Comme d’habitude avec le duo Gustave Kervern / Benoît Delépine, les
premières minutes piquent un peu les yeux. Une image granuleuse, du Super 16 mn qui plus est développé en scope. Sur grand écran on a l'impression de mater le film derrière un rideau de grêle. N’importe quel téléphone
donnerait une image meilleure que cela - d’ailleurs sont intégrées dans le
film des images issues du portable d’un des personnages, et on voit la
différence - mais les réalisateurs persistent dans ce style. Le refus du numérique est une chose, mais on ne va pas rev'nir au Super 8 ! Le mixage du son étant dans la même veine, avec parfois une
post-synchro plus qu’approximative…
Est-ce pour faire plus près du
peuple ?
A savoir Marie, victime d’un chantage à la sextape un soir de beuverie. Le maître
chanteur (excellent Vincent Lacoste) réclame 10 000 euros, somme
qu’elle ne peut pas réunir, d’où l’idée de se rendre dans la Silicon Valley
armée de sa clé USB pour retirer le fichier vidéo du data center ! Elle
a pour voisin Bertrand, surendetté, dont la fille ado est victime d'harcèlement sur Facebook, il
cherche à coups de lettres recommandées à faire effacer les bandes.
Bertrand est secrètement
amoureux de Miranda, une téléconseillère basée à l’Ile Maurice (« Miranda, qui vend des vérandas ») à la voix ensorceleuse. Et puis
Christine, addict aux séries télé en désintox, chauffeuse VIP, qui ne comprend pas les notes 1 étoiles postées sur son profil.
Trois personnages paumés qui se sont connus gilet-jaune sur un rond-point,
dans le Nord, victimes d’un monde dominé par le numérique aussi absurde
qu’inhumain.
Parmi les seconds-rôles, celui de Philippe Rebbot qui vit aux
crochets des allocations, se fait dorloter par des aides ménagères aux frais
du contribuable, Vincent Lacoste donc, qui joue à la pétanque avec un
casque de réalité virtuel, Michel Houellebecq,
Vincent Dedienne, Jean Dujardin en tueur de panda (en
photo !), on retiendra la participation savoureuse de
Benoît Poelvoorde en le livreur Alimazone, pétrifié à l’idée
que ses patrons apprennent qu’il a accepté un café chez
Marie.
Une comédie est là pour forcer le trait. C’est une avalanche d’emmerdes qui
tombe sur ces pauvres gens (la scène de
Marie aux USA victime d’un
vicieux, avec le traducteur franco-anglais, est hilarante), les auteurs
n’hésitent pas à aller au bout de leurs idées, ou plutôt à accompagner leurs
personnages au bout de leurs missions respectives, avec un regard à la fois
tendre et cassant. Les gags et répliques fusent (le serveur exclusivement
consacré au sex-tape du Vatican !), une fois le rythme trouvé, il ne
faiblit pas.
On peut trouver la blague énorme (et quelques gags potaches) la morale un peu facile, être réfractaire au style Kervern / Delépine, n’empêche, ils touchent juste, on rit, jaune, mais on rit. Et du malheur des autres, ce qui est encore mieux !
💬 la semaine prochaine, changement de style (c'est peu dire) avec l'évènement ciné de l'année : TENET de Christopher Nolan 💬
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