mardi 25 août 2020

GEORGES BIZET : «Jeux d’Enfants» (1871) «L’Arlésienne» (1872) - par Pat Slade



Celui qui a au moins une fois dans sa vie croisé l’arlésienne n’est soit pas encore né, soit un menteur. Beaucoup vont dire connaitre des arlésiennes, les habitantes de la ville d’Arles.




L’Arlésienne cette inconnue que l’on ne voit jamais.






Alphonse Daudet - Georges Bizet
Tout va commencer avec une nouvelle d’Alphonse Daudet en 1866 intégrée dans le recueil «Les Lettres de Mon Moulin» en 1869. Daudet en tira trois ans plus tard une pièce de théâtre et un livret d'opéra du même nom, en trois actes et cinq tableaux. Ce sera Georges Bizet qui composera la musique. Trois ans avant de prendre la direction de Séville et que Don José ne poignarde Carmen, Bizet prendra la direction des Bouches-du-Rhône, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. «L’Arlésienne» : un drame en trois actes créé à Paris en octobre 1872, la partition a aussi été adaptée en deux suites de concert pour orchestre symphonique de quatre mouvements chacune. La partition est découpée en vingt-sept numéros dont l’ouverture, seize courts mélodrames de quelques mesures. L'orchestre est réduit à vingt-six musiciens, Bizet dirigeant lui même les huit uniques représentations. Si la musique est plutôt bien accueillie, la pièce de Daudet est un échec cuisant.

L'Arlésienne par Van Gogh
Dans le mois qui suit la déroute théâtral d’Alphonse Daudet, Bizet va réadapter sa partition pour écrire une suite  pour orchestre Symphonique. Il développe les effectifs de l’orchestre en ajoutant notamment un instrument encore tout récent, le saxophone. Il conçoit sa suite sur le plan d’une symphonie classique en quatre mouvements et, pour cela, s’éloigne de la chronologie originelle de l’histoire. La première prestation au Cirque d’Hiver sous la direction de Jules Pasdeloup est un triomphe populaire et le reste toujours à l’heure actuelle.
En 1879, quatre ans après la mort du compositeur, un de ses amis, Ernest Guiraud, adapte à son tour une nouvelle suite sur des numéros de la musique de scène, ajoutant également un menuet emprunté au troisième acte de l’opéra de Georges Bizet «La Jolie Fille de Perth».

Deux suites pour orchestre en quatre mouvements chacune intègrant beaucoup de morceaux inspirés de musiques traditionnelles provençales comme dans le prélude ou la première partie reprend «La Marche des Rois» qui serait une reprise de «La Marche de Turenne» attribuée à Jean-Baptiste Lully. Le Menuetto et L’adagietto donne dans le mélodrame nocturne. Le Carillon joué par les cuivres donne une ambiance festive au départ avant de tomber pour quelques mesures dans un moment triste et dramatique avant que le premier thème ne reprenne avec un carillon plein d’espoir. La suite N°2 : La Pastorale, l’Intermezzo, le Menuetto avec sa flûte et le final la Farandole et le reprise de «La Marche des Rois» avec un orchestre en canon qui au rythme d’un tambourin finira dans un fortissimo étourdissant.






JEUX D’ENFANTS




Jeux d'enfants  la Toupie
«Jeux d’Enfants» opus 22 est une suite de douze pièces pour piano à quatre mains de Georges Bizet Composée en 1871. C’est sans doute parce qu’il savait qu’il allait devenir père dans les mois suivants qu’il a entrepris d’écrire ces morceaux. En effet, en juillet 1872, naît le petit Jacques, que Bizet ne connaîtra presque pas puisqu’il décédera en juin 1875, peu avant le troisième anniversaire de son fils qui vivait avec sa mère après que cette dernière soit repartie vivre chez ses parents. Bizet inspira nombre de compositeur sur le thème de l’enfance, Gabriel Fauré avec «Dolly»  pour piano à quatre mains en 1898, Claude Debussy avec «Children’s Corner» pour piano en 1908 et Maurice Ravel avec «Ma Mère l’Oye» pour piano à quatre mains en 1910, puis orchestré. Mais il y eu aussi un prédécesseur en ce domaine de l’autre côté du Rhin en la personne de Robert Schumann, auteur des célèbres «Scènes d’enfants» pour piano en 1838. Bizet retient cinq pièces de ses «Jeux d’enfants» et en réalise une orchestration en 1872. Cette seconde version de l’œuvre est créée en mars 1873 au théâtre de l’Odéon, sous la direction du jeune chef d’orchestre Édouard Colonne.

