C’est peut-être, et même surement, la seule BD qui parle de rock avec des
chansons rock, avec des groupes rock, mais à la sauce "bleu, blanc,
rouge" !
Le rock dans tous ses états !
Attention ! Cet album de bande dessinée est culte ! Personne n’avait fait et même envisager d’adapter des titres de rock de certains groupes américains ou anglais en français et de surcroit traduits au sens littéral. Et c’est à cette tâche que s'attelle Alain Dister, journaliste de rock et photographe, cofondateur du magazine Rock & Folk, et Jean Solé dessinateur reconnu pour ses contributions à Pilote, l’Echo des savanes, Fluide Glacial.
Publié entre 1975 et 1978 dans le magazine Fluide Glacial, les Beatles, Frank Zappa, The Who, Pink Floyd, Genesis, Roxy Music, Magma ou encore Patti Smith seront égratignés, les auteurs vont aussi s'amuser à parodier des mouvements musicaux comme le rock breton, le punk rock, la zeuhl, le reggae ou encore le disco. L’album étant sorti en 1978 et n’aillant bénéficié que de très peu de réédition (La dernière était en 1993), il est maintenant très difficile à trouver à moins de chercher en brocante ou sur le net mais à des prix exorbitant (Pour une première édition en bonne état, il faut compter un minimum de cent euros, mais il existe des rééditons fac-similé très abordables). Une œuvre collector à mettre dans son coffre fort. «Le rock, on a l'air de s'en moquer, mais en fait on adore ça, au fond !!» Voici la phrase d’introduction de cet album hors du commun. Gotlib s’était déjà frotté au rock dans «Hamster Jovial et ses louveteaux» entre 1971 et 1974 où il parodiait certains titres et certaines pochettes d’albums célèbres. Jean Solé reviendra aussi sur le dessin rock & roll avec «Pop-hop» une compilation de ses dessins parus entre 1989 et 1996 dans la revue (A suivre). Il va aussi illustrer des pochettes d’albums comme «Band of gypsys / the cry of love» de Jimi Hendrix ainsi que «Tis the Season to Be Jelly» de Franck Zappa. «Pop & Rock & Colégram» est un album unique dans son genre, déjà par son graphisme surchargé, l’encre de chine laisse très peu de place aux zones claires sur les pages, par son scénario aux traductions complètements loufoques et délirantes et sans compter les détails que Gotlib rajoutera dans chaque dessins de Solé… le style de la maison Fluide Glacial en fin de compte !
Je ne citerai pas tout les titres de cet l’album mais certains qui sont
très explicites. Le premier sera
Franck Zappa avec «Stink Foot» traduit par «Panard’Schlingage» et, par la vision des dessins, nous sommes très heureux de ne pas
avoir l’odorama. Genesis et «Get’Em Out By Friday» de l’album «Foxtrot» devient «Foutez-les dehors avant vendredi !», Pink Floyd et «Money» avec quatre flamants roses qui pondent des œufs en or.
Patti Smith et ses idoles comme
Edith Piaf,
Marlène Dietrich (En Ange Bleu) et
même en Sheila.
Les Beatles sont très représentés avec «Eléanor Rigby», «Michelle», «Lovely
Rita», «Dear Prudence»… enfin bref ! Tous les prénoms féminins dans leurs chansons réunis
dans un chapitre appelé «Beatles Femmes Club». Les Who ou «Tommy» deviendra «Ptit
Louis». Christian Vander de
Magma va terrasser Züpêr Shöbîzh à coup
d’incantation kobaïennes.
On savait déjà que Gotlib ne donnait pas dans la poésie, mais avec «In every dreamhome a heartache» de Roxy Music qui est une ode à la poupée gonflable, traduit par «Dans chaque maison de rêve, une peine de cœur» on peut voir Brian Ferry essayer de se palucher avec une poupée gonflable récalcitrante. Entre les pieds vérolés et nauséabonds de Zappa et «Lovely Rita» des Beatles où elle est devenue une contractuelle empalée sur son parcmètre on ne fait pas dans la dentelle.
Graphiquement, on en prend plein la figure, ça grouille de détails où tous
les amateurs de rock s’amuseront à rechercher les références dans les
moindres recoins des pages (Comme les capsules de bouteilles sur la tête des membres du
Pink Floyd, la tournée de «Dark Side
Of The Moon» avait été sponsorisée
par la boisson Gini). Irrévérencieux, impertinent, inconvenant mais comme le rappel
l’édito : «On adore déconner avec les choses qu’on aime».
Il est dommage qu’il n’y ait pas eu de suite avec Dylan, Bowie, Elvis, Hendrix, Joplin etc.… ! Mais de le relire de temps à autre, on y prend toujours autant de plaisir.
Super, tout est dit. Du grand art Pop. Un régal pour les yeux et de l'exercice pour les zygomatiques.
RépondreSupprimerEt effectivement, on a longtemps attendu, en vain, la suite.