Le retour du plus sympathique compositeur franco-allemand : Jacques
Offenbach.
Le Poète, la muse et la poupée
En lisant cette chronique, vous allez surement vous dire que «Les Contes d’Hoffmann» parait bien compliqué,
Échevelé
avec trop de personnages et je le comprend. Il vaut mieux écouter une œuvre
que de lire le livret ou cette chronique, mais faire les deux en même temps,
ça passent comme une lettre à la poste. Et si l’histoire n’est pas à l’image
de ce que faisait Offenbach avant, il y a quand même quelques pages
humoristiques, la chanson d’Olympia «Les
oiseaux dans la charmille» est charmante et drôle.
J.Offenbach |
Surnommé «Le petit Mozart des Champs-Elysées» par
Richard Wagner, connu pour ses
opéras-bouffes et ses opérettes,
Offenbach souffrira de cette
étiquette qui lui collera à la peau. Même si ses œuvres sont très
populaires et respectées par le public comme par les critiques. Entre
1860 et 1880, il ne va pas chômer. Les œuvres sont
enfilées comme des perles sur un collier : «Orphée aux Enfers», «La Grande-duchesse de Gerolstein», «La Belle
Hélène» (Qui avait eu sa chronique -
Clic), «La vie Parisienne», «La Périchole» et «La Fille du
tambour-major» pour ne citer que les plus connus.
Il est indéniable que beaucoup de titres de ses opéras prêtaient à
sourire et même à rire, mais il pouvait également composer des chansons d'une simplicité, d'une
grâce et d'une beauté indéniables comme la chanson de «La Périchole», la «Chanson de Fortunio», ou la tendre chanson d'amour de la Grande-Duchesse à Fritz :
«Dites-lui…». Il rencontre un jour le poète, dramaturge et librettiste
Jule Barbier à qui l’on doit tout les
livrets des opéras de Gounod (mais
il collabora aussi avec
Camille Saint-Saëns,
Giacomo Meyerbeer et
Léo Delibes). On lui devra aussi les
traductions et les adaptations de «Fidelio» de Beethoven et «Les Noces de
Figaro» de Mozart.
Jules Barbier |
Donc, Jules Barbier vient voir
Jacques Offenbach et lui
propose le livret des Contes d’Hoffmann, pour le musicien c’est une
occasion à ne pas manquer et de se faire reconnaître comme un
compositeur sérieux. «Les contes d’Hoffmann» sont une adaptation de contes fantastiques de l’auteur
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, écrivain romantique mais également compositeur. Beaucoup de musiciens
seront influencés par ces contes tels Schumann, Tchaïkovski,
Dvorák,
Richard Strauss ou encore
Léo Delibes.
Offenbach viendra
s’intercaler dans cette liste.
Qui est Hoffmann ? Tout comme son auteur, c’est un poète qui après avoir perçu trois images de la femme finit par renoncer à
l’amour pour se mettre au service exclusif de sa muse, la poésie. Nous sommes à Nuremberg où la cantatrice
Stella triomphe dans «Don
Giovanni» l’opéra de Mozart. Dans la taverne
de Maître Luther (Et pas Maître Kanter !) qui jouxte le théâtre où les esprits vantent les mérites de la
boisson : «Je suis la bière – Je suis le vin…» (Avec modération...!). Hoffmann attend avec impatience de
pouvoir rejoindre
la chanteuse. La muse surgit d’un tonneau
bien décidée à s’accaparer l’amour du poète
Hoffmann : empruntant les traits de
Nicklausse ami proche du poète pour
ranimer en lui sa ferveur artistique et accaparer son amour et aussi
d’entreprendre d’arracher sa passion pour la chanteuse. Stella envoie une lettre avec la clé de sa loge à
Hoffmann pour qu’il vienne le
voir après le spectacle. Le conseiller
Lindorf, l’un de ses soupirants,
trouvant la lettre et la clé, veut aller dans la loge à la place d’Hoffmann. À l’entracte, Hoffmann arrive
dans une taverne où, après qu’il eut chanté la chanson humoristique de
Kleinzach, des étudiants le pressent de raconter ses trois histoires
d’amour.
(A ce moment de l’histoire, la similitude avec Faust dans «La
damnation de Faust» de
Berlioz dans la taverne d’Auerbach
est flagrante
NDA).
Enrst Théodor Amadeus Hoffmann |
Et Nous ne sommes qu’à l’acte I de cet opéra en V actes, donc je vais
simplifier la trame de l’histoire en ne narrant que les grands airs et
les grands moments de cette histoire.
Acte II : Nous sommes à Paris dans le cabinet du physicien Spalanzani qui va dévoilé à ses invités une automate appelée Olympia. Ses yeux, payés avec une traite sans
provision, ont été fournis par un certain
Coppélius. Le charlatan vend à
Hoffmann des lunettes qui lui font
voir en Olympia une vraie
femme.
Il tombe éperdument amoureux d’elle malgré les avertissements de
Nicklausse (A croire que tout les héros d’opéras sont des cœurs d’artichaut…
rappelez-vous Don José dans «Carmen» NDA). Spalanzani décide de présenter
officiellement sa «fille» à ses invités. Tous sont éblouis «Elle a des yeux, de très beaux yeux», La jeune femme automate fait d’abord la démonstration de ses talents de
chanteuse avec un air brillant «Les oiseaux dans la charmille». Hoffmann valse avec la jeune
femme mais
le mécanisme de la poupée se dérègle, entraînant le couple dans une
valse endiablée. Il tombe et brise ses lunettes
et se rend compte qu’il ne s’agissait que d’un automate.
Ayant découvert la supercherie financière dont il a été victime,
Coppélius fait irruption pour se
venger et détruit Olympia.
