mardi 15 septembre 2020

SERGUEÏ RACHMANINOV - Concerto pour Piano N°1 en fa dièse mineur opus 1 - par Pat Slade




Surement le compositeur qui m’a le plus marqué. Rachmaninov c’est le piano avec un grand P et la virtuosité avec un grand V et la qualité avec un grand… Bon ! Enfin bref !




Un premier concerto avec apostrophe

 




S.Rachmaninov 1892
Ma première approche avec la musique de Sergueï Rachmaninov fût avec le concerto n°2 sur un ancien enregistrement de 1959 par Sviatoslav Richter et l’orchestre de Léningrad. Le disque était tellement usé que c’était plus un concerto pour craquements qu’autre chose.

Mais pour que je refasse la bio de Rachmaninov, il ne faudra pas compter sur moi. Un film retrouvé par l’INA en 2011 nous fait voir et entendre une interview de 1937 du maître par Claude Toon (clic) (Ah ce Claude, il m'étonnera toujours !) et non seulement d’avoir chroniqué la symphonie n°2 et le poème symphonique «L’îles des morts», il fera aussi le deuxième et troisième concerto pour piano avec un portrait complet du compositeur (clic). Rachmaninov est connu pour être un virtuose du piano (Non ! Pas à bretelle !) Et que la taille de ses mains lui permettait de faire des choses que d’autres pianistes ne peuvent pas faire, mais je vais retranscrire ce que Claude nous disait à l’époque :
Mains de Rachmaninov
«Serge Rachmaninov pouvait jouer un écart de treize notes de l'ut majeur sur un clavier (soit près de deux octaves - les touches blanches). Si vous n'avez pas de piano, j'ai mesuré, ça nous fait 31 cm entre le pouce et l'auriculaire. Même pour un gaillard de 1,98 m c'est tellement exceptionnel que certains pensent que le compositeur et pianiste était atteint du syndrome de Marfan, soit une hyper alacrité des articulations des mains… Pas étonnant que le virtuose russe ait pu transcender son art pianistique…» 

Oui  tant mieux ou dommage qu’il ait eu cet handicap, car j’aurais bien voulu entendre la dynamique et impétueuse Martha Argerich jouer le concerto n°1 ou 2 voir même la «Rhapsodie sur un thème de Paganini op.43» ; J’ai eu beau chercher et hormis le concerto n°3… (Claude me l'a confirmé.)

Le Concerto pour piano n ° 1 a été écrit en 1890-1891 alors que Rachmaninov était encore adolescent, un hommage a Alexandre Siloti cousin germain du compositeur qui lui a enseigné le piano au Conservatoire de Moscou. Un concerto qui n’aura pas les retours escomptés selon son compositeur : «Quand je dis en Amérique que je vais jouer le premier concerto, ils ne protestent pas, mais je peux voir à leurs têtes qu’ils préféreraient le deuxième ou le troisième.».  

Mais en France, il y a quelques années, vous entendiez le premier mouvement vivace tous les vendredi soir comme générique de l’émission de Bernard Pivot Apostrophe. Le deuxième mouvement Andante Cantabile reste une de ses mélodies les plus belles comme pour Adagio sostenuto du concerto n°2. Avec le troisième mouvement Allegro Vivace on ne peut s’empêcher d’entendre l’émergence des compétences musicales qui vont se concrétiser dans le futur. Des passages de clavier enflammés, des airs déchirants et une orchestration hors pair. Tout l’art de Rachmaninov est déjà présent mais il n’éclatera au grand jour qu’avec son deuxième et plus célèbre concerto dix ans plus tard.

Une œuvre qui a semé une graine dans l’intensité musicale et qui devait éclater avec les années à venir. Une œuvre de jeunesse peut-être, mais étonnamment accomplie.

Encore une discographie très fournie, Byron Janis en tête (pour moi !), Tama Vasary qui m’a fait découvrir ce concerto, mais celle de Vladimir Ashkenazy est vraiment très bonne ainsi que celle de la jeune pianiste ukrainienne Anna Fedorova. Pour la curiosité, l’enregistrement par Rachmaninov en personne et l’orchestre de Philadelphie sous la baguette d’Eugène Ormandy. Lors d'un coup de fil avec le Toon (toujours lui), il me signale que l'intégrale des quatre concertos par le pianiste espagnol Rafael Orozco mort trop jeune du Sida (1946-1996) est une splendeur toujours disponible, une osmose parfaite avec la Philharmonie de Londres dirigée par Edo de Waart...




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