SERGUEÏ RACHMANINOV - Concerto pour Piano N°1 en fa dièse mineur opus 1 - par Pat Slade
Surement le compositeur qui m’a le plus marqué. Rachmaninov c’est le piano
avec un grand P et la virtuosité avec un grand V et la qualité avec un
grand… Bon ! Enfin bref !
Un premier concerto avec apostrophe
S.Rachmaninov 1892
Ma première approche avec la musique de
Sergueï Rachmaninov fût avec le concerto n°2 sur un ancien enregistrement de
1959 par Sviatoslav Richter et
l’orchestre de Léningrad. Le disque était tellement usé que c’était plus
un concerto pour craquements qu’autre chose.
Mais pour que je refasse la bio de Rachmaninov, il ne faudra pas compter sur moi. Un film retrouvé par l’INA en 2011 nous fait voir et entendre une interview de 1937 du maître par Claude Toon (clic) (Ah ce Claude, il m'étonnera toujours !) et non seulement d’avoir chroniqué la symphonie n°2 et le poème
symphonique «L’îles des morts», il fera aussi le deuxième et troisième concerto pour piano avec un
portrait complet du compositeur (clic). Rachmaninov est connu pour être un virtuose du piano (Non ! Pas à bretelle !) Et que la taille de ses mains lui permettait de faire des choses que
d’autres pianistes ne peuvent pas faire, mais je vais retranscrire ce que Claude nous disait à l’époque :
Mains de Rachmaninov
«Serge Rachmaninov pouvait jouer un écart de treize notes de l'ut majeur sur un clavier
(soit près de deux octaves - les touches blanches). Si vous n'avez pas
de piano, j'ai mesuré, ça nous fait 31 cm entre le pouce et
l'auriculaire. Même pour un gaillard de 1,98 m c'est tellement
exceptionnel que certains pensent que le compositeur et pianiste était
atteint du syndrome de Marfan, soit une hyper alacrité des articulations
des mains… Pas étonnant que le virtuose russe ait pu transcender son art
pianistique…»
Ouitant mieux ou dommage qu’il ait eu cet handicap, car j’aurais bien voulu
entendre la dynamique et impétueuse Martha Argerich jouer le concerto n°1 ou 2 voir même la «Rhapsodie sur un thème dePaganini op.43» ; J’ai eu beau chercher et hormis le concerto n°3… (Claude me l'a
confirmé.)
Le Concerto pour piano n ° 1 a été écrit en 1890-1891
alors que Rachmaninov
était encore adolescent,
un hommage a
Alexandre Siloti cousin germain du
compositeur qui lui a enseigné le piano au Conservatoire de
Moscou. Un concerto qui n’aura pas les retours escomptés selon son
compositeur : «Quand je dis en Amérique que je vais jouer le premier concerto, ils
ne protestent pas, mais je peux voir à leurs têtes qu’ils
préféreraient le deuxième ou le troisième.».
Mais en France, il y a quelques années, vous entendiez le premier
mouvement
vivace
tous les vendredi soir comme générique de l’émission de
Bernard PivotApostrophe. Le
deuxième mouvement Andante Cantabile reste une de ses mélodies
les plus belles comme pour Adagio sostenuto du concerto n°2. Avec le troisième mouvement
Allegro Vivace on ne peut s’empêcher d’entendre l’émergence des
compétences musicales qui vont se concrétiser dans le futur. Des
passages de clavier enflammés, des airs déchirants et une orchestration
hors pair. Tout l’art de
Rachmaninov
est déjà présent mais il n’éclatera au grand jour qu’avec son deuxième
et plus célèbre concerto dix ans plus tard.
Une œuvre qui a semé une graine dans l’intensité musicale et qui
devait éclater avec les années à venir. Une œuvre de jeunesse
peut-être, mais étonnamment accomplie.
Encore une discographie très fournie,
Byron Janis en tête (pour moi !), Tama Vasary qui m’a fait
découvrir ce concerto, mais celle de
Vladimir Ashkenazy est vraiment très
bonne ainsi que celle de la jeune pianiste ukrainienne
Anna Fedorova. Pour la curiosité,
l’enregistrement par Rachmaninov
en personne et l’orchestre de Philadelphie sous la baguette d’Eugène Ormandy. Lors d'un coup de fil avec le Toon (toujours lui), il me signale
que l'intégrale des quatre concertos par le pianiste espagnol
Rafael Orozco mort trop
jeune du Sida (1946-1996) est une splendeur toujours disponible, une
osmose parfaite avec la
Philharmonie de Londres dirigée
par Edo de Waart...
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