La mort d'Antonia en 1880 |
Acte III : Munich, dans la maison du conseiller
Crespel, sa fille Antonia, assise au
clavecin, chante une mélodie mélancolique «Elle a fui, la tourterelle !».
Antonia est douée d’une voix
exceptionnelle mais, malade, elle se rapproche de la mort chaque fois
qu’elle chante, sa voix lui rappelant celle d'une des plus grandes cantatrices du
pays, hélas décédée. Crespel se
félicite d’avoir éloigné sa fille
d’Hoffmann, elle en était
éperdument amoureuse et celui-ci l’encourageait à chanter.
S’apprêtant à sortir, le conseiller recommande à son domestique
Frantz de n’ouvrir à personne,
pestant toutefois contre la surdité de ce dernier. Resté seul, ce
dernier se plaint d’ailleurs du mécontentement permanent de son maître
«Jour et nuit, je me mets en quatre». Frantz n’ayant pas entendu la
demande de son maître, il laisse entrer
Hoffmann et
Nicklausse. ,Entendant sa voix, Antonia tombe dans les bras de son amant «Ah ! J'ai le bonheur dans l'âme !». Crespel revient,
Hoffmann se cache et
Antonia s’enfuit. Le docteur Miracle (Un genre de docteur fou !) vient proposer ses services à
Crespel.
Caché, Hoffmann entend de quel mal
souffre Antonia.
Aussitôt seul avec Antonia, il lui
fait jurer de renoncer au chant par amour pour lui. Mais dès que le poète la quitte, le Docteur
Miracle vient la trouver afin
d’attiser son envie de chanter, lui faisant entendre la voix de sa mère
décédée, Antonia répond à sa mère dans un
chant enflammé, puis s’effondre, morte «Tu ne chanteras plus ?». Crespel, Hoffmann et
Nicklausse accourent, mais trop
tard.
Olympia "Les oiseaux dans la charmille" |
Acte IV : Nous sommes dans une gondole à Venise (Nuremberg, Paris, Munich, Venise… les opéras font voyager !) Nicklausse chante la très connue
barcarolle en compagnie de la courtisane
Giulietta «Belle nuit, ô nuit d'amour». Le premier explique à la seconde qu’Hoffmann
s’enivre et joue, mais refuse tout amour depuis qu’il a perdu sa
fiancée.
Nicklausse met en garde son ami contre
Schlemil, l’actuel amant de
Giulietta.
Celle-ci relève le défi de le séduire et, sous les ordres du capitaine
Dapertutto, de lui voler son reflet à l'aide
d’un miroir magique. Hoffmann ne résiste pas
et la courtisane qui parvient à ses fins.
Schlemil, une précédente victime de
Giulietta et
Dapertutto, tente de sauver
Hoffmann, qui ne veut rien entendre. Les deux
hommes se provoquent en duel, Schlemil est
tué et Giulietta prend un nouvel amant (A croire que Giuletta est un genre de
Carmen en plus diabolique ! NDA).
J.Offenbach |
Acte V Épilogue : De retour dans la taverne de Maître Luther,
Hoffmann, complètement ivre, jure
de renoncer à l’amour. Nicklausse résume quant à lui
l’histoire d’Hoffmann :
Olympia, Antonia et Giulietta ne
sont en fait qu’une femme, à la fois jeune femme, artiste et
courtisane.
Tandis qu’Hoffmann entreprend de
noyer sa tristesse dans l’alcool,
Stella paraît enfin. Ivre,
Hoffmann ne la reconnait pas.
Découvrant son état pitoyable, elle repart au bras du conseiller
Lindorf «Allumons le punch !». Restée seule avec le poète,
Nicklausse dévoile son identité
de Muse. Elle convint Hoffmann de
ne plus se consacrer qu’à elle «On est grand, très grand par l'amour
et on est plus grand par les pleurs,
par les pleurs!»
RIDEAU
A sa mort, Offenbach avait terminé la partition chant-piano mais n'avait orchestré que le
prologue et le premier acte. Ce sera Ernest Guiraud
qui se chargea de terminer l'orchestration et de composer les récitatifs, comme il l'avait fait pour «Carmen» à la mort de Georges Bizet.
Jacques Offenbach
est décédé avant la complète maturation de son œuvre, et sans indications
explicites de sa part et il est bien difficile d'imaginer comment ces
quatre histoires, d'après l'écrivain allemand
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, devaient
s'imbriquer pour constituer une œuvre unitaire dans l'esprit de
l'auteur.
A partir de ces morceaux posthumes Il y a des constantes et des
parties que l'on trouve chez les uns et pas chez les autres. La durée
et le nombre d'actes peut varier.
Les enregistrements sont nombreux, très nombreux et tous aussi bons
les uns que les autres. Personnellement j’ai découvert l'ouvrage avec
celui d’André Cluytens de
1965 avec une pléthore de chanteurs de grande qualité :
Elisabeth Schwarzkopf, Victoria de los Ángeles, Nicolaï Gedda, Michel Sénéchal. Pour les versions
plus récentes. En 1989 une belle version de l’Orchestre
National de France sous la baguette de
Seiji Osawa (Bien sur !)
avec un Placido Domingo en Hoffmann
(Domingo a fait beaucoup
d’enregistrement des «Les Contes
d’Hoffmann»). Mais il y a une version qui sort du lot. En
1996 l’Orchestre National de Lyon sous la baguette de
Kent Nagano avec
Roberto Alagna et une
géniale Nathalie Dessay en
Olympia.
Avec «Les contes d’Hoffmann», le "conte" est bon.
En vidéo en plus des "Barcarolles", j'ai mis deux irrésistibles versions de "Les oiseaux dans la charmille" une avec la charmante Patricia Janeckova
et l'autre avec une
Nathalie Dessay hilarante.
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