guerre du Viet-Nam. Mais il ne s'agit pas d'une chanson.
Il faut que cela soit partie intégrante du titre. Comme "F..k like me a beast" des poètes de WASP. 😮
Pour MC5, exact ! On peut en trouver dans les paroles (Doors, Stones ?) mais intégré au titre il ne doit pas y en avoir des masses, les maisons de disques ne l'auraient pas admis. Bon courage pour ta recherche, mais je crains que tu doives te fendre d'un paragraphe sur Lily Allen !
RépondreSupprimerOuaip, fastoche. Lily, enfant gâté de Keith Allen et de la productrice Alison Owen, se voudrait bad girl. Because son papa il a quitté la maison (peut-être qu'il ne la supportait plus) alors elle est fâchée. Même si Maman, grâce au piston et surtout au flouze, la place dans les meilleures écoles du Royaume-Uni (et même en Suisse !), elle en a rien à carrer et se met précocement à picoler et à fumer.
SupprimerFinalement, elle se trouve un job : dealer. Dans le lot, elle a probablement fait une école de commerce.
Elle aurait aussi tenté de faire fleuriste, ou horticultrice (un truc du genre)... on imagine bien les fleurs et les semis qu'elle devait cultiver. Sacré Lily. Finalement, c'est trop dur, alors elle essaye de mettre en pratique les cours de chant que Maman lui avait offerts - comme d'habitude, la vieille avait casqué -.
Mais personne n'en veut de ses chansons. Alors elle boude et s'en va se plaindre auprès des relations de papounet. Du coup, miracle, un contrat alléchant avec des tunes qui pleuvent avant même de rentrer en studio. Elle est pas belle la vie ? 😁
Chez Prince y'a "Sexy motherfucker"... Tu devrais élargir ta thématique !
RépondreSupprimerOkay... ça marche avec "phoque" ??
SupprimerY'a la "Complainte du Phoque en Alaska"... nan ?
Y'a "Faut que j'me tire ailleurs" de Bill Deraime...je sors...
SupprimerMais c'est gentil d'être passé. Referme derrière toi.
SupprimerHo, ho, z'aime bien.
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