Georges Bizet
Marche : Deux instruments sont mis en valeur le tambour, dont on entend les roulements du début à la fin, et la trompette, dont les appels résonnent souvent au cours de la pièce. Dans le recueil pour piano ce morceau s’intitulait «Trompette et tambour» une pièce qui évoque plutôt des soldats de plomb.
Berceuse : Un seul thème compose cette pièce, repris inlassablement au début par les violons pour endormir l’enfant, repris ensuite par l’ensemble de l’orchestre. Le thème de la berceuse réapparaît, mais se transforme et s’efface peu à peu, avant de résonner une dernière fois à la flûte seule.
Impromptu : Un morceau très court (A peu près 1 minute), appelé «La Toupie» dans le recueil pour piano, est écrit dans un mouvement rapide et enlevé. Le thème est repris plusieurs fois et se termine sur un accord fortissimo qui met fin aux tournoiements du jouet.
Duo : il correspond à la pièce «Petit Mari, petite femme» du recueil pour piano. Dans ce morceau, qui fait uniquement intervenir les cordes, Bizet a voulu suggérer les jeux enfantins et les premiers émois amoureux. Deux instruments dialoguent et se répondent : le violon, représentant la femme, et le violoncelle, représentant le mari.
Galop : Pour le final, Bizet fait référence à l’une des danses les plus en vogue au XIXe siècle, Le galop, une danse rapide et échevelée.  Bizet nous offre ainsi une conclusion gaie et entraînante, grâce à un thème énergique énoncé aux violons puis repris par tout l’orchestre.

Georges Bizet, un des grands compositeurs de la période romantique qui, si il connaîtra un certain succès de son vivant, passera à la postérité après sa mort… comme beaucoup !

La discographie de «l’Arlésienne» n’est pas comme son personnage, on la retrouve partout et pour toute les bourses. Mais quel enregistrement choisir ?

Pour «l’Arlésienne» deux versions un peu anciennes : celle d’Igor Markevitch et l’Orchestre Lamoureux en 1959 et celle de Claudio Abbado avec le London Symphony Orchestra chez DG en 1981, mais le choix est large.

«Jeux d’enfants» : Paavo Järvi et l’Orchestre de Paris en 2010 chez Virgin couplé avec la «Symphonie en ut» et Symphonie «Roma»  ou Souvenirs de Rome. Un joli programme sur Georges Bizet. Et aussi celle de Bernard Haintink et le royal Concertgebouw Orchestra en 1986 chez Philips avec la même affiche mais «La Danse pour Harpe et Orchestre» de Claude Debussy à la place de la symphonie «Roma», mais là aussi, beaucoup de choix.



Vidéos :

Suite N°1 :
I. Prélude : Allegro deciso - Andantino - Tempo primo // Andante molto // Un poco meno lento
II. Menuetto : Allegro giocoso
III. Adagietto : Adagio
IV. Carillon

Suite N°2 :

I. Pastorale : Andante sostenuto assai / Andantino / Tempo primo
II. Intermezzo : Andante moderato ma con moto / Allegro moderato / Tempo primo
III. Menuetto : Andantino quasi Allegretto
IV. Farandole

Jeux d'enfants par Berard Haitink
1. Marche (Trompette et tambour)
2. Berceuse (La poupée) 2:17
3. Impromptu (La toupie) 5:09
4. Duo (Petit mari, petite femme) 6:12 
5. Galop (Le bal) 9:13




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